Masque permanent avec les autres

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Aminalola
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Masque permanent avec les autres

Message par Aminalola »

Bonjour. Cela va être un peu long. Il y a des choses que j'écris ici que je n'est jamais dis à personne et je me sens plus a l'aise à le partager ici anonymement. Alors voilà...


J'écris parce que je vis des moments difficiles psychologiquement ces temps-ci. Je me questionne sur plusieurs choses sur moi-même. D'abord, c'est hier que j'ai réalisé que j'ai été victime d'intimidation presque toute ma vie, et ça je n'en ai jamais parler à personne. (J'ai les larmes aux yeux en écrivant ça.)

Je me suis toujours demandé pourquoi je ne parlais jamais à l'école et pourquoi j'allais rarement vers les autres. Mes proches aussi se le demandait. Honnêtement, je l'ignorais jusqu'à hier. J'ai fais quelques recherches sur Internet et il paraît que les gens ayant été victimes d'intimidation durant leur enfance en sont souvent affectés dans leur vie adulte.

J'ai toujours eu ce sentiment de honte vis-à-vis mon physique parce que les gens autours de moi se moquaient de ma grosseur, et j'ai développé par la suite d'autres complexes physiques parce que je me sentais différente des autres. Je n'ai jamais été bien dans ma peau, pas même lorsque j'ai perdu beaucoup de poids dû à ma maladie.

Je ne me souviens pas d'une fois ou j'ai été complètement moi-même avec une amie si ce n'est que quelques fois, que je peux compter sur les mains. Au secondaire, j'ai tenté d'être moi-même une seule fois et j'ai sentie certaines de mes amies m'exclure, alors que je me sentais déjà bien assez exclue.

Je ne parles plus à la majorité de mes amies du secondaire et j'en avais déjà que bien peu... Maintenant, je n'ai plus que deux personnes que je considère comme amie mais déjà là, je ne me sens pas 100% moi-même. Il y a toujours quelque chose qui vient me bloquer. Manque de confiance en l'autre peut-être? Probablement.

Honnêtement, je ne sais vraiment pas quoi l'avenir me réserve côté social. J'ai l'impression d'avoir raté ma vie (socialement). Les seules personnes avec qui je me sens moi-même sont les gens avec qui j'ai toujours vécu, soit ma mère et mes deux frères. À part eux, j'ai l'impression d'afficher un masque 24hrs/24hrs avec les autres.

Je pense que j'ai développer une sorte de barrière protectrice contre les autres. Je suis quelqu'un de quand même assez méfiant. Çà me prends beaucoup de temps pour faire confiance à quelqu'un et part le fait même je me sens proche de personne.

Ça m'a frappé aux yeux aujourd'hui. Je n'ai vraiment pas beaucoup d'amis. Quand je me compare à mes frères, je vois que les seules amies que j'ai ne sont pas si proche de moi. J'ai toujours été une enfant calme qui ne sortait jamais de la maison, contrairement à eux.

J'ai souvent ce sentiment d'infériorité, ou bien de jalousie quand mes amies parlent ou ont l'attention d'autres personnes. Je me sens vraiment pas à la hauteur. Je me dis qu'elle a ça, ça et ça et que personne ne s'intéresse à moi ou veut me parler. Ce qui est ironique est que quand quelqu'un vient me parler, je me sens terriblement gêner et je souhaite que la conversation soit se termine le plus rapidement possible. C'est un vrai cycle sans fin!

Je ne sais vraiment pas quoi faire pour améliorer ma situation. J'essaie de sortir plus mais rencontrer du monde m'est presque impossible parce que je ne sais jamais quoi dire, ou si la personne à envie de me parler ou si c'est approprié (genre, j'ai rencontrer la personne une fois mais on s'est juste dit bonjour, alors là je suis bloquer. Je sais pas si je dois le saluer en premier ou non ou si je dois dire quelque chose d'autre pour entamer la conversation(ce que je déteste au plus haut point) mais le plus souvent soit je souris ou soit je passe mon chemin et ignore la personne. Est-ce que se serait là de l'anxiété sociale? Probablement.

À l'école, je pense que je souffrais d'anxiété sociale, et le fait que d'autres personnes pouvaient le voir me paralysait encore plus et me faisait me sentir encore plus honteuse. C'est probablement pourquoi je n'ai jamais voulu parler à qui que ce soit à l'école. À chaque fois que je parlais, soit je bégayais ou je n'articulais ou ne parlais pas assez fort et quand les autres le soulevait je me sentais vraiment honteuse.

