A 40 ans le « tu fais jeune » ou autre variante me rend malade.

[Romy75]

J’ai 40 ans et je redoute souvent ce moment où allant chez quelqu’un où je rencontrerai des personnes que ne ne connais pas j’aurai à entendre par l’une d’elles : « Tu ne les fais pas ». Déjà, je ne sais pas quel est l’intérêt de dire cela à quelqu’un. Est-ce que ça le rend plus beau ? Des bébés peuvent être laids et des femmes de 70 ans magnifiques.
Je ne comprendrai jamais l’intérêt d’évaluer les gens, que ce soit sur leur âge et/ou sur leur poids. Je ne compte d’ailleurs plus les fois où on m’a sorti « Tu pèses 30 kilos ». Oui, c’est sûr … que pour 1m64 je pourrai marcher 10 kilomètres avec ce poids.

Je ne sais pas ce que les gens mettent derrière le mot « jeune ». J’ai vraiment beaucoup de difficulté à comprendre l’intérêt d’un tel JUGEMENT (oui, un compliment c’est « tu es belle ») et de dire à l’autre l’impossibilité qu’il ou elle a de la reconnaître comme une personne ayant tel ou tel âge.
Surtout que je suis loin d’avoir le visage hyper lisse.

Pourquoi ne pas plutôt dire que les gens ne sont pas forcément très observateurs ?
J’ai l’impression d’être comme une vitrine de restaurant qu’on évaluerait de loin comme sur « TripAdvisor ».
Un visage fin c’est « être jeune » ?

J’ai vraiment envie de pleurer et de me faire du mal à chaque fois que j’entends ça, d’autant plus que derrière se cache souvent de la familiarité : quid du tutoiement de la vendeuse quand j’avais 32 ans et qui devait probablement en avoir 10 de moins que moi ? Quid du « mademoiselle » du glacier lorsque j’avais 37 ans alors que ça a été « madame » pour une jeune femme ayant au bas mot …15 ans de moins ? Quid du tutoiement du contrôleur de train alors que j’étais à quelques semaines de mes 40 ans ? Concernant ce dernier je lui ai demandé « Pardon » et il a pourtant réitéré…
J’en suis venue à me détester. Je reprends souvent les gens en leur disant que dire ça est familier ou que cela me blesse, mais souvent ils réitèrent… C’était le cas d’une professionnelle de santé me l’ayant dit je ne sais combien de fois alors qu’elle savait pertinemment que je n’appréciais pas. Dans la même veine j’ai parfois eu le droit à un grand sourire de mon interlocuteur/ice ou de la personne se trouvant à côté lorsque je répondais « Vous savez quel âge elle a la d’moiselle » ?
Je ne dirais rien non plus sur la très pertinente remarque d’un employé des PTT alors que j’avais 37 ans : « Vous n’avez pas évolué ». (Je venais de lui dire que j’avais plus de 35 ans.
Et je pourrais en rajouter pléthore dans ce goût là.

Cela crée des relations biaisées où je suis souvent testée par l’autre ou il se permet plus de familiarité.

J’en ai rêvé à plusieurs reprises tellement ça me rend malade de ne pas être reconnue dans les années que j’ai passées sur terre.
Ras le bol des comparaisons n’ayant aucun sens !

[Dubreuil]

Il vous faut simplement commencer à apprendre que l'on ne peut jamais que parler de soi.
Se juger, se rassurer, ou se vouloir du bien en jugeant l'autre, c'est rassurant, et cela permet de s'en rendre acceptable. D'espérer s'en faire accepté, aimé.
En rassurant, en flattant l'autre, c'est aussi, ou chercher, la réciproque ou au contraire éviter qu'il s'intéresse à nous.
L'autre ne nous connait pas, et nous ne le connaissons pas, tant qu'il est dans la sphère sociale, tout est conventionnel, il n'existe qu'en miroir.

[Romy75]

Merci pour votre réponse.

Mais où est la flatterie dans le fait que l’autre ne nous voit pas tel que nous sommes ? L’âge n’est pas lié à la beauté !

[Dubreuil]

La flatterie est un leurre pour celui qui en use sans arrière-pensée, c'est ce qu'il pense de lui, ou voudrait être. "C'est rassurant, et cela permet de se rendre acceptable. D'espérer se faire accepter, aimer. En rassurant, en flattant l'autre, c'est aussi, ou chercher, la réciproque ou au contraire éviter qu'il s'intéresse à nous."
La flatterie peut être aussi une manipulation pour obtenir quelque chose.
La beauté est un critère social présenté dès notre naissance, mêlé à l'émotion personnelle que chacun intègre selon ses fantasmes ou ses besoins, elle devient (heureusement) discutable.
La vieillesse fait peur parce qu'elle nous confronte à notre propre décrépitude et notre mort. En disant à l'autre qu'il est jeune (et encore non périssable !) on se rassure au moins du fait qu'il nous rattache nous aussi au vivant.
Nous n'avons pas besoin de flatterie pour exister.
Ce qui vous agace c'est sans doute ce que vous prenez comme un manque d'authenticité de la part des autres. Mais elle est en vous.
Définissez simplement si la personne en face de vous est sincère. Sinon, aucune importance. Parfois, même si vous ne savez pas trop si c'est honnête, ça peut aussi vous rendre heureuse, n'est-ce pas ?

