Je suis bizarre... Et parfois ça me pèse

[A_Dreamer]

Bonjour/Bonsoir à tous,

Ce n'est pas dans mes habitudes d'étaler mes ressentis parce que j'aime me donner l'impression de "gérer", mais par moments (dont là), ça devient difficile. Merci d'avance à ceux qui me liront et/ou qui auraient des conseils/remarques pour m'éclairer.

Je suis une fille, j'ai 19 ans. J'ai toujours été d'humeur instable, mais ces derniers temps ça ne s'arrange pas, je peux devenir limite dépressive en quelques heures et être normale voire confiante le lendemain... Je réagis très fort à tout, que ce soit du négatif ou positif. Ex: on me fait une remarque, je peux me sentir vraiment blessée. A l'inverse, un mot gentil de certaines personnes peut me faire oublier temporairement tout ce qui n'allait pas jusqu'à présent.

Depuis toujours, j'ai l'impression de fonctionner différemment. Je pense énormément, sans doute trop. Il m'arrive souvent de ne pas comprendre les autres, de me sentir seule parce que personne ne semble avoir les mêmes préoccupations que moi. Parfois, je trouve les autres futiles et je n'arrive pas à m'intéresser à ce qu'ils font. Je perçois le monde social comme un théâtre permanent et je pense que peu de gens sont réellement sincères. Souvent, j'ai du mal à jouer le jeu. Honnêtement, il m'arrive alors de me complaire et de me sentir importante parce que je pense autrement.

Je suis bizarre car j'ai peu d'amis et je n'aime pas les gens en général. J'ai eu une période de quasi phobie sociale que j'ai plus ou moins surmontée, j'arrive à avoir quelques semblants de relations... mais je suis inconstante. Il y a des moments où je ne comprends pas les gens et où je n'ai pas envie d'essayer.

Vis-à-vis des autres, je me sens transparente. La plupart des gens que je ne connais pas m'ignorent délibérément. Sauf quelques rares exceptions, je n'ai pas de conversation (je pense énormément mais je ne suis pas capable de formuler les choses et je doute d'intéresser quelqu'un avec mes réflexions tordues). Je ne regarde pas de série, je ne lis pas de mangas, je n'aime pas les jeux vidéos. Je peux avoir l'air relativement banal, disons que mes bizarreries n'étonnent pas longtemps. J'ai l'impression d'être insignifiante aux yeux des autres, je me dis que je n'ai pas besoin de leur approbation, j'aime la solitude, mais par moment j'aurais envie de pouvoir être comme eux. Je ne me sens pas adulte, pas assurée malgré mes principes. J'ai l'impression que certains me regardent de haut.
Il m'arrive d'éprouver du mépris pour moi-même, de regretter de "n'être pas capable d'être comme tout le monde". Je n'arrive pas à comprendre si je cultive ma différence et si c'est le cas, pourquoi.

Quand je suis déprimée, je pense facilement au suicide, mais je m'en sais incapable, "pas fichue d'être entière", alors j'essaye de me distraire le temps de passer à autre chose. Je ne suis pas à plaindre, mais j'ai parfaitement conscience de me compliquer la vie et je ne comprends pas pourquoi.

Voilà plus ou moins mon histoire... Je ne sais même pas vraiment si j'attends une réponse, peut-être que je penserai à autre chose demain, mais aujourd'hui il fallait que je l'écrive.

Merci à tous

[liztomania]

Va lire ce que j'ai répondu au sujet "je pense trop aidez moi", et notamment les liens que j'ai mis dans ma réponse (le petit article internet est un assez bon résumé je crois si tu n'as pas trop le temps de lire ce soir) et dis moi si tu t'y reconnais.

[jean louis]

Bonjour

"il m'arrive alors de me complaire et de me sentir importante parce que je pense autrement" Dans cette phrase, vous avez tout dit !

