Une borderline qui ne gère plus sa conso d'alcool et gâche sa vie

Forum borderline, état limite
Melimelo89
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Inscription : 30 juin 2019, 18:41

Une borderline qui ne gère plus sa conso d'alcool et gâche sa vie

Message par Melimelo89 »

Bonjour, bonsoir,

Ma problématique concerne le trouble borderline et ses conséquences, surtout concernant la consommation d'alcool. J’ai enfin décidé de m’adresser à des gens et associations concernés par l’alcoolisme, ma thérapie et ma volonté ne me suffisant pas pour m’en sortir. Je pose le contexte de ma descente aux enfers. Mon texte est très très long, 7 pages Word, une vraie nouvelle… Je remercie ceux qui me lisent jusqu’au bout avec intérêt pour mon histoire que je n’arrive pas à synthétiser davantage.

Il y a 4 ans, je rencontre un homme plus âgé que moi. J’ai alors 26 ans, lui 48. Je viens d’entrer à l’Université, lui est instructeur de self-défense (je le rencontre dans ce cadre-là en tant qu’élève). J’en tombe amoureuse, on commence à sortir ensemble. Ni la même culture, ni le même âge, ni les mêmes valeurs et un fonctionnement affectif très différent. Cette relation me frustre et me blesse presque quotidiennement. Je vois des « red flags » qui m’inquiètent dans ses attitudes mais je me dis que je dois accepter les gens tels qu’ils sont, que je suis trop exigeante, que j’ai pour habitude d’interpréter négativement les choses alors que je ne devrais pas. Je me concentre alors sur ses qualités, je vois son potentiel mais pas ce qu’il est réellement. Je suis bien trop attachée à lui, ou plutôt à ce que je ressens de positif quand je suis avec lui et que tout se passe bien. Faire partie de sa vie me fait me sentir importante… Une personne valable, qui compte pour quelqu’un… Et puis il est plus âgé, je me sens protégée, peut-être un complexe infantile…

Chacun a ses torts, je suis loin d’être irréprochable. Mais ce gars a vraiment des traits psychopathes. Une capacité affective très limitée, peu d’ouverture d’esprit, aucune empathie et une tendance à contrôler, dominer. Cela ne passe pas avec moi, je ne me laisse pas faire et c’est pour cela que la situation s’envenime. Cela tourne mal entre nous, on en arrive à des disputes dramatiques. Moi, je pleure, je crie ma douleur et ma révolte contre son attitude, lui est froid, pas réceptif à la communication, violent physiquement et psychologiquement.

Que puis-je faire pour me défendre contre quelqu’un qui en fait sa profession et qui connaît toutes les parades si j’essayais de riposter pour me protéger, rien. Partir. On finit enfin par se séparer après avoir atteint des sommets de violence, après 2 ans et quelques de relation. Plusieurs appels à la police de ma part, des menaces de mort de la sienne, il en arrive à sortir un couteau ou à me menacer de prendre une de ses armes à feu pour l’utiliser contre moi. Je réalise la gravité de la situation… Mais…


Ce genre d’épisode se répète plusieurs fois durant cette « relation » toxique avant que je trouve la force ou le courage de m’en éloigner. Je ne lui trouve aucune excuse lorsqu’il est violent, mais moi-même qui n’arrive parfois pas à me contrôler je ressens de la compassion et pense qu’il doit s’en vouloir à mort et que l’on arrivera à travailler sur tout ça ensemble. Je me dis que s’il ne sait communiquer que par la violence, c’est qu’il souffre et n’a pas appris à faire autrement. Ce qui ne justifie rien, mais je peux pardonner s’il regrette sincèrement et souhaite changer. Mais en réalité, il n’est pas désolé. Il ne répond pas au profil classique de l’homme qui tape sa compagne puis se confond en excuses avant de recommencer malgré lui.

La 6ème et dernière fois, il me reproche l’appel à la police après coup car ils lui ont confisqué plusieurs armes non déclarées auxquelles il tenait. Son attitude est de plus en plus violente, je me rends compte que j’en mourrai la prochaine fois ou celle d’après et qu’il ne m’a jamais aimée. Il n’avait jamais touché à mon visage, et cette fois-ci il me donne un coup de poing en pleine face et un coup de pied alors que je suis à terre. C’est ce qui m’a aidée à enfin couper les ponts. Il ne changera pas car ne le souhaite même pas (le classique du « c’est toi qui me pousses à bout »). Comme quoi, la maturité n’est pas une question d’âge.