Je ne suis pas quelqu'un du genre à parler de mes émotions avec les autres alors j'ai toujours tout garder pour moi. Personne, pas même ma famille, ne le sait. Et quand on me demande pourquoi je ne parlais ou m'affirmait pas avec les autres, cela me blesse, et je n'ai vraiment pas envie d'expliquer à qui que ce soit ce qui m'est arrivé. J'éprouve un profond sentiment de honte permanent.

Je me suis toujours demander pourquoi j'étais comme ça alors que les autres pouvaient être eux-même, parler fort et dire tout ce qui leur passe par la tête alors que j'en étais incapable. Même lorsque j'essaie, je sens mon cœur battre très fort, je balbutie et je tremble car ça me rends extrêmement nerveuse.

Je ne sais pas comment m'en sortir. Depuis la fin de mon secondaire, je me demande s'il faudrait que j'aille voir un psy mais je n'en ai pas la force parce que je me sens tellement honteuse de ce que j'ai vécus. Dans ma famille, on n'en parle pas et ma mère ne m'a jamais questionner sur mes relations amicales. Négligence? Probablement.

Je me demande pourquoi c'est souvent les intimidateurs qui s'en sortent, qui ont pleins d'amis et les intimidés qui s'en voit la vie gâcher. C'est complètement injuste. Et il n'y rien que tu peux faire pour changer ça.

J'ai toujours tenu à garder les gens que je sens proche de moi à distance et cela m'a plus souvent fais du mal que du bien. Je pense à toutes ces personnes avec qui si je n'avais pas repoussé ou agis de manière méfiante et avec qui j'aurais pu être ami. Et là je me demande franchement pourquoi je n'ai pas d'ami (lève les yeux aux ciel, chercher l'ironie).

En ce qui a trait à l'intimidation dont j'ai fais preuve, cela remonte jusqu'au primaire...

Un jour, un garçon de ma classe à fais un commentaire sur moi devant toute la classe. Je pense que c'est la première fois ou je me suis sentie vraiment honteuse par rapport à mon apparence. À l'époque, j'étais assez développer pour mon âge. En 2e année, j'étais ronde et je commençais déjà à avoir une poitrine et ça paraissait mes moi je ne m'en étais jamais rendue compte. Pendant l'heure du dîner dans la salle de classe avec tout les autres élèves, ce garçon, il se nommait Justin, a reporté une conversation a son ami Jacob qu'il a eue avec un autre garçon de la classe se nommant aussi Jacob. Justin s'est accompagné de geste tout en disant ça et il me disait de me retourner pour pas que je vois ce qu'il fais mais j'entendais tout alors je me suis retournée pour voir ce qu'il faisait et c'est là que j'ai vu et entendu. Il riait et certains autres élèves aussi. Ce moment était très court mais ça m'a parût comme une éternité. J'avais tellement honte, je voulais disparaître et je sentais que des larmes menaçaient de couler. Après ça, certains autres élèves trouvaient ça drôle. Je pense que c'est là que j'ai commencer à regarder par terre quand je marchais devant moi. Ce sentiment de honte était tellement écrasant et je pense qu'il ne m'a jamais quitter. Ça gâcher ma vie et détruit complètement mon estime de soi alors quand les autres m'harcelait ou me traitait mal, j'étais incapable de me défendre.

Depuis ce jour-là, j'ai toujours été très susceptible quand on commente sur mon physique. J'en suis même venue à détester les gens. Ce sentiment c'est accru au secondaire quand j'ai pris beaucoup de poids et les gens me traitait de laide ou de grosse.

J'ai une amie, une des dernières qu'il me reste, qui faisait ça aussi. Je réalise maintenant qu'elle était amie avec moi que parce qu'elle me trouvait plus ''basse'' et que cela ''augmentait'' son estime personnelle. Elle me rapportait souvent des commentaires qui me faisait me sentir mal, comme ''t'es lesbienne?'' ou ''quelqu'un a dit qu'il te trouvait laide''. Elle a aussi profiter de moi plusieurs fois et me traitait mal parce que je ne savais pas comment bien me défendre. Je ne comptes plus le nombre de fois qu'elle m'a convaincu d'acheter des affaires pour elle. Je pense que j'étais désespérer d'avoir une amie parce que je me sentais pas à l'aise avec ceux que j'avais. Pourquoi? Je l'ignore encore à ce jour.

