Borderline ou pas ? Errance

[Willow W]

Bonjour à tous,

Peut-être que ce post n'aura jamais de réponse mais je tente.

Déjà, au cas où : TW : automutilation et autres joyeusetés.

Je préviens d'avance, ça risque d'être fouilli.

J'ai 29 ans. Depuis toujours je suis quelqu'un de très très angoissée. Je fais des crises d'hyperventilation depuis l'adolescence. J'ai également fait plusieurs épisodes dépressifs et ce dès l'âge de 9 ans. Pour ce premier épisode, ça n'a pas été diagnostiqué, probablement parce que je le cachais et probablement parce que mes parents, même si je les adore, n'étaient pas (ils le sont un peu plus maintenant mais pas ouf non plus) éveillés/éduqués sur la psychologie et encore moins infantile. Je n'ai compris que bien plus tard ce que c'était en me rendant compte qu'à 9 ans il n'est pas très normal de s'asseoir derrière sa fenêtre en pleurant et se dire qu'on va sauter... Ceci est arrivé suite au décès de mon grand-père (ma figure paternelle. Les rapports avec mon vrai père sont complexes).

Rebelote à partir de 14 ans où ça a été la descente aux enfers : le décès de ma grand-mère a déclenché cet épisode dépressif qui a duré... 3 ans. 3 ans durant lesquels je me suis charcuté le bras, renfermée et pour couronner le tout j'ai été harcelée. J'ai voulu mourir un bon milliard de fois mais je ne sais pas ce qui m'a retenue jusqu'à ce jour : j'étais assise sur mon lit. Tout était clair dans ma tête, je n'avais plus qu'à écrire ma lettre, choper la caisse à outils pour que mes parents ne puissent pas ouvrir la porte et me trancher les veines dans le bain. Et là, mon chat, que j'aimais plus que tout au monde, ma seule alliée, est rentrée dans ma chambre, s'est tranquillement assise et m'a regardée. Et là je me suis dit que si je partais je l'abandonnais. Et j'en avais pas le droit, j'étais responsable d'elle et j'allais lui faire mal. C'est elle qui m'a sauvée.

Autre épisode dépressif en 2011, puis en 2018 suite à une relation toxique avec un pervers narcissique, en 2019 suite au décès de mon chat (oui oui, celle grâce à qui je suis encore en vie) et 2020.

Et 2020... c'est là que tout a explosé. J'ai commencé à faire n'importe quoi : fumer des joints (ce que je ne faisais jamais), tromper mon mec et le quitter le lendemain pour avoir une relation chaotique avec la personne avec qui j'ai fauté que j'ai fini par quitter tout aussi vite et si mon cerveau m'avait pas mis deux baffes j'aurais fini avec une paille dans le nez. Ces fameuses baffes : mon cerveau m'a tout simplement fait comprendre que j'étais un champ de ruines. J'en ai eu marre. J'ai mis les mains dans la merde (passez moi l'expression) pour enfin savoir ce qui n'allait pas. Et j'ai trouvé. Une grosse partie toute seule puis une psy en EMDR m'a donné la clef de la dernière porte : j'ai fait une amnésie post-traumatique totale pendant 25 ans suite à une événement ultra violent. Au début ça allait car "je m'en doutais depuis quelques mois maintenant, ça confirme juste". Phase de déni... Je me suis vautrée en dépression et j'ai été à deux doigts de me jeter par la fenêtre ou avaler tous mes médocs et me tailler les veines dans le bain pour être sûre de pas me louper. Et curieusement, mon coup de talon salutaire fut de ruiner mes 11 ans de sobriété (j'étais accro à l'automutilation). Quand j'ai vu cette balafre sur mon bras ça a bizarrement été le déclic. Et je suis remontée. Mais j'en ai bavé...
Autre épisode en 2021, les conséquences de tout ça, la transition douloureuse entre ma "vie d'avant" et ma vie après, avec le poids de cette horreur.

