Il était une fois ...

Forum inceste, forum viol incestueux
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ashwagandha
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Il était une fois ...

Message par ashwagandha »

Bonjour ,

Je suis un homme de 28 ans en Psychanalyse depuis 1an .
Je suis en couple avec une femme merveilleuse de 50 ans , je suis borderline et boulimique non vomitif depuis mes 22 ans .
C’est un bon début .

Je suis le dernier d’une famille de 5 enfants .
Enfance relativement difficile , du moins ce que je comprends aujourd’hui .
Père présent mais totalement absent .
Quelques négligences de mes parents huissier , déménagement , douche à l’eau froide , puis rentrée d’argent puis plus d’argent ect ...
Père qui avait tendance à me soumettre , à genou main sur la tête .
Ma mère quant à elle était soit très gentille avec moi ou soit me punissait sans que ce soit justifié par des coups de martinets et des raclées .
Elle se mettait au coin de la porte me regarder méchamment et me disait de passer la porte pour que je me prenne les coups .
J’ai étais baigné dans barsotti et tout la clique que ma mère écoutait inlassablement , j’aurais préféré écouter le générique de franklin .
Concernant mon adolescence , élève brillant à l’origine puis échec scolaire , fumette , alcool ect ...
Je fais des raccourcis , j’en viens directement à ma 2e sœur âgée de 38 ans aujourd’hui et également boulimique depuis son adolescence que j’appellerai Sylvie .
Il y’a 3 ans de ça elle me passe un coup de téléphone , et m’avoue que mon père aurait abusé d’elle et ma sœur petites . J’ai refusé de le croire , j’en ai parlé à mes parents qui m’ont dit qu’elle était folle elle a toujours raconté des histoires comme d’habitude , bref c’est une folle d’après la famille .
J’en ai parlé à mon autre sœur ( que j’appellerai monik et qui a 40 ans ) qui elle me répond je ne veux pas en parler .
Je trouvais ça étrange comme réactions mais je décidais de pas insister .Concernant monik elle a fait une tentative de suicide à ses 18 ans et pareil ne veut pas en parler .
Puis le temps a passé .
L’année dernière je décide de passer noël chez mes parents qui habitent à 1000 km .
Nous arrivons avec ma compagne et nous décidons de d’abord passer voir ma sœur monik .
Très bien accueilli au 1er abord , mais une chose m’a rapidement gêné .
Je précise que c’est la 1ère fois que je décidais de lui présenter quelqu’un .
Je l’ai trouvé extrêmement tactile avec ma compagne , complice bien trop complice pour une 1ère rencontre , jusqu’à en montrer à ma compagne des photos d’elle sexy qu’elle envoyait à ses amants .
J’en ai ensuite parlé avec ma compagne qui a totalement partagé mon avis , ce coté meilleur copine pour une 1ère rencontre plus les photos l’avait dérangé .
Puis le lendemain nous sommes allés chez mes parents , et entre temps monik n’arrêtait pas d’envoyer des messages à ma compagne , vous êtes ou , vous faites quoi , ça en devenait oppressant .
Bref le lendemain chez mes parents repas classique sauf que monik toujours dans nos basques jusqu’à nous séparer moi et ma compagne lorsque nous nous sommes tenus la main , elle m’a pris par Le Bras et a dit en rigolant c’est mon frère .
Jusqu’à me sentir et me dire tu sent bon mon frère ,t’es beau mon frère .
À un moment je me suis retrouvé dans la chambre avec elle pour discuter et quelque chose m’a dérangé , sa présence plus la chambre sans savoir quoi .
Un ressentit tout simplement .
Bref le lendemain nous reprenons la route et je dis à ma compagne pour la 1ère fois je me suis pas sentit bien chez mes parents , ma sœur m’a oppressé , son regard m’a dérangé , sa façon de me dire t’es beau mon frère tu sent bon tout m’a dérangé et tout le reste .

Je décide donc à mon arrivée de lui envoyer un message pour mettre les choses au clair et lui expliquer que son comportement oppressant m’avait dérangé .
Elle m’a répondu Ok .

