Urgent, c'est le tournant de ma vie

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Dubreuil
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LES HALLUCINATIONS AUDITIVES

Ce que vous décrivez, si vous n'aviez pas pris de substances hallucinogènes sans le savoir (.. ) est en effet mystérieux, et à part une entrée dans la schizophrénie n'a pas d'explication rationnelle.
Les hallucinations auditives sont des symptômes psychiatriques connus, mais elles peuvent aussi survenir chez tout le monde, dans des moments de grande détresse psychologique. Le phénomène est plus fréquent qu’on ne croit.
Les «voix» sont des illusions complètement inventées par le cerveau. Elles seraient dues à un dysfonctionnement des zones cérébrales du langage, mais le cortex auditif pourrait être impliqué lui aussi.
Ces hallucinations n’ont rien à voir avec cette petite voix avec qui nous dialoguons très souvent dans notre for intérieur. « Dans le dialogue intérieur, chacun est conscient de se parler à soi-même. En cas d’hallucination auditive, la personne a perdu cette conscience et ne sait plus à qui appartient la voix. Elle essaie de lui attribuer un sens, comme si quelqu’un lui envoyait un message.
Ces voix ne peuvent pas non plus être assimilées à des acouphènes. Les voix correspondent à des paroles ou des mots prononcés distinctement, tandis que les acouphènes sont des bourdonnements ou des sifflements perçus de manière anormale dans l’oreille ou dans le crâne.

Les hallucinations auditives apparaissent dans certaines maladies psychiatriques, en particulier la schizophrénie. Mais d’autres pathologies comme le trouble bipolaire, le trouble borderline ou le trouble dissociatif de l’identité peuvent engendrer de telles hallucinations, en particulier dans les moments d’excitation ou de forte anxiété.
En dehors de ces troubles psychiatriques, les voix peuvent survenir dans les périodes de stress intense ou de grande solitude. Les navigateurs solitaires entendent des voix. Dans les moments de deuil, certaines personnes sont persuadées d’entendre le défunt, et même de dialoguer avec lui.

Les voix peuvent se manifester de manière ponctuelle, ou être présentes en permanence, comme une sorte de bruit de fond. Chez certaines personnes, les voix sont plutôt agréables et bienveillantes. Mais il arrive qu’elles soient dévalorisantes, inquiétantes voire menaçantes, plus particulièrement chez les personnes victimes d’un traumatisme ou qui manquent d’estime de soi.

Plus classiquement, il peut arriver d’entendre une voix au moment de l’endormissement ou lors du réveil, dans ce demi-sommeil où nous ne sommes pas pleinement conscients. Enfin, la consommation d’alcool ou d’autres drogues modifie l’équilibre du cerveau et peut générer des hallucinations auditives, également dans les troubles psychotiques très graves quand les capacités de contrôle de la personne sont abolies.
Plus fréquemment, il peut arriver que la voix donne un ordre et que la personne se sente démunie pour y faire face. Cela peut la conduire à se faire du mal, à se suicider par exemple. L’agression envers les autres est possible, mais beaucoup plus rare », observe le psychologue.

Entendre ponctuellement une voix n’a rien d’inquiétant. En revanche, « quand la voix devient plus régulière et plus forte ou lorsqu’elle génère une détresse psychologique au point d’amener la personne à modifier son comportement au quotidien, à se replier sur elle-même par exemple
Actuellement, les thérapies cognitivo-comportementales semblent la stratégie la plus efficace. Plutôt que de chercher à tout prix à les supprimer, ce type d’intervention aide le patient à mieux comprendre ses voix, à les apprivoiser et, surtout, à vivre avec. « En s’habituant aux voix, le patient parvient à les mettre à distance. Pour cela, on fait appel à des méthodes de pleine conscience, d’accueil et de compassion », explique encore le psychologue. Ces thérapies peuvent être pratiquées en individuel ou en groupe.

