Dissociation d'origine traumatique

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Fabien Castrique
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Re: Dissociation d'origine traumatique

Message par Fabien Castrique »

Avez vous consulté un psychologue ?

votre texte m'évoque une hypersensibilité, vous vous PROTEGEZ de votre sensibilité par peur qu'elle vous détruise, il faut vous reconnecter avec vos émotions primaires, lâchez prise et ne pas avoir peur de craquer par moment. je pense qu'il important de consulter dans votre cas, le dialogue de visu avec un professionnel, ça me parait un bon compromis.....

Bonne journée

J.C
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19336
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Dissociation d'origine traumatique

Message par Dubreuil »

Sous le terme « psychotraumatismes », on entend « toutes les conséquences psychologiques de la confrontation brutale d’un individu à une agression ou à une menace pour sa vie ou celle d’autres personnes présentes lors de l’agression ». Ce sont des troubles plus fréquents qu’on ne pourrait le croire. Ils vont concerner entre 6 et 10% de la population. Et dans certains cas, ils peuvent conduire à des souffrances psychiques majeures et très invalidantes. Le psychotraumatisme est pourtant un trouble encore très méconnu et bien qu’on sache aujourd’hui qu’un pronostic favorable de l’évolution de la maladie dépend pour beaucoup de la précocité de la prise en charge, même les médecins n’ont pas toujours été formés à les reconnaître. On a tous, bien sûr, entendu parler de « cellules d’urgence médico-psychologiques » après les grandes catastrophes naturelles ou les attentats collectifs. Et les médias mettent volontiers alors l’accent sur le caractère potentiellement traumatique de ces évènements très marquants aussi pour le grand public. Mais, il existe d’autres types de violences plus quotidiennes et moins visibles pour le commun des mortels. Les violences individuelles et en particulier les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants sont aujourd’hui encore banalisées, et même quelquefois vécues comme stigmatisantes. Pourtant, les viols et violences laissent des séquelles indéniables et ont, en particulier, un retentissement sur le développement psycho-affectif des enfants.

Le psychotraumatisme
La réaction de stress immédiat qui se produit suite à un événement de grande violence que l’on aurait à subir est tout à fait « normale ». Elle est « adaptée » aux circonstances et dans la très grande majorité des cas, elle est de courte durée : on parle d’« état de stress aigu ». Parfois cependant, ces troubles vont s’installer dans la durée et de manière plus ou moins grave. Pour certains, ils peuvent être même très sévères. On va parler alors d’« Etat de Stress Post-Traumatique » (ESPT).
L’« Etat de Stress Post-Traumatique » est une pathologie psychiatrique à part entière (qui va concerner entre 6 à 10% de la population sur la durée de toute une vie). Il est deux fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes et est très souvent associé à une dépression et/ou un problème d’addiction à l’alcool ou à d’autres substances.

Au sens strict, on peut craindre un psychotraumatisme lorsque « la personne a vécu, ou a assisté à, un ou plusieurs évènements impliquant pour soi ou pour autrui, une menace, réelle ou évaluée comme telle, mettant en danger la vie ou l’intégrité physique ». La nature de l’événement traumatique constitue le premier facteur de risque d’un Etat de Stress Post-Traumatique. Très clairement, « les catastrophes d’origine humaine sous-tendues par une intention de nuire » sont davantage pourvoyeuses d’ESPT (attentats, agressions, braquages) que les catastrophes naturelles. Ainsi, le viol occasionne 60 à 80% d’ESPT contre 5 à 10% après une catastrophe naturelle et 10 à 30% après des attentats.

