étonnement

Forum borderline, état limite
laurent59
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Re: étonnement

Message par laurent59 »

Il me semble qu'il y a un pivot qui est la nourriture
Toute mon enfance et toute mon adolescence, j'ai été poussé à manger les bons petits plats de ma mère et de ma grand-mère. Je ne devais jamais rien laisser dans mon assiette, et les plats devaient repartir vides à la cuisine. Quand j'étais resté un certain temps loin de mes parents, ma mère m'accueillait avec une moue "t'as pas grossi". Sous-entendu "tu ne manges pas à ta faim". Quand j'ai commencé à piller les réserves de la cuisine en dehors des repas, cela n'a provoqué que de l'amusement complice.
Plus tard, j'ai utilisé ce vieux réflexe quand j'ai commencé à avoir des problèmes dans mon couple, et là je suis prisonnier de ce recours constant à la nourriture.
Surpoids
> image sociale dégradée
> hypertension > médicaments qui accentuent mes problèmes sexuels
> mauvais sommeil qui accentue mes difficultés

Donc m'attaquer en premier à mes compulsions alimentaires
Dubreuil
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Re: étonnement

Message par Dubreuil »

Alors le faire doucement, n'est-ce-pas ?
Par exemple : 1ère étape, jusqu'au 15 juin :
Continuer à manger ce qu'il vous plait, mais déjà en plus petites quantités, et ne pas vous resservir. Ou la moitié de ce que vous auriez fait.
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Dubreuil
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Re: étonnement

Message par Dubreuil »

SE MUTILER, SE FAIRE MAL

Se mutiler c'est se punir.
Se mutiler c'est se sentir coupable de ne pas être celle ou celui que l'on pense que les autres voudraient que l'on soit.
C'est se dire que l'on déçoit. Que si on est violenté(e), grondé(e), humilié(e) c'est qu'on le mérite et que c'est bien fait pour nous. Et on en rajoute parce que l'on s'en veut de supporter cela et d'être à la fois aussi méprisable.
Se mutiler c'est faire un temps que la douleur physique soit plus forte que la douleur morale.
Se mutiler c'est au moins faire ce que l'on veut sur soi et de soi, " on a pas décidé de notre naissance, on peut au moins décider de notre souffrance."
Se mutiler c'est jouir. D'une certaine façon, se donner du plaisir.
Se mutiler c'est se punir d'avoir l'impression de n'être rien pour l'autre, de ne pas être aimé(e), ni apprécié(e), ni entendu(e).
C'est ne pas trouver les bons mots à dire aux bonnes personnes, et de les faire sortir avec le sang. Comme faire sortir sa colère sans faire de mal à l'autre.
C'est aussi avoir des idées de meurtre, de " mauvaises " pensées sur celui ou celle qui nous empêche de vivre, de parler, d'évoluer, et d'avoir trouvé ce seul moyen pour ne pas aller encore plus mal.
Enfant, adolescent, c'est savoir que nous sommes dépendant de l'adulte, de l'autre, des autres, et qu'il faut ravaler la colère et sa haine, attendre, toujours attendre pour être libre.
C'est avoir envie de secouer l'autre en lui disant tout le mal qu'il nous fait, tout le mépris que l'on a pour lui, et tout l'amour qu'on lui voue.
Chaque fois que vous vous mutilez vous appelez à l'aide. Ce sont des tentatives de suicide pour résoudre à tout jamais ce que l'on ne sait pas exprimer, mais qui, quand on se fait du mal physiquement, cesse un temps de nous faire du mal moralement.
Si on se punit sans savoir pourquoi, c'est que dans son enfance on a cru être méchant et mériter que l'on ne soit pas aimé comme on voulait. Et comme on ne peut pas exprimer sa colère de ne pas être aimé, comme on ne peut pas en vouloir à ses parents ou autre, comme ils sont plus forts que nous, qu'ils sont tout-puissants, et que ce serait encore pire si ils savaient qu'on leur veut du mal parce qu'ils ne nous aiment pas, alors on se fait du mal à soi.
On se punit de ne pas savoir se rendre " aimable ".
Un peu comme si l'on se disait :
- C'est bien fait pour toi si on ne t'aime pas, tu ne mérites pas qu'on t'aime, allez prends ça, et encore ça !
Et bien sûr que ce n'est pas de la faute de l'enfant.
Bien sûr que ce sont les adultes qui sont violents et imposent à l'enfant leur bêtise, leur injustice, des coups ou mauvais traitements psychologiques !
Mais l'enfant croit que c'est normal, que c'est de sa faute, qu'il le mérite.
Alors il se punit d'être puni.
L'automutilation est due à beaucoup d'éléments propres à chaque personne, mais il en ressort toujours qu'elle se pratique sous le coup d'une grande souffrance morale, d'une intense culpabilité ou d'une croyance erronée basée sur des sévices psychiques ou corporels infligés par autrui et qui ont fait croire au sujet qu'il n'était pas digne d'être aimé, parfois même de vivre.
L'automutilation est également associée au masochisme extrême ou la jouissance de se faire mal, pour se punir d'une faute jugée impardonnable, est à un moment donné plus forte que la douleur physique et morale. Le sujet en éprouve alors une paix intérieure de quelque durée, jusqu'à ce qu'il se sente obligé de recommencer.
( Vous pouvez rencontrer ces symptômes psychiatriques, par exemple dans la religion catholique où des " saints " sont décrits comme se flagellant afin de se punir d'avoir eu des gestes ou des pensées impures. )
Le masochisme est très difficile à " guérir ", car il a souvent son écho avec une jouissance sadique provoquée par une autre personne, ou retournée contre le sujet lui-même, par lui-même.
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Dubreuil
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Re: étonnement

