Soupçon d'autisme
Publié : 19 déc. 2013, 23:16
Bonsoir,
J'écris ici parce que je ne parviens pas, plus à dormir. Je crois n'avoir jamais été si fatiguée de ma vie, je titube, je ne parviens pas à garder les yeux ouverts, j'ai un examen important demain à 8h et pourtant ils ne me laissent pas dormir, mes démons.
J'ai déjà écrit ici il y a quelques temps, plus d'une année sûrement. J'avais 12 ans - j'en ai 15 actuellement - , je vivais ma première dépression, j'avais des idées suicidaires très concrètes, et une intervention de la gendarmerie qui a découlé de mon message ici m'avait, je suppose, sauvé la vie. Je doute que la personne qui a appelé la gendarmerie repasse ici ou se reconnaisse, mais j'ai toujours voulu lui dire merci.
Cette dépression m'a plongée dans le noir pendant des mois interminables, je crois même que j'ai oublié une bonne partie de cette époque, je ne veux pas m'en souvenir. J'avais à l'époque réussi à cacher tout cela à mes proches, à mon entourage au complet. Et puis, quand ça a éclaté... à vrai dire, je ne me souviens réellement pas. Mais je sais que c'est allé mieux, je ne sais plus réellement comment, je suppose que je me suis relevée.
A cette dépression a succédé, presque immédiatement, une phobie sociale qui m'empêchait de sortir de chez moi, d'aller en cours sans avoir des attaques de panique et crises d'angoisse régulières. Mon quotidien étant devenu insupportable, j'ai commencé à voir un psy et ai entamé une TCC. Je ne sais pas si elle m'a réellement aidé, en tous cas j'avais besoin de quelqu'un, d'un soutien, d'une aide pour avoir le courage de regarder ma phobie en face. J'ai réussi à en sortir, j'ai réussi à marcher dans la rue sans avoir l'impression de mourir.
J'ai été diagnostiquée HP très nettement après un test de QI. Pas vraiment de surprise, je crois, juste le soulagement, me dire "je n'avais pas tout inventé".
Depuis, ma vie est parfaite. J'ai une petite soeur que j'ai vu grandir depuis sa naissance et qui a maintenant 2 ans, qui m'a appris à aimer, je suis dans mon avant-dernière année de lycée, "la surdouée" partout, je suis passionnée de moto, de lecture, d'écriture, j'entame un travail écrit de grande envergure sur la psychiatrie, je voudrais écrire une nouvelle, des profs me soutiennent, je veux devenir psychiatre, je veux étudier la médecine. J'ai des résultats brillants, comme d'habitude, sans travailler. J'ai été engagée par mon ancien psy pour aider quelques uns de ses patients scolairement, j'aide une agoraphobe et une victime d'un TDA, c'est un travail que j'aime beaucoup, ce milieu me passionne.
Sauf que, j'ai l'impression aujourd'hui que tout ça s'effondre, que je n'y arriverai jamais. Ca fait maintenant quelques mois que, ma phobie sociale plus ou moins complètement disparue (je ne serais jamais totalement "normale" dans le domaine, mais ça ne me pose plus de souci au quotidien), une sorte d'agoraphobie étrange me reprend. J'ai peur de sortir, j'ai peur des grands espaces, il me faut 4 murs rassurants pour respirer, je fais de la moto et je commence à avoir sérieusement peur sur les nationales alors que j'étais passionnée, j'ai peur des gens, de nouveau. Chez moi, ça ne va pas vraiment non plus, je me suis toujours mal entendue avec ma mère qui ne se soucie absolument pas de moi, qui a décidé que c'en était fini de mon éducation à 11 ans, que je pouvais me débrouiller seule, mais je ne m'épancherai pas sur le sujet. L'idée d'emménager chez mon père - avec qui je suis en entente parfaite et que j'admire beaucoup - me tourne dans la tête depuis quelques semaines et a été mise sur la table lors d'une des nombreuses disputes avec ma mère, mais je n'ai pas réussi à en parler à mon père.
