Cri du coeur

[Élia29]

Bonsoir,
Je suis une jeune femme de 29 ans présentant un trouble de personnalité limite depuis déjà 10 ans. Je présente des périodes ''dépressives" par moments depuis quelques années. Ceux ci pouvant durer de 1 à 3 semaines. Mais ça fait maintenant 1 mois que je suis dans une ''impasse''. Je pense à la mort très souvent. J'ai des idées noires et des scénarios très souvent. Je me dis des choses très négative sur mon passé et ma vie. Du genre '' j'aurais mieux fait de pas venir au monde'', '' je ne suis que souffrances pour tout le monde''. Je n'ai pas élaborer de plan, mais je juge que je suis dans une passe ''dépressive'' importante .Je frappe un mur car je sais que je ne peux rester comme ça. Seulement je n'ai plus envie de me battre. J'en ai marre et je suis fatiguée. La seule chose qui me tienne en vie et en quoi j'ai espoir c'est mon meilleur ami que je connais depuis 12 ans et ma grand-maman.
Je sais que je devrais aller consulter mais j'ai peur et j'ai pas envie d'entendre encore les mêmes discours. J'ai suivi plusieurs thérapies et vu plusieurs psychologues et ça me pue au nez au plus au point, tellement que j'en ai fait une ''échoeurantite'' aigue il y a trois ans. J'ai l'impression d'avoir tout essayer, je suis consciente de plusieurs choses, et j'ai fait plusieurs démarches mais la plupart ce sont résolues en échecs. Je cotoie des professionnels depuis ma tendre enfance. J'en suis venue à me dire que je n'avais pas la capacité de changer ou qu'il me manquait quelque chose. Pas de volonté mais certaines capacités d'introspection peut - être. Je n'ai jamais réussit à régler aucuns de mes problèmes. J'ai déménagée dans une autre ville, dans l'espoir que je trouve ''une certaine paix''. Je me suis tromper. Je me suis isolée ici. Je ne connais personne. Je suis seule 24 sur 24 et n'a de contact que par téléphone avec quelques amis et ma grand-mère de ma ville natale. Je me sens seule et isolée. Avec la pandémie, rien pour arranger les choses. J'ai commencer à faire des crises d'anxiété et mon trouble '' dissociatif ''( fait partie de mon TPL) me joue des tours me poussant un peu à la paranoia.
Je suis en ''break'' avec mon copain des 6 derniers mois. Notre relation est toxique. Nos blessures ne concordent tout simplement pas. J'ai décider de prendre un break et de le voir que quand je serai prête en amis. Je pense sincèrement que cette relation ne mène à rien.J'ai toujours fait de mauvais choix pour ce qui est de mes conjoints. Et je croit qu'effectivement ce n'est pas une personne pour moi.

Je sais que j'ai le choix. La vie ou la mort ? Retourner dans ma ville natale ou rester ici ? Quelles raisons me motive vraiment ? Qu'est ce qu'il me reste ? De quoi est je vraiment envie ? Pourrais me sortir de mon cercle vicieux un jour ? Il a évidement des éléments que j'éviterais d'élaborer ici mais disons que ma vie est vraiment pas facile. Les cercles vicieux m'empoissonne et me détruit à petit feux. Il a des jours ou j'ai encore espoir et me dire que je peux encore ''essayer'' de m'en sortir. Et d'autres jours ou je me dis que c'est de l'acharnement.

Bref, je ne veux pas parraître défaitiste, mais la solitude me pèse énormément. Et c'est extrêmement difficile ces temps ci.
C'était mon message, ça m'a fait du bien d'écrire, j'Imagine que quelques personnes peuvent vivre des choses à peu près semblable.
Merci !

[Minijeune]

Bonjour,
Je suis contente de voir que ça l'a pu vous faire du bien de venir écrire ici. Croyez-moi, pour en avoir vécu plusieurs moments de crise, il est possible de s'en sortir, de faire du cheminement, avec les bons therapeutes... ceux qui justement ne disent rien... pas la même salade qu'on est toujours habitué d'entendre. C'est devant la neutralité et en s'entendant soi-même qu'on fait du chemin... qu'on construit en soi ce qu'on a réellement besoin pour affronter le monde qui nous rappelle nos pires traumatismes.

J'ai un TPL aussi, qui a été diagnostiqué en 2014.
En 2018, on m'a dit que j'avais un trouble sévère et que je ne serais jamais capable d'être fonctionnelle... me voilà,quasi 3 ans plus tard, et malgré le fait que je me sente parfois dépassée, parfois anxieuse, parfois au bord de la crise... j'ai de moins en moins de symptômes dissociatifs, même si ça peut m'arriver encore. La dissociation, c'est un mécanisme de défense pour ne pas faire face à ce qui nous fait le plus mal... ou ce qui nous fait croire qu'on va avoir mal.