Entre temps je discute de monik avec ma compagne .
Je lui dit je me rappel quand j’étais petit j’avais 6 ans et elle donc 17 ans , elle me déguisait en danseuse , avec toute la panoplie rouge à lèvre et compagnie , et me prenait en photo . Elle me dit c’est pas normal ton histoire .
Ça m’a permis de me rendre compte qu’effectivement aujourd’hui je trouvais ça pas normal et humiliant .

Je décide donc d’appeler monik et de lui en parler mais ça ne lui a pas plus du tout elle a commencé à s’énerver et je l’ai donc envoyé chier .
Quelque chose l’a dérangé dans ces déguisements comme si ça lui rappelait quelque chose, elle qui est si secrète .

Puis j’ai commencé à faire des rapprochements , depuis que je suis petit j’ai 2 images en tête très floues .
Je ne sais pas comment m’exprimer mais l’impression qu’elles sont pas réels mais que dans le cas ou l’une est réel les 2 le sont car c’est le même type d’image , je ne sais pas si je suis assez clair .
Cette 1ère image je suis petit 5 ou 6 ans je suis dans la salle de bain et je vois ma mère à genou entrain de pleurer sang sur les bras , lames de rasoir sur l’évier .

La 2nd image , je vois ma sœur monik allongée sur le dos dans sa chambre toute nue , les jambes écartées . J’avais 5 ou 6 ans et elle 16 ou 17ans .
Je précise que je lui en ai déjà fait part à monik de cette image par le
Passé en lui demandant pourquoi je la voyait ainsi , elle me répond demande à ton psy .
Étonnant pour une sœur qui s’est toujours occupé de moi , je la dérange à nouveau sur un sujet .

Ma mère vient de m’avouer il y a quelques jours que mon image avec elle a bien existé .
Ça m’a fait comme un déclic dans ma tête , avec monik .

C’est comme si tout c’était imbriquait dans ma tête .

J’ai commencé à faire le rapprochement avec mes comportements que je ne comprenais et ma compagne non plus .
Chaque fois que nous faisons l’amour avec ma compagne , je remet immédiatement mon caleçon ( j’ai le sentiment que ça me protège ).
Je m’enferme tout le temps dans les WC , les toilettes .
Je ne supporte pas quand elle fait le lit et qu’elle coince la couette sous le matelas , ça me bloque je me sent piégé ça m’étouffe .
Je ne supporte pas le savon ni l’eau sur mon visage .
Je suis incapable d’uriner dans un urinoir , j’ai besoin de toilettes fermés et même là je suis en alerte de quoi je ne sais pas .
Je ne supporte pas quand le linge et tout dur quand il est propre ça me donne chaud .
Un autre élément qui me trouble .
Lors d’une séance , mon psychanalyse m’a demandé , qu’est que vous faites quand vous êtes seul ?
Je n’ai absolument pas compris ce qui m’arrivait . C’est comme si j’avais été déconnecté , je n’arrivais plus à comprendre ce qu’il me disait , j’essayais de suivre mais c’était impossible c’est comme si mon corps était là mais ma tête envolée .
Je lui en ai donc fait part la séance d’après , et il m’a dit cool j’ai touché dans le mille ...

Bref depuis 3 jours que je sais pour ma mère et que j’ai fait le rapprochement avec ma sœur , j’ai des envies de vomir toute la journée , mais rien ne sort , ça résiste ...
Ma sœur me prenait souvent dans sa chambre le soir car je n’arrivais soit disant pas à dormir , je ne m’en rappel plus , c’est Sylvie qui me l’a confié ...

Bref ça résiste , mais je me bat la nuit pour que ça sorte dans le conscient .
Encore la nuit dernière aucune image pour une fois de mon rêve , simplement des paroles très claires , ça change de mes cris que ma compagne m’a répété le lendemain .
J’ai donc crié :
Mets toi à genou !
Jai l’impression d’entendre mon père que me punit et me soumet .
Mais là c’est moi qui punit , cest l’enfant à l’intérieur , c’est l’enfant qui a était punit et qui punit une personne qui lui a fait du mal .
Mets toi à genou Monik !
Pas de bol ça rime pas .
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Il était une fois ...

