L'invivable

[Lenor]

C'est constamment le bordel dans ma tête.
Instable, fragile, je suis fatigué de ne pas arriver à me comprendre et d'essayer quand même.
Je suis toujours dans les extrêmes : je me suis cru Haut-Potentiel, puis PN, puis.. je ne sais plus.
Complexe de supériorité, complexe d'infériorité, je n'hésite pas à faire du mal aux gens quand je me sens en danger au sein d'un groupe.
Groupe qui d'ailleurs m'effraie au plus haut point, je suis à deux doigt de toucher la phobie sociale. Enfin j'suis d'une grande timidité, presque excessive, et je remarque même que je n'aime pas la compagnie, que j'aime bien être seul, même si des fois comme cette nuit cela me pèse.
Je me forge des personnalités idéales, et tout s'écroule un jour toujours inévitablement.
Enfant adopté, je ne suis pas certain que mon mal-être ait à voir avec cet abandon, mais les psy disent que ça en a probablement.
Homosexuel, je me sens incompris par les hommes.
Bizarre, je me sens incompris des femmes.
Laid, je me déteste moi-même.
J'vise toujours la perfection, raison pour laquelle je me suis plu à m'imaginer HP, or la réalité est tout autre car je suis d'une débilité profonde.
J'ai aucun recul, je suis extrêmement naïf et influençable, si bien que même ma pensée ne m'est pas personne.
Les gens me voient comme un artiste, je me vois comme un enfant de 18 ans perdu qui essaie de donner un sens à son existence.
Car tout ce que je montre n'est qu'une façade, quel choc ce serait d'apprendre que l'"artiste" envoie des photos de nus à des inconnus d'internet, quel choc ce serait de voir avec quelle violence je parle à ma mère, comment je me comporte au quotidien.
Je tente d'entrer en contact avec les gens mais je ne sais jamais quoi dire : je me sens toujorus déconnecté des autres, pas les mêmes centres d'intérêts ou discussion vide car je suis vide.
Je me hais physiquement et mentalement. J'ai des troubles alimentaires. Des pensées d'anorexique.
Je suis très sujet au stress, j'ai un tas de toc : grincements de dents, arrachage de cheveux, dermatillomanie, petit je me lêchais d'un coup l'épaule ou mettait la main de mon caleçon pour sentir ou pire. J'suis une honte, une incompréhension.
Aussi, l'envie de mourir est présente et me guette.
Et si je ne pense pas encore passer à l'acte, c'est parce que j'aime ma petite soeur plus que tout et que je ne veux pas détruire sa vie.
Et aussi parce qu'au fond j'aime mes parents et je ne veux pas qu'ils culpabilisent. J'aimerais les rendre heureux et fiers.
Je suis perdu......En moi-même.
J"ai essayé de donner quelques informations pour inspirer un commentaire.
Que faire ? Un psy ? J'en vois une mais je peux pas m'empêcher de me dire que j'suis un PN et que quoi qu'elle me dise je la manipule pour me victimiser (même si tout ce que je lui dit est à peu près sincère). J'suis dans une impasse.

[Dubreuil]

Vous êtes surtout un grand anxieux mal dans sa peau. Ce que vous évoquez n'a rien d'affolant, vous luttez de toutes vos forces pour vivre, et survivre.
Commencez par un point, dans votre comportement, celui que vous jugez le plus douloureux, le plus alarmant pour vous, et travaillez à l'atténuer TRANQUILLEMENT, sans affolement. Peu à peu, par cette " guérison " personnelle et intermédiaire, vous vous apercevrez que le reste devient moins présent et s'est également amélioré spectaculairement.
Il se peut également que la thérapie que vous avez entreprise ne soit pas adapté à votre personnalité.

