pleurer après l'amour

[sara1982]

Bonjour
Je suis une femme de 29 ans. J'ai très peu de désir pour mon mari depuis quasiment le début de notre relation (12 ans).
J'ai de plus en plus de dégoût quand nous faisons l'amour (même si j'ai du plaisir physique). J'évite les relations intimes. Je pleure après avoir eu un orgasme.
Je n'aime pas les odeurs corporelles, la moiteur du corps, le contact face à face.

Lors de mon premier accouchement, j'ai ressenti un vécu de "viol" tant la sage-femme m'a étiré le périnée, j'ai eu un stress post traumatique assez important suite à cet accouchement (il y a 5 ans). Ma psychologue m'a amené à comprendre que cette situation faisait écho à une autre, plus ancienne, une sorte de "réactivation".

Je n'ai aucun souvenir d'abus sexuel, d'attouchement.
J'ai des souvenirs particuliers par contre : vers 10 ans je me faisais des scènes dans ma tête, "attachée" sur une table médicale (toujours dans le contexte médical) j'étais "torturée" mais cela me faisait du bien. (plaisir/ culpabilité étaient liés). J'ai trouvé des gants stériles dans la trousse à pharmacie familiale et je "jouais" seule au docteur "méchant".

Je précise également que j'ai été phobique des araignées (principalement la nuit ou le soir), phobie largement atténuée depuis quelques années, en même temps que mon dégoût du sexe prend de plus en plus de place.

La psychologue qui me suivait m'a dit qu'il est possible que je ne me souvienne jamais d'un traumatisme quelconque, mais que le seul fait de savoir qu'il était probable que j'en ai vécu un pourrait suffire à guérir.
Or, je ne vois pas d'amélioration dans mes symptômes, car j'ai un doute : je ne sais pas si j'ai vécu ou pas un traumatisme sexuel. Pourquoi pleurer après l'amour?
J'ai parlé à ma mère qui a du mal à parler de choses perso en général donc pas trop de réponses, elle ne voit pas ce qui a pu me perturber.

Comment puis-je continuer à avancer ?

[enora]

Je donne mon avis de simple lambda:
Et si ce que vous a fait la sage femme avait réellement eu un impact de viol?
Et si la psy se trompait en imaginant un trauma plus ancien?
(parce que l'acte d'enfanter doit absolument être vécu comme un moment heureux dans l'imaginaire collectif)

[Orchidee]

Ce qui m'interpelle c'est aussi ceci:

vers 10 ans je me faisais des scènes dans ma tête, "attachée" sur une table médicale (toujours dans le contexte médical) j'étais "torturée" mais cela me faisait du bien. (plaisir/ culpabilité étaient liés). J'ai trouvé des gants stériles dans la trousse à pharmacie familiale et je "jouais" seule au docteur "méchant".

et

Je précise également que j'ai été phobique des araignées (principalement la nuit ou le soir)

et pourquoi principalement la nuit.

Il est fort probable que ta psy ait raison car tu dis que tes problèmes de couple datent d'il y a 12 ans et l'accouchement il y a seulement 5 ans. Ce qui n'enlève rien à la violence que tu as pu ressentir à l'accouchement, bien entendu, et qui a été vécu comme un viol.

[sara1982]

Tout à fait, je crois que c'est antérieur à mon accouchement et qu'il a réactivé quelque chose.

Fort heureusement j'ai vécu un second accouchement très différent, une expérience forte et pas du tout traumatique, enfanter peut aussi être un moment vécu positivement. Notamment grâce au travail thérapeutique qui m'a permis de guérir une partie de la blessure du premier accouchement.

Ce qui me laisse perplexe c'est : comment être sûre que j'ai vécu un traumatisme plus ancien ? comment guérir de mes symptômes actuels ? Je n'arrive pas à me lancer dans une investigation (interroger mes proches par exemple) car je ne suis pas sûre du tout qu'il y ait eu quelque chose.

[Dubreuil]

Le fantasme est tout puissant, et son rôle est justement de n'avoir " rien à voir " avec la réalité. S'il est réalisable il cesse d'être un fantasme, et en général un autre prend sa place.
En thérapie il y a des patients convaincu(e)s d'avoir été victimes d'abus sexuels alors qu'ils ne l'ont jamais été.
En thérapie, c'est peut-être vers l'approfondissement de cette réponse trop facilement " accessible " à votre entendement, que devrait se diriger vos questionnements et associations d'idées.
Avoir dix ans et des fantasmes teintées de scène de sadisme/masochisme, ainsi que de voyeurisme, met tout naturellement en scène les pulsions sexuelles de la période de latence " préparant " à la fois le corps et le psychisme de l'enfant au formidable travail hormonal et mise en lumière de la libido.
C'est souvent à ce moment la que s'intensifie la découverte du plaisir de la masturbation.
Ce qui ne veut pas dire qu'une fillette de dix ans aux prises avec ses fantasmes sexuels les plus naturels ne soit prête psychiquement et physiquement à comprendre et vivre ce qui sous-tend la sexualité de l'adulte.
Il y a une dramatique différence entre ce que l'enfant " se propose " et " se prépare " pour lui-même et à son gré comme sensations érogènes et sexuelles, et la pulsion instinctive, voire bestiale, de l'acte sexuel adulte.

[Dubreuil]

La phobie des petits insectes s'apparente souvent chez l'enfant ( période transitoire ) à la terreur ( fantasme ) que l'un deux ou plusieurs s'introduisent dans ses orifices corporels. Autant de " nuée " de dangers pour un enfant émotif dont le corps n'a pas été " parlé ", expliqué, par l'adulte. Elle peut également faire écho à une carence affective, ou une négligence des besoins élémentaires chez le nourrisson.
Une certaine méconnaissance du nourrisson dans ses besoins fondamentaux ( nourriture, propreté, calme calme, bercements sécurisants, rythmes biologiques, etc.. ) peut engendrer une insécurité psychique. La phobie étant un " déplacement " de la terreur initiale, celle-ci peut donc se porter tout aussi bien sur une " croyance " erronée infantile, que sur la peur irrationnelle des insectes.
Je n'ai cependant pas compris ce qu'avance votre psy quand elle avance que le traumatisme fantasmé d'un viol ou attouchements sexuels pouvait " suffire à guérir. " Que pensez-vous qu'elle voulait dire à ce sujet ?
Bien à vous.

Nicole Dubreuil
Psychologue Clinicienne