Et donc. De diagnostiqué j'ai : un PTSD, un Trouble de l'Anxiété Généralisé, un Trouble de la Personnalité Paranoïde (ou ïaque, je sais jamais) même si ce dernier s'est amélioré.
Je me renseigne beaucoup sur la santé et les maladies mentales car c'est un sujet qui me passionne. Et même si j'en avais entendu parlé je ne m'étais pas penchée dessus, récemment j'ai regardé des vidéos sur le TPB et... Ça ne quitte pas mon esprit depuis environ 2 mois...
Depuis petite j'ai une peur profonde de l'abandon (peut-être pour ça que les deuils m'ont menée en dépression) qui s'est muée en sensibilité extrême au rejet. Par exemple mon mec me dit qu'on ne peut pas se voir, je ne le montre pas mais je me ferme, je me dis que de toute façon j'ai pas besoin de lui dans ma vie, qu'il s'en fiche de moi etc. Et c'est comme ça pour tout le monde. Et le moindre truc, toujours intérieurement, je le prends pour moi... Quant à ma peur de l'abandon je me suis rendue compte qu'elle est toujours là mais elle se manifeste autrement. Sans m'en rendre compte, j'ai mis fin à des relations pour éviter de souffrir. Il y avait des choses qui n'allaient pas mais ce truc là faisait partie des raisons... Et chaque fois que je commence une relation je me dis que de toute façon la personne finira par partir. Pour moi une relation a toujours une date de fin. Je la connais juste pas.
Et ne parlons pas des crises de colère... J'en fais depuis l'âge de 3 ans. Hyper violentes... Ça s'est calmé depuis peu mais elle est toujours quelque part ma colère. Ah oui autre chose et pas des moindres : j'ai des fragments ! Pour ceux qui ne voient pas ce que c'est je vous invite à vous renseigner sur la théorie de la dissociation structurelle. Je suis dans la catégorie 2... Je suis la PAN (Partie Apparemment Normale) et j'ai 5 PE (Parties Emotionnelles).. Et ma colère en fait partie d'ailleurs. Ainsi que mon angoisse.
Et concernant le addictions et autres comportements autodestructeurs : je me suis mise à fumer (oui je sais...). J'ai une bonne partie de mon bras que je scarifiais de tatoué notamment pour m'éviter de recommencer mais quand je vois la peau vierge, assez régulièrement, ça me démange...

Mon psy ne m'a pas parlé du TPB parce que c'est quelqu'un qui n'aime pas coller des étiquettes. Je comprends la démarche. Dire "vous êtes ci ou ça" paramètre et enferme la vision des choses dans une case. C'est moi qui lui ai demandé si j'avais un PTSD et il a acquiescé. Mais il n'avait pas dit "vous avez...". Le truc c'est que moi j'ai besoin de panneaux et de lanternes sur le chemin tortueux et chaotique de ma vie. Et j'en peux plus d'avoir ce fichu doute... Et mon psy ne revient que dans 3 semaines... Je sais qu'on ne pose pas de diag en ligne et sans connaître la personne mais si quelqu'un peut ne serait-ce que m'éclairer ce serait chouette...

Merci de m'avoir lue.

[Minijeune]

Bonjour,
J'ai lu votre texte.
Je suis au travail et je n'ai pas vraiment le temps de vous répondre en ce moment mais je tentrai de vous répondre un peu plus tard.

Peu importe le diagnostic, je me reconnais beaucoup dans votre histoire. Même énormément.

Juste vous dire que vous n'êtes pas seule.
Peut-être que ça peut paraître soulageant de s'identifier à un trouble, et que plusieurs personnes borderlines ont vécu un traumatisme et aussi, peuvent avoir des idées paranoïdes passagères. Il en reste que le trouble de personnalité limite n'a pas de traitement en soi... juste beaucoup de travail sur soi, en thérapie, pour aller vers une possibilité de rétablissement! Et c'est possible!

Bref! Courage!

[Willow W]

Bonjour,

Merci beaucoup de m'avoir lue !

Je suis en thérapie depuis... 11 ans... Ca aide énormément bien sûr mais c'est si long, j'ai l'impression que je n'en verrai jamais le bout...

[Cerisier]

Bonjour,

Est-ce qu'il y a des activités qui vous font du bien?

Est-ce qu'il y a des choses qui peuvent calmer vos moments de crises? Vous aidez à apprivoiser vos tiraillements. Est-ce qu'ils sont déclenchés par une situation en particulier ou est-ce qu'ils peuvent survenir sans raison apparente?

Est-ce que près de chez vous il y a des groupes de parole ou autre? Est-ce que ça vous ferait du bien de partager "votre souffrance" avec d'autres personnes qui vivent les mêmes choses?

En tout cas ça a vraiment l'air très dur ce que vous vivez.
Je vous souhaite sincèrement l'apaisement de l âme.

[Willow W]

Bonjour,

Oui, j'aime beaucoup les activités manuelles, les loisirs créatifs. Mais parfois je n'arrive même pas à m'y mettre... Mais j'en fais quand-même souvent.
J'écris aussi, tous les jours. Une sorte de journal intime même si je n'aime pas ce terme, ça fait kikoolol de 13 ans haha. J'ai instauré ça pour éviter de retomber en dépression. Parce que le piège avec cette saloperie, c'est qu'on se souvient des moments où on a souffert mille morts, pas quand on a dégringolé. Et quand on a des coups de mou on se dit "oh ça arrive, puis j'ai vécu pire". Sauf que ça peut être la dépression qui s'installe sournoisement... Donc j'ai mis ce système en place et je relis régulièrement mes écrits, sur une semaine ou deux, afin de voir comment ça va en général.