[Lenor]

Merci pour votre réponse. Qu'entendez-vous par "il se peut que votre thérapie ne soit pas adaptée à votre personnalité ? Je me suis tout naturellement tourné vers une psychologue, mais je ne sais pas si c'est effectivement l'idéal. D'autant plus que je ne sais souvent pas comment lui dire ce que je veux déballer. Et que l'idée qu'elle m'analyse sans rien me dire sur mes comportements (par exemple, je vais lui décrire un de mes comportements que je juge, malgré mon inexpérience, proche du comportement d'une personnalité narcissique, et elle trouve une explication plutôt que de me confirmer que je suis bien cette personne que j'imagine) me perturbe au plus au point, j'ai beaucoup de mal à rester dans le flou, à rester dans les non-dits, je cherche des réponses sur moi-même afin d'évoluer un petit peu.
Je prends en compte la première partie de votre message, je vais y réfléchir.
Merci, bonne soirée.

[Dubreuil]

Merci pour votre réponse. Qu'entendez-vous par "il se peut que votre thérapie ne soit pas adaptée à votre personnalité ?
*** Il y a une foultitude de thérapies, en groupe ou en individuel, comme il y a une foultitude de personnaliés.

Je me suis tout naturellement tourné vers une psychologue, mais je ne sais pas si c'est effectivement l'idéal. D'autant plus que je ne sais souvent pas comment lui dire ce que je veux déballer.
*** En thérapie il n'y a pas de protocole, on dit ce que l'on veut, quand on veut, comme on veut. C'est au contraire ce que le psy recherche pour bien faire les liens avec son patient

Et que l'idée qu'elle m'analyse sans rien me dire sur mes comportements
*** Vous vous fourvoyez totalement, c'est VOUS .qui faites votre propre analyse, pas elle ! Elle ne sait de vous que ce que vous lui dites ! Ensuite elle peut proposer des pistes pour bien comprendre CE QUE VOUS VOULEZ DIRE, ou ce qu'inconsciemment vous êtes en train de dire. Franchement, elle s'en fiche de savoir la façon pour lui dire qui vous êtes, c'est comment vous pouvez faire pour aller mieux qui l'interesse !

(par exemple, je vais lui décrire un de mes comportements que je juge, malgré mon inexpérience, proche du comportement d'une personnalité narcissique, et elle trouve une explication plutôt que de me confirmer que je suis bien cette personne que j'imagine) me perturbe au plus au point,
***Mais à quoi cela va-t-il vous servir de savoir que vous êtes un PN ? D'autant que les psys ne prennent pas de PN en analyse car ils ne peuvent pas se remettre en question et cherchent toujours à prouver qu'ils ont raison et que ce sont les autres qui sont fous.
Ecoutez plutôt attentivement l'explication, il se peut que cela vous aide plutôt à relativiser, plutôt qu'à vous inquiéter !

j'ai beaucoup de mal à rester dans le flou, à rester dans les non-dits, je cherche des réponses sur moi-même afin d'évoluer un petit peu.
C'est à vous de trouver vos propres réponses. Elle est juste là pour facilité votre questionnement personnel, et que voulez-vous qu'elle vous dise, c'est à vous de trouver votre propre chemin, pas à elle !
Votre travail c'est de vous dire que vous avez la réponse à votre mal-être, c'est ce qui vous pousse à consulter, les symptômes désagréables que vous vivez. Ce que vous cherchez en thérapie ce n'est donc pas une réponse puisque vous l'avez déjà, mais vous questionner sur ce qui a provoqué cette réponse. Et vous seul le savez, inconsciemment ou pas.

[Lenor]

Mes visites sur ce forum m'ont grandement aidé et je vous remercie pour votre travail.
Comme vous dites, ce sont des sortes d'étapes dans nos cheminements intérieurs.
Il y a quelques semaines, je ne pouvais m'imaginer un futur qui n'était pas entièrement noir, mais désormais je perçois quelques éclaircis dans ce tunnel.