J'étais la professionnelle du déménagement...
Toujours avoir à recommencer, ça nous protège, on s'attache pas, ou moins... donc on a l'impression qu'il y a moins de menace.

Qu'est-ce qui m'aide... avoir des responsabilités, avoir une routine, travailler... faire du bénévolat, trouver ce qui nous fait du bien. Et répéter ce qui nous fait du bien, x1000! Faire ce qui nous apaise! Si votre grand-mère et votre ami sont importants pour vous, parlez leur, changez vous les idées. Je me suis rendue compte que quand j'allais vraiment mal, j'aimais me faire des crêpes, prendre ma douche avec des savons pour le corps qui sentent bon! J'aime faire des casse-têtes. Ça me passionne vraiment haha!!

[Élia29]

Bonjour,
Merci pour votre réponse. Ça m'encourage et j'arrive à voir un peu plus clair.
Les crêpes et les casses -têtes c'est toujours de bons remèdes !
Je faisais plein de casse-têtes quand j'étais à l'hôpital
J'essaie de m'informer un peu plus sur la ''dissociation'' j'ai effectivement appris que c'était un mécanisme de défense qui m'était commun quand je me sentais menacée ou en danger.
Par contre, j'ignore si c'est lié à un traumatisme ...
Ayant eu une enfance relativement ''correct'' à part un ou deux évènements susceptibles de m'avoir ''traumatisé''
Je pense qu'un professionnel qui connaît le domaine pourrait m'aider

Bref. Je fais des prises de conscience.
Je vous souhaite la sérénité et la paix intérieure que vous avez besoin
Je vous trouve courageuse
Merci !

[Minijeune]

Bonjour,
Si je ne me trompe pas, la base du trouble de personnalité limite, c'est un trouble de l'attachement. Une peur, fondée ou non, de l'abandon. La sensation d'avoir été abandonnée, qu'on ait validé ou pas ce sentiment, c'est un traumatisme en soi...

Moi, c'est un peu ça qui déclenche mes crises... des enjeux relationnels, qui me causent beaucoup de colère, de peur d'être abandonnée encore, qu'on franchisse des limites de l'adéquat, qu'n me renforcisse dans un rôle qui ne m'appartient pas, qu'on me force à faire des choses que je ne veux pas faire. Pour ce qui est des autres traumatismes, souvent, les TPL ont un vécu de violence ou de négligence dans l'enfance, mais je sais que ce n'est pas tous les cas de borderline qui ont vécu ce genre de situation.

Il faut y aller délicatement quand on travaille sur nos traumatismes. Il ne faut pas déterrer n'importe quoi, n'importe quand. Il faut être bien outillé pour être en mesure de tolérer la détresse associée. Se trouver un safe place intérieur, savoir qu'on a un plan d'urgence en cas de débordement émotif ou d'épisode de semi perte de contact avec la réalité (dissociation, paranoïa).

Ce qui m'a aidé, c'est vraiment d'avoir des mécanismes à utiliser en cas d'urgence. Par contre, au début, j'ai eu besoin de l'aide extérieur pour me contenir, surtout quand je me retrouvais face à des flashbacks des abus sexuels que j'ai vécus... mais peu à peu, j'arrive à m'apaiser par moi-même. J'arrive à prendre confiance en moi, et je n'ai plus besoin de tomber dans les comportements dommageables, pour me dossocier de la réalité... parce que les acting out, ce sont des conduites dissociantes.

Si vous voulez lire sur la mémoire traumatique, j'ai beaucoup apprécié ce que Muriel Salmona a écrit.
Courage

[Élia29]

Merci !
Vous m'êtes vraiment d'une grande aide.
Effectivement, je sais d'où vient ma peur de l'abandon. Et le sentiment de rejet aussi.
Il y a eu des situations '' inconfortables'' et importantes dans mon passé.
Quand vous avez écrit :
'' Moi, c'est un peu ça qui déclenche mes crises... des enjeux relationnels, qui me causent beaucoup de colère, de peur d'être abandonnée encore, qu'on franchisse des limites de l'adéquat, qu'n me renforcisse dans un rôle qui ne m'appartient pas, qu'on me force à faire des choses que je ne veux pas faire'', je me suis reconnue tout de suite.
Les plans d'urgence en cas de débordements me paraît être un bonne solution et j'ai conscience que c'est quelque chose de ''pas facile à franchir et à aller travailler'' c'est pourquoi je veux tout d'abord me référer à un professionnel.
Merci pour la suggestion de lecture