Ainsi va le monde, chacun est différent et heureusement d'ailleurs. Il faut l'accepter. Pourquoi vouloir être comme d'autre ? Vous avez votre propre manière de voir la vie et ça fait partie de vos valeurs alors il ne faut pas culpabiliser de penser différemment.
je pense qu'a un moment de notre vie, beaucoup de personnes sont dans votre cas en ne se reconnaissant pas au travers de l'autre. C'est la période ou l'on s’aperçoit, ou l'on réalise qu'il y a différentes manières de penser et ça fait bizarre.
Je pense aussi que c'est tout a votre honneur de réaliser cela aujourd'hui car certaines personnes ne le réaliseront jamais et passeront leur vie a vivre comme des moutons de Panurge.
Vous avez pris de l'autonomie, vous grandissez et vous devenez adulte responsable voila tout.
jlouis

[A_Dreamer]

@liztomania: Merci de votre réponse. Effectivement, je me reconnais plutôt bien dans ces descriptions. J'ai toujours été de nature (trop) réfléchie et je me sens décalée par rapport aux autres. J'ai tendance à préférer les livres et l'abstraction aux relations sociales, j'ai un côté hypersensible et je me pose énormément de questions. Il parait que j'ai une capacité de compréhension élevée pour mon âge.
J'avais déjà effectué quelques recherches de ce côté. Je dirais que les principales caractéristiques correspondent, mais je n'ai jamais osé entreprendre un diagnostic. Ai-je peur de poser des mots sur ma "différence" ou d'apprendre que je suis "comme les autres", je ne sais pas.

@jean louis: Merci pour votre avis. Ce qui me fait dire que je ne me sens pas adulte et responsable, c'est justement le fait que j'essaye de fuir cette prise de conscience qui s'impose à moi depuis longtemps. Il est vrai que l'accepter serait sans doute ce qu'il y a de mieux à faire, j'espère y parvenir un jour.

[liztomania]

A_dreamer, tant mieux si tu te reconnais (je te tutoies hein x)). Au moins, tu a une grande clairvoyance sur la manière dont tu fonctionnes et sur tes ressentis. Et tout ce que tu as dit, il ne faut peut-être pas le tourner de manière aussi péjorative : être réfléchi, avoir une grande compréhension et être sensible ça peut être un grand avantage mine de rien. Après c'est vrai que dans l'excès pas tant que ça..
Après, tu n'es pas obligée de te dire différente ou comme les autres; au fond personne n'est pareil, il y a toujours une barrière entre chacun de nous et on n'accédera jamais à la conscience des autres, comme personne n'accédera jamais à la notre; ce qui fait qu'on se sent isolé et encore plus différents.
Mais finalement, c'est valable pour tout le monde, sauf que certains le voient plus que d'autres. Alors il ne faut pas que tu te qualifie de cette manière. Tu es toi, et il faut que tu apprenne à t'aimer comme tu es. Peut-être as-tu une intelligente différente de "celles des autres", peut-être pas, mais il faut que tu essai de t'en créer une force; d'en tirer des choses positives, et quand tu auras confiance en toi, tu affronteras déjà mieux le monde et les autres.
Et après oui, parfois, je crois qu'il faut arrêter de se poser des questions tout le temps : est ce que ce que j'ai fait est adéquat? ah, lui m'as dit ça, m'as regardé comme ça, ça veut dire qu'il me considère mal, finalement je suis mieux toute seule etc. etc. : il faut y aller sans réfléchir, et souvent, c'est comme ça que ça se passe bien; et les gens t'aimeront ainsi, et tu te sentira mieux avec eux. Après, il y a des gens plus sociables que d'autres, ça a toujours été comme ça, il ne faut pas te forcer à être ce que tu n'es pas.
Tu dis que tu n'arrive pas à les comprendre et que tu ne veux pas, je comprend ce que tu veux dire, et tout es dit dans ta phrase. Car le problème, c'est que tu sens qu'il y a une telle barrière entre les gens et toi que tu y pense systématiquement. Quand tu vas être avec eux tu vas te le ressasser : j'ai envie d'être ailleurs, ce qu'ils disent est sans intérêts, mais quand est ce que je serais bien avec quelqu'un ? Mais finalement, à force d'y penser quand tu es dans ces situations, tu t'éloignes encore plus d'eux, et c'est aussi l'image que tu dégage, ce qui fait que parfois, malheureusement, ils te parleront moins.
En fait, dans ces moments, il faut se FORCER à être dans le moment présent, se forcer à ne pas penser à ce sentiment de décalage, et parfois, on se surprend à finalement y prendre de l'intérêt, et à y participer sincèrement (ce qui d'ailleurs se verra, pour le plaisir des autres). Et si malgré cela, tu te sens toujours différentes, alors c'est que tu es peut-être avec les mauvaises personnes. Et là tu vas te dire : mais qui sont les bonnes personnes ? Je te rassure, ça existe; tu t'es pas la seule, beaucoup de gens par exemple adorent lire et parler de leur expérience de lecture, parler de leur manière de concevoir le monde, et pas de ce qu'a fait telle personne hier, quel mec est beau dans les Anges de la téléréalité et blablablabla. Il y a forcément des gens avec qui tu te trouveras plus d'affinité. (Comme dit Sartre, parfois "l'enfer c'est les autres", parce qu'ils nous rappelle qu'on est seul, différent ; mais parfois, comme dirait Montaigne, on rencontre quelqu'un au point de dire "parce que c'était lui, parce que c'était moi" ! Voilà, petit instant philosophie).

