sortir du célibat (ou pas) à 32 ans

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frenchdawn1981
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sortir du célibat (ou pas) à 32 ans

Message par frenchdawn1981 »

Bonjour,

pour situer le tableau, je vais commencer par me présenter. Je suis une femme de 32 ans, célibataire depuis...toujours. Je n'ai jamais eu l'ombre d'une relation amoureuse (et encore moins sexuelle)...pas même un petit flirt à l'adolescence. Jusqu'à récemment, cette dimension-là ne m'intéressait pas. Je me suis toujours sentie différente, à part, "pas comme les autres", et mes soupçons ont été confirmés l'an dernier car j'ai été diagnostiquée autiste Asperger. Mettre un nom sur mes différences a été curieusement bénéfique, j'ai pu adopter une hygiène de vie plus en rapport avec mes difficultés sociales (instauration d'une routine, de repères, meilleure compréhension de ce que je ressens, banalisation de mes angoisses, etc.) mais d'un autre côté, ça m'a amenée à me questionner sur certains aspects de ma vie. Comme ma solitude, par exemple. Au départ, quand le diagnostic est tombé, je me suis sentie soulagée, je me suis dit que mon Asperger expliquait tout le reste, dont cette absence totale d'envie sur le plan amoureux. Sauf que ! Je me suis mise à fréquenter des forums, des groupes dédiés aux Aspergers et...je suis de nouveau passée pour l'extraterrestre de service. Car la majorité des Aspies sont en couple, ont des enfants, aspirent à en avoir, ou ont au moins eu des expériences en la matière. Sur les trois/quatre groupes que je fréquente, je n'ai rencontré qu'une fille dans mon cas, et elle a dix ans de moins et donc le temps de changer d'avis !!

Mon Asperger n'explique donc rien à ma situation actuelle. Je n'en ai parlé que par souci d'honnêteté, parce que le reste de mon profil suscite généralement des questionnements qui, eux, peuvent trouver des réponses dans l'existence de mon syndrome. Par exemple le fait que je n'ai AUCUN ami. Tout juste ce que je nomme des "relations amicales", des gens que je vois deux fois l'an pour une après-midi. Je n'ai jamais eu d'amis, d'ailleurs, ni à l'école, ni au travail...et pourtant je bosse au même endroit depuis bientôt 12 ans. Je ne sors pas, jamais. Sauf pour l'utilitaire : faire les trajets maison/appart, sortir le chien, faire les courses. J'ai des activités ultra solitaires : lire, écrire, informatique, télé, jeux vidéos, puzzles, criminologie, et j'ai une passion bizarre pour l'Anglais.

Niveau sentiments, je sonne le creux. Je n'éprouve rien, je manque d'empathie, je ne suis même pas certaine d'aimer mes parents "correctement". Je n'ai aucun besoin, aucun désir, aucune envie. Aimer, être aimée, ça ne me parle pas. D'un autre côté, j'ai un peu peur de mon avenir, j'ai conscience que si je reste dans cet état d'auto-satisfaction, ma solitude va se renforcer année après année, et je me demande à quoi ça ressemblera dans 10, 15 ans quand mes parents (qui sont finalement mon seul lien social) ne seront plus là.

Ayant pris conscience que si je ne déclenchais rien, je n'aurais jamais envie d'avoir une relation amoureuse, j'ai essayé de me motiver et je me suis inscrite sur des sites de rencontre, car il était évident que je ne pourrais pas, spontanément, engager le dialogue avec un homme (je me fais souvent draguer mais j'ai une sainte horreur de ça). J'ai vite oublié les sites de rencontre normaux, qui ne me correspondaient pas du tout, et je suis tombée sur un site de rencontres entre geeks plus sympa. J'ai noué le dialogue avec un homme de mon âge et de ma région, qui a des hobbies et des attentes similaires aux miens. Ca fait un bon mois qu'on échange par mail, il m'a proposé de prévoir une rencontre IRL en précisant bien que ce n'était pas pressé, et en attendant il a proposé un dialogue par tchat (textuel, pas par webcam, ce qui m'arrange)... Je n'ai pas encore donné suite. Pourquoi ? Tout bêtement parce qu'au final je ne suis pas sûre d'avoir une réelle envie de sortir de mon célibat. Pour être franche, ça m'angoisse même totalement, j'en attrape mal au ventre, mal au crâne, je manque d'appétit, bref... c'est crétin, surtout que si rencontre IRL il y avait, rien n'indique que ça collerait entre nous et que ça déboucherait sur quelque chose !!!!! Mais l'idée que ça pourrait marcher m'angoisse plus que l'idée de me prendre un râteau... c'est le comble...