Message par Dubreuil »

LA BOULIMIE

Le problème c'est que la boulimie fait partie des maladies mentales, et que seul un psy peut vous aider.
Quelques explications pour les internautes qui ont l'air de faire pas mal de confusion entre " compenser " et la pathologie morbide de la boulimie.
Déjà il est très important de dissocier la boulimie de la compensation.
Cela n'a absolument rien à voir. On peut n'avoir aucune volonté, se " goinfrer " par moments quand on ne sait pas quoi faire, ou si l'on est désoeuvré, ou triste, etc.. sans que cela s'appelle de la boulimie.
La boulimie est une maladie mentale
Tout comme l’anorexie ( qui est parfois son pendant ) la boulimie est une réelle maladie psychiatrique qui ne guérit pas.
La boulimie n’est pas de manger au delà de sa faim, de manger sans faim, mais d’avoir toujours faim. Et ce n’est ni de la gourmandise ni du grignotage, la boulimie est un faux appétit.
Ce faux appétit impérieux a une partie liée avec le noyau anorexique dans un rapport d’inversion : la boulimie fait son apparition comme inversion de l’anorexie et peut former un système d’alternance.
Si les processus psychiques ne sont pas les mêmes, tout comme une addiction alcoolique, anorexique ou boulimique on reste pourtant toute sa vie fragilisée par le risque d’une rechute.
Dans la boulimie il y a toujours l’existence d’une phase préalable donnant lieu à une lutte pour repousser l’acte qui n’en finit pas moins par se produire sur le mode impulsif.
- Manger très peu, tantôt énormément.
- Justifier l’ouverture de la boite
- Vivre cette impression de faim, d’angoisse, irritable ou de malaise
- Choisir la nourriture la plus riche
- Ne pas attendre, prendre tout ce qui est à sa portée
- Manger les aliments faciles de suite
- Subir une solitude pesante
- Manger très vite
Manger c’est incorporer, garder en soi, détruire, c’est du cannibalisme.
l’avidité dépasse ce que l’on veut et ce que l’on nous donne.
En s’appuyant sur la théorie des pulsions de Mélanie klein* ( théorie fin analyse ) ces dernières ne vont plus sur la dévoration du sein mais sur tout ce qui est mangeable, la nourriture n’existant pas en elle même.
Manger est un fait social avec des normes conventionnelles : petit déjeuner, déjeuner, goûter, dîner. Ces fonctions apparemment innées sont en fait particulièrement acquises par un apprentissage primitif qui les complètent, les organisent en sensations distinctes efficaces ou totalement anarchiques pour le bébé.
La mère répond normalement aux sensations de faim de son enfant avec une nourriture appropriée, l’enfant développe l’engramme de faim et apprend ainsi à le reconnaître et à le distinguer des ses autres tensions ou besoins.
Le boulimique n’a pas de repères physiologiques, il y a confusion dans les signaux du corps. Dans des besoins identifiés la sensation de faim est très souvent absente.
Les boulimiques sont des mangeurs sans repères physiologiques, ils mangent par accès brutaux et ne sont pas particulièrement enclins à s’asseoir à table en toute convivialité.
La façon de manger du boulimique va à l’encontre de l’idée de nutrition, il s’agit d’une affaire de désir, ce par quoi on tend a rétablir des signes liés aux premières expériences de satisfaction.
Si la mère est perdue dans ses problèmes personnels et ramène à elle tous les faits et gestes de son enfant, par ex : quand il pleure elle a mal, quand il ne mange pas il lui est hostile quand il mange c’est pour lui faire plaisir, si ses réponses ne sont pas appropriées, si elle néglige, inhibe, force ou entérine indistinctement tous les messages de l’enfant, celui-ci est dans la plus grande confusion.
Plus tard il sera incapable de faire la différence entre faim et non faim. D’où la peur de mourir de faim de l’obèse.
