Changement professionnel et phobie sociale

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EoLiS49
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Changement professionnel et phobie sociale

Message par EoLiS49 »

Bonjour,
Je suis Héloise, 32 ans. J'étais venue sur le forum il y a quelques années pour parler de ma phobie sociale très invalidante au quotidien. Elle m'a posé beaucoup de problèmes notamment au niveau professionnel puisque j'ai perdu 2 emplois (les deux seuls que j'ai eu) en grande partie à cause de ça.
Cette phobie avait à ce moment-là amené une dépression, une perte de confiance en moi et un grand isolement. J'avais donc été hospitalisée quelques jours puis suivie par un centre Médico Psychologique par la suite. J'ai ensuite été reconnue travailleur handicapé.

J'ai effectué une thérapie pour reprendre confiance en moi avec une remise en question personnelle, avec plusieurs psy et infirmières. En début d'année 2019, j'ai décidé de changer d'orientation professionnelle. Et mes proches m'ont beaucoup soutenue.
J'aime beaucoup les enfants. J'ai donc décidé de m'inscrire à une formation CAP Petite Enfance dans une école.
J'ai été reçue en entretien de recrutement, j'ai passé des tests de français maths. J'ai été acceptée à cette formation.

J'ai également fait un stage de découverte du métier d'ATSEM dans une école maternelle. ça m'a beaucoup plu. J'ai eu la chance d'avoir une tutrice de stage qui a été super avec moi. Elle m'a transmis l'amour de son métier. Elle a toujours été présente pour répondre à mes questions, pour me demander si tout allait bien. Et j'ai beaucoup aimé travailler avec les enfants.

J'ai commencé la formation petite enfance cette semaine. J'ai commencé à découvrir les formatrices et les élèves de ma classe. Nous sommes 27 élèves divisées en 2 groupes. Cette première semaine s'est avérée difficile à vivre pour moi. Parce que la phobie sociale a refait surface. En plus, c'est une formation axée sur le social. On nous demande de parler à l'oral devant les autres, de travailler en groupe de 3 4 élèves, d'échanger avec les autres élèves en dehors des cours. On va faire du théâtre également, des sketchs. Je réussis quand même à parler devant les autres mais je prends énormément sur moi et c'est très fatiguant.
Je n'arrive pas à cacher ma timidité et mon extrême sensibilité puisque certaines de mes camarades l'ont remarqué et m'en ont parlé.

Je savais que ça serait difficile de me confronter aux autres mais je n'imaginais pas que ça se passerait comme ça. C'est une torture au quotidien. Le soir, je rentre chez moi en pleurant. J'ai passé le week-end à pleurer. Je mange très peu car j'ai la gorge et la poitrine serrée en permanence. J'ai déjà perdu du poids.
Je m'imagine que les autres me critiquent et me jugent tout le temps. Je tremble et aller en cours me stresse. D'autant que dans ma classe, il y a des personnalités assez extraverties et cash et même chose pour les formatrices. Après, il y a aussi des filles timides heureusement.
Maintenant, j'espère que ça va s'arranger avec les semaines et que je vais réussir à faire avec. Même chose pour les stages car j'ai 3 stages à faire aussi cette année.

Pour l'instant, je suis dans le doute. Je ne sais pas à quoi m'attendre pour la suite. Je ne sais pas si je vais tenir le coup, si je vais supporter tout ça ou pas. Je ne sais pas si cette formation est faite pour moi ou pas. J'aimerais essayer et m'accrocher pour réussir.
mandarina
Messages : 1
Inscription : 27 janv. 2021, 18:06

Re: Changement professionnel et phobie sociale

Message par mandarina »

