Passer à côté de sa vie

Forum maladie
mluigi
Messages : 26
Inscription : 14 déc. 2015, 10:04

Re: Passer à côté de sa vie

Message par mluigi »

J'ai exprimé un nombre incroyable de choses intimes à cette psychologue, je suis à l'aise, je laisse de côté mes problèmes d'image. Je pense que ça se passe bien mais lentement, même si je reconnais que c'est moi qui donne le rythme.
En ce moment, je vis un transfert assez intense et je revisite certaines émotions de ma relation mère-fils. C'est intéressant.
Mais au fil des années, bien que progressant sur la connaissance de moi, j'ai aussi l'impression que je m'enfonce, je ne sens plus rien, j'ai perdu le goût de choses très simples et j'ai aussi le pouvoir de faire taire mes émotions quand je me sens mal, même face à une situation qui, normalement, va dans le sens du plaisir.
J'ai donc l'impression que tout cela ne va pas dans le bon sens et je me sens perdu : je suis indécis dans mes raisonnements, je sueis capable de dire que j'aime le blanc un jour puis que je le déteste le lendemain.
Je crois être descendu trop bas sur l'échelle du mal-être psychologique et je ne trouve plus l'énergie qui me permettait de remonter de quelques barreaux il y a encore quelques années.
Penses-tu que je devrais changer de psychologue, un peu comme dans le sport lorsqu'on change un entraîneur, ça "booste" un peu tout le monde ? En même temps, je me dis que le travail m'appartient et que si je ne me sens pas bien, je suis le seul fautif, ma psy n'y est pour rien.
Avatar de l’utilisateur
Jeannette
Messages : 9276
Inscription : 19 nov. 2010, 10:21
Localisation : Ailleurs

Re: Passer à côté de sa vie

Message par Jeannette »

Penses-tu que je devrais changer de psychologue
Ce n'est pas moi qui pourrai le dire ! A discuter avec elle ? Peut être. Mais le fait que le transfert soit "actif" est malgré tout un bon signe, à la condition qu'elle le "gère" correctement...
En ce moment, je vis un transfert assez intense et je revisite certaines émotions de ma relation mère-fils. C'est intéressant.
Mais au fil des années, bien que progressant sur la connaissance de moi, j'ai aussi l'impression que je m'enfonce, je ne sens plus rien, j'ai perdu le goût de choses très simples et j'ai aussi le pouvoir de faire taire mes émotions quand je me sens mal, même face à une situation qui, normalement, va dans le sens du plaisir.
La clef est peut être là...
Exprimais-tu tes ressentis face à ta mère ?
Te les autorisais-tu seulement ?
La barrière à franchir est peut être là.
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
mluigi
Messages : 26
Inscription : 14 déc. 2015, 10:04

Re: Passer à côté de sa vie

Message par mluigi »

Je n'ai pas vécu les 3 premières années de ma vie avec mes parents. Aussi, lorsque j'ai intégré leur foyer pour de bon, à la naissance de mon frère, je suis devenu transparent, de peut qu'on m'abandonne une nouvelle fois. Alors, entendu, non je n'ai jamais rien exprimé et quand j'ai essayé d'expliquer à ma mère pourquoi j'allais mal il y a quelques années, je crois qu'elle n'a pas compris un mot de ce que je disais. Je ne la supporte pas aujourd'hui et ma relation avec mon père n'a pas été bonne, il est maintenant décédé. En fait, je ne supporte plus personne de mon passé, mon frère à peine.
Oui la clef est peut-être dans le travail actuel (transfert actif) ou peut-être faut-il désormais que je lâche tout cela car à quoi bon, le temps passe. Je souffre tellement de toute cette vie gâchée intérieurement (car j'ai quand même fondé une famille, je travaille, etc.).
J'aimerais tourner la page mais je me heurte à moi-même. Ou tout simplement m'oublier et me concentrer sur les autres : ma famille et ceux qui souffrent (si mon expérience pouvait au moins aider quelqu'un) mais en suis-je capable ?
Merci en tout cas pour le soutien tout au long de la journée, journée d'angoisses comme (presque) chaque jour, un peu plus lorsque je suis en congés et que tout est possible mais que je reste enfermé chez moi en attendant que cette fichue journée se termine.
Avatar de l’utilisateur
Jeannette
Messages : 9276
Inscription : 19 nov. 2010, 10:21
Localisation : Ailleurs

