Décalage insoutenable

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Chataigne
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Décalage insoutenable

Message par Chataigne »

Bonsoir,
J’ai 17 ans et je me sens parfois très mal à l’aise à mes parents, au point que j’ai parfois eu envie de vomir. Pourtant ils sont toujours là pour moi, je ne me dispute pratiquement jamais avec eux : tout semble bien aller, et la plupart du temps c’est le cas. Le problème c’est que j’ai l’impression que mes parents passent totalement à côté de qui je suis, ils nient mes problèmes quand j’ose leur en parler.

Émotionnellement, j’ai énormément de mal à m’exprimer aux autres, je me suis énormément renfermée sur moi-meme, je pense que c’est lié. Quand je suis avec eux il m’arrive souvent d’avoir l’impression de ne plus avoir d’identité, c’est un vide intérieur profond qui m’emplie à tel point que je sais plus qui je suis. Je ne ressens plus rien, je suis complètement déconnectée. Ce vide, cette impression de n’être rien, se retrouve confirmée par mes parents qui ne remarquent rien du tout ( et c’est bien normal sachant que je ne dis rien). Cette sensation de vide dure parfois au point que même seule avec moi-même je n’arrive plus à me retrouver. J’erre dans un monde uniquement materiel, sans joie, sans peine, et sans sens. Je me sens complètement étrangère à eux, et j’ai l’impression que la pitié que me lance parfois ma mère est totalement hypocrite. Je me sens complètement seule avec eux.
Cette attitude d’etrangeté avec les autres, qui s’est aussi étendu à une etrangeté à moi même, commençaient à s’étendre avec de plus en plus gens, des amis, des camarades. J’ai décidé de mettre un terme à ça en le disant à mes amis concernés, ça ne pouvait plus durer. Je sens que c’est sur la bonne voie.

Seulement, j’ai essayé d’en parler a mes parents et... c’est tout autre chose. Ça ne va pas du tout. Ma mère se persuade que ce n’est rien, juste un problème d’adolescent. Enfin, je ne le nie pas, c’est probablement le cas mais j’aimerais avoir le droit à un minimum de considération. Ma mère me demande tout de même ce qu’elle peut faire pour changer ça et ne sens pas bien, elle croit que c’est elle le problème. Mais je n’ai aucune idée de quoi lui répondre, je me sens totalement dépassée, j’ai l’impression que le problème est tellement profond et ancré que ce n’est pas en demandant « Ça va ? » que quelque chose changera. Est ce que quelqu’un pourrait m'éclairer ? A priori, je comptais simplement continuer comme avant mais en luttant consciemment contre ce vide. Est-ce que je fais le bon choix ? Ou un changement réel dans ma relation avec eux est possible si je fais un effort ?
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Décalage insoutenable

Message par Dubreuil »

Quand vous ne vivrez plus au domicile de vos parents vos symptômes s'atténueront.
Vous faites une fixation anxieuse. C'est un peu comme l'état dépressif de quelqu'un qui ne se sent pas le droit de vivre, qui ne se sent ni les moyens ni le droit de s'assumer en vivant sa propre vie, ses propres désirs.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Chataigne
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Re: Décalage insoutenable

Message par Chataigne »

Merci de votre réponse
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Décalage insoutenable

Message par Dubreuil »

Le problème c’est que j’ai l’impression que mes parents passent totalement à côté de qui je suis, ils nient mes problèmes quand j’ose leur en parler.
Quand je suis avec eux il m’arrive souvent d’avoir l’impression de ne plus avoir d’identité, c’est un vide intérieur profond qui m’emplie à tel point que je sais plus qui je suis. Je ne ressens plus rien, je suis complètement déconnectée. Ce vide, cette impression de n’être rien, se retrouve confirmée par mes parents qui ne remarquent rien du tout ( et c’est bien normal sachant que je ne dis rien). Cette sensation de vide dure parfois au point que même seule avec moi-même je n’arrive plus à me retrouver. J’erre dans un monde uniquement materiel, sans joie, sans peine, et sans sens. Je me sens complètement étrangère à eux, et j’ai l’impression que la pitié que me lance parfois ma mère est totalement hypocrite. Je me sens complètement seule avec eux.
*** C'est un monde où il semble manquer des manifestations d'amour, d'affection, de tendresse