A l'extérieur, j'ai peur, j'ai du mal à me mettre en harmonie avec les conventions sociales, j'y arrive très bien quelque part mais à l'intérieur je ne comprends rien, je suis dans ma bulle, je ne comprends pas, je sais que mon psy soupçonnait l'autisme, je sais que j'en ai beaucoup de traits, mais les tests ont révélé une empathie hors du commun, alors je ne sais pas trop où j'en suis avec ce soupçon d'autisme. Disons que je suis sûrement douée pour cerner les gens, mais comme toute ma personnalité, c'est à l'intérieur que tout va mal. A l'intérieur, chez moi, j'ai cette constante sensation d'étouffement et de strangulation. A cause de cette histoire familiale, mais aussi et surtout à cause de moi. Je ne pense que par dialogues avec moi-même, ou plutôt un autre moi, il y a des fois où je déréalise, je me parle constamment, ris seule, j'ai peur, je ne sais pas ce que j'ai, pourquoi je suis comme ça, pourquoi pas quelqu'un d'autre, pourquoi je suis aussi étrange et pourquoi je ne comprends même pas ce que j'ai, ce que je suis.
Je n'ai jamais eu aucun ami, littéralement aucun, j'ai l'impression de faire semblant, tout le temps. Je n'ai personne à qui parler et j'ai peur. Je sais que je ne referai plus jamais l'erreur de vouloir passer à l'acte suicidaire, je me suis juré, réellement. Mais je suis perdue et l'impression d'être condamnée. Je pensais que j'en avais terminé avec ces démons qui me dévoraient, mais je chute de nouveau, je ne me comprends profondément pas, j'aimerais qu'on m'explique, qu'on me diagnostique une quelconque maladie, qu'on me donne des médocs, juste les faire taire.
Je ne sais plus quoi faire, j'ai l'impression que je suis vouée à rechuter toute ma vie, je sais que ce n'est que la deuxième fois mais c'est cette différence constante, ce mal-être permanent, littéralement permanent, qui me détruit, me dévore et que je ne comprends pas, que je n'arrive pas à cerner. Quelle utilité d'essayer d'aller mieux si c'est pour n'avoir qu'une année de repos avant de retomber dans les nuits sans sommeils, les journées sans alimentation, cette sensation d'avoir un poignard enfoncé dans le coeur, un coeur qui saigne, une poitrine oppressée, c'est un enfer. Je ne sais pas quoi faire. Mon ancien psy est essentiellement thérapeute en TCC, je n'ai plus envie d'aller le voir. Un psy est payant et déjà que je ne parviens pas, depuis des semaines, à parler à mon père pour lui parler du déménagement potentiel et éventuellement de mon mal-être, lui demander de payer un psy alors qu'il m'avait payé une thérapie il y a si peu de temps... Je n'ai personne d'autre.
Bonne nuit à vous.. Et merci d'avoir lu.
J'écris ici parce que je ne parviens pas, plus à dormir. Je crois n'avoir jamais été si fatiguée de ma vie, je titube, je ne parviens pas à garder les yeux ouverts, j'ai un examen important demain à 8h et pourtant ils ne me laissent pas dormir, mes démons.
J'ai déjà écrit ici il y a quelques temps, plus d'une année sûrement. J'avais 12 ans - j'en ai 15 actuellement - , je vivais ma première dépression, j'avais des idées suicidaires très concrètes, et une intervention de la gendarmerie qui a découlé de mon message ici m'avait, je suppose, sauvé la vie. Je doute que la personne qui a appelé la gendarmerie repasse ici ou se reconnaisse, mais j'ai toujours voulu lui dire merci.
Cette dépression m'a plongée dans le noir pendant des mois interminables, je crois même que j'ai oublié une bonne partie de cette époque, je ne veux pas m'en souvenir. J'avais à l'époque réussi à cacher tout cela à mes proches, à mon entourage au complet. Et puis, quand ça a éclaté... à vrai dire, je ne me souviens réellement pas. Mais je sais que c'est allé mieux, je ne sais plus réellement comment, je suppose que je me suis relevée.
A cette dépression a succédé, presque immédiatement, une phobie sociale qui m'empêchait de sortir de chez moi, d'aller en cours sans avoir des attaques de panique et crises d'angoisse régulières. Mon quotidien étant devenu insupportable, j'ai commencé à voir un psy et ai entamé une TCC. Je ne sais pas si elle m'a réellement aidé, en tous cas j'avais besoin de quelqu'un, d'un soutien, d'une aide pour avoir le courage de regarder ma phobie en face. J'ai réussi à en sortir, j'ai réussi à marcher dans la rue sans avoir l'impression de mourir.
J'ai été diagnostiquée HP très nettement après un test de QI. Pas vraiment de surprise, je crois, juste le soulagement, me dire "je n'avais pas tout inventé".
