Antony a écrit :Poupéeratatouille a écrit :Je suis tout à fait d'accord avec vous Antony !
Mais, dans toute construction, pour pouvoir se mirer dans son miroir, ne faut-il pas dans l'enfance avoir été reconnu en tant qu'individualité. Si notre individualité n'a pas été reconnue par nos ascendants, comment avoir cette image constructive et positive de Nous-mêmes ? Cela ne s'invente pas ! Il faut bien un regard à l'enfant, pour qu'il puisse s'identifier et se construire dans l'accueil de lui-même ainsi que dans l'Amour.....
Si ce regard porteur et valorisant du parent n'est pas, peut-on se construire sans faille ?
Quelle est la petite fille qui n'a pas piqué les chaussures à talons de maman, pour aller faire son "petit numéro de cirque" devant papa qui applaudit alors que maman peste pour la déformation de ses chaussures ! Quelle est la petite fille qui n'a pas piqué le tube de rouge à lèvres à maman pour se "mirer" et faire son cirque dans la famille. C'est à cette étape que la petite fille construit une image d'elle-même dans sa tête en se confrontant au regard de ses parents ! et ça continue beaucoup plus tard avec les essayages de soutien-gorges etc......
Juste pour rire :
> Quelle est la petite fille qui ... ?
Et la réponse est : moi.
Ma mère n'avait que des chaussures plates que je trouvais sales, inconfortables et pas belles. Elle ne se maquillait jamais, il n'y avait donc aucun maquillage à la maison. Quant à ses vêtements, ils n'avaient rien non plus qui me donne envie de les mettre pour faire quelque numéro de cirque que ce soit. Et quand bien même l'aurais-je fait, j'aurais eu droit à un regard méprisant de mon père, à priori accompagné d'une bonne leçon de morale, et à des commentaires moqueurs de ma mère. Quant à le faire en cachette, d'une part je n'avais aucun "équipement" pour cela, d'autre part la seule glace où j'aurais pu me regarder était située de façon telle qu'aucun secret n'était possible, l'un de mes parents étant là en permanence.
Et vu les relations que j'avais avec les voisins, je ne risquais pas de le faire chez eux, je me contentais de regarder faire les "copines" qui chipaient le maquillage de leur mère tout en sachant que mes parents auraient très fortement désapprouvé ces vulgaires futilités...
La première fois que j'ai mis des talons aiguille, c'était la compagne d'un camarade de classe qui m'avait donné une paire d'escarpins à elle plutôt que de les mettre à la poubelle. J'avais 20 ans.
La première fois où j'ai osé choisir moi-même mes vêtements en boutique, ou plus exactement indiquer quels étaient ceux que je trouvais réellement sympas, jeunes, et tout ce que l'on veut, bref dont j'avais envie "moi", j'avais 16 ans. En général, même si je limitais les dégats, j'achetais des trucs plaisant aussi à ma mère, intemporels, discrets, et tout ce que l'on veut dans le style, au point qu'il n'était pas rare qu'elle me les emprunte ou s'achète les mêmes. C'était la seule solution pour éviter les commentaires méprisants.
Quant au soutien gorge, je reste sans commentaires sur le "look" de ceux que ma mère m'a achetés tant que c'était elle qui s'en chargeait. Et sur les commentaires auxquels j'ai eu droit le jour où elle a découvert que j'en avais achetés avec de la dentelle... Pour mémoire, mon père m'avait traitée de "pute" devant les copains lorsque, le jour de mes 18 ans, j'ai envisagé d'aller prendre un verre avec eux en ville le soir. Ca situe l'ambiance. Et je parle pourtant d'une famille bien française et athée.
L'image de "la femme" que j'ai construite lorsque j'étais enfant, ce n'est pas dans le regard de mes parents que je l'ai trouvée, ni même en les observant. C'est en feuilletant de vieilles revues de mode datant des années 50 dans le grenier de ma grand-mère. Et inutile de dire que je n'ai rien d'une Brigitte Bardot même si j'ai la fierté d'avoir à peu près les mêmes mensurations qu'elle malgré mes 47 ans... Ce qui ne fait malheureusement pas tout. Mais on "compense" comme on peut...
Tout cela pour dire que, d'une part, je suis d'accord avec PoupéeRatatouille, même si la formulation ne me convient pas totalement, bien que je n'en aie pas de meilleure...
D'autre part... Par analogie avec la façon dont j'ai vécu tout cela, Analyse, la problématique est peut être aussi (et / ou surtout) d'accepter que tu n'es ni l'enfant idéal que tes parents (ta mère) aurait voulu avoir, ni la femme idéale dont tu t'étais plus ou moins construit l'image d'une façon ou d'une autre. Que plus les idéaux en question sont "contraires" ou "éloignés", plus c'est difficile à vivre. Comment s'autoriser à être soi alors que l'on est en permanence tiraillée dans des directions contraires ?
Cela impose pas mal de renoncements avant d'admettre ce que l'on est !