Bonjour EoLiS49,
Je vois que ton post commence à dater, aussi peut-être (et j'espère pour toi) as-tu trouver des solutions à tes problèmes de phobie sociale. Je me reconnais beaucoup dans tout ce que tu as dis. J'ai 36 ans et je connais depuis toujours de grandes angoisses liées aux relations avec les autres. J'ai traversé plusieurs passages à vide et je dois avouer que je suis un peu fatiguée, j'ai l'impression que les choses ne vont pas s'arranger. Je suis allée voir un psychiatre l'année dernière mais j'avoue ne pas avoir fait beaucoup de séances (4 ou 5 je pense). Au début, j'étais contente d'arriver à parler un peu de moi et de mes angoisses, mais j'avoue qu'au bout d'un moment j'avais l'impression de me répéter et de tourner un peu en rond. Le psychiatre était gentil mais je n'avançais pas vraiment (je dois ajouter qu'il m'a prescrit un traitement anti-dépresseur que j'ai vite arrêté et que j'ai repris il y a quelques jours). En effet, j'ai déménagé de région il y a peu de temps et j'ai réussi un trouver un CDD que j'ai arrêté au bout de 2 jours (je me sentais stressée, beaucoup d'informations à intégrer et j'ai perdu mes moyens, j'étais persuadée que je n'y arriverais pas bien que les collègues n'étaient pas méchantes). Résultat, je n'ai presque pas pu dormir pendant 2 nuits et à la fin de la deuxième journée, j'étais complètement déboussolée, j'ai appelé mon copain avant même de rentrer pour lui dire que je ne pourrais pas continuer. Il me disait non, il faut que tu essaies encore mais il me connaît, quand je suis rentrée il a vu que ça n'allait pas du tout. Je me tâtais même à appeler la responsable mais il était trop tard alors j'ai attendu le lendemain matin pour le faire. A ma grande surprise, elle a compris et s'est même arrangée avec la RH pour que la rupture de la période d'essai se fasse à leur initiative, ce qui me permet de continuer à percevoir mes allocations chômage (ça a été un grand soulagement pour moi !). Mais maintenant je suis à la maison et je n'arrête pas de ruminer et de me dire que je ne pourrais plus trouver de travail (ou du moins le conserver, car bizarrement lors des entretiens j'arrive à donner une bonne image de moi mais c'est quand je commence l'activité en elle-même que ça se passe mal).
Je me suis reconnue aussi quand tu as parlé de ta formation, car il y a plusieurs années j'ai démarré une formation et j'ai tenu 4 mois, de septembre à décembre, puis j'ai dû arrêter. La pression était trop importante, en plus la formation était loin je devais prendre le train tous les jours, je partais très tôt et rentrais tard, bref ! et aussi j'avais l'impression de ne pas réussir à m'intégrer j'étais celle qui parlais le moins dans le groupe de filles avec qui je prenais le train et du coup je me sentais très mal à l'aise. Un après-midi chez moi j'ai avalé des cachets (stupide, je sais) et je me suis retrouvée à l'hôpital pour un lavage d'estomac. Suite à ça, j'ai décidé d'arrêter la formation du jour au lendemain mais j'ai eu la chance de trouver du travail dans un secteur qui me plaisait peu de temps après grâce à une personne que je connaissais. Là je me suis sentie à l'aise car j'étais dans un environnement connu. Je n'avais pas beaucoup de responsabilités donc ça m'allait (eh oui, j'ai un tel manque de confiance en moi que les responsabilités, le fait de devoir rendre des comptes me fait très peur). J'y suis restée longtemps et puis en 2019 j'ai décidé de prendre un congé sabbatique car je ne m'y sentais plus à mon aise j'avais l'impression de tourner en rond et je voulais me prouver que j'étais capable de faire autre chose).
Le problème, c'est que je suis tombée en dépression (je l'étais déjà avant de décider de prendre ce congé, et c'est pour ça que je l'ai pris, la décision a été difficile mais j'avais besoin de m'isoler). Le truc, c'est que je me suis complètement renfermée sur moi-même et mes angoisses se sont intensifiées. Je regardais les offres d'emploi tous les jours, je postulais mais après j'avais une peur bleue que l'on me recontacte. J'ai d'ailleurs eu une proposition d'emploi que j'ai déclinée car j'étais en panique totale à l'idée même de me projeter.
Enfin bref, tout ça pour dire que j'ai abandonné beaucoup de choses à cause de mon énorme manque de confiance en moi, et dans ces moments-là je me perçois réellement comme une personne handicapée, je vis ces abandons comme de véritables échecs, si bien qu'aujourd'hui je ne sais plus comment m'en sortir.
Ce mal-être, je l'ai depuis toute petite et dans beaucoup de situations sociales, dans ma vie privée aussi. Je ne me sens jamais légitime, j'ai toujours eu beaucoup de mal à trouver ma place, même au sein de ma propre famille. Je suis quelqu'un qui n'a jamais osé s'affirmer et je sais que pour certaines personnes, ce sont des choses qui, avec le temps, évoluent positivement mais ce n'est malheureusement pas mon cas, j'ai même le sentiment que c'est le contraire.
J'ai entendu parler des TCC mais j'ai l'impression que ça ne traite les problèmes qu'en surface. As-tu pu trouver des solutions ? J'espère que tu vas mieux.
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Changement professionnel et phobie sociale