Face à un même évènement, chacun réagira différemment. Et même après un évènement traumatique d’une exceptionnelle gravité, tout le monde ne développera heureusement pas un Etat de Stress Post-Traumatique. Il n’y a pas de facteur de personnalité identifié qui prédisposerait à développer un ESPT. On peut même dire que toutes les victimes de violence sans exception sont susceptibles de développer de tels troubles. Tout va dépendre de la nature et des circonstances de l’événement traumatique et de la façon dont il est perçu par le sujet dans son histoire. Car certains évènements traumatiques antérieurs peuvent avoir un rôle vulnérabilisant. La notion de « support social » et « la façon dont l’événement traumatique est perçu par la société » revêtent aussi un rôle majeur. Par exemple, les combattants des deux guerres mondiales étaient considérés comme des « héros de la France » et il y eut (toutes proportions gardées) peu d’ESPT. A l’opposé, la guerre du Vietnam aura fait plus de décès par suicide aux Etats Unis que de morts au combat… C’est la « situation traumatique » qui est « anormale » et non la réaction de la personne face à cette situation. Et la majorité des personnes (75 à 80% environ, tout dépend du type de traumatisme) va réussir à surmonter l’événement traumatique.

En fonction de l’évolution des symptômes dans le temps, on va distinguer les troubles immédiats et post-immédiats (Etat de Stress Aigu) qui sont une réaction normale et adaptative face à un événement violent et grave, et les troubles chroniques (Etat de Stress Post-Traumatique) qui peuvent eux durer très longtemps, voire toute une vie en l’absence de traitement.
Dans les premières heures, différents comportements peuvent se manifester: la personne peut montrer une agitation anxieuse très expressive comme des pleurs, ou au contraire avoir un comportement hyper-contrôlé, apparemment calme et le risque alors est d’en sous-estimer la gravité. L’intensité des symptômes présentés n’est pas toujours en relation directe avec l’intensité de la violence de l’évènement traumatique ce qui peut participer à la sous-évaluation diagnostique. Cette phase de désarroi est transitoire. Mais les sentiments de peur, de culpabilité, de honte sont quasi constants même s’ils sont plus ou moins manifestes. Certaines personnes vont réussir plus facilement à surmonter le traumatisme car elles ont pu, durant l'évènement traumatique, mettre en œuvre tous leurs moyens de défenses physiques et psychologiques, par exemple crier, fuir, élaborer des stratégies. D’autres présenteront des manifestations cliniques initiales plus sévères et inquiétantes ("dissociation péritraumatique", "détresse péritraumatique").

L’Etat de Stress Post-Traumatique
Au delà d’une période d’un mois, on va parler d’Etat de Stress Post-Traumatique, et à partir de 6 mois environ, d’Etat de Stress Post-Traumatique chronique. Parfois, il arrive que l’Etat de Stress Post-Traumatique se déclenche de façon différée chez une personne qui n’avait pas présenté de signes de stress aigu.
Dans tous les cas, l’Etat de Stress Post-Traumatique associe trois grands groupes de symptômes :

1) Le « syndrome de reviviscence »
il s’agit de souvenirs intrusifs de l’événement traumatique, suscités par tout ce qui peut y être associé : un bruit, une odeur, une image… Ces souvenirs sont sources de longues ruminations (ressassements), mais également de « flashbacks », de cauchemars et de réactions de peur. C’est « comme si » l’événement traumatique allait se reproduire. Ces ressassements sont toujours vécus avec une angoisse intense qui peut envahir parfois tout le quotidien.

2) Le « syndrome d’évitement »
la personne va alors éviter toutes les situations qui réactivent l’angoisse. Il peut s’agir aussi bien d’un lieu que de circonstances qui pourraient sembler trop similaires ou même de pensées. Le patient va chercher à « éviter » ses propres pensées en se repliant sur lui-même, dans un monde imaginaire, voire dans l’amnésie de l’événement traumatique.

3) Le syndrome d’hyperréactivité neuro-végétative
ce sont des signes d’« hyper-vigilance » ou d’« état d’alerte quasi-permanent ». La personne va alors pouvoir présenter des réactions de sursaut ou une grande irritabilité, ou encore une hypersensibilité, ou bien des troubles de l’attention et de la concentration, ou enfin un sentiment de profonde fatigue physique et psychique.