Thomas Langlois a mis au point un programme spécifique, appelé Accept Voices, qu’il développe actuellement dans différents services de psychiatrie à Toulouse, en région Occitanie, à Paris et à Lyon. Des patients souffrant de troubles psychotiques se voient proposer six séances, en complément de leur traitement médicamenteux. Le psychologue en dresse un premier bilan : « Nous obtenons de bons résultats. Les patients dédramatisent leurs voix. En acceptant de ne pas lutter contre elles, ils récupèrent des ressources psychiques qu’ils peuvent réinvestir dans leur vie. Certains entendent moins de voix ou ils sont moins anxieux. Dans de rares cas, ils parviennent à ne plus du tout les entendre. »
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Message par Dubreuil »

LA BANALITE DU MAL
le soulèvement perversif de Hannah Arendt


Adolf Eichmann, prenant des notes au cours de son procès à Jérusalem, en 1961.
La « banalité du mal » est un concept philosophique développé par Hannah Arendt en 1963, dans son ouvrage : Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal.
Lors de son procès, Eichmann, qu’on pense être une bête furieuse et qui devrait laisser une forte impression, montre plutôt l’image d’un petit fonctionnaire médiocre, ce qui fait dire à Arendt que le mal ne réside pas dans l’extraordinaire mais dans les petites choses, une quotidienneté à commettre les crimes les plus graves.

Le concept
Hannah Arendt, philosophe juive d'origine allemande réfugiée aux États-Unis et auteure d'un livre sur Les Origines du totalitarisme, offre au magazine The New Yorker d'agir comme envoyée spéciale pour couvrir le procès d'Adolf Eichmann, criminel de guerre nazi, auquel elle assiste à Jérusalem en 1961 et 1962.
L'accusé n'est pas comme elle s'y attendait ; c'est un homme « insignifiant ». Le procès fait une large place aux « isme », nazisme et antisémitisme, mais elle veut comprendre le rapport entre l'homme et ses propres actes. Ainsi, dans une série d'articles, elle soutient qu'Adolf Eichmann a abandonné son « pouvoir de penser » pour n'obéir qu'aux ordres, il a renié cette « qualité humaine caractéristique » qui consiste à distinguer le bien du mal, et, en n'ayant « aucun motif, aucune conviction (personnelle) », aucune « intention (morale) » il est, dit Arendt, devenu incapable de former des jugements moraux. D'un point de vue philosophique, ce qui est en cause dans les actes affreux qu'il a commis n'est donc pas tant sa méchanceté que sa « médiocrité » - d'où l'expression « banalité du mal »

Toutefois, pour Arendt, la banalité du mal n'est pas de l'ordre de la théorie ou du concept, mais du fait.
Elle la propose comme une constatation. Il ne s'agit pas d'un phénomène ordinaire ; pour autant, il s'observe dans le comportement de gens ordinaires.

Karl Jaspers, son ancien professeur à Heidelberg lui aurait peut être suggéré cette idée. Dans une lettre du 19 octobre 1946, Jaspers lui écrit : « (…) pour ce qui concerne les deux autres remarques critiques à l’égard de la Schuldfrage, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous : ce que les nazis ont fait, ne se laisserait pas, selon vous, comprendre comme un crime ; votre conception m’inquiète un peu du fait que la faute qui dépasse toute faute criminelle acquiert inévitablement une certaine « grandeur », une grandeur satanique, qui, pour ce qui est des nazis, est aussi loin de moi que les discours sur le « démonisme » de Hitler et autres choses de cette sorte. À mon avis, c’est parce qu’il en a vraiment été ainsi, qu’il faut voir les choses dans toute leur banalité, dans leur prosaïque nullité. Les bactéries peuvent provoquer des épidémies… et ne resteront pourtant que des bactéries ». Dans une lettre datée du 17 décembre 1946, Arendt lui répond : « (…) Je perçois très bien que, comme j’ai formulé les choses jusqu’à présent, je me rapproche dangereusement d’une « grandeur satanique » que je rejette totalement comme vous. N’y a-t-il pas cependant une différence entre un homme qui va assassiner sa vieille tante et les gens qui (…) ont construit des usines pour fabriquer des morts ? Une chose est sûre : toutes les tentatives visant à mythifier l’horreur doivent être combattues et tant que je ne me sortirai pas de telle formulations, je n’aurai pas compris ce qui s’est réellement passé. »