Message par Dubreuil »

Vous êtes traumatisé.
Parlez de tout cela à votre psychanalyste.
Le travail thérapeutique entrepris avec un psy demande que le patient s'attache à ce qui s'est dit et ce que le thérapeute lui a renvoyé.
Etre tenté d'aller exposer sa problématique sur un forum risque d'émousser la qualité de la thérapie, de noyer justement le processus de compréhension. La multiplicité des réponses éloigne la réponse de la personne elle-même.
L'éthique d'un thérapeute demande ainsi de respecter la qualité du travail effectué par son confrère et de respecter son patient, en ajoutant rien de plus de ce qu'il appréhende, afin de ne pas perturber le lien avec des réponses " arrivant trop vite ", parce que pas encore réfléchies.
Le risque des propositions d'interprétation psy sur le net, c'est de dépasser l'entendement du patient et nuire à son propre cheminement, qui lui est indispensable pour justement se dégager de sa souffrance et de ses problèmes.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
ashwagandha
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Re: Il était une fois ...

Message par ashwagandha »

Merci pour votre retour .
Le travail est en cours avec mon psychanalyste.
Il est au courant de « toute l’histoire « .
Il me « balade » à droite puis à gauche ...
Je vois la lumière au bout du tunnel je le ressent .
Ma psychanalyse m’a aidé à ressentir les choses et mettre des mots sur mes émotions .
Nous faisons un travail formidable ensemble
. Je sais très bien qu’il m’emmêle les pinceaux volontairement, je lui ai dit sans doute pour que je sois sûr de moi et surtout pour que ça sorte de moi .
Lors de ma dernière séance , j’ai bien remarqué qu’il n’a pas bronché , j’ai mené la danse , votre avis monsieur je m’en fou , je ne l’attend plus contrairement à avant .
Je vous expose mon avis , et mon ressentis .
Il m’a d’ailleurs fait une remarque très pertinente , mon objectif quand vous déraillez c’est de vous replacer dans le bon chemin .
Et de vous faire pensez par vous même , et je dois bien l’admettre avec vous ça fonctionne très bien .
Je trouve très salutaire votre démarche de vouloir découvrir ces secrets de familles entremêlées dans ces non dits .
Tout comme il a pu me dire plusieurs fois :
Le temps s’est arrêté comme votre montre qui n’a plus de piles depuis le début de notre thérapie , quelque chose est mort en vous .
Ces mots commencent à raisonner en moi .

Je n’attends pas une réponse de votre part car j’ai la réponse .
J’ai ma réponse mais les mots me manque .

C’est comme si le corps de l’adulte mimait ce que l’enfant lui murmure à l’oreille , les mots lui manque ...

Je suis prêt , je le sait mais pourquoi ça ne sort pas ?
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Il était une fois ...

Message par Dubreuil »

Si ça " sortait ", vous ne seriez pas en psychanalyse.
Posez votre question à votre psy.
Bonne route...
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
ashwagandha
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Re: Il était une fois ...

Message par ashwagandha »

Bonjour ,
Je tenais à un faire un retour depuis la dernière fois .
J’ai décidé de couper les ponts avec ma famille pour mon bien être .
J’ai contacté ma sœur il y a quelques mois pour lui faire comprendre que je me rappelais de tout ce qui c’était passé dans la chambre avec elle , même si ce n’est pas le cas hormis cette image .
Une fois la chose annoncée , elle m’a bloqué de partout en me disant une chose : tu te trompes de sœur .
Donc selon elle , ce serait mon autre sœur qui aurait abusé de moi mais elle me bloque tout de même de partout ...

Depuis ces dernières semaines , j’ai toujours mes envies de vomir , en particulier dans la salle de bain , j’ai des douleurs au cœur , j’ai des crises d’étouffement la nuit .

Cette nuit j’ai rêvé que je voyais une photo de moi petit , dans la chambre de ma sœur .
J’ai l’impression d’être prisonnier dans cette photo , bloqué .
Il y avait également un autre album photo , totalement vide , non pas qu’il était neuf , mais parce que toutes les photos avait été enlevé .

