Compagnon de ma fille en dépression

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Jotiti17
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Compagnon de ma fille en dépression

Message par Jotiti17 »

Bonjour,
Ma fille de 16 ans sort avec une fille de 18 ans.
Cette dernière est en profonde dépression depuis de nombreuses années et se mutile régulièrement.
Je m'inquiète énormément pour ma fille, j'ai peur que cette relation la fasse sombrer petit à petit dans la dépression, elle aussi.
Doit on, ma femme et moi, interdire cette relation ?
Nous sommes vraiment perdus, peut on nous aider?
Merci beaucoup par avance
Dubreuil
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Re: Compagnon de ma fille en dépression

Message par Dubreuil »

Connaissez-vous cette jeune femme, lui avez-vous déjà parlé ?
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Jotiti17
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Re: Compagnon de ma fille en dépression

Message par Jotiti17 »

J’ai eu l’occasion de la rencontrer une fois, et, il est vrai que je n’ai rien remarqué d’alarmant. J’ai appris sa situation que récemment. En fait, elles sont dans la même école, dans le même internat, ce qui fait qu’elles sont jour et nuit ensemble.
Ma fille est très amoureuse, « mûre » dans sa tête et se confie à nous assez facilement, mais il lui est facile de nous cacher des choses, ce qui est normal de ne pas tout dire à ses parents...
Dubreuil
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Re: Compagnon de ma fille en dépression

Message par Dubreuil »

Ce serait, à mon sens, une erreur de vouloir vous opposer à cette relation, d'une part parce qu'elles sont déjà " ensembles " en internat, et d'autre part parce que votre fille a confiance en vous. Et que si un jour elle a besoin d'aide, vous ne pourrez plus lui en donner.
Si sa compagne se mutile et est dépressive c'est qu'elle a eu sans doute des moments difficiles dans sa vie. Ce serait la pénaliser injustement sans chercher à la connaître mieux, et ne pas avoir l'occasion de vous faire une opinion éclairée sur son comportement avant de constater si oui ou non votre fille est en danger psychique.
Tout dépend de l'éducation que vous avez donné à votre fille, la dépression n'est pas contagieuse. Si elle vous semble " mûre " et équilibrée, leur rencontre peut être autant positive pour l'une que pour l'autre. C'est une façon d'aborder la souffrance d'autrui, et de vouloir lui venir en aide, pour l'une, et pour l'autre avoir une amie, un confidente qui lui permet d'évoluer.
Créer des liens de sympathie avec cette jeune femme vous permettra de mieux " savoir qui elle est ", et vis à vis de votre fille, c'est lui montrer que vous respectez ses choix sans la juger, et que vous lui accordez votre confiance.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Compagnon de ma fille en dépression

Message par Dubreuil »