Je pense donc qu'il faudrait que tu t'accepte comme tu es, et ça ira déjà mieux et que tu essaies de lacher-prise (bien plus facile à dire qu'à faire).
Mais bref, je te fais un peu de la psychologie de comptoir là, en plus je t'ai écrit un énorme roman (désolé pour ça) ; alors bon, ça t'aiderait surement mieux d'aller voir un professionnel si vraiment tu n'en peux plus: il te trouvera de vraies solutions.
Voilà! En espérant d'avoir aidé.

[A_Dreamer]

@liztomania: Merci pour ta réflexion bien fournie (je te tutoie aussi au passage...), je t'avoue qu'elle sonne relativement juste. J'avais déjà pensé à certaines de ces choses, mais j'ai peut-être besoin d'entendre quelqu'un d'autre me le dire.
J'ai quand même eu la chance de rencontrer quelques personnes qui m'acceptent et m'apprécient comme je suis (et vice-versa), quand je suis dans une bonne phase, je réalise que ça vaut bien l'incompréhension de certains. C'est aussi vrai que cette idée de barrière me pousse à être très réservée avec les autres, sans doute trop.
Je vais essayer de garder ces conseils dans un coin de ma tête et de continuer à apprendre à m'accepter.

Cordialement

[Extrawelt]

Bonjour,
Je comprends tout à fait ton état d'esprit. Je suis moi même une fille de 24 ans et me sens constamment différente des autres. Je réfléchis et me pose énormément de questions. J'essaye d'analyser chaque comportement, chaque faits et gestes des gens. Et souffre également d'hypersensibilité, je suis très/trop empathique.
Au lieu de qualifier ce comportement de "bizarre", essaye déja de le qualifier de manière positive : pourquoi la différence est-elle perçue négativement ? Tu es donc différente, et c'est un premier bon point. Ne cherche surtout pas à ressembler aux autres, cultive ta différence et apprends à être bien toute seule. Une fois bien et sûre de toi, tu pourras rencontrer des gens "comme toi".
Cesse donc de te dévaloriser (je sais, ce n'est pas évident) et trouve ta place. As-tu une passion peut-être ?

[Pacide]

Tu es incomplète, parce que tu n'as pas encore trouvée une personne à qui te lier, réellement. L'Homme est sociable, il a besoin de donner et de recevoir, de devenir plus fort par le nombre. Être seul, c'est lutter contre sa nature et l'univers tout entier, ça part parfois d'une bonne intention, mais rapidement on se rend compte que ça nous rend faible.

[beska06]

Slt, je te rassure t pas la seule dans ton cas...moi par exemple je exactement comme toi, mais pour ma part j'ai choisis la lecture pour dissiper mes baisse, et clairement après quelques temps mes émotions ce sont réguler, et ce qui m'a aider à affirmer mes idées sans me soucier de se que pense les autre.

[hichiro]

Bonjour,

Je répond à ce sujet avec un peu de retard mais je viens tout juste de découvrir ce site.
Je ne sais plus comment je suis tombé dessus, sans doute au hasard de Google, je tente depuis plusieurs jours de mettre des mots sur le mal qui me touche.

Je prend la peine d'écrire parce que les mots de Melle Dreamer et de sull01 m'ont particulièrement touché.
Je désespérais de pouvoir trouver un jour des personnes qui me ressemblent.
J'ai longtemps cru que ma personnalité n'était due qu'au traumatisme d'inceste que je tire comme un boulet depuis mes 11 ans.
En fait, je me rend compte aujourd'hui à 35 ans que je ressemble plus à une sorte de mille-feuilles qui forme un tout mais dont les couches ne sont pour autant pas si mélangées que ça.

