Inceste connu : continuer à vivre sans ne rien dire ...

[Flora16]

Bonjour,

Ma mère m'a avoué il y a 2 ans avoir été victime d'attouchement de la part de son père mon grand-père. J'ai refusé de faire comme si je ne savais rien et j'ai confronté mon grand-père qui n'a pas dû comprendre ce qui lui arrivait puisque cela a toujours été un secret de famille et que les 2 adultes que ma mère avait prévenu n'ont rien fait pour la protéger au moment où elle en avait besoin.
Ma mère et ma tante continuent malgré tout à s'occuper de mon grand-père et maintenant on me demande de continuer à agir comme si ne rient était.
Je suis incapable de faire semblant et de conserver la même relation que j'avais avec lui avant de savoir. J'aurai peut-être pu passer à autre chose si mon grand père avait demandé pardon. Je ne supporte plus de le voir au repas de famille car j'estime qu'il n'y a pas sa place, je ne veux pas me forcer à interagir avec lui. On me reproche mon attitude et je me sens maintenant coupable.
Ma mère me dit qu'elle ne veut plus en entendre parler donc je comprends que pour cela il faudrait que je fasse semblant et que je n'exprime pas le fait que je ne souhaite pas le voir ni interagir avec lui quand on me l'impose.

Est-ce-que l'un d'entre vous se serait retrouvé dans la même situation ? Auriez-vous des conseils à me donner ?

[Dubreuil]

Votre attitude envers votre grand-père est totalement normale, c'est comme si vous aviez un tueur à votre table.
Il est possible qu'il ait aussi commis d'autres méfaits sur des autres membres de votre famille ou dans son entourage.

"j'ai confronté mon grand-père qui n'a pas dû comprendre ce qui lui arrivait"
*** pourquoi ? Est-il sénile maintenant ?

Sinon, il a fort bien compris ce que vous lui avez dit. Et à chaque fois que vous êtes seule avec lui rien ne vous empêche de répéter votre mépris et indignation, et de l'inciter à demander pardon à votre mère.
Tant qu'il ne reconnait pas les faits, et ne présente pas ses excuses, c'est un pervers.

Les membres de votre famille ne veulent pas prendre parti, cela "dérange" leur vie "tranquille", à chacun son dégout, sa peur ou sa culpabilité face à l'événement, mais TOUS deviennent complices de ce qui s'est passé.

Chez les hommes l'inceste fait partie de leurs craintes et de leurs fantasmes. Beaucoup luttent contre leurs instincts de prédateurs. En parler c'est réveiller leurs propres ambivalence, c'est très gênant et insupportable. Certains n'ont pas envie d'y penser

Votre maman s'est "construite" sur cet abus sexuel, elle y a survécu comme elle a pu, et c'est déjà "libérateur" de vous en avoir parlé, et que toute la famille le sache. Les choses ont repris leur vraie place.

Vous ne pouvez rien faire d'autre que de respecter son désir de silence.
Cependant, rien ne l'interdit d'aller elle aussi en secret, déposer une main courante à la gendarmerie même si la date est révolue. Il n'y aura pas de poursuite, mais pour elle ce sera sa façon de SE RESPECTER, et DE SE DEFENDRE contre l'abuseur.
Vous pouvez lui dire aussi qu'en ne faisant rien contre lui, elle gardera toujours une place de victime, maintenant dramatiquement connue et acceptée (voulue) par la famille. par ceux qui ne veulent rien dire ni entendre, ni savoir. Que cela est préjudiciable à son équilibre psychologique, et que surtout, son refus vous entraine dans une terrible situation d'impuissance, d'opprobre et de colère, parce que, inexorablement le "secret de famille" noircit et endeuille chacun de ses membres.

Lisez, et faites-lui lire : "Aïe mes aÏeux" de Anne Ancelin Shützenberger
Et les livres de Marie-France Hirigoyen, et/ou, de Paul Récamier, sur la perversion hommes/femmes