Cependant, Hannah Arendt comprend l'absence de pensée comme étant, non pas une fatalité imposée de l'extérieur par quelque force insurmontable, mais le résultat d'un choix personnel, de l'ordre de la démission. Penser est une faculté humaine, son exercice relève de la responsabilité de chacun. Eichmann, selon elle, a forcément choisi d’arrêter de penser, voilà pourquoi il reste coupable, l'obéissance mécanique n'étant, dans cette situation, pas une excuse1.
La banalité : ce terme indique aussi que le mal est partout dans la société. Toute une société se met, de façon commune, à accepter une étiquette morale sans entretenir de réflexion à son sujet. La société adhère à un système normatif et cesse de comprendre son contenu. Puis, sous diverses pressions, ce contenu évolue, pouvant même devenir l'inverse de ce qu'il était : « tu tueras ton prochain » pour le IIIe Reich, ou « tu porteras de faux témoignages contre ton prochain » pour l'URSS sous Staline. Cette évolution peut se produire très brutalement : « en une nuit », dit Hannah Arendt, « et il ne reste plus que l'habitude de tenir fermement à quelque chose ». Hannah Arendt a montré pourquoi la pensée humaine était un rempart contre le totalitarisme1. Et la comparution devant un tribunal permet de mettre un terme à cette absence de pensée, à cette banalité du mal, car l'accusé n'y apparait plus et ne s'y pense plus comme un rouage d'un État tout puissant, mais comme un individu pensant qui doit répondre de ses propres actes. L’obéissance à des ordres n'est jamais mécanique, car en politique l’obéissance a le même sens que le mot soutien. Voilà pourquoi, chacun est personnellement redevable, possiblement coupable, de ses actes. Il peut y avoir une responsabilité collective, mais la culpabilité s'examine à l'échelle de chaque individu1.

Depuis la présentation de ce rapport de Hannah Arendt, près d'un demi-siècle s'est passé et des sociologues apparaissent qui ont à leur disposition de nouvelles sources, différentes de celles du procès d'Eichmann. Certaines sources sont récentes. Ainsi, pendant toute la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques ont procédé à des écoutes systématiques de milliers de prisonniers allemands logés dans des baraquements, gravé sur des disques de cire les passages qui leur paraissaient présenter un intérêt spécifique et en ont, ensuite, réalisé des transcriptions. Les procès-verbaux n'en ont été rendus publics qu'en 1996.
Les conversations enregistrées des soldats étaient celles de sous-mariniers, des soldats de l'armée de l'air, mais encore de l'armée de terre allemande (accessoirement italienne). Il s'agissait d'hommes de tous grades : officiers, sous-officiers, soldats. Les sujets abordés par les prisonniers étaient très nombreux : stratégie, organisation de la chaîne de commandement, moral des troupes, réactions individuelles à des situations extrêmes lors du coulage de navires de commerce, abattage d'avions en vol, viols, massacres de masses de civils, d'enfants. La masse des transcriptions permet de se faire une idée de l'écart existant entre ce que ces soldats considèrent comme des actions banales dans leur contexte à eux et ce que le lecteur ordinaire considère comme le paroxysme du mal et de l'inhumanité.

Aussi violent que soit le sujet des discussions entre eux, les soldats se comprennent et partagent le même univers de camaraderie militaire. Ils racontent leur vécu dans un cadre culturel et historique spécifique qui représente leur cadre de référence. Les discussions se passent sans violence physique, entre camarades de combat qui ont connu les mêmes évènements. Le comportement des personnes qui exercent des violences extrêmes, comme ce fut le cas pendant la guerre nous apparaît comme anormal ou pathologique, même s'il est plausible et compréhensible si l'on reconstitue le monde de leurs points de vue.
Que l'on pense, par exemple, à la description d'un soldat qui veut faire impression sur son public en raconte. Les deux auteurs S. Neitzel et H. Welzer tentent de porter, à l'aide de l'analyse du cadre de référence, un « regard amoral » sur la violence exercée au cours de la Seconde Guerre mondiale, afin de comprendre dans quelles conditions des hommes parfaitement normaux parviennent d'un point de vue psychique à commettre dans des circonstances déterminées des choses qu'ils ne feraient jamais dans d'autres conditions, et faire basculer des crimes de guerre dans ceux contre l'humanité

