Le monde imaginaire chez l'adulte

[Chrisy67]

Bonjour,

Je viens avec un problème récurrent et cyclique qui me pourrit la vie ou me l'illumine, ça dépend comment on le perçoit.
Il y a plus de 10 ans, j'étais en internat la semaine, c'était mon choix pour mes études. J'ai renconctré ma meilleure amie de l'époque, nous avons créé ensemble une histoire.

Nous y jouions tout le temps, d'abord à l'oral, grignotant sur nos nuits, puis au téléphone les week-ends et enfin par écrit via MSN ou SKYPE encore à l'âge adulte jusqu'à il y a 2 ans. Parfois des différents faisaient qu'on arrête un temps plus ou moins long. Bref, en 2009, on y a passé tous nos week-end alors que nous étions en couple chacune de notre coté. Pour elle ça ne se passait pas bien et pour moi, c'était pas le top mais bien moins pire.

J'adorais écrire avec elle, nous nous donnions la réplique divisant notre partage en deux personnages chacune : un homme et une femme. Pour ma part, j'étais dans la royauté, je dirigeais, contrôlais, tuais, aimais, bref une panoplie d'émotions. Elle était du coté du peuple, à défendre la veuve et l'orphelin. A cela, c'est ajouté deux histoires d'amour entre nos personnages. J'ai jamais réussi à maintenir le calme plat, il y avait toujours des ruptures, retrouvailles, une grande passion qui nous faisait battre le coeur et des frissons.

Nous parlions d'eux très souvent, même en dehors du jeu, disant que nous avions divisé des parties de notre caractère pour en faire des personnages. J'ai toujours senti qu'ils avaient une autonomie propre. Sauf que tout ça a noyé mon couple de l'époque. Ensuite nous avons joué à des forum rpg, je n'y ai pas du tout le même rapport, mes persos sont des persos, certes j'en ai de l'affection mais ce ne sont pas comme ceux que j'ai crée dans l'univers que j'ai également crée. Car dans tout ça, je suis la bible de notre histoire.

Enfin, j'en ai souvent parlé à mes psys, à part me dire que je devrais en faire quelque chose pour m'exorciser, on avait bien compris que c'était une sorte d'exutoire et que d'une certaine manière, ce monde m'a protégée de ma vie d'enfant déchirée par un divorce et la fin de l'enfant unique que j'ai été.

Aujourd'hui, elle s'est émancipée de la domination du jeu, mais pour moi des que je croque la pomme, je me retrouve prisonnière, j'en tremble, j'en pleur, comme une drogue. Ca flingue mon couple, je n'arrive plus à travailler, j'ai juste envie d'écrire, pour moi-même, retourner dans mon monde.
De plus, je n'ai envi de jouer que l'homme et plus la femme que j'ai pourtant joué et affectionné de 16 à 22 ans, puis les choses ont changé et c'est toujours le Roi qui me rappelle à lui. J'y ai surement quelque chose à faire, mais je ne sais pas quoi.

Quelqu'un peut-il me rassurer que je ne suis pas folle ou schizo ?

[nanelda]

Bonjour,

Vous vous trompez de question, par ailleurs si vous étiez folle vous ne vous la poseriez pas. Et les psys ne sont pas là pour rassurer qui que ce soit...

Ce qui serait surtout important c'est d'analyser ce qui se joue (justement!) dans ce "jeu", et avec cette amie. Pourquoi vouloir être un homme, qui plus est un roi? Quelle est la fonction de ce "jeu" dans la relation avec votre amie? On a l'impression à vous lire qu'il y a une part d'homosexualité non assumée chez vous deux... Ce "croquer la pomme" est lourd de symbolique ainsi que les termes "jeu de domination", ça sonne très sexuel quand même...

Pour ma part, je pense que vous vous rassurez et mettez à distance, en appelant cela un jeu, mais je pense que ce n'est pas un jeu du tout, il s'agit d'une part de vous qui s'exprime via l'imagination mais est loin d'être imaginaire. C'est bien vous qui vous exprimez via ces personnages.

Pas étonnant que ça flingue votre couple, puisque ce que vous vivez avec cette amie sans oser vous le dire, c'est une autre relation de couple tellement attirante parce qu'elle est du côté du fantasme (pas de passage à l'acte sexuel mais de la sublimation).

[Chrisy67]

Tout d'abord, merci encore une fois de votre réponse.

J'ai déjà abordé le point d'une éventuelle homosexualité avec ma psy...nous penchons plus sur le fait qu'il y a quelque chose dans l'homme (symboliquement) qui m'attire, entre autre le fait qu'il a des "couilles"...

Ensuite, j'ai tenté le bisou avec une fille il y a peu, justement pour tester une attirance féminine, mais comme je le savais déjà, il n'y a qu'une seule fille qui m'interesse et c'est mon amie, sans pour autant aller plus loin que la tendresse. Mon copain m'a d'ailleurs aidée à l'époque, il y a 4 ans, pour me pousser à expérimenter la chose... Mais ça ne s'est pas fait, on sait mon amie et moi que nous aurions sans doute pu vivre quelque chose ensemble, mais sans rapport sexuel, bref, ce n'est pas un tabou, on en a déjà parlé elle et moi et avec mon copain aussi. Je n'ai jamais eu d'autres attirances sur l'autre sexe.