Re: Passer à côté de sa vie

Message par Jeannette »

Ca vaut le coup de ne pas abandonner... J'ai testé. Et aujourd'hui, mon seul regret est de ne pas avoir relevé la tête plus tôt.
C'est un choix. Le choix d'avoir le choix... Le choix d'avoir le droit de dire, de parler, d'exister en tant qu'être désirant.
Le jour où l'on intègre que l'on a ce choix, ce droit, ce droit d'être aimé et de s'aimer pour ce que l'on est, sans plus chercher à être ce que l'on a la sensation que les autres voudraient que l'on soit, alors on voit les choses différemment.
Je n'ai pas vécu les 3 premières années de ma vie avec mes parents. Aussi, lorsque j'ai intégré leur foyer pour de bon, à la naissance de mon frère, je suis devenu transparent, de peut qu'on m'abandonne une nouvelle fois.
Abandonné une première fois... par qui ?
Transparent... Pourquoi ? Ou plus exactement pour quoi, en 2 mots. Pourquoi cette solution ? Pourquoi pas une autre. etc. pour obtenir quoi (comme réaction) ? Pourquoi était-elle la bonne ? Pourquoi l'avoir choisie ? D'où venait ce choix ?
C'est là-dessus, qu'il faut travailler... Du moins à te lire. Le travailler avec ta psy. Retrouver les ressentis de ces moments là, le revivre, et les laisser te montrer ce qu'ils cachaient.
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
mluigi
Messages : 26
Inscription : 14 déc. 2015, 10:04

Re: Passer à côté de sa vie

Message par mluigi »

Merci pour ces messages qui me permettent d'envisager des pistes de travail.
En fait, ce qui me gêne, c'est l'attitude des thérapeutes :
- j'ai commencé avec un psychanalyste et là c'était l'horreur pour moi qui attendait du soutien, il se contentait de hocher la tête sans prononcer la moindre remarque
- ma psy actuelle me laisse faire et ça fait quand même 11 ans qu'on se voit chaque semaine, elle reformule ce qu'elle entend, évoque de quoi il est question mais je trouve qu'il manque un "pilote", si je fais une analogie avec la gestion de projets, càd quelqu'un qui va réorienter, vérifier que le dispositif fonctionne, est efficace, qui recadre éventuellement
Si, comme tu le sous-entends Jeannette, revenir en arrière pour revivre les émotions du passé, vider le réservoir du non-exprimé est indispensable alors je ne comprends pourquoi ma psy ne me recadre pas. On a bien entendu évoqué ce point mais souvent, je réponds que j'ai déjà difficilement quelques photos du passé en tête mais retrouver les émotions, c'est mission impossible (enfin c'est l'impression que j'ai).
Je pense que je fais de la résistance et qu'il va falloir percer la muraille. As-tu une idée pour faciliter la remontée de ces souvenirs émotionnels ? Le transfert que j'opère n'est certainement pas suffisant.
J'ai l'impression qu'il faut que je me prépare aux rdv avec ma psy, mentalement, que je visualise cette époque et imagine quels sortes de sentiments pouvaient être en jeu. Mais je crois que mon rdv avec la psy n'est pas suffisant, il me faudrait un complément avec quelqu'un qui me pousse, qui me force à ré-ouvrir les portes, une sorte de "coach" pour utiliser un mot à la mode.
Quel pourrait être le dispositif idéal dans ce genre de situation ?
D'avance merci pour les bons conseils, les bonnes idées
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Passer à côté de sa vie

Message par Dubreuil »

[quote="mluigi"]
Mais peu avant 40 ans, j'avais toujours l'image en moi d'une bombe à retardement et elle a pété
- A la suite de quel(s) incident(s) ?

Aujourd'hui, je travaille, j'essaye d'être présent pour ma famille, plus de traitement, seule une psychothérapie (ça fait 11 ans avec la même psy)
- Est-ce une psychanalyse ? Sinon, il faut en changer, en partant de là où vous en êtes aujourd'hui.

On me dit que je n'ai cas décider de vouloir être heureux, de mettre de côté mes manques,
- On ne comble jamais " le manque "

Il me reste à attendre la mort (naturelle), en espérant qu'elle ne tarde pas trop, à faire ce que j'ai toujours fait, survivre noyé dans mes angoisses.
- Comment se traduisent-elles ?