Lorsqu’on était ensemble, lui buvait quelques verres de rhum tous les soirs (cela ne m’a pas fait tilt, naïve qui n’étais pas consciente que beaucoup plus de gens que ce que je croyais ont des soucis avec leur consommation et que ce signe pouvait être un mauvais signe). Moi, je ne touchais que rarement à l’alcool. C’était pas vraiment mon truc, cela ne faisait pas partie de ma vie. Mais peu à peu, environ 6-8 mois avant notre rupture, je commence à acheter de la bière que je bois seule chez moi. Cela me permet de me détacher un peu émotionnellement de la situation qui m’est insupportable. Cela devient de plus en plus fréquent, passant de 2-3 fois par mois à presque tous les jours. De 1 litre à 4 litres de bière par soir.
Je ne contrôle plus ma consommation, je bois trop et trop vite et cet état « agréable » des 2-3 bières initiales laisse place à des états incontrôlables et hystériques, car je dois toujours boire plus, moments lors desquels tout mon chagrin s’exprime en colère. Je dis des choses terribles au peu d’entourage que j’ai. Des choses qui traduisent ma douleur et certaines choses que je leur reproche intérieurement, mais je les exprime avec des mots horribles. Je cherche parfois à être rassurée par mon « copain » qui ne répond pas du tout à ce besoin, au contraire. Disputes violentes au téléphone, distance de plusieurs semaines que je ne supporte pas car dépendance affective forte… J’ai besoin de lui, mais je cherche de l’eau dans une oasis sèche… J’attends des choses qu’il ne peut donner.


Je suis étudiante et je travaille à côté, mes résultats chutent, je n’étudie plus. C’est important pour moi, mais durant ces années ça ne l’est plus… Je passe des journées entières à pleurer au lit et/ou à me bourrer la gueule. J’achète parfois du vin, une fois du pastis dont je finis la bouteille en un après-midi. Ce jour-là, je pète littéralement les plombs : mon « copain » me dit des horreurs au téléphone, comme quoi je n’ai qu’à me suicider, je consomme cette bouteille et je finis aux urgences, je me suis auto-mutilée profondément (12 points de suture au poignet). Je passe 10 jours dans l’unité d’urgence de soins psychiatriques. C’est à peu près à cette période que lui et moi rompons.

Je tiens très bien le sevrage pendant ces 10 jours d’internement volontaire, tant que je n’ai pas la possibilité de consommer je n’en ressens pas l’envie (et surtout lorsqu’il n’y a pas de déclencheur émotionnel). Je n’ai même pas de tremblements au-delà du 2ème jour de sevrage. Je suis donc alcoolique dans le sens où je ne contrôle pas la quantité que j’ingère, mais lorsque je ne peux pas consommer cela ne me pose aucun problème. Mais bon, on s’en fiche de l’étiquette, l’essentiel étant de résoudre le problème. Je dis cela uniquement pour expliquer le fait que pour certaines personnes, c’est la substance même de l’alcool et de ses effets qui les attire, pour un/e borderline l’addiction peut facilement passer à une autre substance (nourriture, drogues, sexe, achats compulsifs).

En effet, je suis diagnostiquée borderline lors de cette hospitalisation. Je m’en doutais (je suis étudiante en psychologie, quelle ironie). D’après l’avis des soignants, je suis effectivement tombée sur quelqu’un de déséquilibré qui a fait flamber les manifestations de mon trouble en appuyant là où ça fait mal, en éveillant mes insécurités de manière répétée, quelqu’un d’émotionnellement inapte, tout le contraire de ce dont j’ai besoin pour trouver un équilibre dans une relation.
Lorsque je romps avec lui, je me fais hospitaliser dans un centre traitant les addictions. J’y passe 5 semaines qui me font énormément de bien et je me sèvre. J’ai de l’espoir, même si c’est très dur je sais à présent que je peux vivre sans lui et qu’un avenir m’attend.

J’y rencontre un homme qui boit depuis ses 13 ans et qui a perdu son travail, il n’est pas en forme. Mais il a l’air très décidé à arrêter, il est gentil, intéressant, intelligent… Malgré le fait qu’il est à l’assistance sociale et ne travaille pas, n’a pas d’appartement à lui, tremble beaucoup, n’est pas beau, ne mange rien donc est très maigre, notre première nuit est catastrophique… Je ne m’arrête pas à ça, d’autres choses en lui me plaisent. Encore une fois, je vois le potentiel de l’homme.