Se mutiler c'est se punir.
Se mutiler c'est se sentir coupable de ne pas être celle ou celui que l'on pense que les autres voudraient que l'on soit.
C'est se dire que l'on déçoit. Que si on est violenté(e), grondé(e), humilié(e) c'est qu'on le mérite et que c'est bien fait pour nous. Et on en rajoute parce que l'on s'en veut de supporter cela et d'être à la fois aussi méprisable.
Se mutiler c'est faire un temps que la douleur physique soit plus forte que la douleur morale.
Se mutiler c'est au moins faire ce que l'on veut sur soi et de soi, " on a pas décidé de notre naissance, on peut au moins décider de notre souffrance."
Se mutiler c'est jouir. D'une certaine façon, se donner du plaisir.
Se mutiler c'est se punir d'avoir l'impression de n'être rien pour l'autre, de ne pas être aimé(e), ni apprécié(e), ni entendu(e).
C'est ne pas trouver les bons mots à dire aux bonnes personnes, et de les faire sortir avec le sang. Comme faire sortir sa colère sans faire de mal à l'autre.
C'est aussi avoir des idées de meurtre, de " mauvaises " pensées sur celui ou celle qui nous empêche de vivre, de parler, d'évoluer, et d'avoir trouvé ce seul moyen pour ne pas aller encore plus mal.
Enfant, adolescent, c'est savoir que nous sommes dépendant de l'adulte, de l'autre, des autres, et qu'il faut ravaler la colère et sa haine, attendre, toujours attendre pour être libre.
C'est avoir envie de secouer l'autre en lui disant tout le mal qu'il nous fait, tout le mépris que l'on a pour lui, et tout l'amour qu'on lui voue.
Chaque fois que vous vous mutilez vous appelez à l'aide. Ce sont des tentatives de suicide pour résoudre à tout jamais ce que l'on ne sait pas exprimer, mais qui, quand on se fait du mal physiquement, cesse un temps de nous faire du mal moralement.
Si on se punit sans savoir pourquoi, c'est que dans son enfance on a cru être méchant et mériter que l'on ne soit pas aimé comme on voulait. Et comme on ne peut pas exprimer sa colère de ne pas être aimé, comme on ne peut pas en vouloir à ses parents ou autre, comme ils sont plus forts que nous, qu'ils sont tout-puissants, et que ce serait encore pire si ils savaient qu'on leur veut du mal parce qu'ils ne nous aiment pas, alors on se fait du mal à soi.
On se punit de ne pas savoir se rendre " aimable ".
Un peu comme si l'on se disait :
- C'est bien fait pour toi si on ne t'aime pas, tu ne mérites pas qu'on t'aime, allez prends ça, et encore ça !
Et bien sûr que ce n'est pas de la faute de l'enfant.
Bien sûr que ce sont les adultes qui sont violents et imposent à l'enfant leur bêtise, leur injustice, des coups ou mauvais traitements psychologiques !
Mais l'enfant croit que c'est normal, que c'est de sa faute, qu'il le mérite.
Alors il se punit d'être puni.
L'automutilation est due à beaucoup d'éléments propres à chaque personne, mais il en ressort toujours qu'elle se pratique sous le coup d'une grande souffrance morale, d'une intense culpabilité ou d'une croyance erronée basée sur des sévices psychiques ou corporels infligés par autrui et qui ont fait croire au sujet qu'il n'était pas digne d'être aimé, parfois même de vivre.
L'automutilation est également associée au masochisme extrême ou la jouissance de se faire mal, pour se punir d'une faute jugée impardonnable, est à un moment donné plus forte que la douleur physique et morale. Le sujet en éprouve alors une paix intérieure de quelque durée, jusqu'à ce qu'il se sente obligé de recommencer.
( Vous pouvez rencontrer ces symptômes psychiatriques, par exemple dans la religion catholique où des " saints " sont décrits comme se flagellant afin de se punir d'avoir eu des gestes ou des pensées impures. )
Le masochisme est très difficile à " guérir ", car il a souvent son écho avec une jouissance sadique provoquée par une autre personne, ou retournée contre le sujet lui-même, par lui-même.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Compagnon de ma fille en dépression

Message par Dubreuil »

*** Vous êtes réticents en constatant que cette jeune fille est " en profonde dépression ".
Cependant, en psychiatrie, ce terme n'est employé que pour LA MELANCOLIE, qui est un état dépressif très grave, se soldant toujours par un suicide jusqu'à ce que les tentatives infructueuses aient abouties.

La dépression est de facettes multiples, comme un état de démotivation intense, ou de simples phases de fatigue morale, et la plupart du temps, c'est une dépression " réactionnelle ", à la suite de faits douloureux, ou très anxiogènes dans la vie du sujet. Sur cet état qui est " justifié " par une fatigue nerveuse intense, mais salvatrice, ( * comme un cri d'alarme où la personne prend conscience qu'elle doit s'arrêter dans les choix de vie qu'elle a fait, qu'elle ne peut plus continuer ainsi ) se greffe la plupart du temps? et malheureusement, des traitements médicamenteux psychiatriques abusifs, qui a eux seuls provoquent une chronicité dépressive !
C'est dire que la personne qui a été " droguée" ( médecine psychiatrique ) au lieu d'avoir été PARLER à un psychologue, rentre dans une spirale infernale et mortifère.
La dépression peut également arriver brutalement en réaction d'un traumatisme subi dans l'enfance, non parlé et travaillé, enfoui des années durant dans l'inconscient.