Ma mère se persuade que ce n’est rien, juste un problème d’adolescent. Enfin, je ne le nie pas, c’est probablement le cas mais j’aimerais avoir le droit à un minimum de considération.
Ou un changement réel dans ma relation avec eux est possible si je fais un effort ?
*** La bonne nouvelle, c'est que vous n'allez pas vous marier avec vos parents ! Ce sont vos géniteurs, et à ce titre ils ont le devoir de veiller à votre éducation, à un minimum de confort et à vous protéger. Mais une fois atteint votre majorité, ils ne vous doivent plus rien, et vous non plus.
Vous ne les changerez pas, c'est ainsi, il faut vous en faire une raison.
Par contre, vous, tout vous est possible, votre vie va être ce que vous en allez en faire maintenant. Alors pas de regrets, pas de tristesse, le bonheur est devant vous, libre et dans l'indépendante, alors au boulot !
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Décalage insoutenable

Message par Dubreuil »

Concernant certains parents, et suivant l'éducation qu'ils ont eux-mêmes reçu, il y a une marge immense entre le désir d'enfant et l'enfant que l'on met au monde.
Nul n'est préparé à partager. Nul n'est prêt devant " la différence ". Nul ne peut savoir " avant " ce qu'il adviendra " après " de son désir, de ses fantasmes, de ses émotions qu'elles soient positives ou de rejet.
" Faire un enfant ", c'est FAIRE. Et c'est tout.
Faire un enfant pour certaines femmes, c'est ne plus jamais s'en remettre, parce qu'il vivait dans le désir et le fantasme, mais n'était pas " à faire " dans le conscient. Il faut être prêt(e) pour avoir un enfant.
Et pour un homme l'enfant peut être un(e) ennemi(e), un intrus qui vient le séparer de son emprise sur l'épouse, il peut aussi ne plus la désirer comme femme, car pour lui elle est devenue mère, et c'est l'inceste quand 'il n'arrive pas à faire la part des choses.
C'est également l'éducation, l'enfant est " un objet " qui doit obeir, répondre aux besoins inconscients du parent. Il peut exercer sur lui ses fantasmes, sa toute-puissance, son despotisme. Ses vengeances personnelles.

Pour certains hommes, voir grandir sa fille ou son fils, c'est aussi risquer de s'en sentir dissocié, considérer son enfant comme " une tentation sexuelle " insupportable, et le mépris et la cruauté peuvent être un moyen de ne pas y succomber.

