Surmonter le suicide d'un proche

Forum anxiété
Shalllll
Messages : 2
Inscription : 24 août 2020, 22:06

Surmonter le suicide d'un proche

Message par Shalllll »

Bonjour à tous.
C'est la première fois que j'écris sur le forum, merci à tout ceux qui me liront et me soutiendront. Je suis vraiment désolée si je ne suis pas dans la bonne section.

Je viens de perdre mon petit ami qui s'est suicidé ce matin. On vivait un amour fou, depuis 5 ans, je vivais pour lui et lui pour moi. Pendant toutes ces années, on s'est jamais disputés, notre entente était parfaite. On a des personnalités différentes, des visions du monde différentes mais malgré tout, on arrivait à s'entendre à merveille. Depuis que je l'ai connu, il a toujours été joyeux et de bonne humeur avec moi. Mais comme on ne vit pas ensemble (pour les études, je tiens à préciser que la relation à distance n'a jamais affecté notre relation, au contraire, et on se parle tous les jours, presque tout le temps et toujours lus heureux quand on se retrouvait ), je n'ai jamais su comment il était quand il se retrouvait seul face à sa personne. Il est de nature très discrète et quand je remarque qu'il ne va pas bien (il le montre très rarement), je reste à ses côtés, je l'assiste et lui remonte le moral, je lui promets de le soutenir quoi qu'il arrive, je lui dis que je ne l'abandonerai jamais, que je suis -comme il aime à me le dire- sa bénédiction. Il me remercie de tout son cœur d'être là pour lui , de l'aimer , de le soutenir et il reprend son air joyeux.
Au départ, je pensais que c'était des périodes de déprime , comme on en a tous. La première fois qu'il m'a parlé de dépression c'était il y a qlq mois. Quand je lui avais demandé pourquoi il a brusquement arrêté le sport et la lecture, il m'a expliqué qu'il souffrait probablement de dépression (il n'a jamais consulté, que je sache), qu'il lui arrivait de penser au suicide mais qu'il n'osait pas car il avait peur de l'après. Cette nuit là était difficile, c'était la première fois qu'il me parle de suicide, j'étais dévastée au fond de moi, traversée à un moment par l'idée égoïste qu'il pense à partir et me laisser seul, mais je l'ai soutenu , j'ai réussi à lui faire reprendre le moral. Mais je pensais encore que c'était un épisode de déprime car depuis, il m'a toujours affiché une bonne humeur. Nos derniers messages étaient joyeux, il m'a parlé pas plus loin qu'hier qu'il avait hâte qu'on puisse enfin être réunis et qu'on vive ensemble pour partager pleinement notre amour. Il m'avait dit 'a demain' dans son dernier message avant que je ne me couche. Ce matin, je trouve un long mail qu'il m'a écrit où il s'excusait, me disait qu'il souffrait de dépression depuis cinq ans , que j'étais apparue au pire moment de sa vie, quand il allait commette le suicide, mais que mon arrivée a tout bouleversé, a réussi à faire retarder l'acte de 5 ans, que je lui ai redonné le goût à la vie, que je suis sa raison d'être et il me remercie pour tout, mais que malgré tout, il ne supporte plus ses souffrances mentales, qu'il avait de la peine même à respirer. Il est passé à l'acte ce matin.
Je précise qu'il ne vit pas avec sa famille mais qu'il communique avec eux régulièrement. Toutefois, il n'a pas bcp d'entourage, voire pas du tout. Mais je n'ai jamais considéré ça comme un problème étant donné que je suis solitaire moi-même et n'ai pas d'amis dans la ville où je vis.
J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps ce matin. Dès que je ne m'occupe pas, je pleure. Quand j'écris , je vais mieux. Mais dès que je suis seule avec mes pensées , je suis dévastée. J'essaie d'écarter son visage et ses souvenirs de ma mémoire pour ne pas souffrir mais jai peur que ça me porte préjudice pour après. Je ne sais pas si je pourrai survivre à son départ, je n'imagine pas ma vie sans lui. Je suis actuellement avec ma soeur mais j'ai peur quand je me retrouverai seule (ma soeur commence le travail bientôt donc elle doit rentrer dans sa ville). Mon logement est rempli de ses souvenirs mais je n'ose plus les regarder. Mon téléphone est rempli de ses photos, il y a plein de sites internet où on a échangé (Facebook, tweeter, Instagram, youtube...), J'ai des souvenirs de lui partout, mais je ne sais pas comment je réagirai quand je serai seule avec tout ça.
Ça m'a fait beaucoup de bien d'extérioriser , je souffre moins. S'il vous plaît, écrivez moi des mots de soutien, j'en ai fort besoin ! Connaissez-vous des manières de communiquer avec les morts? je ferai tout pour lui parler et lui dire que malgré tout, je ne lui en veux absolument en rien, que je l'aimerai toujours comme avant et que personne ne remplacera sa place en mon coeur.
Et désolée sil y a des incohérences et fautes d'orthographe dans mon écrit, je n'ai pas la force de me relire.
Merci infiniment !
S
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19336
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Surmonter le suicide d'un proche

Message par Dubreuil »