[Romy75]

Merci pour cette réponse élaborée.

Non, je ne pense pas manquer d’authenticité. En tous cas je ne sais pas à quels égards j’en manquerais.

Non, cette remarque me rend malade au possible car c’est la porte ouverte aux relations biaisées et aux familiarités sous prétexte que l’autre me voit de telle ou telle façon.

Je suis tout à fait d’accord sur ce que vous dites au sujet de la beauté. Mais ce n’est pas ça qu’on me dit !

[Dubreuil]

*** Vos propos révèlent une souffrance identitaire.
Vous vous focalisez beaucoup trop sur l'apparence, et le côté narcissique qu'il engendre.
Vous semblez ne pas pouvoir faire l'impasse sur le "jugement" de l'autre, étranger à vos propres émotions.
Peut-être avez-vous d'autres intolérances ?
Cette "susceptibilité" demanderait à être approfondie avec un(e) professionnel(le) tant elle paraît importante dans votre personnalité.
Une telle exaspération, un tel rejet, peuvent être justifiés par un événement peut-être occulté.
Evitez la pathologie.

[Romy75]

Je suis d’accord avec certaines de vos phrases.
Je l’ai toujours sentie de cette manière. J’ai une grande colère intérieure et je crois savoir pourquoi.

Par ailleurs, je me suis peut-être mal exprimée en parlant de beauté : je ne veux pas spécialement qu’on me dise « belle ». A vrai dire, c’est du superflu. Je disais juste qu’à mon sens c’était plus élogieux que le « tu fais jeune ». Pour moi ça a plus de sens.

Vous pensez à une pathologie en particulier quand vous dites « évitez la pathologie » ?

[Dubreuil]

Vous pensez à une pathologie en particulier quand vous dites « évitez la pathologie » ?
*** Non, je dis seulement qu'il serait justement prudent d'expliquer de visu à un psy ce que vous ressentez pour éviter d'avoir des symptômes dont pour l'instant personne ne peut augurer puisqu'à part votre agacement vous ne parlez de rien d'autre.

[Romy75]

*** « Peut-être avez-vous d’autres intolérances? »

Oui, tout ce qui est de l’ordre de l’évaluation complètement subjective. Quand on me sort des débilités du style : « Tu dois faire 30 kilos » ou que j’entends « comment elle fait pour tenir sur ses jambes » juste parce que je suis étroite d’épaules ça me peine. Je marche énormément et je ne sais pas comment je pourrais faire avec « 30 kilos ». Dans un autre contexte, qu’une personne ne pouvant faire 4 kilomètres à pieds (ma voisine qui pour le coup est plus que mince) se compare à moi alors qu’elle peut à peine marcher, me fait mal. Elle s’est déjà étonnée quand je lui ai dit les distances que je faisais. Une de ses remarques a été : « Mais c’est loin » ! Elle m’a aussi demandé si je connaissais « Uber ».
Je connais surtout mes jambes.

Dans un tout autre contexte je ne tolère pas les gens bruyants; je suis très vite submergée par celui-ci : portes que les gens laissent négligemment claquées, télé écoutée à fort volume alors que le bâtiment dans lequel je vis est une passoire phonique, personnes qui parlent fort, musique mise a n’importe quelle heure du jour et de la nuit etc…
Il en va de même pour les gens qui écoutent dans un lieu public (bus ou lieu de transit où l’on peu s’asseoir) leur vidéo/musique sans casque ou écouteurs.
Cela m’a d’ailleurs déjà valu un « She is crazy » pour avoir eu l’audace de demander une fois dans le bus à une jeune femme de baisser le son de sa vidéo. Pourtant je prends sur moi.

[Dubreuil]

Dans un tout autre contexte je ne tolère pas les gens bruyants; je suis très vite submergée par celui-ci : portes que les gens laissent négligemment claquées, télé écoutée à fort volume alors que le bâtiment dans lequel je vis est une passoire phonique, personnes qui parlent fort, musique mise a n’importe quelle heure du jour et de la nuit etc…
Il en va de même pour les gens qui écoutent dans un lieu public (bus ou lieu de transit où l’on peu s’asseoir) leur vidéo/musique sans casque ou écouteurs.
*** Réaction tout à fait normale pour les personnes éduquées, polies et respectueuses.