J’ai également rêvé que j’avais 3 plaies à l’intérieur il de la main droite .
On m’a dit que je devais me faire recoudre , j’ai refusé et répondu que ça allait cicatriser avec le temps .
Je continue également à crier la nuit , dégage , casses toi , mets toi à genou ...

J’avance , mais je commence à douter d’une chose .
Peut-on réellement oublié une chose pendant plus de 20 ans ?
Absolument aucun souvenir hormis une image bloquée ?
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Il était une fois ...

Message par Dubreuil »

*** Je vous donne copie des propos de Muriel Salmona est psychiatre, psychothérapeute et présidente de l’association Mémoire traumatique.
Le Dr Muriel Salmona explique les conséquences psychotraumatiques des violences sexuelles sur les enfants et les mécanismes de réparation possibles, même des années plus tard.
*** Je vous propose également de lire mon post : " Urgent, c'est le tournant de ma vie ", où vous trouverez beaucoup d'explications ( et quelques témoignages de mes patients.)

Quels sont les mécanismes traumatiques à l’œuvre lorsqu’un enfant est victime d’une violence sexuelle ?
Le premier est la sidération. Confronté à des violences terrorisantes et incompréhensibles, l’enfant se retrouve paralysé psychiquement et physiquement. Cet état est déclenché par l’amygdale cérébrale. C’est une alarme interne qui engendre la production d’hormones de stress (adrénaline et cortisol), le but étant de fournir à l’organisme le “carburant” (oxygène et glucose) pour fuir ou combattre. Le problème, c’est que cette alarme ne se calme pas toute seule : seul le cortex peut la moduler ou l’éteindre. Les adultes peuvent y parvenir en analysant la situation, en cherchant à la comprendre, en prenant des décisions. Pas les enfants, dont le cortex est totalement immature. L’alarme continue donc à “hurler”.

Ce mécanisme de survie devient-il dangereux pour l’organisme ?
L’organisme se retrouve en effet en état de stress extrême, avec des taux toxiques d’hormones, qui représentent un risque vital cardio-vasculaire et neurologique. Pour y échapper, comme dans un circuit électrique en survoltage, le cerveau fait disjoncter le circuit émotionnel à l’aide de neurotransmetteurs qui sont des “drogues dures” anesthésiantes et dissociantes (“morphine-like” et “kétamine-like”, endorphines et antagonistes des récepteurs de la NDMA). D’où un état d’anesthésie émotionnelle et physique, une sensation d’irréalité, d’étrangeté, d’absence qui donnent à l’enfant l’impression d’être spectateur des événements, de regarder un film. Le cortex est déconnecté. La réponse émotionnelle est éteinte. Cela s’appelle la dissociation.

Malheureusement, la dissociation permet à l’agresseur d’être tranquille…
En effet, car les victimes n’émettent pas de signaux de détresse. Elles sont figées. Ce qui leur est d’ailleurs reproché par la suite : « Pourquoi n’as-tu pas crié, fui, combattu, etc. ? » La dissociation devient un piège : les actes violents peuvent être de plus en plus extrêmes, sans que les victimes puissent réagir. Comme elles sont anesthésiées, leur seuil de résistance à la douleur est augmenté. C’est flagrant lors des viols en réunion d’adolescentes, qui sont sans réaction ou s’exécutent comme des robots. De plus, comme la dissociation transforme la victime en automate, l’agresseur fait ce qu’il veut et peut facilement lui imposer de participer aux violences et de répéter des phrases de pseudo-consentement (« Dis-moi que tu aimes ça, que c’est ce que tu veux ! »). Il pourra ensuite arguer que l’enfant était d’accord ! Rappelons que seule une jurisprudence permet de ne pas prendre en compte la notion de consentement pour les enfants de moins de 5 ans. À 6 ans, on n’a pas le droit d’aller chez le médecin tout seul, mais on peut se faire sodomiser par son cousin et être considéré comme complice ! C’est du délire !