Je compatis à votre douleur.
A la lecture de votre message " posé et raisonné ", je souhaite qu'il ne traduise pas un état de choc traumatique où la personne endeuillée se retrouve malheureuse mais comme " détachée " du choc émotionnel. Cette réaction est une sauvegarde psychique pour surmonter le choc et la douleur, cependant il ne faut pas minimiser les répercussions émotionnelles profondes. L'acte insensé de votre ami risque de bouleverser vos raisons de vivre et de penser. Ecrire est une excellente chose, mais dans le même temps n'hésitez pas à en parler de vive voix à un professionnel. Vous avez besoin d'être écoutée et entourée autant par votre entourage que par un soutien psychologique personnalisé.
Votre ami semblait présenter non pas une dépression " simple " mais un état " mélancolique " qui est toujours fatal si les soins psychiatriques ne sont pas donnés régulièrement.
Et le plus grand et le plus bel amour le plus sincère reste totalement inutile et impuissant face à cette pathologie psychique. Seul le traitement psychiatrique pris à temps peut juguler les crise et retarder l'issue fatale.
Personne ne peut en être responsable ni culpabiliser, c'est au delà d'un trouble accessible par les thérapies analytiques.
Loin d'être associée à un sentiment positif, la mélancolie décrit un trouble grave, où peuvent se multiplier les idées suicidaires et les passages à l'acte.
On peut souligner plusieurs aspects spécifiques, quelques généralités :
" Un désespoir intense, une véritable douleur morale.
Ce trouble est souvent associé à d' importants problèmes d'insomnie ;
Une autodépréciation importante : le malade perd toute estime de lui-même, il est persuadé de n'être plus bon à rien, de ne servir à rien, de n'avoir jamais rien réussi de valable, d'avoir gâché sa vie, etc. Il va éprouver une anxiété et surtout une forte culpabilité, se rendant responsable de nombreux maux (souvent imaginaires) ;
Un fort ralentissement général : fatigue intense, démotivation… le malade n'a plus la force d'initier quoi que ce soit. Il ne sort plus de chez lui.
Un risque suicidaire très élevé : le risque de passage à l'acte est en effet très fort dans la mélancolie.
Comme dans la dépression, les malades se sentent découragés, l'élan vital a disparu. Petit à petit, ils ne s'investissent plus dans la vie sociale et professionnelle…
Il existe plusieurs formes de dépression mélancolique. On peut distinguer :
la mélancolie où l'apathie prédomine, et celle où c'est l'anxiété et la culpabilité qui sont les plus fortes.

Dépression mélancolique : des causes multiples
Le déclenchement de la crise dépressive mélancolique est souvent surprenant : il ne semble pas y avoir, dans la situation personnelle ou professionnelle de la personne, des raisons qui peuvent justifier cette crise. Car ce trouble est très souvent la manifestation d'une maladie existante mais pas forcément diagnostiquée auparavant : une psychose maniaco-dépressive (trouble bipolaire). Ce mal se traduit par une succession de périodes euphoriques ou exubérantes et de dépression souvent très forte. Or parfois, les périodes maniaques restent discrètes et seule la forme dépressive apparaît de manière très marquée : c'est la dépression mélancolique.
Certains problèmes neurologiques peuvent aussi entraîner l'apparition de la dépression mélancolique. Souvent, il y a un événement déclencheur qui va faire entrer dans la mélancolie : un deuil, ou autre événement traumatique. Mais ce sera plus un révélateur qu'une cause en soi. L'état dépressif mélancolique s'installe alors petit à petit, en moins d'un mois.

Il est essentiel de soigner la dépression mélancolique très tôt. Car le risque principal est que la personne tente de mettre fin à ses jours. En effet, les idées suicidaires sont très fortes chez lui, même s'il ne les dévoile pas forcément.
Le traitement passe généralement par une hospitalisation, pour justement éviter tout risque de tentative de suicide.
Un traitement par antidépresseurs est incontournable (parfois en intraveineuse)."

Je souhaite que vous trouviez très vite le réconfort que vous souhaitez.
Prenez soin de vous.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Shalllll
Messages : 2
Inscription : 24 août 2020, 22:06

Re: Surmonter le suicide d'un proche

Message par Shalllll »

Merci beaucoup pour votre réponse. C'est effectivement ce qui m'arrive, je me force à effacer de ma mémoire tout souvenir de lui pour ne pas souffrir à l'instant présent mais dès que j'y pense, je m'effondre en larmes. Je n'arrive pas à décrire mon état, je me sens dévastée , profondément malheureuse, ma raison de vivre est partie mais pourtant, je reste calme et stoïque, je n'ai pas beaucoup pleuré depuis hier après-midi car je m'occupe pour ne pas y penser. Je passe mon temps à attendre le message de quelq'un pour lui parler et occuper mon esprit.
Je suis très réservée, je ne peux pas me confier de vive voix à ma famille mais J'ai pris un rdv avec un psychologue pour cet après midi, je me suis effondrée en larmes au téléphone. J'aurai moins de mal au me confier verbalement à un inconnu.
Quant à sa maladie, je suis profondément triste qu'on n'ait pas pu l'identifier à temps et le soigner, je n'imagine pas combien il a dû souffrir. J'aimerais rester forte pour qu'il reste en paix là où il est.
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19336
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Surmonter le suicide d'un proche

Message par Dubreuil »

Il est déjà en paix. Si l'on pense que les âmes restent un temps dans leurs lieux humains pour êtres proches de ceux qu'elles quittent, on dit aussi qu'elles attendent que les personnes qu'elles aimaient aillent mieux et les autorisent ainsi à " partir " vers l'énergie suprême, le grand TOUT.
Si vous cherchez sur internet des articles ou des témoignages parlant de " la vie après la mort " vous lirez beaucoup de choses à ce sujet. Vous y trouverez certainement des échos à vos espoirs, et du réconfort. Revenez en parler ici, si le coeur vous en dit.
Courage.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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