Pour bien faire la différence entre " dépression ", et profonde dépression :
lA MELANCOLIE est un état de dépression intense vécu avec un sentiment de douleur morale, et caractérisé par le ralentissement et l'inhibition des fonctions psychomotrices et psychiques.
Cette dépression profonde de l'humeur est marquée par:
une inhibition psychomotrice (perte de l'initiative, ralentissement psychomoteur, parfois état de stupeur...);
une douleur morale intense avec désespoir, anxiété majeure et auto-dépréciation
des idées délirantes sur le thème de l'indignité, de la culpabilité ou de la ruine
un risque suicidaire élevé.

La mélancolie est un versant grave de la dépression. Elle s'inscrit de ce fait dans la PMD (ou Psychose Maniaco-Dépressive). C'est alors l'opposé de la manie.

Syndrome de Cotard:
dépression très importante;
délire sur le thème d'une transformation des fonctions corporelles, voire leur négation;
hypocondrie sans entrevoir l'espoir d'une guérison.
C'était la "mélancolie vagabonde" des anciens médecins arabes. Hippocrate y voyait de son côté les effets d'un excès de "bile noire chaude".

Signes cliniques
La mélancolie représente la forme majeure des états dépressifs. Qu'elle soit réactionnelle à un événement ou d'apparence spontanée, elle s'installe progressivement sur plusieurs semaines. Il n'existe généralement aucun rapport compréhensible entre les symptômes mélancoliques et la situation familiale ou sociale du patient. Cependant, un événement psychologique émotionnel a pu jouer le rôle de facteur déclenchant.
Début : le début est habituellement progressif et insidieux. Pendant quelques semaines le malade se sent envahi par le découragement, l'insécurité. Il devient sombre, pessimiste, morose, sans élan. Son humeur est triste. La fatigue et un malaise général lui font cesser ses activités sociales, professionnelles... etc.
"Je ne suis plus comme avant" se dit-il. Sa volonté s'effondre et il se désintéresse de toute distraction. Il se reproche de ne plus aimer comme avant les siens, d'avoir vis à vis d'eux une certaine indifférence. On observe des troubles du sommeil, une insomnie précoce et constante. Quand il parvient à s'endormir, c'est pour se réveiller définitivement au bout d'une heure. Le patient éprouve des sensations physiques pénibles dans le corps, maigrit, souffre de céphalées... L'entourage commencera à s'inquiéter au vu de ces troubles.

Période d'état
elle se trouve réalisée en quelques semaines, plus rarement en deux ou trois mois. L'aspect du mélancolique est pâle, prostré, immobile, muet ou ne proférant que plaintes et gémissements. Son visage devient tragique, ses traits sont décomposés. Au niveau du comportement alimentaire, le patient refuse toute nourriture. Il déambule lentement jour et nuit en proie à une angoisse très perceptible. Chez les femmes, on constate souvent une aménorrhée. Le ralentissement du tractus digestif entraîne des constipations, de l'aérophagie. Le patient a un pouls inconstant, une tendance à l'hypotension. Quand il communique, c'est pour s'accuser de fautes antérieures ou demander qu'on mette fin à sa vie. Il existe alors un grand risque suicidaire (impulsion-suicide).

Le syndrome mélancolique comprend une humeur triste, un ralentissement idéomoteur, des idées de suicide, une réticence aux sollicitations, des insomnies, des troubles digestifs, une perte d'appétit, un désintérêt global. La communication, quand elle démarre, est lente, les réponses sont proférées à voix basse, entrecoupées de soupirs. Le discours est centré sur le patient, rien d'autre n'existe. Toutes ces idées pessimistes orientées vers la faute ou le malheur ont pour conséquence les conduites suicidaires du mélancolique.

