Trop libre.. de faire n'importe quoi?

[Ixys]

Bonjour,
Mon père ne m'a quasiment fourni aucune éducation, c'est du moins ce que je ressens maintenant, jeune adulte, je tente désespérément de m'analyser pour trouver des réponses aux questions Qui je suis ? Qu'est-ce que la vérité ? Qu'est-ce que sera la vie dans ma vie ? Et j'en arrive toujours à la conclusion que mon père est terriblement absent. Je n'ai aucune idée de si son absence est réellement flagrante, parce que finalement il a toujours été là pour jouer avec moi et ma soeur pendant des après midis entiers, pour m'acheter tout plein de cadeaux inutiles d'enfant gâté, etc, etc, il est toujours là pour me dire que c'est bien j'ai des bonnes notes, or tout s'arrête ici. Il m'a toujours laissé tout faire du moment que j'avais des bons résultats à l'école. A 14 ans, je lui ai déjà dit que je pensais que les élections nationales étaient un complot, j'ai déjà plongé dans des délires ésotériques complètement tordus, il n'a jamais été pour me dire que quelque chose n'allait pas, que c'était stupide, il n'a jamais tenté de me raisonner, de me donner son point de vue, au même âge je m'étais soulevé contre le féminisme avec des arguments d'une idiotie monstre, je caricaturais les féministe comme un adolescent stupide qui répète n'importe quoi en boucle, il n'a jamais été là pour me dire quels étaient les bienfaits du féminismes, que c'était encore nécessaire aujourd'hui, etc. J'ai l'impression qu'il est conscient d'un tas de choses, qu'il a les capacités de me faire évoluer, mais il ne fait absolument rien, il me laisse me débattre au sol à essayer trouver un sens à une vie qui n'en a pas. Je n'ai cité que quelques exemples mais c'est de manière générale qu'il me laisse plonger sans lever le petit doigt. Je pouvais bien dire devant les parents d’élève "oh non on va pas leur dire bonjour pas eux" alors que leur fille s'était faite harcelée et que j'en étais en parti responsable malgré moi, il ne me grondait pas. Je pouvais passer des heureus sur la tablette dans un coin de salon, plus addict que jamais, il ne m'a sermoné qu'une fois et cette fois-là d'ailleurs, il a explosé ma tablette au sol. J'ai bien pu tomber dans de regrettables troubles alimentaires, il lui aura fallu que ma mère s'alarme et stresse toute la famille pour qu'il ose me dire que j'étais en train de me laisser mourir.

Je suis venu ici pour avoir l'avis d'un professionnel. J'ignore si je suis censé trouvé ça normal. Je manque de repère, je manque énormément de repère. Je sais pas ce que mon père attend de moi. Est-ce que je suis censé m'éduquer tout seul ? Je suis déjà venu pour vous demander comment résoudre une problématique en rapport avec ma soeur, car j'ai la sensation que mes parents refont les mêmes erreurs avec elles qu'avec moi. Vous m'aviez sorti cette phrase très pertinente qui disait quelque chose comme "Ce sont les parents qui apportent une éducation à leurs enfants, et non l'inverse, Que vous ne soyez pas " parfait " envers vos parents est donc naturel !" Je suis parfaitement d'accord avec vous et ça me fait du bien d'entendre ça, mais que faire ? Je suis encore jeune et mon père préfère me laisser faire n'importe quoi plutôt que de me conseiller.
J'ai juste pas l'impression que mes parents ne m'apportent quoi que ce soit, si ce n'est leur amour et leur présence (et son stress, concernant ma mère). Ce qui est certes déjà beaucoup, mais pas non plus vraiment suffisant à mes yeux. Je ne sais pas comment faire pour m'éduquer. Pour ne plus me paraître si détestable. J'ai compris qu'un de mes principaux problèmes étaient cette trop grande liberté que mon père croit bon de me laisser. Beaucoup de choses partent de là.

J'ai conscience que mon problème n'est qu'une brindille par rapport à d'autres, mais ça fait tout de même des dégâts conséquents dans ma vie.

[Dubreuil]

J'ai juste pas l'impression que mes parents ne m'apportent qui que ce soit, si ce n'est leur amour et leur présence (et son stress, concernant ma mère). Ce qui est certes déjà beaucoup, mais pas non plus vraiment suffisant à mes yeux. Je ne sais pas comment faire pour m'éduquer. Pour ne plus me paraître si détestable. J'ai compris qu'un de mes principaux problèmes étaient cette trop grande liberté que mon père croit bon de me laisser. Beaucoup de choses partent de là.

*** Résumons autrement : vous avez la chance d'être aimé par vos parents, mais ils vous laissent libre de mener votre vie comme vous l'entendez...
Si vous êtes en capacité de relever leurs défaillances, c'est donc que vous êtes également en capacité de savoir ce qu'il vous manque.
Vous êtes " grand " maintenant
Donc, que réclamez-vous exactement que vous savez qu''ils ne peuvent vous donner ?
Et pourquoi insistez-vous ?

[Ixys]

*** Résumons autrement : vous avez la chance d'être aimé par vos parents, mais ils vous laissent libre de mener votre vie comme vous l'entendez...
Si vous êtes en capacité de relever leurs défaillances, c'est donc que vous êtes également en capacité de savoir ce qu'il vous manque.

C'est vrai. Mais suis-je pour autant capable de répondre à ces manques ? Je les constate mais j'ai bien souvent l'impression de me trouver devant une impasse. A moins que ces impasses ne soient en réalité que le mur des peurs.