Sinon j'écoute des musiques violentes, ça canalise ma colère... Ou alors j"essaie la cohérence cardiaque, me concentrer sur mon souffle... Ca ne marche pas toujours. Je pratique la boxe aussi. Ca m'aide à décharger, me canaliser. Bien que parfois je peux me retrouver à stopper un sparring (combat) car j'ai une brusque envie de démolir la personne (alors que je n'ai pas de grief contre elle) et je me retrouve à taper au sac à mains nues à m'en écorcher les jointures pour me calmer...

Groupe de parole je n'en connais pas.

Oui c'est assez éreintant. D'autant que gérer des fragments n'est pas une mince affaire. Pour résumer en très gros : les miens sont des émotions cristallisées, très, très développées un peu comme des "entités" bien que je n'aime pas du tout ce mot qui fait penser à la possession et ce n'est absolument pas ça. Bref. En tout cas mes fragments m'influencent bien sûr sur le plans émotionnel puisque ce sont des émotions cristallisées extrêmement développées mais aussi dans mon comportement. Par exemple je peux avoir des réactions enfantines (mon "enfant intérieur" en est un). Et en fait gérer tout ce petit monde c'est un peu comme si j'étais une animatrice de colo avec des enfants très turbulents qui aiment un peu en faire qu'à leur tête. ^^'

Merci beaucoup !

[Cerisier]

En tout cas vous vous exprimez bien et vous avez bien expliqué tout cela je suis sûre que vous êtes dans le fond une belle personne.

Je suis sûre que vous arriverez à gérer cette épreuve.

Personnellement parfois je ressens aussi comme un monstre au fond de moi plein de haine et quand ça se réveille j'ai envie de frapper et d'être cruelle. Ca me demande bcp d'énergie de canaliser ça.

N'hésitez pas à venir écrire ici... je trouve que ça fait du bien de vider son sac dans un endroit ou on se sent compris par d'autres.

[Willow W]

Merci.

Bah j'espère aussi mais c'est tellement long et ardu j'ai l'impression que je n'en verrai jamais le bout...

J'avais exactement cet impression pour ma colère ! Je l'ai enfermée dans une cage durant des années. Sauf qu'elle hurlait et faisait trembler la cage quand-même...
Le travail que j'ai fait en 2020 pour savoir ce que j'avais dans le crâne s'est fait en grande partie via la méditation. Je ne saurais pas expliquer vraiment mais j'y allais selon un ressenti, un souvenir... Et plus tard, après avoir compris ce qui se cachait, j'ai continué ces méditation dans le but de comprendre et apaiser ma colère et mon angoisse. Donc un jour, toujours en méditation, j'ai ouvert la cage, j'ai laissé sortir le monstre. J'ai dialogué avec elle et... Ca peut paraître bête mais à partir de ce moment, où j'ai compris qui elle était, pourquoi elle était là et que je l'ai écoutée, c'est allé mieux. Elle est toujours là, parfois elle grogne et il ne faut pas trop la chercher, mais elle est globalement tranquille.

[Cerisier]

Merci pour cette description!

Moi quand ça se réveille j'ai trop peur.
Et quand ça me mobilise, j'ai l'impression que c'est totalement vide je ne sais absolument pas comment gérer ça.

Mais je suis suivie par un psy et il m encourage à lâcher ça... mais je n y arrive pas j ai trop peur de faire qqch de grave ou d'avoir l'air d'un démon lol.

Et encore une fois je ressens tellement votre monde intérieur et les souffrances qu'il vous cause. Je vous souhaite vraiment le meilleur.

[Willow W]

Je comprends ça peut faire très peur... Après je vous encourage à essayer, petit à petit, à votre rythme, et toute seule si ça vous fait vraiment peur ! Pour ma part, l'ouverture de la cage, les hurlements de ma colère, tout ça s'est passé dans ma tête, en méditation. J'ai l'impression de passer pour une folle. x)
J'étais calme, c'est "Le monstre" qui hurlait, vomissait sa souffrance et sa rage. Et je me suis rendue compte que ce n'était pas un monstre, juste l'expression d'une souffrance. Donc peut être que dans votre cas ça peut relever de ça et qu'il faut "juste" écouter cette partie là de vous ? J'espère vraiment que vous y arriverez ça fait un bien fou !

[Cerisier]

Merci! Je vais essayer... bon courage à nous tous dans chaos émotionnel