Zygmunt Bauman analyse, en partie, le même phénomène qu'Hannah Arendt. Par ailleurs, l'écrivain polonais Tadeusz Borowski avait devancé par sa prose, et à sa façon, les idées de Bauman en les illustrant parfaitement par ses récits vécus à Auschwitz. Le système nazi est, selon Baumann, la réalisation la plus aboutie de l'idée de l'État moderne. Il peut être décrit comme une « normalité » qui va dans le sens d'un modèle parfait de notre civilisation et non comme une pathologie étrangère à l'humanité. Le caractère spécifique de la Shoah vient du fait que les idées démentes de l'élite du pouvoir nazi coïncidèrent avec le développement de la bureaucratie et l'utilisation du progrès technique dans sa plus froide rationalité. La différence entre les différents génocides connus dans l'histoire vient du progrès technique. D'une entreprise artisanale, on fait une entreprise industrielle. Du meurtre individuel hasardeux, mal organisé, on fait un meurtre anonyme, massif. Pour que le camp puisse fonctionner de manière optimale, le travailleur du camp ne doit se concentrer que sur la réalisation de sa tâche. L'utilité, l'efficacité remplace la morale21.

Selon Bauman, la civilisation moderne n'a pas été la condition suffisante de l'Holocauste, mais la condition nécessaire. Le monde rationnel de la civilisation moderne l'a rendu imaginable. L'objectif fixé : se débarrasser des Juifs. L'extermination physique est le moyen le plus efficace pour y parvenir. La suite n'est qu'un problème de coopération et de planification entre les différents services de l'État pour réunir : la technologie, le budget, les ressources nécessaires.

Il existe dans l'histoire de l'humanité des pogroms et des massacres perpétrés sans l'aide d'une bureaucratie moderne telle que celle de l'Allemagne en 1940. Mais pour l'Holocauste cette bureaucratie était indispensable et dans son absence ne pouvait se produire. Et cette bureaucratie était le produit de procédures bureaucratiques ordinaires : calcul des moyens, équilibre du budget, etc.22. Elle était organisée par des gens dits « normaux » comme Eichmann qui devaient résoudre des « problèmes ».

La banalité du mal dans l'univers concentrationnaire soviétique
Le Goulag a duré beaucoup plus longtemps que les camps nazis et a fait de nombreuses victimes. Toutefois ici, pas de massacre méthodique, pas de chambre à gaz. Les déportés étaient condamnés au travail dans des conditions si atroces que la plupart mouraient d'épuisement quand ils n'étaient pas victimes d'exécutions sommaires ou de tortures.

On retrouve dans l'organisation de cet univers concentrationnaire soviétique des années 1930 et 1940, sous Staline, les éléments qui rendent banals les gestes des bourreaux en les rendant les plus conformes à la légalité, à la défense des valeurs soviétiques, en utilisant un vocabulaire consacré et spécifique pour qualifier leurs actions, en organisant et en réglant tout comme « papier à musique » de telle manière que le bourreau se sente à l'aise dans son rôle.