Je me dis que mes motivations sont mauvaises, qu'on ne s'intéresse pas à l'aspect amoureux par crainte de l'avenir.

Bref, j'ai une furieuse envie de mettre fin à l'échange que j'entretiens avec cet homme, mais d'un autre côté je suis consciente que ce qui me "dérange" le plus, c'est d'avoir trouvé quelqu'un qui corresponde à 95% à mes attentes, alors que je pensais que ce n'était clairement pas possible, tellement la liste est longue (pas sur le plan physique, là-dessus je n'ai aucune préférence, mais sur le plan intellectuel).

Si quelqu'un a des conseils à prodiguer, des avis à formuler, je suis preneuse ! :)

merci
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Jeannette
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Re: sortir du célibat (ou pas) à 32 ans

Message par Jeannette »

Déjà un élément qui m'a fait réagir dans ton post, c'est cette phrase :
frenchdawn1981 a écrit :je ne suis même pas certaine d'aimer mes parents "correctement"
comme si il y avait un "contrat" à respecter... Mais personne n'est obligé d'aimer qui que ce soit ! Même pas ses parents !
Je ferme la parenthèse...

Pour le reste, plus que la question dde base de ton post, ce qui me "chagrine", c'est ça :
frenchdawn1981 a écrit :Niveau sentiments, je sonne le creux. ... Je n'ai aucun besoin, aucun désir, aucune envie.
Ca me fait penser à la chanson de Johnny Hallyday : Qu'on me donne l'envie...
Parce que, en réalité, nous avons tous des besoins (ne serait-ce que physiologiques), des envies, et surtout des désirs.
Alors j'ai plutôt la sensation que, plutôt que de ne rien "avoir", tu t'interdis plutôt de ressentir quoi que ce soit.
Et quel dommage !

Ce qui expliquerait d'ailleurs la suite :
frenchdawn1981 a écrit :Mais l'idée que ça pourrait marcher m'angoisse plus que l'idée de me prendre un râteau...
Comme si ta crainte, en réalité, était plutôt de ressentir quelque chose... Non ?
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
frenchdawn1981
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Re: sortir du célibat (ou pas) à 32 ans

Message par frenchdawn1981 »

Jeannette a écrit :Déjà un élément qui m'a fait réagir dans ton post, c'est cette phrase :
frenchdawn1981 a écrit :je ne suis même pas certaine d'aimer mes parents "correctement"
comme si il y avait un "contrat" à respecter... Mais personne n'est obligé d'aimer qui que ce soit ! Même pas ses parents !
Je ferme la parenthèse...

Pour le reste, plus que la question dde base de ton post, ce qui me "chagrine", c'est ça :
frenchdawn1981 a écrit :Niveau sentiments, je sonne le creux. ... Je n'ai aucun besoin, aucun désir, aucune envie.
Ca me fait penser à la chanson de Johnny Hallyday : Qu'on me donne l'envie...
Parce que, en réalité, nous avons tous des besoins (ne serait-ce que physiologiques), des envies, et surtout des désirs.
Alors j'ai plutôt la sensation que, plutôt que de ne rien "avoir", tu t'interdis plutôt de ressentir quoi que ce soit.
Et quel dommage !