L’aliment est associé à l’excitation du besoin qui amène le souvenir de la satisfaction, c’est ce qu’on appelle le désir.
La satisfaction orale est une satisfaction érotisée, celle du plaisir de jouir du lait.
La suralimentation est un retournement auto-érotique lié à la perte de l’objet, une régression vers la « sexualité » orale.
Normalement perdre le sein c’est le désirer. Il y a donc une différenciation de fait entre le lait et le sein. Dans la boulimie il n’y a pas d’objet perdu ( le lait ) car le lait et la satisfaction-jouissance ne font qu’un, la fonction reste uniquement sur elle-même.
Il n’y a pas le deuil de la symbiose, il n’y a pas de séparation donc pas de désir de retrouver.
Le désir va rester sur la nourriture.
Ne pas manger ou manger trop sont toujours les signes d’une recherche de limites.
La boulimie se vit comme un refuge, un fonctionnement désespéré dans la confrontation avec la réalité chez des sujets qui se débattent avec l’incertitude des frontières entre l’intérieur et l’extérieur, entre leurs pensées et celles des autres, entre le rêve et la réalité.
Dans la normalité, ce qui est associé à l’excitation du besoin amène le souvenir de cette satisfaction et on la désire à nouveau, c’est le désir. L’aliment est associé à l’excitation du besoin, et le souvenir de la jouissance procurée ramène le désir.
Dans la boulimie il n’y a pas de vie possible quand il n’y a pas de nourriture, on ne peut que mourir. Il n’y a pas de recul entre le lien du désir créé par le manque, et la différenciation entre l’objet et la satisfaction. On ne peut donc que manger.
De même que la nourriture ne nourrit pas, qu’elle n’a pas de goût, la sexualité n’a pas de désir.
Chez la personne boulimique la suralimentation est une masturbation. Une régression à la première sexualité qui était orale
Entre ce qui se perd et n’est pas perdu, le sein érotisé qui est soi, et ce qui ne peut pas se retrouver puisque c’est là, il n’y a pas de deuil possible
Manger est la nécessité de retourner avant la parole sans avoir besoin de la parole pour exister.
Pour éviter le déplaisir la nourriture est alors considérée comme seule désirable, on tourne en rond sans l’autre, on s’auto récupère pour ne jamais se perdre.
La boulimie est entre la négation du plaisir, et la tentative du plaisir, pour ne pas aller vers la réalité.
Le boulimique jouit seul, il se donne ce souvenir érotisé, il jouit de lui.
Le corps ignoré fuit, laissé à l’abandon. Il y a une distorsion du fait de cette manipulation, les anorexiques ne se voient pas maigres, les obèses ne se voient pas maigrir.
Manger pour le boulimique c’est comme une hallucination, le passage de la bouche pleine d’aliments à une bouche pleine de mots. Mais la bouche reste vide.
Le manque est nommé par la bouche qui n’en parle pas et l’engouffre.
Manger c’est ne rien dire, le discours du plaisir est parfait, les mots y perdent leur sens, on ne cherche plus les mots, la nourriture les habitent. Tout ne devient que besoin sourd, machinal, comportementaliste, sans travail, sans objet ni désir
Manger c’est transgresser un interdit, on est gros, on ne doit pas manger, on se fait honte et on fait honte aux autres, alors on mange quand même en sachant que ce n’est pas ce que l’on désire, et on se punit de manger en mangeant
Si on mange on nie tout, donc on mange tout. Jusqu’à ce que l’on ne puisse rien retrouver, que l’on ne voit plus rien, que ça n’existe pas.

* Théorie de Mélanie Klein
( Psychanalyse )
Selon Mélanie Klein, le plaisir de la tétée est relié au stade oral, avec les principes d’intériorisation et d’intériorisation, et d’incorporation.
Intériorisation
Ce qui est en soi.