Depuis, ma vie est parfaite. J'ai une petite soeur que j'ai vu grandir depuis sa naissance et qui a maintenant 2 ans, qui m'a appris à aimer, je suis dans mon avant-dernière année de lycée, "la surdouée" partout, je suis passionnée de moto, de lecture, d'écriture, j'entame un travail écrit de grande envergure sur la psychiatrie, je voudrais écrire une nouvelle, des profs me soutiennent, je veux devenir psychiatre, je veux étudier la médecine. J'ai des résultats brillants, comme d'habitude, sans travailler. J'ai été engagée par mon ancien psy pour aider quelques uns de ses patients scolairement, j'aide une agoraphobe et une victime d'un TDA, c'est un travail que j'aime beaucoup, ce milieu me passionne.
Sauf que, j'ai l'impression aujourd'hui que tout ça s'effondre, que je n'y arriverai jamais. Ca fait maintenant quelques mois que, ma phobie sociale plus ou moins complètement disparue (je ne serais jamais totalement "normale" dans le domaine, mais ça ne me pose plus de souci au quotidien), une sorte d'agoraphobie étrange me reprend. J'ai peur de sortir, j'ai peur des grands espaces, il me faut 4 murs rassurants pour respirer, je fais de la moto et je commence à avoir sérieusement peur sur les nationales alors que j'étais passionnée, j'ai peur des gens, de nouveau. Chez moi, ça ne va pas vraiment non plus, je me suis toujours mal entendue avec ma mère qui ne se soucie absolument pas de moi, qui a décidé que c'en était fini de mon éducation à 11 ans, que je pouvais me débrouiller seule, mais je ne m'épancherai pas sur le sujet. L'idée d'emménager chez mon père - avec qui je suis en entente parfaite et que j'admire beaucoup - me tourne dans la tête depuis quelques semaines et a été mise sur la table lors d'une des nombreuses disputes avec ma mère, mais je n'ai pas réussi à en parler à mon père.
A l'extérieur, j'ai peur, j'ai du mal à me mettre en harmonie avec les conventions sociales, j'y arrive très bien quelque part mais à l'intérieur je ne comprends rien, je suis dans ma bulle, je ne comprends pas, je sais que mon psy soupçonnait l'autisme, je sais que j'en ai beaucoup de traits, mais les tests ont révélé une empathie hors du commun, alors je ne sais pas trop où j'en suis avec ce soupçon d'autisme. Disons que je suis sûrement douée pour cerner les gens, mais comme toute ma personnalité, c'est à l'intérieur que tout va mal. A l'intérieur, chez moi, j'ai cette constante sensation d'étouffement et de strangulation. A cause de cette histoire familiale, mais aussi et surtout à cause de moi. Je ne pense que par dialogues avec moi-même, ou plutôt un autre moi, il y a des fois où je déréalise, je me parle constamment, ris seule, j'ai peur, je ne sais pas ce que j'ai, pourquoi je suis comme ça, pourquoi pas quelqu'un d'autre, pourquoi je suis aussi étrange et pourquoi je ne comprends même pas ce que j'ai, ce que je suis.
Je n'ai jamais eu aucun ami, littéralement aucun, j'ai l'impression de faire semblant, tout le temps. Je n'ai personne à qui parler et j'ai peur. Je sais que je ne referai plus jamais l'erreur de vouloir passer à l'acte suicidaire, je me suis juré, réellement. Mais je suis perdue et l'impression d'être condamnée. Je pensais que j'en avais terminé avec ces démons qui me dévoraient, mais je chute de nouveau, je ne me comprends profondément pas, j'aimerais qu'on m'explique, qu'on me diagnostique une quelconque maladie, qu'on me donne des médocs, juste les faire taire.
Je ne sais plus quoi faire, j'ai l'impression que je suis vouée à rechuter toute ma vie, je sais que ce n'est que la deuxième fois mais c'est cette différence constante, ce mal-être permanent, littéralement permanent, qui me détruit, me dévore et que je ne comprends pas, que je n'arrive pas à cerner. Quelle utilité d'essayer d'aller mieux si c'est pour n'avoir qu'une année de repos avant de retomber dans les nuits sans sommeils, les journées sans alimentation, cette sensation d'avoir un poignard enfoncé dans le coeur, un coeur qui saigne, une poitrine oppressée, c'est un enfer. Je ne sais pas quoi faire. Mon ancien psy est essentiellement thérapeute en TCC, je n'ai plus envie d'aller le voir. Un psy est payant et déjà que je ne parviens pas, depuis des semaines, à parler à mon père pour lui parler du déménagement potentiel et éventuellement de mon mal-être, lui demander de payer un psy alors qu'il m'avait payé une thérapie il y a si peu de temps... Je n'ai personne d'autre.
Bonne nuit à vous.. Et merci d'avoir lu.