Vague de tristesse

[Amelie A]

Je ne retrouve plus le message que j’ai publié hier alors je le remets maintenant.

Aujourd’hui j’ai du vague à l’âme. Je n’aime d’ailleurs pas ce terme, cousin de trouble : on ne peut vraiment pas pointer du doigt la raison des pleurs à moitié étouffes. La situation actuelle combinée avec le fait de m’être sentie telle une extraterrestre pour une thérapeute doit fortement jouer dans mon mal être actuel. Le comble a donc été atteint pour reprendre ses termes : « Je suis venue avec un trouble anxieux » et je n’ai pas été comprise. Je pense avoir toujours ressenti un sentiment de décalage avec mes pairs : plus sensible à certains bruits, plus réceptive aux dissonances cognitives, plus disposée à ne pas juger trop vite en faisant des associations découlant de stéréotypes. J’aime aller au-delà des évidences et j’apprécie aussi quand les autres adoptent ce comportement avec moi... C’est rare. Me sentir à ma place l’est également. Je me suis toujours sentie plus idiote qu’autrui, sûrement est-ce dû aux insultes et aux coups de mon pères. Mon oncle aussi me disait « T’es bête » ou « Tu brilles mais t’es pas une lumière ». C’est drôle. Je n’ai jamais compris comment on pouvait tenir ce genre de discours à un enfant et pourquoi ma mère ne lui a jamais rien dit. Il parle « sèchement » d’après elle, mais elle n’a pas l’air de comprendre que j’ai été la seule de mes cousins et cousines à m’être pris autant d’insultes de sa part : de mes 10 ans (où il m’a gentiment répondu « ce n’est moi que je prends pour de la merde c’est toi » à ma remarque : « Tu ne te prends pas pour de la merde ») jusqu’à mes 25 ans où tel un volcan j’ai fini par exploser. Si mon père ne s’était pas comporté ainsi avec moi il n’aurait pas agi de cette façon. D’une façon générale je me suis toujours sentie intérieurement très sale et avoir été en échec scolaire a renforcé ce sentiment de non intelligence. Des professionnels de santé ne se sont pas privés pour me le dire. A l’opposé, j’ai entendu « surdouée » comme si c’était ce qu’ils pensaient que j’avais envie d’entendre. Ce n’est pas parce que je suis dans le mental que je suis douée. Je pense m’être intéressée à ce qui touchait l’intellect à partir de mes 9 ans. Cela me donnait un sentiment de pureté intérieur. (Je me suis toujours sentie sale, à commencer par mon échec scolaire
Depuis cet âge j’ai toujours su que je ne me mettrai jamais en couple : l’idée qu’on prenne possession de mon corps m’est intolérable, si un ostéopathe me prends Le Bras pour le manipuler je vais instinctivement le bouger. Je ne supporte pas non plus qu’un inconnu me touche (main sur Le Bras, l’épaule ou ailleurs). Je ne touche personne et je trouve ça très malvenu. Apparemment je suis intrigante : par deux fois et dans deux villes différentes quelqu’un s’est fait plaisir en sonnant chez moi puis en tournant ses talons. La première fois remonte à seize ans en arrière : ma voisine de palier avec laquelle j’étais au préalable sortie boire un verre et dîner chez elle (J’ai aussi dû être un mystère pour elle) avait invité quelques amis à elle. J’entendais la musique. A un moment elle est sortie avec l’un d’eux juste devant ma porte et je l’ai vaguement entendu parler de moi à ce type et lui dire : « Non, ne le fais pas » avant de sonner. La deuxième fois c’était à mes vingt six ans : un ami de mon voisin du dessous est monté à l’étage et s’est amusé à sonner avant de repartir aussi sec. Pourtant, ce sont deux ex voisins avec lesquels j’avais des relations tout à fait cordiales voir plus en ce qui concerne ma voisine de 2004-2005. Peut-être est-ce dû au fait qu’être une femme considérée comme mignonne (ce n’est pas moi qui le pense - Je me hais physiquement) et habitant seule suscite l’incompréhension. Cela doit se sentir : j’ai déjà eu bon nombre de commentaires déplacés à ce sujet. Même mon ex thérapeute m’avait dit : « Si on vous apprivoise vous pourriez avoir des relations sexuelles ? » N.O.N. J’en ai d’ailleurs déjà eues et cela n’a eu comme effet que l’envie d’aller me laver. Cette remarque n’a fait que renforcer mon angoisse. Une ancienne collègue mariée depuis des lustres m’avait dit « Tu te compliques la vie » quant à mon apprentissage du chinois en autodidacte. Si elle savait à quel point je ne pourrais pas avoir la sienne ! Par ailleurs, ce genre de remarques comme celles sur l’apparence physique ou la provenance des vêtements portes me paraît inappropriée. Je me sens bafouée dans mon identité par ce type de commentaire, comme un coup de canif m’étant asséné. Je n’ai jamais compris comment on pouvait déduire des traits de caractère psychologiques d’après un physique. Même en étant bonne observatrice je suis incapable de dire à une personne avec laquelle j’ai conversé en tout et pour tout dix minutes qu’elle « manque de confiance en elle » ou encore qu’elle est « une proie facile ». Je ne me considère ni comme une proie ni comme facile. Mais le physique influe sur le comportement des gens : il m’est arrivé qu’une personne que je ne connaissais pas chuchote dans l’oreille de ma voisine de table alors que j’étais en train de régler un différend de voisinage ou qu’une « présidente » d’une association littéraire bougonne dans l’oreille de sa voisine de table. Il m’est arrivé d’encaisser puis d’exploser. Dans le même ordre d’idées, être tutoyée par des personnes âgées de dix, quinze voir vingt ans que moins que moi ne me flatte pas spécialement. Bien sûr ces attitudes n’ont pas lieues tous les jours, mais assez pour que je puisse les compter par dizaines. Les gens se comportent donc différemment avec une personne au physique « poupin » et en déduisent des faits complètements erronés d’une autre aux allures de catcheurs.
Cela me fait penser aux biais cognitifs. Cela doit m’arriver d’en prendre mais j’ai horreur de cela. J’aime la précision, la netteté et la pureté.