Quelques doutes persistent néanmoins.
Je me trouve très égoïste, par exemple j'ai du mal à consacrer du temps à mes proches, à m'arracher de ma chambre, de mes dessins, de mon monde.
J'ai une amie plus que mal dans sa vie qui encore ce soir m'a reproché d'être dérangé par sa présence (quand elle me fait part de sa souffrance, je préfère ignorer). Je me dis que c'est normal mais également que ça ne devrait pas déranger.
J'ai aussi un peu peur de manquer d'empathie et que cela fasse de moi une mauvaise personne.
Comment pourrais-je gérer ces situations un peu problématiques ? Suis-je censé me fixer des horaires ?
En fait, je crois que je suis quelqu'un de très solitaire. Je n'aime pas ça car j'aimerais aimer consacrer plus de temps aux gens qui m'importent.

Merci, encore.

[Dubreuil]

Je me trouve très égoïste, par exemple j'ai du mal à consacrer du temps à mes proches, à m'arracher de ma chambre, de mes dessins, de mon monde.
*** C'est ainsi, et il n'y a rien à en dire.
Si dans ce monde vous vous sentez en sécurité, ne changez rien, ne vous " forcez " pas. Seulement dans les temps sociaux ( repas ) où là, vous serez aimable et attentif autant que vous pourrez, pas plus. Parce que c'est important pour vous, afin de garder un contact avec les réalités affectives.

J'ai une amie plus que mal dans sa vie qui encore ce soir m'a reproché d'être dérangé par sa présence (quand elle me fait part de sa souffrance, je préfère ignorer). Je me dis que c'est normal mais également que ça ne devrait pas déranger.
*** Son mal être ne peut que réveiller le vôtre ( inconsciemment ou pas ), vous en protéger est en effet normal, voire indispensable.
Vous n'avez pas fait voeu d'amour et de compréhension universels, pas plus que cette personne ne vous paie pour que vous l'écoutiez en qualité de psy.
Sa plainte est légitime, mais votre empathie doit avoir ses limites. Expliquez-lui que vous n'êtes pas la bonne personne quand sa détresse morale est trop pesante. Conseillez-lui un psy, reconnaissez devant elle votre impuissance à l'aider, mais que vous l'appréciez pour sa sensibilité et sa franchise.

J'ai aussi un peu peur de manquer d'empathie et que cela fasse de moi une mauvaise personne.
*** L'empathie ne se commande pas.
Une " mauvaise personne " pour qui ?
Une mauvaise personne est quelqu'un qui nuit à autrui, pas une personne qui a l'intelligence de ne pas se disperser, d'aller là où la mène son coeur, et de préserver sa propre intimité.
En fait, là vous cherchez à ce que l'on vous aime, que l'on vous apprécie, alors soyez sincère et naturel avec les personnes qui vous intéressent, et n'en faites pas plus.
En thérapie, la première chose que l'on commence à comprendre, est qu'il faut être " égoïste ", c'est à dire ne pas continuer à vouloir s'occuper des autres à tout prix, alors que c'est de soi-même qu'il faut d'abord, et ABSOLUMENT, prendre soin !

Comment pourrais-je gérer ces situations un peu problématiques ? Suis-je censé me fixer des horaires ?
*** Aucune idée ! Faites à votre convenance, à votre propre feeling, c'est vous qui savez. Ne vous forcez jamais. Soyez en tout premier lieu respectueux de vos propres sensations.

En fait, je crois que je suis quelqu'un de très solitaire. Je n'aime pas ça car j'aimerais aimer consacrer plus de temps aux gens qui m'importent.
*** Vous l'avez compris, pour espérer être " disponible " aux autres, il faut d'abord être disponible à soi-même.
L'empathie viendra naturellement et sans fatigue mentale si vous acceptez ce que vous êtes, sans jugement sur vous-même ni prise de tête !
En acceptant sereinement d'être " imparfait " !
Et ce seront de vrais ami(e)s qui vous apprécieront.