Aujourd'hui, je me pose beaucoup de questions parce que je vis un moment particulièrement pénible dans ma vie. Ma compagne m'a quitté et je n'ai mon fils de 4 ans qu'une semaine sur deux. C'est particulièrement difficile à vivre (pour moi … et pour elle). Nous sommes séparés depuis un an mais nous nous déchirions depuis la naissance du petit. Et je crois que tout ça est en partie liée à ma personnalité, et notamment ce dont parle nos deux amis sur ce forum, et la sienne qui est à l'exact opposé. Si l'on voulait résumer rapidement, je dirais que je suis comme une éponge à émotions, même si j'ai tendance à ne rien laisser sortir jusqu'au moment où la pression étant insupportable et que j'explose comme un volcan. Je suis comme un écorché vif dans ces moments là. A l'inverse, elle semble complètement insensible, notre psy m'a fait remarquer qu'elle pourrait n'avoir aucune sensation, non pas qu'elle n'ait pas de sentiments mais elle ne les ressentirait pas. Et c'est le choc entre mon besoin de "sentir les choses" et sa "muraille" qui font que notre couple est explosif, même encore aujourd'hui.

Depuis tout petit je me suis toujours senti différent. Je pensais même plus jeune venir de l'espace, ou une connerie du genre. En tout cas, les autres aussi ressentaient cela, le qualificatif de "bizarre" m'a constamment collé à la peau. Et quand tout le monde, systématiquement, l'utilise pour vous décrire, vous finissez par le croire.

Moi aussi j'ai le sentiment d'avoir une usine là haut. Ca ne s'arrête jamais, sauf peut être quand je regarde un film ou une série. C'est comme si je me dédoublais et que je faisais partie intégrante de cet univers. Le retour au monde réel est parfois difficile.
J'ai une grande proportion à vivre dans mon monde parallèle, que je me suis crée. Même encore aujourd'hui à trente ans passés, … il est toujours là.
A l'école, on disait systématiquement que j'étais la tête dans la lune. Plus grand, les filles trouvaient que j'étais trop dans ma bulle.
J'ai toujours été un peu à part.
J'avais peu de copains et encore moins d'amis mais je n'ai jamais été seul. Je déteste être seul.
En fait c'est très étrange. J'aime avoir un/une amie de laquel(le) je suis très proche… mais de loin.
Je suis quelqu'un de très indépendant mais qui apprécie de collaborer avec le groupe.

L'image utilisée, de celle que les mots dans notre tête vont plus vite que la parole où même que l'écriture, oui c'est exactement ce que je ressens !
Ca me pose d'ailleurs un vrai problème dans mes relations parce que je vais trop vite parfois pour mes proches et que je m'énerve parce qu'ils n'arrivent pas à me suivre. Sur le moment, j'ai mis ça sur le compte que je n'arrivais pas à m'exprimer correctement. Le problème venait de moi.
Et puis j'ai fini par me dire que c'était plus les autres le problème. Je me suis surpris à les dénigrer. Je manquais clairement de patience et de pédagogie. Mon ex a pris ça pour de l'arrogance. Elle pense que je me crois supérieur aux autres. C'est vrai et c'est faux à la fois.
D'un côté je sais que je ne suis pas Einstein, mais de l'autre je vois à quel point les autres ont du mal. Un peu comme si on vous demande de rouler au pas à bord d'une ferrari. C'est très frustrant. D'où mon impatience et mes colères.
Je travaille là dessus, pour apprendre à gérer ça.

Une autre ressemblance avec les témoignages lus ici. J'analyse tout et moi en premier.
Ca en est presque insupportable.
C'est aussi pour cela que j'ai toujours eu du mal à me faire aider.
Sans aucun doute que je n'ai pas eu la chance de tomber sur de bons praticiens et peut être aurais-je du insister. Mais je n'arrive pas à me contenter d'une réponse juste parce que c'est un tel qui la donne. J'ai besoin de la comprendre et d'être convaincu qu'il s'agit en effet de la meilleur réponse.
Hors les rares fois où j'ai été confronté à un psy, à part sans doute avec ma pys actuelle, j'ai tout de suite senti la fragilité de leurs raisonnements. Et autant vous dire que peu d'entre eux sont ouverts à la conversation et au débat.
Plus jeune, de tout analyser m'empêchait de faire les choses. Parce qu'il y avait trop de possibilités, trop de choix. J'étais dans l'inaction alors que dan ma tête c'était l'ébullition constamment. Plus grand, j'ai travaillé sur ça et j'ai appris à être dans l'action.

J'étais très heureux le jour où j'ai trouvé comment utiliser ces "facultés" dans mon métier. Je suis un créatif. Et j'ai ajouté de nouvelles compétences à mon arc dans la création d'applications. Le travail de l'ergonomie se marie parfaitement avec notre façon de fonctionner. Une ergonomie fonctionne un peu comme une carte avec une quantité astronomique de possibilités et de scénarii différents. Si je clique là en ayant cliqué là avant, que se passe-t-il ? J'adore.