Bref, je suis encore amie avec elle aujourdhui (c'est une des seules amies que j'ai mentionné plus tôt) même si je sens qu'elle ne cherche pas à être proche de moi ou quoi que ce soit. Elle est très égoïste et à chaque fois qu'on organise une activité c'est presque toujours à son avantage à elle. Je ne sais pas pourquoi et comment on est devenu amies et pourquoi on l'est toujours d'ailleurs...

Je pense que je n'ai jamais eu de vrais amis et que j'en aurais probablement jamais. Rencontrer et parler avec de nouvelles personnes m'est très pénible. Je sens toujours que je dois me forcer: ''Oh, je dois être plus gentille, plus douce quand je parle, ne pas me moquer ou insulter les autres...'' C'est très exigeant et demandant mais j'ai agis de la sorte tellement de fois que c'est devenu ma norme comportementale quand je suis hors de chez moi.

L'intimidation m'a suivit jusque dans mon lieu de travail. Sur le coup, je ne l'avais pas réaliser. C'est une de mes amies proches avec qui j'en ai parler qui m'a ouvert les yeux et je m'y refusait encore à le croire car ça m'apportait un sentiment de honte. J'ai dû malgré tout quitter mon travail parce que cela m'empoisonnait la vie! :(

En ce moment, j'ai peur d'obtenir un nouveau travail parce que je n'ai pas envie que ça m'arrive de nouveau. J'ai l'impression que j'ai subi de l'intimidation toute ma vie et je me demande comment en sortir parce que ça me démoralise. Oui, il faut agir, mais comment le faire si je suis socialement anxieuse? Les gens proches de moi ne s'en rende probablement pas compte. Je vais au gym pour essayer de perdre du poids et cela augmente un peu mon estime personnel mais je me sens toujours extrêmement mal dans ma peau.
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Masque permanent avec les autres

Message par Dubreuil »

Honte de soi, de son histoire, de son image, de ses origines ou, tout simplement de situations vécues, le sentiment de honte se vit, malheureusement, le plus souvent dans le silence. On s'en cache autant qu'on la cache. Pourtant, seule sa verbalisation permettrait de s'en défaire.
La honte est une émotion universelle qui possède sa propre physiologie et ses caractéristiques. Rougissement de la peau, regard baissé, nuque courbée, la honte se caractérise aussi par un sentiment d'indignité, des pensées d'infériorité et de dévalorisation. Elle est le sentiment ressenti lorsque nous, nos actes, notre identité, ne correspondent pas aux normes du groupe auquel nous appartenons, ou souhaiterions appartenir.
Emotion assassine, elle contribue à couper des autres, celui ou celle qui la ressent.
La honte peut, cependant, s’avérer être une émotion socialement utile, car elle, ou plutôt la volonté de l'éviter, nous pousserait à bien nous tenir dans le groupe, à en respecter les règles afin d'en être acceptés ou, tout simplement pouvoir y demeurer. La honte, selon des études menées, posséderait aussi quelques conséquences positives. En effet, des études ont révélé qu'elle rendrait notre interlocuteur plus indulgent et plus enclin à nous aider.
Il est essentiel, dans un premier temps, de savoir distinguer la honte de la pudeur et de la culpabilité. Si ces dernières, la pudeur et la culpabilité, ont, elles aussi, une utilité sociale, leurs conséquences, contrairement à la honte, ne menacent en rien l'intégrité de la personne. Comme l'écrit le psychiatre Tisseron dans son livre « Vérités et mensonges des émotions », « la pudeur protège, la culpabilité sociabilise, la honte désoriente. »
Lorsque le sentiment de honte est expérimenté, ce sont les trois piliers de l'identité, que sont l'estime de soi, l'affectivité et l'intégration dans le groupe, qui se retrouvent menacés.
L'estime de soi, car la honte se transforme en miroir déformant, au travers duquel la personne se perçoit, faisant d'elle une personne indigne d'amour. Une personne habitée par un sentiment d'être perpétuellement en faute. La honte tue toute chance de cultiver une bonne estime de soi. Elle l’entache un peu plus à chaque fois, pour finir par la faire disparaître.
La honte menace tout autant l'intégration sociale que l'affectivité, car ce sentiment provoque, non seulement une rupture avec l'environnement, mais surtout avec soi-même. Au cours de son développement, l'individu, bénéficiant d'un environnement aimant et sain, développe un partenaire privilégié intérieur, qui fonctionne à l'image d'une mère aimante et bienveillante. C'est ce partenaire intérieur qui permet à chacun d'établir ce que l'on nomme le « dialogue intérieur ». Ce dialogue intérieur nous permet le plus souvent de relativiser, d'analyser et de comprendre les expériences que nous vivons, mais aussi d'y faire face avec un certain aplomb. En résumé, c'est cette capacité au dialogue intérieur qui donne à chacun la sensation d'être maître de son monde. Or, la honte brise le contact avec ce qui sert de support à ses émotions, son partenaire intériorisé. ». Avec ce dialogue intérieur tranquillisant devenu impossible, la personne se retrouve privée de support intérieur et, par conséquent, de sécurité interne. Elle devient alors vulnérable, une proie facile pour toutes sortes d'abuseurs. Incapable d'entretenir un dialogue intérieur bienveillant, le sujet n'a d'autre choix que d'aller chercher cette consolation à l'extérieur, ou de se replier sur lui-même. Ainsi, dans des situations d'humiliation, le sujet voit son estime personnelle voler en éclats. Avec un dialogue intérieur apaisant rompu, il est enclin à donner le pouvoir à celui qui vient de le placer plus bas que terre, adoptant ses repères et ses croyances. On comprend pourquoi beaucoup de victimes d'abus finissent par croire qu'elles ne méritent pas mieux ! Car c'est ainsi que pensent leurs abuseurs !
La logique intellectuelle nous amènerait à penser que ces personnes n'ont aucune raison de ressentir de la honte, puisqu'elles ne sont pas à l'origine de l'abus subi. Pourtant, c'est bien ce sentiment de honte qui leur interdit, le plus souvent, de dénoncer l'abus ou même de se défendre. Dans son livre « La force des émotions », le psychiatre Christophe André avance des hypothèses formulées par des chercheurs en ce qui concerne cette honte ressentie par les victimes. L'individu intégrerait les notions d'autonomie et de contrôle comme faisant partie de sa dignité. Dans les situations d'abus, le sujet se voit privé de sa capacité de se défendre, de faire face à la situation, la honte s'installerait alors, car cette impuissance ressentie serait à l'encontre des valeurs de dignité humaine. Le sujet se retrouve honteux de n'avoir pas su se défendre !

