Difficulté à partager un certain fantasme, sensualité des pieds, scato/uro, avec mon mari

[titilaulau]

Bonsoir à toute l’équipe,

Voilà maintenant quatre années que ma relation amoureuse avec un homme bien plus âgé que moi se passe à merveille. Tout nous uni et nous rassemble, et notre complicité s’approfondit de jours en jours. Dans ce cas pourquoi vous écrire me direz-vous ?

Il m’a appris beaucoup de choses et grâce à lui j’ai pu devenir moi-même. Il y a peu de temps encore, la sexualité et l’homme me faisaient peur, j’en étais phobique de part de nombreuses situations négatives vécues dans ma petite enfance. Mon oncle pédophile a abusé de mes frères et de mes cousines, et de mon côté j’ai été forcée à huit ans à faire une fellation à un adulte. J’ai vu de nombreux psy, et mon ami m’a réellement beaucoup écoutée et aidée. Désormais je n’ai plus de problèmes avec la sexualité ni dans nos rapports qui sont toujours formidables.

J’ai 22 ans, il en a 63, et je suis très ouverte d’esprit, j’aime beaucoup me mettre à la place de l’autre et comprendre le pourquoi du comment, mais parfois le réel se heurte au côté affectif.

En effet, mon ami m’a fait part de ses fantasmes (sensualité des pieds, scato/uro, et autres parties du corps peu prisées par les hommes) et cela m’a beaucoup touchée car cela montrait qu’il me faisait confiance et qu’il voulait me les faire partager, ce dont je suis heureuse car l’amour est un partage. Je lui en suis reconnaissante, cela m’a aussi permis de voir certaines choses différemment et de m’ouvrir ainsi à une autre sensualité. Seulement, il m’a aussi avoué, bien qu’il soit hétérosexuel, avoir des fantasmes pédérastiques pour des jeunes garçons adolescents (donc de 12 ans à 18 ans). Il aime la femme, mais aussi le côté féminin du garçon qu’il ne retrouve donc pas chez l’homme. Cela se comprendre de part son vécu difficile d’une mère castratrice (bien qu’adorable) qui lui faisait redouter les femmes lorsqu’il était alors adolescent et jeune adulte. Plus jeune j’étais moi-même attirée par les femmes ce qui fait que son côté féminin épouse mon côté masculin. Seulement ce fantasme là me confronte avec mon propre passé bien que le contexte ne soit pas le même ! Il s’agit ici de fantasmes avec des adolescents consentants alors que mon oncle était pédophile sans respect aucun pour mes frères, et pareillement pour la personne qui a abusé de moi. Je l’aime mais je n’arrive pas à dépasser ce fantasme qui au fond me blesse. Lorsque nous faisons des scénarios par exemple, je sens tout de suite être piquée à vif si un garçon fait partie de l’histoire et qu’une fellation se fait entre mon ami et lui. J’ai beau essayé de me dire que c’est un fantasme (je peux d’ailleurs trouver ça excitant en étant honnête avec moi-même) mais cela me bouleverse en finissant mal car les larmes coulent. Or, j’ai appris à aimer cette pratique. Pourquoi donc lui refuserais-je le droit d’éprouver lui aussi ce désir ? Il a le droit également, mais cela me renvoi à un passé qui est pourtant bien différent. Nous avons parlé de ça très souvent, nous n’avons pas de tabous lui et moi, le dialogue est important. Nous avons d’ailleurs essayé d’y aller peu à peu, parfois ça allait mieux que d’autres fois mais je sens que mon être n’est pas tout à fait en osmose avec lui-même comme si quelque chose bloquait encore affectivement.

Je l’aime et je veux partager ses fantasmes avec lui. Je n’arrive plus à trouver de solutions pour ne pas craindre ce fantasme et je n’aime pas reculer surtout lorsqu’il s’agit d’amour, c’est pourquoi je me tourne vers vous.

Un grand merci pour votre lecture

Dans l’attente de vous lire…

Titilaulau

[Antony]

Bonsoir,
J'ai lu attentivement votre message. Je ne partage pas votre avis. Les fantasmes ont un rôle important dans la structuration d'une personne, car ils sont bâtis sur les fondations d'une histoire personnelle. Vos fantasmes vous appartiennent et ses fantasmes à lui, lui appartiennent. Je n'aime pas vos jeux sur les fantasmes (indépendamment de ce qu'ils sont), ils vont vous déstructurer, alors que vous êtes bien "fragile" avec votre vécu. Vous fragilisez vos propres fondations. Vous vous détruisez vous-même.
J'avoue aussi que les aspects "pédophiles" fussent-ils en fantasmes m'incitent à la plus grande prudence. Vous semblez passer du statut de victime (de l'enfance) au statut de bourreau, ne serait-ce qu'en fantasme. Cela me gène beaucoup.
Je pense que c'est une erreur sous prétexte d'aimer quelqu'un de vouloir partager ses fantasmes. Vous êtes aux limites de l'inconscient, et je ne pense pas que l'amour vous autorise à aller jusqu'aux limites de l'inconscient de quelqu'un.
Essayez de vous projeter dans un futur, où sont vos limites ? Vous allez sans cesse repousser vos limites, pour aller où et jusqu'où ?..... vous n'avez pas une petite idée ? (vous vous dirigez vers une catastrophe, tout simplement, car votre inconscient ne supportera pas tout ce que vous lui faites subir)
Bien à vous
Antony

[nicole dubreuil]

Je partage entièrement le ressenti d'Antony.
Nicole Dubreuil. Psychologue Clinicienne