Enfin, ce qui se jouait dans cette histoire, je dirai un épanouissement sexuel, c'est vrai, pour quelqu'un qui a été brisé dans sa sexualité petite fille, une manière de réapprendre en douceur, une manière de plaire aussi. J'ai longtemps joué mon personnage féminin, envisageant ma première fois dans le biais de l'histoire, ma féminité, etc... Puis plus tard, quand dans son couple ça n'allait pas, elle m'a beaucoup sollicitée en tant que personnage masculin. Il est vrai que quand on se voyait, il y avait beaucoup de tendresse, de protection l'une et l'autre, de l'amour surement, mais n'était ce pas un transfert de notre imaginaire finalement et non l'inverse ?

Aujourd'hui, notre amitié n'est plus que l'ombre d'elle-même, je reste dans le fantasme de ses personnages alors que sa personne propre ne m'interesse plus. Comme elle me l'a dit, elle a pris sa vie en mains et s'est donné les moyens de coller au plus près de l'idéal de ses personnages. Pour ma part, je n'ai qu'un seul personnage qui revient, le masculin, pourquoi ? Peut-etre pas pour son coté masculin, je pense que ce qui me fascine c'est la puissance qu'il incarne, un complexe de l'enfant tout puissant inassouvi ? La protection aussi, comme il est papa poule avec sa soeur, mon autre personnage...Peut-être aussi, incarne t-il, le père ? L'absence de mon père et mon opposition avec lui pour mon copain.

Bref, je reste coincée comme une drogue dans mon monde alors qu'elle s'en est émancipée. Qu'en pensez-vous ?

[Dubreuil]

.Peut-être aussi, incarne t-il, le père ? L'absence de mon père et mon opposition avec lui pour mon copain.
?

Cette question du " père ", en avez-vous parlé avec votre psy ?
Avoir les attributs sexuels de l'homme.. Dans la résolution de l'0edipe, la fille s'en tire plutôt bien..
Avez-vous un enfant ?

[Dubreuil]

PS. Quand je dis " la fille " c'est une généralité, opposée au " garçon".
En théorie psychanalytique.. le garçon a beaucoup de mal à se " dépêtrer " du féminin. Il vient d'une femme, doit lutter pour faire la différence entre femme et mère, mais par la force des choses retourne toujours vers la femme.
La fille n'a pas à " se dépêtrer du masculin ", elle veut " le pénis " ( symboliquement ) avec l'enfant du père, en rivalité avec la mère. Et un jour elle aura les deux.. par elle un autre homme deviendra père, elle aura " le pénis " et l'enfant " du " père.
Dans votre histoire fantasmatique à deux, " la jouissance " et la rivalité est dans l'obtention du " phallus " et c'est encore autre chose.
( J'ai écrit sur le phallus, un long post sur ce forum. )

[Chrisy67]

Merci de votre réponse.

Je ne parle pas vraiment de mon père avec ma psy, plutôt de ma mère qui a de gros soucis de stabilité psychologique, suicide, alcool et qui fait n'importe quoi avec ses partenaires...

Pour moi, mon père a été castré par ma belle-mère qui m'a muselée de la même manière. Elle traitait et traite toujours mon père comme un inférieur et se joue de lui. Avec l'âge, elle s'est toutefois un peu calmée mais lui dit des trucs horribles du genre il est mal rasé, je cite "t'es dégueulasse comme ça" devant toute la famille et j'en passe des milliers... Je n'ai plus brillé aux yeux de mon père depuis bien longtemps, elle me l'a complètement volée, m'humiliant d'aimer jouer à l'adolescence à des jeux imaginaires et quand mon frère est né, l'écatombe, la différence fut-elle que je me suis emmurée, j'ai essayé de lutter mais elle jouait avec mon père et lui mettait la pression. Quand, j'ai du partir de chez ma mère à 16 ans, mon beau-père m'avait tapé dessus, je suis arrivée chez mon père et elle mettait mon linge à part de celui des autres. Ce fut salvateur d'aller en internat et d'avoir créé cette histoire.

La résolution de l'oedipe, ???? uhm ce qui est pour la fille ?

Mon père n'aime pas mon copain actuel, il pense que je fais le mauvais choix et est très virulent quant à mon avenir avec lui.

Non, je n'ai pas encore d'enfant, j'aimerais bien, je pense que recréer un nouveau foyer me permettra de panser les blessures du passé. Mon copain bloque un peu, c'est l'impression que j'ai, j'ai arrêté la pilule mais je ne le sens pas encore près réellement...

Pour le jeu, comme je joue toujours sur forum rpg (littéraire, donc des écrits qui font évoluer des persos, je viens de m'y remettre il y a 2 mois, j'ai eu l'idée de créer mon perso masculin dans un monde qui ne m'appartient pas, pour voir et surtout arrêter d'attendre malheureuse sur mon amie qui n'en a plus rien à faire).

Chose qui ira mieux, le jour où j'aurai une vie bien remplie avec des enfants peut-être ?

Bref à voir avec le coté masculin, il y a le père, il y a mon attouchement / viol à 9 ans et le fait que ça s'est reproduit plus tard..., il y a aussi le fait que j'ai vu ma mère et ma belle-mère user de leurs charmes d'un point de vue sexuelle sur l'homme et qu'aujourd'hui les hommes que j'ai rencontré se sont accordés à dire que j'étais sensuelle, alors que je suis plus que coincée.