Combien de temps dure la dissociation traumatique ?
Des heures, des jours, des mois, voire des années si l’enfant continue à subir des violences ou s’il reste en contact avec l’agresseur et ses complices. Anesthésié émotionnellement, il semblera indifférent, déconnecté en permanence. C’est pourquoi de nombreuses victimes ne portent pas plainte, ou trop tard par rapport au délai de prescription. Cela explique aussi l’accueil souvent inadapté des proches et des professionnels. Face à une victime dissociée, ils ne peuvent percevoir ses émotions par le biais de leurs “neurones miroir”. La seule manière d’identifier sa souffrance est intellectuelle, à contre-courant de leurs ressentis qui indiqueraient plutôt du vide, du rien, du flou. Ils réagissent donc souvent par une absence d’empathie, une incrédulité, une minimisation, voire une totale remise en question des violences subies.

Encore une fois, l’enfant est victime de son mécanisme de survie…
Il va en effet être considéré comme débile, inconséquent, incapable de comprendre ce qui se passe et d’y réagir. Il sera en butte à des moqueries, des humiliations, des maltraitances. C’est, dans le film Polisse, la scène avec la jeune ado qui a été obligée de faire des fellations à plusieurs garçons pour récupérer son portable. Elle semble si indifférente à la situation que les policiers se moquent d’elle : « Et si on t’avait pris ton ordinateur portable, qu’est-ce que t’aurais fait ? » Et toute la salle de cinéma d’éclater de rire…

Que se passe-t-il dans les jours, les semaines, les années suivant l’agression, pour le psychisme ?
Une plongée en enfer. De manière plus ou moins consciente, la mémoire traumatique hante les victimes, les empêche d’être elles-mêmes. Tout y est mélangé, sans identification ni contrôle possible. Ainsi, l’indifférenciation vécue au moment des violences empêche la victime de faire le tri entre ce qui vient d’elle et ce qui vient de son agresseur. Il est ainsi très fréquent qu’elle ressente à la fois sa propre terreur, associée à une excitation et une jouissance perverses, qui sont celles de son bourreau. De même, elle ne peut se défendre des phrases assassines de l’agresseur (« Tu aimes ça », « C’est ce que tu mérites »). Et plus les violences ont eu lieu tôt dans la vie de la victime, plus elle se construit avec ce magma incompréhensible.
De quoi ne plus savoir qui on est…
Elle se sent à la fois être une moins que rien qui a peur de tout, déconnectée pour survivre, absente à elle-même ; une coupable dont elle a honte et qui mérite la mort (ce que l’agresseur a mis en scène et qu’elle finit par intégrer puisque cela tourne en boucle dans sa tête) ; une personne perverse qui pourrait devenir violente et qu’il faut sans cesse contrôler. La vie peut devenir un enfer, avec une sensation d’insécurité, de peur et de guerre permanente.
Des conduites à risque, d’évitement ou de contrôle, pour rester dissocié

Cela explique les phobies, les TOC, les angoisses ?
Pour éviter tout ce qui pourrait déclencher l’insupportable mémoire traumatique, l’enfant met en effet en place des conduites d’évitement, d’hypervigilance et de contrôle. Cela peut prendre la forme de phobies ou de TOC, comme les lavages répétés ou les vérifications incessantes, par lesquelles il tente de se rassurer. Il se crée aussi fréquemment un monde parallèle où il se sent en sécurité et va se réfugier : une cabane, sa chambre ou un monde imaginaire. Non seulement ces conduites sont épuisantes et envahissantes, entraînant des troubles cognitifs, avec un impact négatif sur les apprentissages et la scolarité. Mais, en plus, elles sont souvent contrecarrées par l’entourage, et inefficaces face à la force de la mémoire traumatique. Pour empêcher qu’elle explose, ils adoptent donc des conduites qui entretiennent la dissociation.