Difficile d'avoir ce recul terrible de se dire que nous n'avons pas demandé à venir au monde de tel ou tel individu. Que l'on a été " tiré " du ?.. on ne sait pas d'où l'on vient. Mais on sait que l'on est porteur de caractéristiques génétiques qui ont racine bien au delà du père et de la mère. Nous sommes issus de la mémoire du monde, des mondes, de l'univers. Nous avons toutes les peines et les joies de l'humanité en nous. Nous sommes infini et universel, chacun (e ).
Nous sommes le lien entre le passé et le devenir.
Bien autre chose que fils ou fille de. Voulu ou renié.
Bien autre chose qu'enfant désiré ou banni.
Nous sommes cela, certes , mais nous sommes tellement plus attendus et complets ailleurs.
Qu'est-ce qu'un désir d'enfant ? Certainement pas une pensée " altruiste " ( on ne met pas un enfant au monde pour qu'il souffre et meurt ) mais un " élan " sexuel. La réponse à l'espèce.
Et viennent s'y greffer " le leurre " du futur parent qui " rêve " son enfant futur. Réel, symbolique, imaginaire.
Dans certains pays on met un enfant au monde et il appartient à la communauté.
On n'appartient qu'à soi.
On ne peut qu'être SEUL en soi, même accompagné, même aimé. Cela semble en effet bien plus confortable d'avoir une maman attentive et présente. Mais si le fait d'en avoir une change la destinée de certains, ce n'est pas toujours dans leur " bon sens ", et d'autres vivent sans et leur vie n'en est pas moins belle, bonne et " réussie ".
Même foetus, nous sommes déjà " indépendants. Et pourtant tributaires " des émotions et sentiments de notre génitrice.
Et cela pourrait être jugé comme injuste et affolant.
Que dire quand on vient au monde, petite fille " inconnue " pour la mère, et face à une autre inconnue. L'une est toute puissante, l'autre est totalement dépendante.
L'amour inné pour l'enfant est une fadaise. Et si l'enfant pouvait tout petit fuir à toutes jambes des bras de certains parents il le ferait sans état d'âme.
L'enfant est un faire-valoir, un objet de jouissance, un objet de troc, un chantage, une victime désignée pour se venger.. etc.. En chacun de nous il y a le pire et le meilleur. A échelle réduite, les parents peuvent passer par toutes ces étapes.. l'enfant est un formidable moyen exutoire.
Parler de l'amour inné de la mère est bon moyen de rassurer tout le monde. Le meilleur argument des diffamations contre les pères ( par ex. ) Et de perversion des liens par les services sociaux, magistrats, etc.. en culpabilisant à vie, à la fois parents et enfants.
Et c'est du lien qui va se tisser entre ces deux êtres que va " se mettre au monde " le bébé qui va grandir, évoluer, penser.
La maman met " physiquement " au monde son enfant. Il est considéré comme " son bien ", " sa chose ". Le bébé vit en symbiose ( par la force de la vie et des choses ) avec elle. Et il n'a aucune chance de s'en sortir, de s'éveiller " au monde " c'est à dire à un autre monde que celui où le maintient cette femme.
Pourtant on dit ; mettre AU monde, pas mettre A SOI.
Et puis, enfin, il va enfin et " POUR DE VRAI " venir AU monde pour la seconde fois, quand le père ou une tierce personne viendra faire " coupure " dans ce lien mortifère. L'enfant va grandir, acquérir la parole et dire Non. Et ce non, parallélement à la venue d'un tiers le libère du joug maternel. Il est enfin au monde.
Nous n'avons pas tous la même vie, nous n'avons pas tous la même chance, nous n'avons pas tous les mêmes envies, besoins, désir. Nous sommes fortement conditionnés par notre langue, notre pays, nos lois, nos croyances, etc..
Tout à revoir, refaire, repenser, redire.. parce que nous sommes libres en nous-mêmes, seuls, et uniques. Il n'y pas LA VERITE, mais notre vérité, acquise au fur et à mesure de nos expériences, et il y a également " notre vérité " dans nos croyances à la mère. Au père.
Cependant, nous sommes séparé d'eux. Ensemble parfois, mais séparés. Donc vivant.
Toute la question est là.
Et tout le travail de l'enfant qui grandit est de " tuer symboliquement " père et mère pour s'assumer et être indépendant.
S'il n'a pas assez " reçu " dans l'enfance, c'est une chose. Mais s'il en a fait son combat, sa colère, ses revendications, sa violence ou ses rancoeurs, c'est autre choses.
On ne peut pas revenir en arrière. Ni pour nous, ni pour l'autre.
On ne peut qu'essayer d'avancer avec ce que l'on a reçu. En prenant le temps de le " reconnaitre, de l'accepter ", c'est ce que l'on fait en thérapie.
Et ce bagage qui nous a été donné s'ajoute à ce que nous " en sommes " devenu. Pour en tirer le meilleur parti et laisser derrière nous ce qui ne nous appartient pas. A savoir les erreurs, les manques, les tortures mentales et/ou physiques, imposés par nos géniteurs. On garde le meilleur. On sait que l'on est " ailleurs ".
On sait que ce qui nous a manqué ne nous sera jamais rendu. Mais que ce que l'on se donne à soi-même de réflexion, de respect, de tolérance, d'attention, d'amour, nous est pour toujours acquis
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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