Pourquoi n’ai-je que des relations asymétriques ?

[Tristana—]

C’est une question à laquelle j’aimerais trouver une réponse. Je me la pose depuis au moins 15 ans. Et si j’ai des pistes de réflexions, je n’ai pas de solution.

J’entends relations au sens large du terme : on est tous plus ou moins en lien.

Je peux citer différents contextes, le premier me venant à l’esprit est le voisinage.

- Quelques années auparavant ma mère et moi étions en train de discuter quand le voisin s’est mis à frapper contre le mur.
On ne parlait pas fort. Mais n’aimant pas déranger nous avons fait un effort pour baisser le ton d’un octave.
Au cas où ils me gêneraient (ce qui ne s’était jusque là jamais produit) je n’hésiterais pas à employer la même méthode.
Quelques semaines plus tard, je leur ai donc fait comprendre à mon tour mon désir de calme.
Sauf que le type s’est mis à taper en retour contre le mur, est venu sonner chez moi, m’a fait un signe de la main (c’étaient des polonais) d’attendre et m’a jeté par terre des boules quiès. Nul va s’en dire que je ne me suis pas donnée la peine de les ramasser.
J’ai été extrêmement blessée par sa réaction , cela d’autant plus que notre voisine commune avait déjà aussi taper contre leur mur (je le tiens d’elle) et ils n’ont absolument pas réagi de cette façon.

Pour rester dans le cadre du voisinage, j’ai un deuxième exemple avec deux autres personnes : étant dérangée par le bruit d’à côté (les polonais ont laissés place à un coréen et un autre a pris la place de mon ex voisine du bout du palier) je frappe contre le mur assez discrètement mais assez fort pour qu’il comprenne que cela lui était adressé. N’ayant pas de réponse ni de changement de comportement, je sors de chez moi et sonne chez lui. A ce moment là, notre voisin commun sort et me dit : « Le bar d’en face c’est pire » et je ne sais plus ce qu’il a rajouté d’autre.
J’aurais aimé qu’il ne s’en mêle pas. On est déjà aller dîné au restaurant ensemble et lorsqu’on est rentré il m’a lâché : « Tu as des amis » ? C’était un peu sorti de nul part. Mais toujours est-il que sa remarque avait retenue mon attention et m’avait légèrement piquée. Lui, c’est le genre de type à faire des réflexions déplacées quand on se connaît depuis une semaine à peine. Les gens ont besoin de limites, ce n’est pas réservé aux enfants.
Il n’avait pas sa langue dans sa poche et il ne fallait pas empiéter sur sa liberté (ce qui est tout à fait compréhensible) alors quand son compatriote a fait trop de bruit, il n’a pas hésité à aller chez lui et je n’avais rien à dire ! « Va te coucher toi ! » fut sa réponse lorsque je lui ai demandé ce qui se passait. Et il a eu affaire à ce voisin plusieurs fois !

Quant au troisième épisode flagrant de relation à sens unique que je pourrais raconter, c’est au sujet d’un ex collègue : il disait me raconter beaucoup plus de « choses » qu’aux autres car il était « bien » avec moi. Il disait aussi se permettre plus de largesses pour les mêmes raisons. Sauf que je n’avais pas le même regard que lui sur cette situation.
Certes, on s’entendait bien. Mais il était inquisiteur et je l’avais à plusieurs reprises remis à sa place avec finesse. Cela ne l’a pas empêché de recommencer.
Il a été ironique, sarcastique et ne s’est pas empêché pour m’envoyer balader à plusieurs reprises. Il s’est épanché avec passion sur les problèmes qu’il avait rencontrés avec une de ses anciennes collègues. Je lui avais juste répondu que je n’étais pas le bon interlocuteur, venir se plaindre à moi n’arrangerait rien.
Par contre quand j’ai évoqué de légères difficultés avec X, il m’a répondu, non sans culot : « Tu as vu, tu te plains encore ! »
Je ne me suis pas étalée plus que lui, loin s’en faut ! Je lui ai donc fait remarqué, suite à quoi il m’a répondu : « Oh, un peu d’humour ! »
J’aurais dû lui dire cela lorsqu’il m’a littéralement vomi dessus ses problèmes. Mais je ne l’ai pas fait. Je fait sûrement preuve d’un excès de délicatesse, me retombant immanquablement dessus.

Je me demande donc si ces (non) relations ne seraient pas dû au fait que je renvoie l’image d’une personne solitaire et vulnérable (bien que ne me considérant pas ainsi ).
Par deux fois, à deux endroits différents, une personne est venu sonner chez moi et est repartie sur le champ. La première fois c’était un amie de la voisine avec laquelle j’avais sympathisé. Il ne me connaissait pas et réciproquement. Je me demande ce qu’elle lui avait dit à mon sujet pour qu’il ait une attitude aussi mature. La deuxième fois, c’était un proche de mon voisin du dessous. A l’instar du copain de la première voisine évoquée, je n’ai jamais parlé avec ce type. Par contre j’ai toujours eu des relations cordiales avec ce voisin.
J’en conclu que j’INTRIGUE. Mon collègue me l’avait justement un jour dit !

Pour couronner le tout, je renvoie très souvent une image physique qui n’est pas moi. Les gens n’étant absolument pas observateurs pensent que j’ai tout juste 30 ans (quand ce n’est pas moins ! ) alors que j’en ai bientot 40. Certes, j’ai un visage doux mais je suis autant marquée qu’une femme de mon âge.
Cette impression faussée de moi me blesse à tel point qu’à chaque critique sur mon apparence j’ai intérieurement envie de pleurer et de me faire du mal.
Bien sûr je parviens toujours à prendre du recul.

Mais je n’ai pas de prise sur la problématique énoncée. Si j’en avais une, je tenterais d’y remédier.

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout.