Orgasme???

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Limamou1900
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Orgasme???

Message par Limamou1900 »

Est-ce physiquement possible qu'un homme se masturbe durant des heures sans avoir d'érection et quand-même éjaculer.. ( éjaculer sans érection) ????
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Orgasme???

Message par Dubreuil »

Un peu de réflexion... ( sinon, posez cette question à un sexologue ! )

Si tout le monde a entendu parler de l’éjaculation prématurée, il n’en est certainement pas de même d’une autre dysfonction sexuelle masculine, beaucoup plus rare : l’éjaculation spontanée. Ce trouble est caractérisé par une éjaculation involontaire, en dehors de toute stimulation ou excitation sexuelle, de désir, de pensée ou de fantasme.

Un article, paru en juillet 2021 dans Sexual Medicine Reviews, fait le point sur les mécanismes physiopathologiques, les causes, le diagnostic et les traitements de cette dysfonction sexuelle, peu ou mal connue de la grande majorité des médecins.

43 cas rapportés dans la littérature médicale

On ne recensait en 2020 dans la littérature médicale internationale que 36 articles relatifs à l’éjaculation spontanée et décrivant le cas de 43 patients. La plupart de ces hommes ont un âge compris entre 13 et 65 ans, précisent Ibrahim Abdel-Hamid, andrologue à l’université Mansoura (Egypte) et Omar Ali, chirurgien à l’université de Gizeh.

Selon les cas, le volume de sperme émis est très variable, de celui d’une éjaculation normale à seulement quelques gouttes.

La plupart du temps, l’expulsion de sperme n’est pas puissante, mais a l’allure d’un écoulement faible et lent. Dans la majorité des cas (81 %), cette émission involontaire de sperme ne s’accompagne d’aucune sensation agréable. Cependant, une sensation orgasmique a été rapportée par certains patients (18 %), certains décrivant même un mini-orgasme. Une minorité de patients (23 %) indiquent être en érection lorsque l’éjaculation spontanée se produit.

Une dysfonction sexuelle rare et mal comprise

Commençons par préciser ce que n’est pas l’éjaculation spontanée. Tout d’abord, elle est différente de l’éjaculation prématurée qui se produit toujours, ou presque toujours, avant la pénétration vaginale, ou moins d’une minute après celle-ci. L’éjaculation spontanée est également à différencier de l’éjaculation anhédonique, situation dans laquelle l’homme éjacule sans avoir aucun plaisir, aucun orgasme.

L’éjaculation spontanée diffère aussi de l’orgasme spontané. En effet, la plupart des patients souffrant d’orgasme spontané ne présentent pas d’éjaculation (« orgasme sec »), l’orgasme se déclenchant sans qu’il y ait eu de stimulation sexuelle. Autre différence entre ces deux troubles : l’éjaculation spontanée est rarement associée à un orgasme et que l’orgasme spontané s’accompagne rarement d’éjaculation.

Enfin, l’éjaculation spontanée, en tant que dysfonction sexuelle, est évidemment bien différente de l’émission spontanée de sperme qui survient fréquemment chez l’adolescent ou l’adulte jeune, les fameuses « pollutions nocturnes » des rêves érotiques qui, elles, sont tout à fait normales.

On ignore à quelle date l’éjaculation spontanée, en tant que trouble pathologique, a été mentionnée pour la première fois dans la littérature médicale. Un cas remonte néanmoins à 1931. Il concernait un homme de 48 ans qui éjaculait sans être stimulé sexuellement plusieurs fois par jour depuis des années. On lui conseilla alors l’abstinence, de perdre du poids et de prendre du bromure. Fort heureusement, le patient obtint une rémission.

Miction, défécation, anxiété et stress comme éléments déclencheurs

L’élément déclencheur de l’éjaculation peut être la miction (dans plus de 25 % des cas), la défécation (environ 11 % des cas), l’anxiété (11 %), le toucher du gland (9 %, notamment par des sous-vêtements), une situation de stress (comme un examen à l’école), une attaque de panique (7 %). Selon les cas, la fréquence varie d’une éjaculation toutes les deux semaines à plusieurs dans la même journée.