Introjection
Mettre en soi

Incorporation
L’enfant qui se trouvait alors à l’intérieur du corps de la mère la place maintenant à l’intérieur de lui. Ce sera le mécanisme psychologique inconscient d’incorporation imaginaire d’un objet.

Mélanie Klein pense que dès le début de la vie, le petit enfant a déjà un Moi archaïque livré à la peur et à l’angoisse.
De plus, il aurait déjà un surmoi lui interdisant de satisfaire ses désirs.
Elle divise cette première périodes de la vie en deux positions :
- La position paranoïde-schizoïde
- La position dépressive

*La position paranoïde-schizoïde
Se situe vers 4 mois, dans le stade oral
Elle est liée à l’instinct de vie et de l’instinct de mort de la personnalité.
D’une part les pulsions sexuelles et d’auto-conservation, d’autre part les pulsions agressives et d’auto-destruction.
Ce sont ces pulsions qui sont en œuvre dans la position paranoïde-schizoïde, ainsi qu’entre les conflits entre le moi et le surmoi.
Au stade oral le bébé ne fait pas de distinction entre lui-même et le sein nourricier. Il ne voit que les objets partiels et non l’objet entier. Le sein de la mère est un objet partiel.
Dès que le déplaisir ou la frustration se fait jour le bébé projette à l’extérieur ce qui lui est intolérable, mais cela lui revient automatiquement et l’habite entièrement.
A la fois il devient mauvais et à la fois il est mauvais. De même pour le bon ressenti, à la fois il est bon et à la fois le bon lui revient.
Dans son omnipotence il peut donc être bon et mauvais ( caractère des enfants-rois )
Il clive ainsi l’objet en deux parties : le bon et le mauvais sein.
Il est aussi la bonne et la mauvaise mère.
Quand l’objet lui semble mauvais il développe une agressivité fantasmatique et attaque le sein.
Cette agressivité lui est aussitôt rendue et peut le détruire ( fantasme ) d’où les peurs et les angoisses.
En incorporant le bon et le mauvais sein il devient identifié à ces objets.
Il en prend les attributs et la puissance, bonne ou mauvaise.
Ce qui est détruit fantasmatiquement chez l’une est détruit chez l’autre.
En ethnologie, il a été prouvé qu’à des périodes lointaines les parents dévoraient véritablement leurs enfants. Ces comportements ne pouvant qu’engendrer l’horreur, n’ont pu être assumés et ne le sont encore aujourd’hui que par le biais des contes de fées.
Cette animalité dévorante de l’homme le dépasse lui-même dans son entendement, et force lui est, pour l’expurger, de la banaliser dans un imaginaire collectif ou symbolique.
L’enfant en garde inconsciemment le souvenir et l’anticipe en dévorant symboliquement la mère potentiellement dévoreuse. ( d’où le désespoir des enfants qui veulent « réparer » les parents )
Ensuite, plus élaborée l’angoisse devient soit persécutrice, soit dépressive.
L’enfant n’arrivera à se dégager de cette position paranoïde-schizoïde qu’à la position dépressive

*Position dépressive
Ce clivage s’atténue par la suite, mais les pulsions destructives ont fait naître une grande culpabilité provoquant une angoisse dépressive. Là intervient alors le fantasme de réparation et de protection de l’objet détruit.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: étonnement

Message par Dubreuil »