Vous êtes " grand " maintenant
Donc, que réclamez-vous exactement que vous savez qu''ils ne peuvent vous donner ?
Et pourquoi insistez-vous ?

Je ne suis pas certain d'avoir compris vos deux dernières questions. J'aimerais que quelqu'un me guide. Je me sens très souvent à mille lieux de la réalité et je ne peux même pas compter sur mes parents pour me remettre les idées en place - sauf peut-être sur ma mère, mais sa forte anxiété fait que je ne peux pas compter comme un soutien. Mon père lui est lucide, posé, mais il ne dit jamais rien. En fait j'aurais besoin qu'on me dise si je fais bien les choses, si ce que je fais est correct, correspond aux normes, n'est pas trop excessif, j'ai très peur de ne pas faire les choses bien, d'être trop à mon écoute au point d'en oublier le réel ; j'ai peur de cette trop grande liberté car je ne suis jamais confronté à la réalité des choses. J'ai grandi en moi, dans mes pensées, dans mes folies. Quand je regarde ma vie en arrière, je constate qu'il y a longtemps que je n'ai plus été vraiment moi-même, je vis constamment guidé par mes peurs, et c'est de cela dont j'ai peur : j'ai peur de vivre dans mes folies, dans des croyances infondées, avec des idées bancales qui ne tiennent pas la route et dont je prends conscience de l'invalidité qu'après un certain temps. Je cherche la vérité, qui je suis vraiment et non ce que mes peurs me poussent à être. Et la liberté que mes parents me laissent ne m'aide en rien. Je cherche, libre mais perdu.
Peut-être qu'au fond, on vit tous plus ou moins dans ses folies ? On vit toujorus influencé par autre chose ? On est jamais totalement soi-même ? Je ne suis pas sûr. (pardon pour ces questions redondantes)

[Dubreuil]

J'aimerais que quelqu'un me guide. Je me sens très souvent à mille lieux de la réalité et je ne peux même pas compter sur mes parents pour me remettre les idées en place
*** Vos parents vous ont donné, et vous donnent, ce qu'ils sont en capacité de vous donner.
Je veux dire que vous ne pouvez pas réclamer à l'autre ce qu'il n'a pas.
C'est angoissant pour vous qui êtes dans la position de celui qui attend avec le ressenti que vous n'avez pas reçu l'éducation que vous espériez, cependant vous faites bien la part des choses, ce qui laisse présager un réfléchi intelligent et structuré. Vous n'êtes donc pas démuni, mais déçu, et vous n'êtes pas seul, mais AVEC vous.
Vous n'avez pas confiance en vous, et pourtant la vie vous demande d'être conscient du bien que vous avez déjà reçu, de cesser de vous affoler et de vous plaindre, mais de vous servir de ce que vous avez déjà, et de faire AVEC. Un peu comme le font les enfants qui grandissent orphelins, ou éprouvés par le sort, ou encore victimes d'une situation pénible qu'ls n'ont pas souhaité.
On peut recevoir beaucoup et se considérer vide et abandonné, tout comme on peut recevoir très peu et trouver en soi une belle confiance qui permet d'avancer.

En fait j'aurais besoin qu'on me dise si je fais bien les choses, si ce que je fais est correct, correspond aux normes, n'est pas trop excessif;
*** Là où vous vous sentez content de votre action et en accord avec vous-même, ce que vous avez fait est bien pour vous et correct.
Le regard des autres est important au jeune enfant qui a besoin de savoir que l'adulte valide ses actes, ou ses pensées, mais cela ne dure qu'un temps. Plus vite il fera de lui-même la part des choses, plus vite il saura là où est son désir, et où il deviendra lui-même.

j'ai très peur de ne pas faire les choses bien, d'être trop à mon écoute au point d'en oublier le réel ; j'ai peur de cette trop grande liberté car je ne suis jamais confronté à la réalité des choses. J'ai grandi en moi, dans mes pensées, dans mes folies.
*** Alors c'est auprès d'un adulte en qui vous avez confiance, ou en parlant de visu avec un psy, que vous serez en mesure de vous rassurer sur le bien-fondé de vos expériences personnelles.

Quand je regarde ma vie en arrière, je constate qu'il y a longtemps que je n'ai plus été vraiment moi-même, je vis constamment guidé par mes peurs, et c'est de cela dont j'ai peur : j'ai peur de vivre dans mes folies, dans des croyances infondées, avec des idées bancales qui ne tiennent pas la route et dont je prends conscience de l'invalidité qu'après un certain temps.
*** C'est en donnant des exemples de ce que vous avancez que nous pourrons mieux comprendre vos inquiétudes existentielles.

Je cherche la vérité, qui je suis vraiment et non ce que mes peurs me poussent à être
*** il n'y a pas de vérité. Personne ne détient LA VERITE. Il y a plusieurs vérités, celles que nous expérimentons, et que souvent nous abandonnons en évoluant, celles des autres que nous endossons par peur ou facilité pour nous faire aimer, ou encore celles que l'on nous impose enfant, adolescent, le temps que nous sachions nous-même ce qui est le plus en accord avec nos propres émotions et convictions.

Peut-être qu'au fond, on vit tous plus ou moins dans ses folies ? On vit toujours influencé par autre chose ? On est jamais totalement soi-même ?
*** Exactement. Et ce sont les doutes, les expériences personnelles, heureuses ou malheureuses, qui peu à peu nous font prendre conscience du bien que nous souhaitons vraiment nous accorder, et des chemins que nous devons prendre pour y arriver.