J’ai toujours eu des problèmes, même avant l’alcool (trouble du comportement alimentaire, sensibilité exacerbée, incapacité à me fondre dans la masse et me faire apprécier des gens plus de quelques semaines avant qu’ils ne se détournent de moi, même quand je ne leur montre pas mon côté sombre…). Harcèlement scolaire étant enfant qui m’a abîmée, des parents très peu présents et invalidants qui ne m’aident pas et ne m’épaulent pas face aux difficultés de la vie. D’où ce trouble qui s’est développé. Je n’ai jamais été épanouie et insouciante, mais jamais aussi mal que depuis cette rencontre avec l’instructeur de self-défense. Ma psychologue, qui me suit depuis des années, pense que je suis « surdouée ». Je pense que beaucoup de borderline sont des surdoués traumatisés. Une nouvelle fois, peu importent les étiquettes. Mais ce sont des indicateurs qui peuvent permettre de mieux comprendre certaines choses, certains fonctionnements cognitifs et affectifs… Ces pistes diagnostiques m’ont aidée à comprendre beaucoup de choses, mais la théorie et la pratique sont deux choses différentes… Je n’ai toujours pas trouvé ce qui pouvait les réunir.
J’ai toujours remarqué que je donnais énormément d’importance à des choses que beaucoup de gens ne remarquent même pas tellement cela leur semble futile. Je réfléchis trop, suis trop réactive aux stimuli sociaux, surtout au rejet. Ma raison est plutôt sage, mature et lucide, mais mes émotions ne sont pas en accord avec elle. Or, nous savons tous que l’alcool exprime le second aspect au détriment du premier.

Je sors donc de cette unité de soins après 5 semaines. Je recommence à boire… le lendemain soir ! Juste parce que c’est accessible… Je me dis qu’une fois toutes les 6 semaines, ça n’est pas grave. Et en effet, je ne dérape pas trop souvent. C’était un dérapage et non une rechute. Je sors avec ce gars rencontré à la clinique. On passe 3-4 mois super, on se soutient dans l’abstinence, on communique bien (ce qui pour moi est un excellent indicateur de la réussite de toute relation, bien plus que l’absence de problèmes), on se respecte mutuellement et on vit des moments très agréables dont la dopamine remplace ce qu’on recherchait dans la bouteille. Je bois à peine 3 ou 4 fois pendant cette période, de manière festive et contrôlée, bien sûr jamais devant ou avec lui. Cela me convient. Je crois à nouveau au bonheur. Sauf que…

Lui a fait un transfert de l’alcool vers le cannabis. Il fume beaucoup, vraiment beaucoup. Je fume avec lui parfois, puis tout le temps (tempérament facilement addictif, dans mon cas ce n’est pas la substance qui me rend accro mais le comportement, d’où mes transferts de l’une à l’autre)… La consommation de cannabis aggrave mon trouble (donc ma dépression et mon émotivité). Lui change de comportement, il est amorphe, ne veut que regarder la télévision, nous n’avons plus les mêmes échanges enrichissants. Je sens que je ne lui suffis plus, qu’il s’est lassé. Je ne me sens pas désirée, pas valorisée. Je m’ennuie et me sens acquise et insignifiante. La communication est mauvaise, je ne comprends pas ce revirement.

Il parle de chercher une formation ou un job mais ne bouge pas, je paie tout pour nous deux alors que je ne peux pas me le permettre. Alors que lui dépense des centaines de francs pour sa consommation. Je comprends les mécanismes de l’addiction donc ne le culpabilise pas pour cela, mais je tente de lui expliquer que cela me blesse car je travaille et étudie, gagne peu et dépense toutes mes économies pour nos sorties alors que lui n’a pas 20 francs à sortir, jamais… Sauf pour l’herbe. Tout ce que je lui demande est de continuer à s’impliquer dans notre relation et de la respecter un minimum.