Message par Dubreuil »

Je suis allée voir un psychiatre l'année dernière mais j'avoue ne pas avoir fait beaucoup de séances (4 ou 5 je pense). Au début, j'étais contente d'arriver à parler un peu de moi et de mes angoisses, mais j'avoue qu'au bout d'un moment j'avais l'impression de me répéter et de tourner un peu en rond.
***Normal, ce n'est pas un psychiatre dont vous avez besoin, mais d'un psychologue comportementaliste. ( regardez sur internet )
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Heloise49
Messages : 4
Inscription : 29 mai 2021, 11:53

Re: Changement professionnel et phobie sociale

Message par Heloise49 »

Bonjour,
Concernant la formation petite enfance que j'avais commencé, j'ai arrêté au bout d'une semaine.
Il y avait des tensions les premiers jours qui se sont accentuées. Il y a eu des phrases devant les formatrices qui laissaient faire. "Je veux pas être avec elle ! Je peux vraiment pas ! Je préférerais être avec unetelle". Des comportements de gamines de collège. Je faisais des crises de panique en cours (notamment lors des travaux de groupe) que j'essayais de cacher. J'ai été prise à partie, on m'a humiliée ("t'es bête, tu comprends rien ! Faut dormir la nuit ! Tais-toi ! Tu me fatigues !").

Même une formatrice s'y est mise. En cours de cuisine, elle me parlait comme à une demeurée ("Tu mets ça au FRIGO ! FRIGO! (elle m'épelais les mots). "Vas vider les poubelles !"). Franchement, je trouve ça hallucinant jusqu'où peut aller la méchanceté de certaines personnes.
Je faisais beaucoup d'efforts pour m'intégrer, participer en cours malgré le fait que j'étais dans un état je dirais presque tétanisée avec des symptômes très gênants... Parfois, je n'arrivais plus à parler, à bouger. C'est sûrement ce qui a engendré toutes ces méchancetés.

A la suite de ça, j'ai voulu persévérer en poursuivant la formation par correspondance avec également les stages.
Premier stage : 3 semaines en décembre en école maternelle. Je connaissais cette école. J'y avais fait un stage de découverte l'année d'avant.
ça ne s'était pas trop mal passé. Ma tutrice était très gentille et à l'écoute.

J'y suis retournée, j'ai repris mes marques, fait le travail qu'on me demandait, posé des questions... Malheureusement, j'ai vite déchanté.
L'équipe de travail avait quelque peu changé : nouvelle ATSEM, nouvelle institutrice en reconversion professionnelle... On était 3 stagiaires en même temps aussi. Je pense que les conditions étaient compliquées à ce moment là. C'était la période de Noel donc beaucoup de travail. Elles n'avaient jamais de temps à me consacrer, je sentais que je gênais. Il fallait tout faire vite. On me reprochait que j'étais trop lente.

Un matin quand je suis arrivée, une des ATSEM m'a envoyé promener. J'ai pas compris. Elle m'a dit que je n'avais pas fait le travail demandé le mardi d'avant, que moi et l'autre stagiaire on étaient impolies... Et ce devant une petite stagiaire qui était avec moi, qui était choquée. On en a reparlé avec la stagiaire après. Elle m'a dit : "je comprends pas pourquoi elle te dit ça. On n'était ensemble mardi. On n'a fait le ménage toutes les 2".