En prenant ensuite des drogues, de l’alcool ?
Oui, notamment. Pour s’anesthésier, les enfants provoquent aussi compulsivement des situations de stress de plus en plus fort pour augmenter la quantité de drogue sécrétée par l’organisme. Par des conduites addictives (médicaments, troubles alimentaires…), autoagressives (se frapper, se mordre, se scarifier…), des mises en danger (sports extrêmes, jeux dangereux, conduites sexuelles à risque, situation d’abus renouvelé…) ou en étant hyper violents contre autrui. Le problème est double. D’un côté, ces conduites rechargent la mémoire traumatique et rendent les conduites dissociantes encore plus nécessaires. De l’autre, les drogues produites par le cerveau sont de moins en moins efficaces. Ils doivent donc aller toujours plus loin pour en sécréter plus. Incompréhensibles pour l’entourage, ces conduites isolent les victimes, qui semblent de plus en plus indifférentes car dissociées, et ont encore moins de chance d’être secourues. C’est un cercle vicieux.
Des violences minimisées ou mises en doute

Et lorsqu’ils révèlent ce qu’ils ont subi, les mineurs courent le risque de ne pas être crus, d’être mis en cause et maltraités…
Très fréquemment, les adultes ont en effet recours à des discours moralisateurs et culpabilisants. Je me souviens par exemple d’une petite fille qui écartait les jambes et se mettait, en public, des objets dans la vulve. Tout le monde la grondait, lui disait qu’il ne fallait par faire cela, que c’était mal élevé. En lui demandant simplement « Qui t’a fait cela ? », elle a désigné le coupable. Pareil lorsqu’un ado se scarifie ou tente de se suicider. Plutôt que de le culpabiliser ou de lui faire la morale, il faudrait lui demander quelles violences il a subies pour être dans une telle souffrance !

Les victimes mineures sont-elles décrédibilisées ?
C’est le cas pour toutes les victimes de violences sexuelles, et plus encore pour les mineurs. Plutôt que d’être reliés aux violences et au trauma, les symptômes sont retournés en accusation contre les victimes. Quand ils vont très mal, on les accuse d’être des enfants difficiles, agités, bizarres, peureux, timides, d’avoir des troubles du comportement, de la personnalité, des déficiences intellectuelles, des symptômes psychiatriques, etc. 95% des victimes considèrent que les violences ont eu un impact sur leur santé mentale : il est aberrant, pervers et cruel de retourner leur fragilité psychique contre elles ! C’est une preuve médicale de leur crédibilité ! Quand elles semblent ne pas aller si mal, parce qu’elles sont très dissociées et anesthésiées émotionnellement, les violences sont minimisées ou mises en doute.

Les fausses accusations existent-elles ?
Elles représentent en fait moins de 6% des allégations… et ne viennent jamais des enfants. Pourtant, tout le monde pense qu’elles sont fréquentes, d’où la réticence à signaler lorsqu’on se doute de quelque chose. C’est un puissant mécanisme de déni face à l’inimaginable. C’est pareil pour le prétendu “syndrome d’aliénation parentale” ou la “théorie des faux souvenirs”. Le premier a été inventé par un psychiatre américain qui, dans ses ouvrages, fait l’apologie de la pédophilie ! La seconde, en vogue à la fin des années 1990 aux États-Unis, a décrit une prétendue épidémie de dénonciations à partir de faux souvenirs qui auraient été induits par des thérapeutes. Depuis, un ensemble impressionnant d’études scientifiques ont au contraire démontré que les souvenirs retrouvés sont fiables.
Une mémoire “fantôme” hypersensible et incontrôlable