Je lui dis que cela ne peut plus durer, je n’ai plus de sous, je gagne moins que lui alors que je me démène et lui ne fait rien mais reçoit davantage. Tout ce qui change, c’est que du coup on se voit de moins en moins… Notre relation et notre entente se dégradent, on commence à se disputer sérieusement. Lui dérape avec l’alcool 6 mois après son début d’abstinence, et recommence. Il cache son mélange dans une bouteille d’eau qu’il boit lorsque je quitte la pièce. J’ai toujours été transparente avec lui et lui ai fait part de mes dérapages, je me sens trahie car lui n’a pas cette confiance envers moi. Mais d’un autre côté je comprends son sentiment de honte et d’échec…

Je pensais à tort que ce combat, on le vivait ensemble même si chacun a son propre combat et ses propres enjeux (c’est ce qu’il disait, que sans moi il n’est pas sûr qu’il aurait eu un moteur suffisant pour y parvenir). J’étais si fière de lui, 6 mois d’abstinence après plus de 30 ans de consommation. Qu’il replonge ne m’a pas déçue, je prenais soin de ne pas le culpabiliser et dramatiser ses écarts. Je sais que la rechute fait souvent partie de la guérison, il avait déjà fait tellement de chemin. Mais inconscient que le cannabis n’est pas forcément mieux, et insouciant des effets néfastes qu’il a sur son état et le mien, il a continué et notre relation est devenue… merdique.

Je lui avais tout dit au départ : il savait mon état de vulnérabilité, mon trouble et ses caractéristiques, mon passé sentimental récent. Après mon ex violent et dérangé, je ne voulais plus d’homme pendant un moment, le temps de me reconstruire. Mais j’ai cru cela possible avec lui. Et lorsque je m’attache à quelqu’un, ce quelqu’un devient indispensable et mon principe/ma décision de rester célibataire s’envole en fumée… L’ « addictivité » du borderline dans toute sa splendeur… Car il ou elle est avide de tout ce qui fait du bien, or tomber amoureuse est pour moi la drogue la plus puissante au monde.

Je l’ai rencontré sous son meilleur jour et le pire est ensuite venu. Le jour et la nuit. En fait il s’en fichait un peu de moi et a bien profité de tout ce que je nous ai offert pour pouvoir sortir, faire du camping en été, louer une chambre d’hôtel après notre premier rendez-vous, manger au restaurant de temps en temps… On a simplement arrêté de se contacter petit à petit après presque un an ensemble. Je replonge alors dans les consos et les hospitalisations d’urgence, sans personne pour me soutenir, ni moi-même.

On se remet ensemble peu après et on décide de se refaire hospitaliser tous les deux. Par hasard, notre « séjour » se passe en même temps. Lors de notre première autorisation de sortie le week-end, je préfère m’exposer seule, travailler sur moi. Il me dit que je peux l’appeler si besoin, qu’il sera là. Je l’appelle effectivement le soir, juste pour savoir comment ça se passe pour lui. Il ne répond pas. Cela me met hors de moi, toujours des promesses et jamais rien qui suit… Et si j’avais réellement eu besoin de lui parler ?


Je m’inquiète pour lui et me sens une nouvelle fois délaissée et pas respectée. Je craque et bois, alors que j’avais prévu une soirée détente, j’avais acheté un bon repas, avais l’intention de prendre un bain et de prendre soin de moi, regarder un film et bien dormir avant de retourner à la clinique le lendemain, fière de ma soirée réussie. Je l’appelle plusieurs fois, aucune réponse. Il m’écrit à 5 heures du matin qu’il avait fumé et s’était endormi. On a rompu pendant cette hospitalisation, qui s’est très mal passé pour moi cette fois-ci et dont je ne sors pas en meilleur état, au contraire.

A ce moment-là, j’ai un meilleur ami qui m’a toujours soutenue durant ces 3 années d’enfer. On se connaît depuis 10 ans et on a été ensemble pendant 7 ans. Il rencontre une jeune femme, il n’est donc plus disponible pour moi ce qui est normal, enfin dans une certaine mesure… Il a un studio qu’il n’est pas sûr de vouloir lâcher au cas où ça capoterait avec sa nouvelle copine, et je cherche désespérément un logement correspondant à mes petits moyens. C’est le cas de ce studio qu’il occupe depuis 15 ans (donc faible loyer), là où on a vécu ensemble pendant 7 ans, et il est tout près de mon Université.