Pourquoi écrire ? Trouver des personnes comme moi peut-être, même si ma psy considère que ce n'est pas une bonne chose.
- Une psy qui " considère " pour son patient ? Hum... elle ne vous emmène que là où est allée elle-même dans sa propre thérapie ( et si elle en a fait une, ( ? ) elle n'a pas été très loin dirait-on.. changez-en. Tentez peut-être le groupal qui semblerait vous convenir, mieux que " le ressassement " en solitaire, par ex le psychodrame de Moréno. ( voir sur internet )
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
mluigi
Messages : 26
Inscription : 14 déc. 2015, 10:04

Re: Passer à côté de sa vie

Message par mluigi »

Je n'ai pas vraiment identifié de raison particulière, je pense à une conjonction d'événements :
- déménagement : changement de région et d'employeur -> angoisses, peur de l'inconnu
- santé psychique se dégradait lentement, j'ai toujours pris du calcium, du magnésium, des calmants et là cela faisant un an que je prenais des anti-dépresseurs (pour la 1ère fois)
- ma mère s'était rapprochée de moi et nous avait suivi dans ce déménagement alors qu'avant elle habitait à 40 km, je la voyais peu jusqu'alors
- mon frère était en pleine dépression après un divorce et avait été hospitalisé : j'ai découvert l'HP/la maison de repos -> si ma santé se dégradait peut-être que je pourrais en bénéficier aussi, on pouvait s'occuper de moi (idée du bénéfice secondaire)
- 40 ans, la moitié d'une vie : il faut que la souffrance psychique, omniprésente, disparaisse de la seconde moitié de ma vie
Non ce n'est pas une psychanalyse, c'est une psychologie classique.

Les angoisses
Je suis constamment angoissé, à tel point que je ne me rends plus compte, je dors très mal, je suis anxieux pour tout, même un événement que je devrais jugé de manière positive. Puis assez régulièrement, je monte en pression, je m'auto-alimente, j'ai l'esprit complètement obstrué par des pensées négatives, je vais jusqu'à souhaiter la mort au plus profond de moi-même, jusqu'à envisager le scénario complet (divorce, éloignement des enfants, suicide : mode opératoire, préparatifs, etc.) de manière assez calme, froide, complètement terrassé par une chappe de desespoir (j'ai tout essayé et rien ni personne ne peut m'apporter une aide quelconque).

Le psychodrame : j'ai pratiqué 3 "saisons". J'étais plutôt motivé et moteur, j'étais à l'initiative de beaucoup de jeux et je jouais systématiquement, mais j'ai toujours beaucoup de mal à me lâcher. Du coup, je ne crois pas avoir réussi à re-visiter du point de vue des émotions des situations intéressantes, en lien avec mon passé, j'ai toujours joué un rôle en me mettant à l'abri. Ma psy me propose systématiquement d'y retourner mais je crois en avoir fait le tour, face à mes blocages.
Je ne pense pas que ma psy soit "mauvaise", si je ne progresse pas de manière significative, c'est avant tout de ma faute, je lui reproche juste de ne pas me pousser dans mes derniers retranchements. Je crois que si je viens sur "centreaide", c'est pour m'ouvrir à d'autres horizons, pour avoir d'autres points de vue car je dois reconnaître que depuis lundi (jour de mon inscription), je note un regain de "positif", d'envie de trouver, de provoquer ce déclic même si je sais qu'en même temps je bloque toute évolution de toutes mes forces. J'ai tendance à attendre que cela vienne des autres et, du coup, changer de psy, ce serait aussi faire porter à mon nouveau thérapeute l'espoir d'un changement, ce serait lui qui l'incarnerait alors que c'est à moi d'évoluer.
Cela me paraît tellement difficile de revivre les 4 premières années de ma vie d'un point de vue émotionnel. A la base, la situation n'a rien d'exceptionnelle, mes parents n'avaient pas beaucoup de moyens, ils vivaient dans une petite maison à peine salubre, ils n'avaient pas les moyens de solliciter une nourrice, ils m'ont confié à ma tante qui vivait avec mes grands-parents, à 10 km de chez eux. Mes parents me récupéraient l vendredi soir et me confiaient à ma tante le dimanche soir. Je sais que chaque dimanche soir, c'était la grosse colère, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Ceci a duré 3 ans, mes parents m'ont récupéré lorsque ma mère a arrêté de travailler pour la naissance de mon frère. Mais je n'ai jamais été heureux, ni avec ma tante et mes grands-parents (je souffrais de l'absence de mes parents), ni chez mes parents : ils ne s'entendaient pas, j'avais peur qu'ils m'abandonnent une nouvelle fois. Jamais de mots sur cette situation, à cette époque on ne préoccupait guère du bien-être psychologique des enfants : j'étais très timide, je béguaillais, je ne bougeais guère mais je travaillais bien à l'école. Les années ont passé et je me suis senti de plus en plus mal sans savoir de quoi il s'agissait. J'ai essayé de faire comme tout le monde : les études, les copains, le mariage, la famille mais je me suis fait rattraper par mon passé.
Voilà mon histoire, dans les grandes lignes
Avatar de l’utilisateur
Jeannette
Messages : 9276
Inscription : 19 nov. 2010, 10:21
Localisation : Ailleurs