La réticence
c'est un symptôme très fréquent, à tous les stades de cette maladie. Le malade ne parle pas, ou bien parle mais dissimule, diminue, amoindrit les troubles psychiatriques qui l'envahissent. Il taira en particulier les idées de suicide. La réticence est un signe de dangerosité, notion que le soignant devra avoir régulièrement à l'esprit, que ce soit lors des entretiens infirmiers, ou dans le quotidien du service d'hospitalisation. Une amélioration apparente pourra n'être qu'une façade pour endormir la surveillance.

Mélancolie stuporeuse
dans cette forme pathologique, le ralentissement idéomoteur est maximum. Au cours de l'état de stupeur mélancolique, les mouvements volontaires sont suspendus, et il existe une véritable sidération des activités motrices de l'expression. Le visage est inexpressif, figé dans une mimique de tristesse intense. Les paupières sont immobiles, le regard est fixe, des larmes apparaissent parfois. Attention: les idées mélancoliques demeurent très actives et il faut craindre le raptus de suicide chez ce patient. On note une opposition à tout essai d'alimentation;

Mélancolie anxieuse ou délirante
le ralentissement idéomoteur disparaît au profit de l'agitation anxieuse. Le patient ne peut tenir en place, va et vient, guette aux portes. Il est aux aguets, se lamente, essaie de fuir devant un danger imaginaire. La peur est l'élément dominant de cette forme de mélancolie, et elle est vécue comme une véritable panique. Le mélancolique anxio-délirant est en proie à une dramatique agitation. Dans certains cas on notera la présence envahissante d'un délire à thème de persécution, ou hypocondriaque (certains auteurs classeront la mélancolie délirante dans une catégorie distincte de la mélancolie anxieuse).

Formes étiologiques : Psychose maniaco-dépressive
La mélancolie représente la phase d'humeur triste et de sentiments dépressifs d'une affection mentale caractérisée par l'alternance d'accès mélancoliques et d'accès maniaques. Ces accès aigus sont séparés par un intervalle au cours duquel le sujet vit 'normalement', en parfaite relation avec son entourage, sans souffrance majeure.
La mélancolie peut aussi représenter la seule forme de renouvellement des accès (mélancolie intermittente, ou PMD unipolaire). Le début de l'affection se situe avant la quarantaine. La période d'état est représentée par un accès de mélancolie franche et aiguë. On recherchera pour confirmer le diagnostic: la fréquence des antécédents familiaux (mélancolie et manie), le caractère cyclothymique du patient avec tendance fondamentale à des oscillations de l'humeur... le pronostic à long terme est celui de la récidive, surtout s'il existe une répétition fréquente des accès dès le jeune âge.

Mélancolie d'involution
L'accès mélancolique apparaît à l'âge moyen de la vie (après 50 ans) et surtout chez les femmes. Cette mélancolie est caractérisée par une absence d'antécédents psychiatriques personnels, un fond de personnalité obsessionnelle (méticulosité, recherche de l'ordre, entêtement), des craintes hypocondriaques, des manifestations hystériformes avec maniérisme et théâtralisme, de l'angoisse et de l'agitation. Le syndrome mélancolique est alors d'installation progressive, plus souvent modéré que sévère. La mélancolie d'involution survient souvent à la suite de deuils, de difficultés sociales ou professionnelles... etc.
En résumé : des crises de mélancolie, apparaissant au-delà de la cinquantaine, sans passé cyclothymique (c'est à dire sans alternance maniaco-dépressive), doivent faire évoquer une mélancolie d'involution (ou présénile). Cela s'observera plus souvent chez une femme, et aura pu être déclenché par un choc affectif. La présentation du sujet sera particulière, en une sorte d'état mixte où agitation et dépression coexistent, avec de fréquentes manifestations théâtrales (hystériques) et des hallucinations. Son évolution est relativement plus favorable bien qu'il existe néanmoins un risque d'évolution vers un affaiblissement intellectuel progressif, ou vers un délire chronique avec préoccupations hypocondriaques.