Comment est-ce possible d’oublier qu’on a été victime de violences sexuelles ?
Cela paraît étonnant, en effet, mais c’est un mécanisme physiologique : la disjonction du cortex est aussi à l’origine de troubles de la mémoire. Les circuits d’intégration sont interrompus, d’où des amnésies pendant des périodes plus ou moins longues (pour 59% des victimes de violences sexuelles dans l’enfance) ou complètes (pour 38%). Plus la victime est jeune et plus son agresseur est proche, plus l’amnésie est forte. Ces oublis durent parfois des décennies. Et lorsque les souvenirs réapparaissent, c’est le plus souvent brutalement, par surprise, avec des détails multiples et précis. Cela s’accompagne d’une détresse, d’un sentiment d’effroi, de sidération et de sensations abominables.
Comment expliquer ce retour brutal des souvenirs et des sensations, parfois après des décennies d’oubli ?
C’est lié à la mémoire traumatique. En temps normal, une structure du cerveau appelée hippocampe se charge d’intégrer les événements vécus et de transformer la mémoire émotionnelle en mémoire autobiographique, accessible et verbalisable. Mais lorsque le cerveau disjoncte, la mémoire émotionnelle, qui n’est pas traitée par l’hippocampe, devient traumatique. Enkystée, c’est une mémoire “fantôme” hypersensible et incontrôlable, une “boîte noire” qui reste active. Si bien que les victimes vivent dans une terreur, une douleur et un désespoir permanents. Elles vivent aussi des sensations soudaines d’être en grand danger, écrasées, frappées, de perdre connaissance, de mourir, d’avoir la tête ou le corps qui explose, des suffocations, etc.

Qu’est-ce qui fait “exploser” cette mémoire traumatique et revenir les souvenirs ?
Cela peut être la disparition de la dissociation, quand la victime est enfin sécurisée, par exemple. Ou quand elle subit une violence de trop, qui dépasse ses capacités de dissociation. Ou quand une situation, une sensation, une lumière, une odeur rappelle les violences ou lui fait craindre qu’elles ne se reproduisent. La mémoire traumatique peut se rallumer des mois, voire de nombreuses années après les violences. Elle fait alors revivre à l’identique, avec le même effroi et la même détresse, les événements, les émotions et les sensations qui y sont rattachés.
Se faire accompagner par un “démineur professionnel” pour “revisiter” le vécu des violences
Comment les victimes se sortent-elles de cet enfer ?
Pour s’en sortir, il faut que la mémoire traumatique soit retraitée en une mémoire autobiographique. Il faut déminer ce magma qui fait bugger le cerveau. Cela se fait en “revisitant” le vécu des violences, accompagné pas à pas par un “démineur professionnel” en mettant des mots sur chaque situation, sur chaque comportement, sur chaque émotion, en analysant avec justesse le contexte, ses réactions, le comportement de l’agresseur, ce qui permet de sortir de la dissociation. Il s’agit de remettre de la chronologie, de faire des liens, d’expliquer au patient les mécanismes du trauma et de remettre le monde à l’endroit. Nul besoin de médicament, sauf pour diminuer la souffrance et le stress lorsqu’ils sont trop importants (anxiolytiques de façon ponctuelle, antalgiques et bêtabloquants pour diminuer la sécrétion d’adrénaline). Peu à peu, les atteintes neurologiques sont réparées et les stratégies de survie deviennent inutiles. Tout cela prend du temps et doit se faire au rythme du patient, avec une psychothérapie de fond. Il est dangereux aujourd’hui de ne proposer aux patients que des thérapies “outils”, comme l’hypnose, l’EMDR ou les TCC, sans travail de psychothérapie au long cours. Certes, c’est pratique, vite fait et ça ne coûte pas cher. Mais ce sont des bombes à retardement.

Certaines psychothérapies peuvent-elles aggraver les symptômes traumatiques ?
Oui, parce qu’elles ne permettent pas au récit d’émerger progressivement, de manière que le cerveau puisse l’élaborer à son rythme. Non seulement elles peuvent faire à nouveau effraction pour le patient, mais elles renforcent la dissociation. Ce que font déjà très bien les victimes toutes seules, en écoutant de la musique très fort, en se collant à des jeux vidéo ultra violents, ou en s’anesthésiant avec de la drogue ou de l’alcool. Pas besoin de psy pour ça !

Est-il parfois trop tard pour se soigner du traumatisme ?
Plus la prise en charge est précoce (idéalement, dans les douze heures), moins le traumatisme sera prégnant. Cependant, même des années après, il est possible de traiter la mémoire traumatique et de “réparer” l’effraction psychique initiale et que la personne puisse enfin reprendre librement le cours de son existence. Il faut, comme le disait si joliment la psychanalyste Alice Miller, « abattre le mur du silence et rejoindre l’enfant qui attend ».