BOULIMIE
Déjà il est très important de dissocier la boulimie de la compensation.
Cela n'a absolument rien à voir. On peut n'avoir aucune volonté, se " goinfrer " par moments quand on ne sait pas quoi faire, ou si l'on est désoeuvré, ou triste, etc.. sans que cela s'appelle de la boulimie.
La boulimie est une maladie mentale
Tout comme l’anorexie ( qui est parfois son pendant ) la boulimie est une réelle maladie psychiatrique qui ne guérit pas.
La boulimie n’est pas de manger au delà de sa faim, de manger sans faim, mais d’avoir toujours faim. Et ce n’est ni de la gourmandise ni du grignotage, la boulimie est un faux appétit.
Ce faux appétit impérieux a une partie liée avec le noyau anorexique dans un rapport d’inversion : la boulimie fait son apparition comme inversion de l’anorexie et peut former un système d’alternance.
Si les processus psychiques ne sont pas les mêmes, tout comme une addiction alcoolique, anorexique ou boulimique on reste pourtant toute sa vie fragilisée par le risque d’une rechute.
Dans la boulimie il y a toujours l’existence d’une phase préalable donnant lieu à une lutte pour repousser l’acte qui n’en finit pas moins par se produire sur le mode impulsif.
- Manger très peu, tantôt énormément.
- Justifier l’ouverture de la boite
- Vivre cette impression de faim, d’angoisse, irritable ou de malaise
- Choisir la nourriture la plus riche
- Ne pas attendre, prendre tout ce qui est à sa portée
- Manger les aliments faciles de suite
- Subir une solitude pesante
- Manger très vite
Manger c’est incorporer, garder en soi, détruire, c’est du cannibalisme.
l’avidité dépasse ce que l’on veut et ce que l’on nous donne.
En s’appuyant sur la théorie des pulsions de Mélanie klein* ( théorie fin analyse ) ces dernières ne vont plus sur la dévoration du sein mais sur tout ce qui est mangeable, la nourriture n’existant pas en elle même.
Manger est un fait social avec des normes conventionnelles : petit déjeuner, déjeuner, goûter, dîner. Ces fonctions apparemment innées sont en fait particulièrement acquises par un apprentissage primitif qui les complètent, les organisent en sensations distinctes efficaces ou totalement anarchiques pour le bébé.
La mère répond normalement aux sensations de faim de son enfant avec une nourriture appropriée, l’enfant développe l’engramme de faim et apprend ainsi à le reconnaître et à le distinguer des ses autres tensions ou besoins.
Le boulimique n’a pas de repères physiologiques, il y a confusion dans les signaux du corps. Dans des besoins identifiés la sensation de faim est très souvent absente.
Les boulimiques sont des mangeurs sans repères physiologiques, ils mangent par accès brutaux et ne sont pas particulièrement enclins à s’asseoir à table en toute convivialité.
La façon de manger du boulimique va à l’encontre de l’idée de nutrition, il s’agit d’une affaire de désir, ce par quoi on tend a rétablir des signes liés aux premières expériences de satisfaction.
Si la mère est perdue dans ses problèmes personnels et ramène à elle tous les faits et gestes de son enfant, par ex : quand il pleure elle a mal, quand il ne mange pas il lui est hostile quand il mange c’est pour lui faire plaisir, si ses réponses ne sont pas appropriées, si elle néglige, inhibe, force ou entérine indistinctement tous les messages de l’enfant, celui-ci est dans la plus grande confusion.
Plus tard il sera incapable de faire la différence entre faim et non faim. D’où la peur de mourir de faim de l’obèse.
L’aliment est associé à l’excitation du besoin qui amène le souvenir de la satisfaction, c’est ce qu’on appelle le désir.
La satisfaction orale est une satisfaction érotisée, celle du plaisir de jouir du lait.
La suralimentation est un retournement auto-érotique lié à la perte de l’objet, une régression vers la « sexualité » orale.
Normalement perdre le sein c’est le désirer. Il y a donc une différenciation de fait entre le lait et le sein. Dans la boulimie il n’y a pas d’objet perdu ( le lait ) car le lait et la satisfaction-jouissance ne font qu’un, la fonction reste uniquement sur elle-même.
Il n’y a pas le deuil de la symbiose, il n’y a pas de séparation donc pas de désir de retrouver.
Le désir va rester sur la nourriture.
Ne pas manger ou manger trop sont toujours les signes d’une recherche de limites.
La boulimie se vit comme un refuge, un fonctionnement désespéré dans la confrontation avec la réalité chez des sujets qui se débattent avec l’incertitude des frontières entre l’intérieur et l’extérieur, entre leurs pensées et celles des autres, entre le rêve et la réalité.
Dans la normalité, ce qui est associé à l’excitation du besoin amène le souvenir de cette satisfaction et on la désire à nouveau, c’est le désir. L’aliment est associé à l’excitation du besoin, et le souvenir de la jouissance procurée ramène le désir.
Dans la boulimie il n’y a pas de vie possible quand il n’y a pas de nourriture, on ne peut que mourir. Il n’y a pas de recul entre le lien du désir créé par le manque, et la différenciation entre l’objet et la satisfaction. On ne peut donc que manger.
De même que la nourriture ne nourrit pas, qu’elle n’a pas de goût, la sexualité n’a pas de désir.
Chez la personne boulimique la suralimentation est une masturbation. Une régression à la première sexualité qui était orale
Entre ce qui se perd et n’est pas perdu, le sein érotisé qui est soi, et ce qui ne peut pas se retrouver puisque c’est là, il n’y a pas de deuil possible
Manger est la nécessité de retourner avant la parole sans avoir besoin de la parole pour exister.
Pour éviter le déplaisir la nourriture est alors considérée comme seule désirable, on tourne en rond sans l’autre, on s’auto récupère pour ne jamais se perdre.
La boulimie est entre la négation du plaisir, et la tentative du plaisir, pour ne pas aller vers la réalité.
Le boulimique jouit seul, il se donne ce souvenir érotisé, il jouit de lui.
Le corps ignoré fuit, laissé à l’abandon. Il y a une distorsion du fait de cette manipulation, les anorexiques ne se voient pas maigres, les obèses ne se voient pas maigrir.
Manger pour le boulimique c’est comme une hallucination, le passage de la bouche pleine d’aliments à une bouche pleine de mots. Mais la bouche reste vide.
Le manque est nommé par la bouche qui n’en parle pas et l’engouffre.
Manger c’est ne rien dire, le discours du plaisir est parfait, les mots y perdent leur sens, on ne cherche plus les mots, la nourriture les habitent. Tout ne devient que besoin sourd, machinal, comportementaliste, sans travail, sans objet ni désir
Manger c’est transgresser un interdit, on est gros, on ne doit pas manger, on se fait honte et on fait honte aux autres, alors on mange quand même en sachant que ce n’est pas ce que l’on désire, et on se punit de manger en mangeant
Si on mange on nie tout, donc on mange tout. Jusqu’à ce que l’on ne puisse rien retrouver, que l’on ne voit plus rien, que ça n’existe pas.
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Re: étonnement