Formes symptomatiques
- états mélancoliques symptomatiques d'affections cérébrales ou générales: beaucoup plus rarement un accès mélancolique peut se développer après un trauma crânien, ou au cours de méningo-encéphalites, de tumeurs cérébrales, de troubles endocriniens... etc. ces états pourront également s'observer dans l'épilepsie, ou au cours d'affections générales comme la tuberculose.
- états mélancoliques symptomatiques d'affections psychiatriques: on rencontre ces états dans la phase de début des démences séniles ou préséniles, et de certains délires chroniques comme dans la PHC (ou psychose hallucinatoire chronique). Les dépressions mélancoliques symptomatiques sont généralement transitoires.

Suicide et risque suicidaire
Le risque suicidaire est difficile à évaluer, mais schématiquement on peut opposer deux circonstances:
Celle où il est latent, non exprimé, clairement perçu par l'entourage. C'est la circonstance la plus sérieuse, définissant réellement un "accès mélancolique vrai";
Celle où il est annoncé bruyamment (suicide chantage) au cours d'un état dépressif sur terrain névrotique non périodique.

Le suicide peut se faire sous différentes formes, de façon bien préparée, cachée, ou par impulsion, lors d'un raptus. Le refus d'aliments représente également un moyen de se suicider. Le suicide du mélancolique peut aussi être altruiste. Le patient agit alors pour lui et pour les autres, entraînant son entourage dans la mort.
En fait, on comprend dans les conduites suicidaires: les conduites passives par le refus de s'alimenter, le suicide systématiquement préparé, le raptus de suicide ou impulsion fulgurante à se donner la mort, et enfin le suicide collectif avec véritable massacre familial.
Les moyens de suicide sont multiples (strangulation, coupures, armes à feu, immolation, empoisonnement... etc.).

Le délire
La mélancolie peut revêtir plusieurs aspects. Il pourra ainsi y avoir l'apparition de thèmes délirants (persécutifs ou hypocondriaques) pouvant poser des problèmes thérapeutiques particuliers.

Délire mélancolique aigu de persécution
les idées de persécution sont exposées sur un mode monotone. Elles sont stéréotypées et passives. Elles portent sur le passé, comme par exemple les propos malveillants des voisins, la méchanceté d'un collègue... etc. Il y a une conviction absolue du patient. On note de fréquentes interprétations, des illusions (un visiteur est pris pour un policier qui vient l'arrêter), et l'absence habituelle de réactions hétéro-agressives. Le persécuté mélancolique ne devient jamais persécuteur. Il ne riposte pas, mais a tendance à se soustraire par la fuite, le suicide ou l'automutilation. L'évolution après l'accès mélancolique pourra parfois se faire vers une forme chronique (délire de persécution post-mélancolique) où le patient conservera ses idées d'auto-accusation ou se mettra à solliciter les autres pour les supplier de cesser leurs persécutions;

Délire hypocondriaque de négation
Les idées hypocondriaques sont marquées par la bizarrerie et le fantastique. Ce sont généralement des idées de damnation, de négation d'organes. Le corps du patient n'existe plus, le foie ou l'estomac sont pourris, les intestins sont bouchés. Il pourra aussi y avoir un animal qui habite dans leur corps. Idées de transformation ou d'énormité corporelle externe... etc. L'évolution après l'accès mélancolique verra parfois se chroniciser ce délire, avec l'ajout de thèmes démoniaques, d'immortalité...