Ce qui expliquerait d'ailleurs la suite :
frenchdawn1981 a écrit :Mais l'idée que ça pourrait marcher m'angoisse plus que l'idée de me prendre un râteau...
Comme si ta crainte, en réalité, était plutôt de ressentir quelque chose... Non ?
La psy que j'ai vue dans le cadre de mon Asperger m'a clairement laissée entendre que pour elle j'avais une pathologie "plus lourde" qu'Asperger car elle trouvait inquiétant cette absence (très réelle, vraiment) de sentiments et d'émotions. Après, j'avoue que je n'ai pas cherché à creuser, je ne vois pas l'intérêt, je sais juste qu'émotionnellement je suis vide, depuis toujours et depuis toute petite. J'aimerais bien pouvoir dire que je m'interdis d'aimer, sauf que ce serait faux. Je ne m'interdis rien, simplement j'ai le sentiment très net et très profond que la seule personne que je peux véritablement aimer sur cette Terre, c'est…moi. Ca fait très égocentrique mais c'est pourtant tout à fait ça. J'ai déjà vu mourir autour de moi des gens qui tenaient à moi (l'inverse, je ne sais pas, vraiment…) comme mes grands-parents et ça m'a laissée parfaitement froide. J'ai boycotté les enterrements, je n'ai pas versé une larme, et même en y repensant je ne suis pas triste. Le bonheur, idem. Je ne me sens ni heureuse, ni malheureuse. Jamais. Par exemple, j'ai réussi récemment un examen professionnel qui a clarifié ma situation après onze ans d'incertitude. Tout le monde était heureux pour moi. Moi ? Je me suis réjouie de la dimension financière que ça incluait, parce que ça allait me permettre d'augmenter mon train de vie, mais pour le reste, zéro joie, pas de "youpi j'ai réussi", pas d'envie de "fêter ça" (j'ai même refusé de payer le Champagne aux collègues et à ma famille). Petite, je piquais des colères monstres si on m'offrait un cadeau imprévu, ou un cadeau trop coûteux à Noël. J'avais l'impression qu'on cherchait à me rendre heureuse et que je n'étais pas capable de donner ça en retour.

Tout ça pour dire que vraiment, je n'ai aucun besoin, aucun désir d'aimer. Encore moins d'être aimée. C'est envahissant, l'affection des gens. Je préfère limite être détestée, c'est plus vivifiant. Les besoins physiologiques de base, je suis capable de les oublier (je ne bois jamais spontanément, même s'il fait 30°C, j'ai un rappel sur mon portable pour me dire de boire au moins un Perrier par jour !!! sinon je me laisse crever de soif, je n'ai jamais la sensation d'avoir besoin de boire… je peux oublier de manger si je suis partie dans quelque chose qui m'intéresse…) alors si ton message fait allusion aux besoins sexuels, hihi, je suis hors jeu. Je n'ai jamais rien éprouvé de ce côté-là. J'ai essayé de provoquer quelque chose, de titiller mes sens, de me donner cette fameuse "envie"…sauf que ça ne m'intéresse décidément pas. Trop primaire, trop animal, pas assez intellectuel. Evidemment ça me gêne dans la perpective d'une éventuelle relation amoureuse.

Quand je dis que je préférerais prendre un râteau, je ne dis pas ça parce que je crains de ressentir quelque chose, je sais d'avance que c'est mort de ce côté-là. Si intérêt je ressentais, ce serait pour des choses pas très avouables quand on commence une relation (en gros parce que j'aurais le sentiment d'avoir trouvé la bonne poire…)… J'ai toujours dit à ma mère de s'inquiéter si un jour je lui présentais un homme. Pas pour moi, mais pour l'homme en question, car je ne cherche pas à entamer une relation pour les bonnes raisons. En fait, ce qui me gênerait dans l'idée de NE PAS me prendre de râteau, c'est que je ne saurais pas quoi faire des sentiments de l'autre. Je suis douée au jeu du caméléon dans le cadre professionnel, mais je me vois mal faire semblant dans ma vie privée. Je déteste le contact physique, qui plus est. Et l'autre source d'angoisse c'est qu'une éventuelle relation, ça voudrait dire renoncer au mode de vie qui est le mien depuis toujours (car concrètement ça n'a jamais évolué : j'ai toujours vécu seule, j'ai toujours eu des occupations solitaires, je n'ai jamais rien partagé avec personne, j'ai toujours eu du temps "rien que pour moi")… Or la routine, c'est vital pour moi. Manger à heures fixes, avoir des occupations qui ne varient jamais… C'est clairement impossible de vivre ainsi en ayant quelqu'un dans sa vie. Ou alors il faut l'empailler d'emblée, mais je vais avoir des soucis. :?
Audreane
Messages : 45
Inscription : 14 déc. 2014, 19:47

Re: sortir du célibat (ou pas) à 32 ans

Message par Audreane »

Bonjour,

Pour ma part je suis tout votre contraire..je suis envahit de part et d'autres par pleins d'émotions diverses et variées..et d'une intensité effroyable.. j'ai un trouble de la personnalité borderline.
Mais bon là n'est pas le sujet..
Je me pose une question en vous lisant..
Vous avez quand même besoin de poster sur ce forum, qu'on vous lise et que l'on vous réponde..voir plus loin que quelqu'un vous donne une solution..:-)
Vous avez quand même besoin des autres pour exister..car on existe à travers le regard de l'autre jamais pas seul.
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