Message par laurent59 »

Dubreuil a écrit : 20 mai 2021, 10:08 SE MUTILER, SE FAIRE MAL

Se mutiler c'est se punir...

...contre le sujet lui-même, par lui-même.
Beaucoup de pain sur ma planche...
Dubreuil
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Re: étonnement

Message par Dubreuil »

" à la recherche de quelque chose qui pourrait expliquer ou décrire mes changements d'humeur incessants et parfois ultra rapides."
C'était votre constatation première à votre venue sur ce forum.
Vous vouliez savoir si vous étiez borderline. Vous semblez plutôt avoir vécu jusqu'à ce jour dans un état de stress post-traumatique où vous vous êtes contenté de consulter des "psys", sans vraiment ressentir la volonté et le courage de "travailler " sur vos comportements limites.
Aujourd'hui, un peu mieux éclairé, vous écrivez que vous avez "du pain sur la planche". Là encore c'est une constatation, sans que l'on puisse pour l'instant y déceler un réel désir de changement dans votre façon d'appréhender la vie et vos difficultés existentielles.
Certes, vous entendez, vous comprenez, vous raisonnez fort bien... mais à quoi cela sert-il si vous continuez votre train-train quotidien ?
Qu'allez-vous faire ?
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Re: étonnement

Message par laurent59 »

mon train-train quotidien, ce sont aussi ces changements incessants : changements d'humeur, changements d'opinions, changements de certitudes, changements de priorités, et il y en a d'autres. Ce qui ne change pas, c'est ma profonde lassitude.
Dubreuil
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Re: étonnement

Message par Dubreuil »

Vous avez eu des réponses professionnelles.
En invoquant votre lassitude, vous pouvez ne rien en faire, continuer à survivre dans les bénéfices secondaires de la plainte en mettant (comme vous le faites ici) votre entourage devant le fait accompli, sans aucun ressort, ni réflexion sur ce qui vous a été avancé. Le principal pour vous étant que vous l'ayez dit sans vraiment aucune envie, ou possibilité, de changement.
Vous cohabitez avec votre mal-être sans donner l'impression que vous souhaitez vraiment en changer. Et pour cela vous devriez soigner en premier votre état dépressif.
Ensuite, vous avez 62ans, et à votre âge on vit sur ses acquis, on peut les améliorer mais il est très rare de pouvoir se remettre en question comme on peut le faire à 20 ans ou à 30 ans. La structure mentale est établie, en changer peut aussi être très hasardeux et mettre votre équilibre psychique en péril. Les remises en cause violentes sont à éviter.
C'est vous qui savez ce qui est bien pour vous, ce qui est supportable, et si vous n'avez pas envie de vous soigner, si votre inertie et la mauvaise opinion que vous avez de vous-même sont insurmontables, personne ne peut rien pour vous.
Je considère avoir répondu à votre demande et vais en rester là dans mes réponses.
Prenez soin de vous.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
laurent59
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Re: étonnement

Message par laurent59 »

Merci
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