*** Et il n'y a pas d'échelon, d'escalade dans le traumatisme, nul besoin de se dire que l'autre souffre plus ou moins que soi, sur quels critères quantifier, mesurer la douleur ? La nôtre nous suffit, le plus dur étant souvent non pas de la soulager, mais de nous l'attribuer.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
ashwagandha
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Re: Il était une fois ...

Message par ashwagandha »

Merci pour votre retour .

La douleur aujourd'hui je suis capable de la re-connaitre . Je la ressent de plus en plus que j'avance , et elle me fait de plus en plus mal .
Elle me ronge totalement de l'intérieur .
C'est comme si je l'avais mis en silence depuis toutes ses années , mais en enlevant mes boucliers 1 par 1 elle apparaît mais elle reste en même temps invisible .

J'ai effectivement déjà lu les différents post de Madame Salmona , bien évidemment je me reconnait totalement mais les images ne sont pas là .

J'ai passé le cap de la vengeance , mon rêve l'explique très bien d'ailleurs .

Je suis conscient que je peux attendre toute une vie pour avoir mes vérités , malheureusement j'en ai besoin non pas pour me venger , mais pour que le mal soit reconnut , ce qui me permettra de le ranger dans le bon tiroir .
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Il était une fois ...

Message par Dubreuil »

Peut-on réellement oublié une chose pendant plus de 20 ans ?
Absolument aucun souvenir hormis une image bloquée ?
*** Ainsi posez-vous une question dont vous connaissez la réponse. Dans quel but ?

Je suis conscient que je peux attendre toute une vie pour avoir mes vérités , malheureusement j'en ai besoin non pas pour me venger , mais pour que le mal soit reconnut , ce qui me permettra de le ranger dans le bon tiroir .
*** Tout dépend par qui vous souhaitez que votre mal soit reconnu. Et il vous appartient de " travailler " sur ce désir.
Ne mettez pas les internautes en situation d'impuissance, ou de voyeurisme, vous avez la chance d'avoir " un bon " psychanalyste.
Gardez-vous des bénéfices secondaires de la plainte.
Merci de votre témoignage.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
ashwagandha
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Re: Il était une fois ...

Message par ashwagandha »

Effectivement j’ai ma réponse , je pense que Je préfère que mon l’a rapporte ...

Mais je me demande si la vérité rapportée est utile , dans le cas de ma mère qui m’a avoué pour mon image ou je la voyait avec les lames de rasoir que c’était vraie , je n’avais pas rêvé .
Ce n’est pas pour autant que l’image s’est débloquée et encore moins les émotions associées . Ça reste dans ma tête une image vide , et gelée d’émotions .

Je partage votre avis sur mon psychanalyste , il m’aide à ouvrir chacune des portes de mon esprit , et pour celles verrouillées , je prends le temps de chercher la clé au lieu de la défoncer .
Ça me permettra par la suite de l’ouvrir et de la fermer comme bon me semble .

Je pense que c’est moi qui doit reconnaître mon mal , et pas attendre que quelqu’un le reconnaisse à ma place .

Je n’ai pas compris votre dernier paragraphe sur l’impuissance , le voyeurisme et les bénéfices de la plainte ?
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Il était une fois ...

Message par Dubreuil »

Mais je me demande si la vérité rapportée est utile
*** Il n'y a pas " la vérité ", mais des milliers de vérités suivant les personnes.
Ce n’est pas pour autant que l’image s’est débloquée et encore moins les émotions associées . Ça reste dans ma tête une image vide , et gelée d’émotions .
*** C'est ainsi qu'opère le traumatisme.

Je pense que c’est moi qui doit reconnaître mon mal , et pas attendre que quelqu’un le reconnaisse à ma place .
*** Voici une partie des bénéfices secondaires résolue.

Je n’ai pas compris votre dernier paragraphe sur l’impuissance , le voyeurisme et les bénéfices de la plainte ?
*** Super, vous en parlerez avec votre psy.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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