En 1994, des médecins londoniens ont rapporté le cas d’un homme de 70 ans souffrant d’une lésion de la moelle épinière. Admis à l’hôpital pour un infarctus du myocarde, ce patient avait présenté cinq ans auparavant une éjaculation spontanée lorsque le gland du pénis a touché le bord de la bouteille reliée à un cathéter. Celle-ci était survenue par la suite en début de miction, alors qu’il éprouvait un besoin impérieux d’uriner et la sensation d’avoir une vessie pleine. Ceci se produisait environ une fois toutes les trois semaines. Le patient éjaculait alors que le pénis était à l’état flaccide et ressentait alors des contractions rythmiques du pelvis qu’il décrivait comme un « mini-orgasme ».

En 2004, des psychiatres japonais ont publié le cas d’un homme de 31 ans, dépressif et traité par milnacipran. Quatre semaines après le début de ce traitement antidépresseur, il a une éjaculation spontanée après défécation. Honteux de présenter un tel symptôme, il n’en parle pas à son médecin, d’autant qu’il souhaite poursuivre son traitement craignant une rechute de sa dépression. Ce même antidépresseur lui est prescrit ultérieurement. Ce patient présente alors une éjaculation lors de la défécation une fois toutes les deux à trois semaines. Un an plus tard, le patient est revu à l’hôpital, la posologie du milnacipran est progressivement abaissée, jusqu’à ce que le traitement soit interrompu. Trois mois plus tard, il reprend une vie sexuelle, sans présenter aucune dysfonction.

En 2009, des neurologues canadiens ont rapporté le cas d’un homme de 65 ans souffrant de la maladie de Parkinson. Traité par rasagiline pour ses troubles moteurs, il a présenté durant trois mois une éjaculation spontanée. Lorsque la lévodopa a été ajoutée à son traitement, cet homme a présenté un mois plus tard le même phénomène, mais survenant par salves, en l’occurrence toutes les dix minutes pendant trente minutes, et, ce, tous les deux à sept jours.

Rage

Plusieurs patients atteints de la rage (dans sa forme furieuse où le patient présente une hyperactivité et une excitabilité) ont présenté une éjaculation spontanée, sans doute liée à une irritation neuronale au niveau de la moelle épinière dans la région lombo-sacrée. Il n’est cependant pas exclu que l’atteinte de diverses structures cérébrales, liée à la propagation du virus dans le système nerveux central, soit également impliquée dans l’apparition d’une éjaculation spontanée dans un tel contexte.

En 2019, des médecins chinois ont rapporté dans la revue en ligne BMC Infectious Diseases le cas d’un homme de 32 ans qui a commencé à avoir de fréquentes éjaculations, à raison de cinq à six par jour, puis une vingtaine ou une trentaine quotidiennement deux jours plus tard. Au matin du quatrième jour, ce patient présentait 40 à 50 éjaculations. Celles-ci survenaient sans érection. Le patient se plaignait d’une augmentation de la sensibilité du pénis et d’érections douloureuses.

Ce Chinois est mort de la rage au sixième jour. Le diagnostic a été établi le surlendemain du décès du malade par la positivité de la détection d’anticorps sanguins antirabiques et de la présence d’un signal positif au test PCR de détection du génome du virus de la rage (lyssavirus). Il est à souligner que lors de cette maladie infectieuse, l’éjaculation spontanée se produit chez un patient proche de l’agonie. Il n’existe pas de traitement car lorsque ce trouble survient, le décès intervient généralement dans un délai d’un à quinze jours.

Antidépresseurs et antipsychotiques

De même que certains médicaments peuvent exceptionnellement provoquer des orgasmes spontanés, une éjaculation spontanée peut être induite par certains traitements. Ce trouble a notamment été décrit chez des patients sous traitement antidépresseur ou antipsychotique.

À ce jour, on compte 23 articles dans la littérature médicale internationale en langue anglaise relatant cet effet secondaire indésirable après la prise d’un médicament. Dans un tel contexte, l’éjaculation spontanée survient dans un délai d’une semaine ou deux mois, le délai avant le début du trouble étant dépendant de la dose du médicament.

Les mécanismes qui sous-tendent l’apparition lors d’un traitement médicamenteux de cette dysfonction sexuelle ne sont pas bien compris. Il apparaît que le médicament peut interférer à la fois avec le fonctionnement de neurones périphériques et celui du système nerveux central. Le mécanisme le plus souvent évoqué est celui d’une hyperactivité du système nerveux sympathique qui faciliterait l’éjaculation. Une autre hypothèse repose sur l’augmentation de la transmission neuronale du fait d’une plus grande biodisponibilité de la dopamine ou de l’activation dans la moelle épinière des récepteurs du glutamate (neurotransmetteur). Enfin, contrairement aux patients présentant une éjaculation prématurée pour lesquels on dispose de données en imagerie cérébrale, on ne sait quasiment rien de la structure anatomique et fonctionnelle du cerveau de sujets souffrant d’éjaculation spontanée.