A plus long terme, **l’Etat de Stress Post-Traumatique** peut entraîner de véritables modifications de la personnalité avec une attitude méfiante et hostile, un retrait social, des sentiments de vide et de perte d’espoir, de menace et d’insécurité permanente, de détachement affectif.
**Dans 75% des cas, il existe une pathologie associée** et c’est bien souvent à cette occasion qu’est fait le diagnostic : - les dépressions sont très fréquentes (50%), mais également les troubles anxieux (attaques de panique, agoraphobie, trouble anxieux généralisé), les conduites suicidaires (particulièrement chez les victimes de violence sexuelle dans l’enfance), les troubles du comportement alimentaire, troubles du sommeil et les troubles sexuels. Les addictions (alcool, drogues) vont concerner 30 à 50% des patients.
Lorsqu’ils ne sont pas pris en charge, les psychotraumatismes peuvent avoir des conséquences lourdes sur la vie affective, sexuelle, professionnelle, sociale.

Dans la première période de stress aigu (état de stress aigu), il est important de consulter auprè d’un spécialiste. Celui-ci saura donner les premiers conseils et orienter sur les démarches à suivre. Il ne va pas prescrire en principe de médicament. Quelques consultations sont cependant souhaitables pour dépister précocement l’éventuelle apparition d’un Etat de Stress Post-Traumatique. La grande difficulté, dans les moments qui vont faire suite à l’événement traumatique, tient surtout au caractère assez peu prévisible d’une évolution de l’état de stress aigu à celui d’Etat de Stress Post-Traumatique.
Il est particulièrement important de faire établir un certificat médical initial, même en l’absence de toute blessure physique. Ce certificat doit être préférentiellement établi dans une consultation spécialisée. Il sera la pièce essentielle tant dans le contexte d’une procédure judiciaire que pour la prise en charge des soins ou pour faire reconnaître un éventuel accident du travail.
La psycho-éducation peut avoir également un rôle essentiel. Le simple fait de se voir expliquer par un spécialiste que les symptômes ressentis n’ont rien d’ « anormal », le fait de s’entendre décrire par avance les différentes possibilités d’évolution peuvent soulager considérablement l’angoisse légitime de la personne et de ses proches.
Il existe également des brochures explicatives qui sont disponibles dans toutes les consultations spécialisées. S’il s’agit d’un Etat de Stress Post-Traumatique constitué : Le traitement repose d’abord sur les psychothérapies spécifiques :
*** Thérapies cognitivo-comportementales surtout, la thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing, très utilisée dans cette indication. Cette technique apparue dans les années 90 permet d’aider au retraitement des informations dans le cerveau avec des résultats notables).
*** Les thérapies d’inspiration psychanalytique prenant en compte la spécificité du psychotraumatisme sont de plus longue haleine. Quelle que soit la psychothérapie utilisée, le praticien doit bien connaître les particularités du psychotraumatisme et il est préférable de s’adresser à des consultations spécialisées.
Au niveau médicamenteux : certains antidépresseurs, agissant sur la recapture de la sérotonine, sont souvent prescrits. Ils ne se substituent pas aux psychothérapies, qui sont indispensables à ce stade, mais complètent leurs résultats.

Lisez les posts : " Urgence, c'est le tournant de ma vie." Vous y trouverez encore d'autres éléments.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Dissociation d'origine traumatique

Message par Dubreuil »

(mais j'ai constaté par la suite que cela avait accentué ma déconnection émotionnelle)
*** C'est le but recherché, ne plus " souffrir " de ses traumatismes… Pas de ses émotions " normale ". Mais impossible de savoir ce dont vous parlez sans exemple… faites-le si vous souhaitez bien vous expliquer.
l'EMDR bien maîtrisé est très efficace et donne au contraire une appréciation de la vie exceptionnelle...
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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