Je faisais tellement d'efforts et me prendre des réflexions comme ça dans la figure... Ce que je faisais, ça n'était jamais assez bien. Elle me demandait à moi ou l'autre stagiaire de refaire plusieurs fois certains rangements, découpages car mal fait soit disant.
L'institutrice me criait dessus devant les enfants qui avaient tous les yeux braqués sur moi : "Non x3! Fais pas comme ça !" Déjà on ne crie pas devant des enfants.
Tout ça pour qu'à la fin de mon stage, ma tutrice qui n'avait jamais de temps à me consacrer me dise que c'était bien ce que j'avais fait sans conviction "mais pas suffisant". Avec tous les efforts que je faisais... D'ailleurs, je lui ai dit que j'étais avec les enfants, je leur parlais, je posais des questions. "Oui mais pas assez". Elles attendaient quelqu'un de très à l'aise au niveau oral, sociable, intégrée dans l'équipe, une professionnelle de la petite enfance.

J'ai voulu poursuivre malgré tout, avec le stage chez les tout-petits, à la halte-garderie.
Dès le premier jour, j'ai entendu 2 filles de l'équipe dire tout bas qu'elles en avaient marre d'avoir des stagiaires. Bonjour l'accueil !
Ma tutrice m'a demandé de m'asseoir dans un coin et de regarder, la première semaine. Elle m'a dit "je te dirais si c'est pas bien ce que tu fais".

La 2e semaine, on a commencer les changes. Je me suis mise à faire des crises de panique devant elle. Je tremblais de partout, j'étais complètement tétanisée. Elle me faisait bien remarqué que je tremblais. On a fait quelques changes sur 2 jours.
Je pense que c'est ce qui m'a perdu. Car à partir de ce moment là, elle m'a bien spécifiée de ne plus m'approcher des enfants, que ce soit pour les accompagner à la sieste, les changes, même donner les doudous et tétines, les réconforter.
ça m'a fait d'ailleurs beaucoup de mal d'être rejetée comme ça.

J'ai décidé de tout arrêter. ça faisait trop de désillusions coup sur coup. J'en ai énormément souffert.
Mon psy m'a renforcé mon traitement médicamenteux avec des doses plus fortes d'anti-dépresseurs, anxiolitiques et somnifères.
J'ai eu des soucis de santé au niveau physique par la suite. Je pense que ça faisait trop de stress d'un seul coup que je n'ai pas réussi à gérer.
J'ai pris 15 kgs en quelques mois. Je me dégoûte. En plus, je fais de l'anémie. Ce qui veut dire analyses de sang et gros coup de stress puisque je ne supporte pas qu'on me touche.

Et puis, dans la vie quotidienne, il y a des moments où c'est difficile. Car les phobies sociales / personnalité évitante c'est un trouble qui est incompris. Je sors très peu mais il y a des situations au quotidien, médecins, coiffeur, où on va me dire : "Vous travaillez ?" "Non" "Vous cherchez pas de travail ?" Que répondre à ça ? ça me ramène à ma situation. ça fait mal.

J'ai fait une demande pour travailler en ESAT en me disant que ça pourrait être adapté pour moi. J'ai été refusée. Je n'ai plus aucun recours.

PS : j'ai changé de pseudo. J'ai remis mon prénom.
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Changement professionnel et phobie sociale

Message par Dubreuil »

Il y a des situations comme cela où on se sent " refusée". Je pense qu'il ne faut pas insister, et ce n'est peut-être pas le bon choix de stages que nous avons fait, ni le "bon" métier qui nous convient.
Compte tenu de votre personnalité, et si vous avez des dispositions, un métier "manuel" artistique pourrait peut-être mieux vous convenir, vous seriez indépendante, loin des jugements, rien à prouver, vous pourriez vous perfectionner sur quelque chose de tangible et de concret, et vous pourriez ensuite faire des expositions, vivre plus ou moins de votre art, en continuant à faire des rencontres intéressantes et des échanges simples et chaleureux avec la clientèle, et les personnes partageant votre même passion.
Et par le suite vous pourriez vous-même organiser des petits séminaires récréatifs ( rémunérés) pour former l'éveil des enfants à votre discipline.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Heloise49
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Inscription : 29 mai 2021, 11:53

Re: Changement professionnel et phobie sociale

Message par Heloise49 »

Merci pour votre réponse.
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