Re: Passer à côté de sa vie

Message par Jeannette »

Cela me paraît tellement difficile de revivre les 4 premières années de ma vie d'un point de vue émotionnel.
pourquoi ? Ou plus exactement difficile en quoi ?
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
mluigi
Messages : 26
Inscription : 14 déc. 2015, 10:04

Re: Passer à côté de sa vie

Message par mluigi »

Comment dire ? Je ne me souviens plus. Au-delà de ce que je viens d'écrire, assez factuellement, je suis incapable de me remémorer un souvenir émotionnel. Je peux imaginer que lorsque je pleurais le dimanche soir, à la séparation d'avec mes parents, que j'étais en colère, que je leur en voulais, que j'avais peur, que je ne comprenais pas pourquoi il fallait que ce soit ainsi. Cela me parait "normal" de ressentir tout cela mais je ne peux pas me transporter dans le temps et revivre cela, faire remonter ces émotions, je n'ai pas de "souvenir émotionnel".
A la suite des échanges que nous avons depuis le début de semaine, je me dis que ça peut être une piste de dérouler un film, le film de ces moments d'enfance, d'imaginer les émotions attendues dans cette situation et d'essayer d'habiter le personnage d'enfant de ce film, en espérant que, petit à petit, les émotions affleurent.
Je suis assez persuadé que les souvenirs émotionnels existent et que je les verrouille, je dois avoir une très bonne technique inconsciente.
Alors comment ouvrir le robinet de purge du réservoir d'émotions comme tu l'évoquais ?
Avatar de l’utilisateur
Jeannette
Messages : 9276
Inscription : 19 nov. 2010, 10:21
Localisation : Ailleurs

Re: Passer à côté de sa vie

Message par Jeannette »

> Alors comment ouvrir le robinet de purge du réservoir d'émotions comme tu l'évoquais ?

De mon expérience personnelle...
Ne plus avoir peur de ce que l'on va trouver.
Et ne plus le chercher.
Comme lorsqu'on cherche ses clefs : plus on stresse, moins on les trouve. Et souvent, on les retrouve là où l'on avait regardé 10 fois, mais uniquement une fois qu'on y a renoncé...

Ne plus avoir peur, c'est difficile. Mais cela vient le jour où l'on comprend que
1) on ne se souvient que de ce qui est supportable... Si cela ne l'est pas, cela reste "enfermé".
2) on parle de souvenirs et de sentiments "désagréables" pour un enfant. l'adulte que l'on est maintenant ne les vivra plus du tout de la même façon...

Ne plus les chercher, c'est le principe de la libre association en psychanalyse : c'est en parlant de tout et de rien que, de temps en temps, un lapsus et autres mécanismes du même genre, voire des rêves, vont faire ressortir un élément. Ne plus s'obstiner. Parler d'un élément du souvenir, puis parler d'autre chose auquel on pense par association, etc.
Si quelque chose s’oppose à toi et te déchire, laisse croître, c’est que tu prends racine et que tu mues. A. de St Exupery - Citadelle
Il y a un moment où les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. K. Gibran
Répondre

Revenir à « Forum maladie »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 35 invités