J’ai besoin de me reconstruire, d’un lieu à moi, je suis largement en âge d’enfin avoir mon chez moi et d’arrêter les colocations ou les logements temporaires… Lorsque nous étions en couple, nous avons adopté une chienne qui a 9 ans maintenant, et un chat. J’ai donc enfin la possibilité de les retrouver, de m’en occuper tous les jours, depuis mon départ de ce studio il y a 4 ans. J’emménage, lui passe tout son temps chez sa chérie et prend la chienne de temps en temps le week-end, quand ça l’arrange. Il m’appelle souvent, me dit qu’il m’adore, m’avoue être toujours un peu amoureux… Ce conflit intérieur le rend en colère, il souffle le chaud et le froid. Il veut fonder une famille, elle aussi, et je pose problème car il est trop attaché à moi. Il se met parfois en colère quand c’est moi qui appelle, me disant de le laisser vivre sa vie et aller de l’avant, alors que la veille il m’appelait et me disait qu’il avait tellement besoin d’échanger avec moi sur tout et rien, ainsi que sur des choses dont il n’a pas spécialement envie de discuter avec sa copine…

Elle, qui disait être ok avec le fait qu’on est restés amis, commence à s’opposer à de plus en plus de choses. Lui et moi ne nous voyons plus, on s’appelle rarement, il était mon pilier et maintenant je n’ai plus que moi-même. Mais j’occupe ce studio, c’est ce qui me permet de tenir le coup. Je continue les consos mais un peu moins, et je ne fais plus n’importe quoi.
Mon ami me dit un jour que sa copine veut que je quitte le studio, car ce dernier représente un lien entre nous, une « protection » qu’il m’offre et cela la dérange. Des conflits autour de ce sujet, moi qui suis déjà instable émotionnellement, en train d’essayer de sauver mes études et d’oublier mes peines de cœur, j’ai besoin de ce logement et de la présence (et de la responsabilité) de mes animaux que j’aime plus que tout et qui m’apportent les seuls contacts sociaux que j’ai. Une instabilité externe s’ajoute donc, je ne sais pas si je vais pouvoir rester, j’ai repeint les murs, acheté des rideaux et d’autres conneries, ai commencé à me faire un intérieur agréable pour aller mieux… Me sentir enfin un peu en sécurité et confortable, autonome. Je ne sais pas si je vais perdre mes animaux, où je pourrais aller si je dois partir…


Il tente de la convaincre de me laisser rester jusqu’à l’obtention de mon diplôme, soit dans 1 an. Je n’en demande pas plus. Elle exige un contrat de sous-location pour officialiser la chose. Quelques jours ou semaines plus tard, elle change d’avis sur la date. Lui la suit (coin-coin…). Je n’en peux plus de ces changements d’avis fréquents, je n’en peux plus que cette nana décide du « confort » de ma vie quotidienne et de si oui ou non je peux bénéficier de circonstances favorables à ma guérison. Je n’en peux plus que mon meilleur ami ne prenne pas position pour faire respecter ses propres décisions, ou plutôt que ses décisions changent en fonction des caprices de Madame.

Un jour, elle lui dit que notre chienne devrait rester soit avec moi soit avec lui. Je sors de mes gonds, c’est trop : elle commence à toucher à des choses précieuses qui n’ont rien à voir avec son couple. J’ai voulu cette chienne, je l’ai nommée, adoptée, élevée, aimée pendant presque 10 ans. J’ai le droit de la voir au même titre que mon meilleur ami en a le droit. Lui et moi avons toujours considéré qu’une garde partagée n’était même pas à discuter tellement cela coulait de source pour nous. Chacun peut la voir, chacun peut compter sur l’autre en cas d’indisponibilité, vacances ou autre, bref c’est tout bénèf pour tout le monde. Sauf pour Madame, qui a aussi une chienne qu’elle adore, et qui malgré cela commence à menacer mon droit à voir la mienne. Et lui trouve cela normal. Je recommence mes pétages de câble, je bois trop, j’écris des textos à mon meilleur ami pour l’invectiver lui et sa chérie… Je la déteste, je la trouve inhumaine, je ressens de la rage à son encontre. Contre lui aussi, qui préfère éviter de la contrarier au prix de tout ce que je vais perdre… Je lui écris et dis des choses atroces.

Il me dit un jour, alors que je commence à emballer mes affaires, qu’il n’a pas été un très bon ami dernièrement et qu’il veut que je reste au studio. Qu’il a parlé avec elle et m’a défendue. J’en pleure de soulagement et lui demande de me promettre de ne plus changer d’avis jusqu’à la date qu’on aura convenue. Il me le jure, quoi qu’il arrive, même si sa chérie tombait enceinte ou qu’ils avaient pour projet d’emménager ailleurs que chez elle.