[Cerisier]

Bonjour,

Est-ce que vivre seule et décalée vous rend-il heureuse?

Si non, avez-vous envie de trouver le bonheur?
Que faudrait-il pour que vous vous aimiez et profitiez des côtés positifs de la vie?

Vous ne ressentez pas le besoin d'être en couple et de partager le vrai amour: anticipation des besoins, empathie, respect et désir?

Actuellement je lis le miracle de Spinoza de F. Lenoir.

Spinoza est un des plus brillants philosophes qui a marqué les esprits et fait avancer la démocratie.
Pour lui, la recherche du bonheur est essentielle.
Dans ce livre, F. Lenoir y explique sa pensée et les clés qui mènent au bonheur.
Il m'apaise énormément.

P.s.: ça m'attriste que vous vous sentiez laide et bête.
Vous méritez tellement d'être en paix, heureuse par les moyens qui vous conviennent le mieux.

[Amelie A]

Merci pour ce message et ce titre de livre que je vais noter.

A vrai dire, je n’ai pas l'impression de vivre de façon décalée, ce sont les autres qui me le font ressentir.

Il y a un fossé entre ce que j’aimerais et ce que je pourrais : je ne sais pas gérer l’intimité. Cela provient probablement du fait que je ne connaisse pas mes limites. J’ai toujours tenté de garder au maximum un esprit critique/analytique et je le perds dès lors que je deviens « obsédée » par une personne.

Alors oui pour un rapprochement physique, mais non aux relations sexuelles. Je ne peux pas, cela me dégoûte de moi-même.

[Cerisier]

Votre sensibilité est un don que seules les âmes authentiques possèdent. La plupart des gens en sont dépourvus et jalouseront votre différence.

Pour ce qui est le l'intimité, je ne peux guère vous aider, car moi-même à 33 ans, je n'ai encore eu aucune expérience.

Paix et amour puissent vous accompagner immédiatement et éternellement.

[cleopatre]

Bonjour Amélie,
le fait de vivre toute "intrusion" comme une menace est peut etre du à la maltraitance que vous avez vécu. J ai lu votre mésaventure avec votre précédente psy mais cela vaudrait peut être le coup de trouver un autre professionnel compétent pour travailler cela?
Et puis il y a aussi cette forme d'ambivalence, de mon interprétation:
Des personnes sonnent pour entrer chez vous et finalement ne sont plus présentes à la porte. Et cela semble vous décevoir. Alors finalement peut être "esperez" vous certaines intrusions dans votre monde?
C'est peut être alambiqué mais c'est ce qui m'est venu en lisant votre post.
Vous êtes dans la protection qui semble légitime compte tenu de votre vécu...mais des forces contraires sembleraient vouloir ouvrir un peu plus la porte.
Cela vous parle?

[Amelie A]

Merci pour votre message pertinent.
Oui, vous visez juste concernant la maltraitance et le rapprochement physique.

NON, concernant ce que j’ai raconté vis-à-vis de mes deux ex voisins c’était à chaque fois à une heure tardive et simplement pour embêter : je ne suis pas allée ouvrir puisque les deux personnes en question (une dans chaque ville) se sont sauvés après avoir sonné.
La première fois j’ai entendu « ARRÊTE » avant de la part de ma voisine avant qu’il sonne...ce qui prouve bien qu’il n’avait aucune intention de me demander quoi que ce soit, surtout après 22 heures.

La deuxième fois je les ai entendu dévaler l’étage à toute vitesse en riant sous cape. Et pareil que la première fois, il était très tard.

Donc clairement oui, j’en reviens à mon questionnement sur le fait que j’intrigue.


Cerisier : merci pour votre message !
Je vais aller fouiner pour essayer de trouver le livre dont vous m’avez parlé.

[Amelie A]

* Édit : pour vous répondre Cléopatre et dissiper le malentendu je n’ai pas été « déçue » vis-à-vis des voisins que j’évoque. Vu le contexte je savais qu’ils faisaient ça de façon complètement immature. Je n’espérais donc pas « d’intrusion » dans mon monde, surtout quand j’étais en train de dormir.

Je me suis juste interrogée sur l’image que je renvoie pour que l’ami de deux ex voisins que je connaissais peu aient cette attitude envers moi. Ma mère m’a dit : « Tu dois intriguer ».

D'ailleurs ce sont les propos d’un ancien collègue (« Tu m’intrigues ») d’il y a trois ans qui a eu avec moi une attitude inappropriée.

[survivant60000]

Je me reconnais beaucoup, mais vraiment beaucoup dans votre témoignage.

Courage à vous !

[Amelie A]

Merci !