Diagnostics différentiels
- Un accès mélancolique peut marquer comme nous l'avons vu le début d'une démence précoce. Cette dépression atypique aura alors tendance à traîner en comportant des symptômes discordants. On notera ainsi entre autres une atonie affective très particulière, bien différente de la panique aiguë du mélancolique vrai.
- Les épisodes dépressifs de la schizophrénie. Se rencontrent parfois en phase prémonitoire de la maladie, parfois au cours de celle-ci.
- Un état dépressif névrotique dépendra d'événements malheureux de l'existence. Les troubles de l'humeur y seront peu prononcés, et on n'observera pas cette douleur morale intense particulière à la mélancolie. De même, le patient n'aura pas trop de difficultés à s'exprimer.
- Une stupeur confusionnelle pourra s'observer au cours des infections par toxiques, après une crise d'épilepsie, dans des cas de névrose hystérique...
- Une stupeur catatonique avec sourires discordants, position fœtale, mouvements parasites des membres s'observera dans certaines formes de schizophrénie. On notera alors aussi le négativisme, l'opposition active aux tentatives de mobilisation, parfois la catalepsie (maintien passif des attitudes même pénibles).

Traitement d'urgence
Cette recherche de la mort et ce refus des moyens de vivre (refus de nourriture, perte des instincts de conservation...) vont dicter une conduite urgente.
Ce sera l'hospitalisation en psychiatrie avec la mise en place d'un traitement antidépresseur (pharmacologie par voie parentérale), ou par sismothérapie (si c'est une question d'heures), associé à une nutrition et une hydratation immédiates.
L'utilisation des antidépresseurs et celle des neuroleptiques sédatifs permettent généralement d'obtenir en une ou deux semaines la guérison de deux cas sur trois. La mélancolie délirante en particulier répond assez bien aux traitements antidépresseurs.
La fin de l'accès mélancolique s'observe habituellement à l'hôpital en quelques semaines: soit de manière brutale, notamment avec les cures de sismothérapie (il faut alors se méfier des rechutes), soit de manière progressive avec les seuls traitements médicamenteux (le risque suicidaire dure alors plus longtemps).

L'ambiance autour du patient doit être faite d'attitude généreuse, de soutien fondé sur la compréhension de la douleur morale.
L'isolement relatif est prescrit selon l'effet des visites sur le patient. La surveillance du risque suicidaire sera constante sans trop peser.
La pose quotidienne de perfusions d'antidépresseur sera l'occasion d'être présent au lit du patient pour l'engager à exprimer son mal-être.
Attention à la levée de l'inhibition qui survient après quelques jours de traitement antidépresseur (entre autre avec l'Anafranil): on associera souvent pour y remédier un anxiolytique ou un neuroleptique (à action anxiolytique et sédative comme le Tercian par exemple).

sismothérapie
la cure d'électrochocs demeure particulièrement indiquée dans la mélancolie anxieuse ou agitée. Elle est précédée d'une exploration minutieuse de l'appareil cardiovasculaire. Le nombre des séances est de 6 à 8 à raison d'une séance tous les deux ou trois jours. Les électrochocs sont faits sous narcose (pour supprimer l'appréhension et l'anxiété) avec prémédication curarisante (pour éviter les risques de luxation ou de fractures).

Traitement d'entretien
On passera de la perfusion au traitement per os (comprimés ou gouttes buvables). La diminution progressive du traitement pharmacologique sera étalée sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Son arrêt total pose toujours un problème délicat.

Évolution
La mélancolie évolue spontanément, d'une manière périodique, dans le cadre de la psychose maniaco dépressive. La fin de la crise mélancolique pourra prendre deux ou trois mois sans traitement.
La découverte de la sismothérapie et des antidépresseurs a transformé le destin des patients.
Les traitements réduisent la durée des crises et évitent généralement ou espacent leur survenue. La fin de l'accès mélancolique est marquée par la régularisation du sommeil et de l'appétit.
Le patient fait généralement la critique des troubles qu'il manifestait. Le pronostic immédiat est bon, le malade retrouvant son état mental antérieur.
Par contre le pronostic sur le long terme doit être réservé car il y a possibilité de nouveaux accès qui ont tendance à se rapprocher au fur et à mesure que l'âge avance. Les rémissions entre les accès pourront aussi avoir tendance à devenir incomplètes.
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