Une semaine plus tard… Il passe au studio pour signer le contrat. Là, il me dit qu’il doit en rediscuter avec sa copine. C’en est trop pour moi, encore une fois. Je lui fais une crise, il me reproche de s’engueuler comme un couple que l’on n’est plus, prend la défense de sa copine en disant que je dois comprendre sa position… Il s’en va, je fais une énorme crise borderline. Je bois, je casse des choses, je fais beaucoup de bruit. Je hurle et pleure jusqu’à ce que la police soit appelée par un voisin. De retour aux urgences, je suis rebelle, j’envoie chier tout le monde et me retrouve dans une cellule d’isolement. Je suis hystérique, pas du tout comme je suis quand je suis sobre (discrète, respectueuse, n’aime pas se faire remarquer et déranger les autres)…

Je retourne à l’unité de crise psychiatrique. C’est moi la tarée, moi la folle, parce que je réagis excessivement mal à ceux qui me blessent et que c’est moi qui suis internée, pas eux. J’ai honte, je me sens impuissante face à mon trouble, je me sens coupable et m’excuse pour mon comportement que je travaille pour changer (j’y arrive mais pas tous les jours, et une fois que je dérape je gâche tous mes progrès). Mais ceux qui me blessent ne se remettent pas en question.

Trop d’accumulation… La violence conjugale, puis la rupture, la perte du cours d’auto-défense qui me faisait énormément de bien et me donnait confiance en moi, le nouveau mec avec qui ça tourne aussi mal, quelques copines qui se détournent de moi alors que je n’ai pas fauté avec elles, la perte de mon meilleur ami, du studio, de mes animaux et de mes études, les traumatismes des nuits terribles aux urgences et de l’humiliation, la honte de croiser mes voisins, pas de famille pour me soutenir, etc… Ca fait beaucoup, même pour quelqu’un qui n’est pas borderline. Et ce n’est pas fini…

Je me sens trahie par mon ami, je constate que parce qu’il a trouvé une autre femme je n’ai plus aucune place dans sa vie. Je le voyais comme un ami proche, un frère… lui ne me voyait que comme une ex. Il m’a jetée comme une malpropre après m’avoir soutenue dans tellement d’épreuves. Parce que son envie de se remettre ensemble lui est passée. Ma confiance en les rapports humains est une nouvelle fois ébranlée. Car il me connaissait profondément et moi aussi (je le croyais), disait que j’étais exceptionnelle malgré le fait que j’étais une âme torturée et que rien ne pourrait briser notre lien, même si les choses de la vie allaient forcément nous éloigner. Que ma chienne était évidemment ma chienne, et que je pourrais la voir quand je veux pour faire une ballade avec elle…

Il me rappelle pour m’expliquer que sa copine est enceinte, que le bébé est prévu pour décembre et que je dois donc partir d’ici là. Il a donc trahi sa promesse, une fois de plus. Je n’ai pas supporté. Je suis partie vivre en catastrophe chez une connaissance en attendant de trouver une solution, j’ai pris mon chat avec moi car je ne pouvais pas le laisser. Le chien est avec mon ami, et puis je ne pourrais pas le prendre chez cette connaissance qui m’héberge gentiment avec mon chat… Cela fait donc des semaines que je n’ai pas vu ma chienne et j’ignore si je pourrai la revoir un jour.
On se reparle au téléphone quand je suis bourrée, je lui dis des choses ignobles que je n’ose même pas répéter. Pourtant je suis heureuse pour lui, mais ce qu’il me fait n’est à mon sens pas correct (en tout cas la manière) et le fait qu’il ne l’admette même pas me fait très mal. Je me mets donc en tort avec ma réaction. Non seulement il ne regrette pas de me mettre dans cette situation, il ne comprend pas que cela me blesse de me sentir utilisée, mais en plus c’est ma faute si on ne se parle plus car je suis allée trop loin dans mes paroles. Je ressens une grande injustice alors que lui est heureux comme tout… Cela fait mal.