En 2016, des psychiatres turcs ont décrit le cas d’un homme de 24 ans, qui a présenté des éjaculations spontanées (sans excitation sexuelle) trois à quatre fois par jour. Celles-ci ont débuté une semaine après avoir été traité pour schizophrénie par aripiprazole (antipsychotique).

En 2012, une équipe néerlandaise a rapporté le cas d’un homme de 40 ans traité par atomoxétine, médicament utilisé dans le traitement du trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH). Après trois semaines, cet homme a présenté jusqu’à huit fois par jour une éjaculation spontanée après avoir ressenti un besoin impérieux d’uriner.

Ces spécialistes en pharmacovigilance ont également décrit le cas d’un homme de 25 ans, traité par méthylphénidate (psychostimulant utilisé dans les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité) qui a éjaculé spontanément après avoir ressenti une douleur testiculaire après miction. Ce patient, déjà traité par atomoxétine, avait déjà présenté des éjaculations spontanées après miction. Enfin, un troisième patient, âgé de 60 ans et souffrant de dépression, a eu des éjaculations spontanées dès le premier jour de son traitement par venlafaxine (antidépresseur).

Lorsque l’éjaculation spontanée est induite par un médicament, l’arrêt du traitement et son remplacement par la prise d’un autre produit suffit à faire disparaître ce trouble.

Lésions de la moelle épinière

L’éjaculation spontanée a été décrite en association avec des lésions de la moelle épinière. La lésion médullaire peut être secondaire à un traumatisme, à un manque d’oxygénation locale. Chez ces patients, tout se passe comme s’ils avaient perdu toute inhibition sur l’éjaculation à partir des voies nerveuses descendantes normalement inhibitrices, ce qui semble être confirmé par des expériences menées sur des rats.

Dans ces rares cas de lésions médullaires (décrits dans cinq articles et ne portant au total que sur neuf patients), l’éjaculation spontanée est survenue dans un contexte non sexuel, comme une miction, une impériosité à uriner, la sensation d’avoir la vessie pleine, en cas de vessie hyperactive, d’immersion des pieds dans l’eau glacée. Toutes ces circonstances indiquant une possible réorganisation des influx nerveux provenant de la vessie ou de la peau, organes dont l’innervation participe normalement au phénomène éjaculatoire. Une autre explication serait que la survenue d’une éjaculation spontanée soit devenue un phénomène réflexe, qui trouverait son origine dans la plasticité des connections neuronales au sein de la moelle épinière lésée. Il s’agit là d’une hypothèse, en aucun cas d’un fait établi. Les mécanismes à l’origine de l’éjaculation spontanée, qui demeure rare dans les atteintes de la moelle épinière, gardent donc une grande part de mystère.

Ceci explique que tout patient présentant des symptômes évocateurs d’une éjaculation spontanée devrait bénéficier d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) ou d’un scanner de la moelle épinière.

Facteurs psychologiques

La survenue d’éjaculations spontanées a par ailleurs été rapportée chez des patients présentant des troubles psychologiques, notamment en cas d’attaque de panique, d’un trouble anxieux, d’un syndrome de stress post-traumatique, d’un stress lié à un examen scolaire, d’une exposition à un danger extérieur, autant de circonstances dans lesquelles on observe une augmentation de l’activité de certains neuromédiateurs (dopamine) et une réduction d’autres neurotransmetteurs (sérotonine).

Dans les cas où l’origine est d’ordre psychologique, le traitement de la dysfonction sexuelle comporte une thérapeutique médicamenteuse, généralement par antidépresseurs. En cas de troubles anxieux majeurs, le traitement peut associer anxiolytiques et antidépresseurs, en même temps qu’une thérapie cognitive.

On le voit, les causes de l’éjaculation spontanée sont variées. Dans tous les cas, la recherche de la cause précise de cette étonnante dysfonction sexuelle s’impose. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour élucider cette pathologie, rare et fort peu connue des médecins, qui perturbe souvent grandement la qualité de vie des patients qui en sont atteints.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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