Pour en revenir à ma situation actuelle, j'ai été profondément frustré le jour où j'ai du me rendre à l'évidence que je ne pouvais pas contrôler / maitriser ce qui m'arrivait. Ma femme m'a quitté et malgré tous mes efforts (et les siens) je n'ai pas su empêcher ça. J'ai du apprendre la leçon, que parfois il faut accepter que les choses nous échappent et que finalement on ne maitrise rien.
Comme Sull1 j'ai tendance à élaborer une quantité astronomique de scénarii dans ma tête. En fait la moindre action que je fais a été imaginée, élaborée et planifiée dans ma tête avant. Le simple fait de tourner une clé dans la porte et c'est comme si j'avais une checkliste interne là haut qui s'ouvrait et s'animait. D'ailleurs je déteste pardessus tout être pris à défaut et me rendre compte que j'ai omis un détail.
J'essaye constamment d'apprendre de mes erreurs et de "corriger" ces checklists justement, avec une blacklist des choses à ne plus jamais refaire.

J'ai aussi des tendances morbides.
Depuis tout petit.
Dès que le moral va à l'eau (et ça peut aller vite je suis comme une montagne russe émotionnelle), j'ai des envies de mort. Envie de me jeter du balcon. Envie de jeter ma voiture contre un camion. Je n'ai jamais rien vraiment tenté… mais ces pensées me poursuivent constamment bien que cela ne se voit absolument pas de l'extérieur. Je suis toujours un peu extrême d'un bord à l'autre et je peux passer d'un état végétatif à la patate du jour au lendemain. La plupart du temps, la nuit agit comme une coupure. Je me réveille souvent comme un homme nouveau.

J'ai aussi une tendance à tout, tout mais vraiment tout complexifier.
Ca aussi j'essaye d'y travailler.
Un ami à moi avait une théorie là dessus. D'après lui il existe deux types de personnes, les généralistes et les spécialistes.
Selon lui, le premier aurait juste besoin d'une direction et d'une destination pour se repérer. Si on lui donne plus d'informations que cela, il est complètement perdu.
Le second, c'est l'inverse. Il lui faut un maximum de détails car c'est ainsi qu'il se repère.
Les deux ont souvent d'énormes difficultés à se comprendre et je l'ai constaté avec mon ex. Pendant un moment, on essayait de travailler là dessus. Elle essayait d'être plus précise et moi plus simple.
Elle utilisait souvent une image pour me faire comprendre quand je "partais en vrille", celle du stylo. Lorsque l'on me demande où est le stylo, j'ai tendance à te raconter toute l'histoire du stylo… pour arriver à la fin où il a fini. Sauf qu'entre temps je l'ai complètement perdu.
Mais c'est très difficile d'essayer de penser différemment. En tout cas ça me demande de gros efforts.

Et puis enfin, c'est horrible de vivre avec quelqu'un pendant des années et de sentir qu'il y a un fossé énorme entre vous.
J'ai toujours ressenti ça, avec mes parents, avec mes amis, avec ma femme. A force, ça a finit par envenimer nos relations. Elle me reprochait de se sentir bête à côté de moi. Son reproche me déroutait. J'ignorais complètement comment réagir face à ça.
Comme si elle répondait systématiquement mal à la question tandis que moi j'avais systématiquement la bonne réponse. Qui pouvais-je ?
Et puis il y a quelques mois j'ai rencontré une fille intelligente, chef de projet dans un domaine très pointu, et qui pour la première fois de ma vie semblait comprendre ce que je racontais. Ca a été une rencontre fulgurante… qui s'est mal finie malheureusement mais qui m'a beaucoup marqué.
J'avais vraiment l'impression de ne plus devoir faire d'effort pour communiquer avec quelqu'un.
C'était un peu magique.

Tout cela pour dire que je suis heureux d'avoir pu lire vos mots.
Je me sens un peu moins seul ni bizarre.
Je ne sais pas si je suis plus intelligent que les autres, l'humilité voudrait que je dise non bien sur !
Mais en tout cas, je sais que je suis différent.
La fille dont je parle juste au dessus, disait que j'étais quelqu'un d'extraordinaire, dans tous les sens du terme. Un ovni quoi…

Pas meilleur que les autres, juste différent je crois.

PS : désolé pour ce très long pamphlet, j'avais besoin de me libérer et de poser mes mots.
Merci pour ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu'au bout.