J’habite donc chez cette connaissance depuis plusieurs semaines et continue de boire régulièrement en grandes quantités. La spirale infernale continue, je passe mes lendemains de cuite au lit, nauséeuse, honteuse, amnésique, sans aucune force ni motivation et des angoisses insupportables. Ce sont les seuls jours où j’arrive à ne pas boire ni enchaîner clope sur clope. Je ne mange pas pendant ces jours-là, ce qui fait que je ne prends pas trop de poids avec l’alcool (mais un peu quand même, je suis mal dans ma peau et ne fais plus de sport alors que j’adorais ça). Je vais mieux par moments, cela dure quelques jours puis ça retombe, quelque chose de négatif m’arrive et je suis dévastée.

Je fais des choses potentiellement dangereuses quand je bois. Il y a un mois je prends – pour la première et j’espère dernière fois – mon scooter en état d’ébriété alors que ce genre d’attitude m’a toujours révoltée et j’ai eu un accident (heureusement, je n’ai blessé personne, seulement moi-même). Je perds connaissance, l’ambulance m’emmène de nouveau à l’hôpital. Mon scooter est détruit. J’ai une entorse à une cheville et un genou ainsi que des plaies. Même si cela aurait pu être pire, j’aurai toujours ces blessures qui me font encore souffrir et quelques cicatrices.
L’autre soir, je suis sortie racheter de l’alcool et, déshinibée, j’ai rencontré une nana de mon âge, on a papoté, elle m’a raconté sa vie, on a partagé quelques bières et on a fini déchirées. Je ne ferais jamais cela en temps normal, en plus je suis très réservée et timide habituellement. Très prudente aussi. Elle est devenue agressive avec moi dû à l’alcool et j’ai dû partir. J’étais alors dans un quartier à l’autre bout de la ville à 2 heures du matin. Heureusement, un homme gentil a appelé un taxi pour moi et s’est occupé de moi en l’attendant. J’ai perdu mon téléphone ce soir-là, ainsi que toutes mes données iCloud, photos, contacts, planning…

Donc des pertes successives qui n’en finissent plus, puisqu’à la liste que j’ai écrite plus haut s’ajoutent le permis de conduire, donc le travail car je dois conduire pour mon job, mes données, mon téléphone donc de l’argent que je n’ai pas, et juste un petit détail ma dignité… En gros, je perds plein de choses et cela ne s’arrête pas, parfois à cause de mon propre comportement, parfois non… Car même lorsque je me tiens sage, quelque chose ou quelqu’un me fait mal et je perds pied. Je suis résistante aux drames mais intolérante aux petites frustrations de la vie quotidienne que je ne sais pas gérer…

L’alcool n’est pas le problème principal mais il l’aggrave. En étant dépressogène et en m’amenant à faire des choses dont les conséquences sont aussi défavorables à ma guérison. L’abstinence est donc le premier pas, mais loin d’être le seul, que je dois franchir pour aller mieux et me construire enfin une vie que j’aime, dont je prends soin et me comporter en congruence avec mes valeurs. Faire du bien autour de moi, aussi… Tellement d’efforts m’attendent, alors que je n’ai que très peu de force en ce moment. Peu d’outils, pas de cadre social, tout qui s’effondre. Mais je dois me montrer résiliente… Et je cherche par tous les moyens d’activer cette résilience, peut-être que les personnes de ce forum m’aideront à le faire.

Désolée pour l’énorme pavé !
J’espère qu’une personne au moins aura eu l’intérêt de tout lire et de me répondre.

Bizzz
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Valoo15
Messages : 1
Inscription : 14 août 2019, 01:04

Re: Une borderline qui ne gère plus sa conso d'alcool et gâche sa vie

Message par Valoo15 »

Je viens de te lire et bien qu étant désolée pour toi ça m a réconfortée.... j aurais pu écrire le même pavé! J ai cinquante ans et malheureusement bien que connaissant mon état de borderline vers les vingt cinq ans , j en souffre encore. Je compatis mais n ai tjrs pas trouvé de solution.... la meilleure n’étant d éviter les situations à risques... mais à trop les éviter on ne vit plus! Je te comprends tellement ... mais maintenant j ai plus de recul sur qui je suis... . Et comme toi je pense être une bonne personne malgré les crises et les addictions. Et finalement je préfère trop ressentir que ressembler à ces personnes pour qui l image et le qu en dira t on a plus de valeurs que les sentiments... je suis de tout cœur avec toi! Et n oublie pas ... tu souffre oui , mais c est pas toi qui a tort ! ;) ;) ;)
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