« Formuler sa honte, c'est déjà la maîtriser ! », écrit le psychiatre André au sujet de la honte. Car si la honte désocialise, désoriente, il est essentiel de relancer le dialogue, de faire en sorte que la honte n'ait pas une chance de gagner la partie, en coupant l'individu de son environnement. Lorsque une honte est ressentie, il est essentiel de réinstaurer un dialogue avec l'extérieur pour pallier à la rupture de ce dialogue intérieur bienveillant.
En verbalisant l'émotion de notre passé, la honte cesse d'être un vestige morbide pour devenir un appel à la reconnaissance. Lorsque la honte se fait sentir, il est utile de choisir un interlocuteur neutre et bienveillant avec qui dialoguer ( un psy ) afin que ce dernier puisse offrir ce que la honte empêche : un regard accueillant et chaleureux sur son histoire, sur soi-même.
Car « la honte non dite accompagne le glissement vers une indignité toujours croissante, tandis que la honte revendiquée constitue le plus sûr rempart contre le risque d'envahissement. » (André)

Le sentiment de honte est pénible et angoissant à vivre, alors, il n'est pas rare que la honte se dissimule derrière d'autres manifestations, telle une immense ambition ou bien un ego survalorisé.
Il est aussi possible de projeter sa honte sur un tiers, à coup d'humiliation, ou sur un fait de notre histoire, sur un aspect de notre identité. Mais une chose est certaine, elle ne disparaît jamais, elle demeure tapie dans l'esprit et continuera de se manifester sous différentes formes.
Comme l'écrit le psychiatre Tisseron, « si les situations de honte peuvent facilement être oubliées, ses conséquences, elles, ne le sont jamais. Elles subsistent sous la forme de destruction et de fixations qui perturbent à jamais la vie psychique et relationnelle de celui qui en a été un jour marqué. » Ainsi en va-t-il de ce sentiment d'être perpétuellement en faute qui ne serait que la mise en scène de sa honte ressentie passée.
Il est donc primordial d'identifier la honte issue de traumatismes passés, d'accepter de la mettre à découvert en la partageant avec un interlocuteur de confiance et empathique, afin de s'offrir une chance d'en guérir. Car ce n'est pas la honte qui tue à petit feu, mais le silence auquel elle condamne.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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