Bien que le gouvernement soviétique ait longtemps nié l'existence des camps sur son territoire, le système concentrationnaire était justifié par lui par ses fonctions économiques (exploitation des richesses aurifères et autres en Sibérie) ou idéologiques (rééducation par le travail). De ce sombre univers décrit par Varlam Chalamov, Soljenitsyne, Gueorgui Demidov notamment se dégage l'image d'un bourreau. Est-ce un pervers ? Un novice qu'il faut former ? Ou un simple soldat qui reproduit les gestes de ses chefs ? Tous leurs débordements n'ont été possibles qu'avec l'approbation des instances de décision les plus haut placées. La justification est le danger que représentent les détenus pour le régime. Beaucoup d'hommes se sont laissé prendre au piège du pouvoir. Ils se sont condamnés eux-mêmes et ont été broyés par la machine qu'ils mettaient en place. Leurs motivations sont variées : certains essayent d'oublier un passé douloureux, d'autres convoitent un salaire trois fois plus élevé que la norme. Ils n'envisagent pas une carrière de bourreau mais obéissent simplement aux ordres par peur ou par conviction. Certains s'adaptent d'autres se font muter
Pour Varlam Chalamov, le point commun est le plaisir de maltraiter, humilier et faire souffrir. Ainsi en va-t-il de l'ingénieur Kisseliev. Le camp lui permet de laisser libre cours à ses instincts sadiques. Il sait pertinemment que personne ne trouvera à redire à ses agissements. À la Kolyma, il y a une morale spéciale. Les hommes sont habitués aux libertés que donne la vie de soldat d'escorte, à ses particularités où le soldat est entièrement maître du sort des détenus. La pratique des « aveux » obtenus sous la torture est largement utilisée par les bourreaux. Les hommes du NKVD se sentent investis d'une mission qui a pour but d'éradiquer les ennemis du régime stalinien. Si la torture ne marche pas, les bourreaux ne se découragent pas et menacent les proches : la femme le plus souvent.
Alexandre Soljenitsyne voit dans l'univers concentrationnaire un microcosme de la société soviétique. Celle-ci est victime mais aussi partie prenante de ce qui s'est passé. C'est un modèle d'organisation où on inculque les valeurs du socialisme dont le travail fait partie. Pour le Français Jacques Rossi, qui a passé plus de vingt ans dans le Goulag, les camps sont un laboratoire dans lequel le pouvoir teste les mesures qu'il voudrait prendre pour tout le territoire soviétique, c'est-à-dire rendre ces mesures non plus extra-ordinaires mais ordinaires et par là même, banales. L'écriture de l'écrivain russe Varlam Chalamov, qui a passé dix-sept ans dans le Goulag à la Kolyma, parvient à rendre compte de la minutieuse organisation du camp, de sa banalité empirique, par l'absence de pathos, par la grande pudeur de l'écrivain qui énonce sans dénoncer : « Le camp - sa structure - est une grandeur empirique. La perfection que j'ai trouvée en arrivant à Kolyma, n'était pas le produit d'un quelconque esprit du mal. Tout s'était mis en place petit à petit. On avait accumulé de l' expérience.

Svetlana Aleksievitch, prix Nobel de littérature en 2015, a rassemblé dans l'ensemble de son œuvre des centaines de témoignages, sous forme d'interviews de personnes ayant vécu dans le Goulag ou sous la répression stalinienne en URSS. La perfection du système d'oppression, de torture, de mise à mort mis en place par les agents du pouvoir est également soulignée par les victimes ou encore le renversement complet des valeurs quand le bourreau se présente comme victime du pouvoir dont il est le serviteur.

« Eux aussi [les bourreaux] ils ont fait des choses horribles, et seuls quelques-uns sont devenus fous. Tous les autres avaient une vie normale, ils embrassaient des femmes,… ils achetaient des jouets à leurs enfants… Et chacun d'eux se disait : ce n'est pas moi qui ai suspendu des hommes au plafond, qui ai fait gicler leur cervelle, ce n'est pas moi qui ai planté des crayons bien taillés dans des mamelons de femmes. Ce n'est pas moi c'est le système. Même Staline l'a dit : Ce n'est pas moi qui décide c'est le Parti… Ah c'était d'une logique géniale ! Des victimes, des bourreaux, et à la fin, les bourreaux deviennent aussi des victimes. On ne dirait pas que cela a été inventé par des hommes… Une perfection pareille cela n'existe que dans la nature… Ils sont tous des victimes en bout de compte »

Dans Voyage au pays des Ze-Ka en raisonnant sur les différences entre les camps allemands et soviétiques, Margolin propose cette comparaison : « Dans les camps allemands on tuait une fille sous les yeux de sa mère, et la mère s'éloignait en souriant d'un sourire hébété, un sourire de folle ».
Dans les camps soviétiques, on ne connaît pas ces horreurs. Ces camps sont peuplés d'hommes qui semblent extérieurement normaux, mais qui sont, à l'intérieur d'eux-mêmes, des « plaies ouvertes ». S'ils pleuraient, protestaient, ils seraient encore normaux. Mais ils ne trouvent plus rien dans le camp, dans le monde sur quoi ils pourraient comprendre ce qui se passe dans leur âme, dans le camp, dans le monde. Si vous leur parlez de Staline, d'humanité, de socialisme, de démocratie, ils sourient comme cette mère devant laquelle on a fusillé sa fille. Margolin appelle l'état psychologique qui en résulte la « névrose des camps ». Elle a pour cause l'absurdité des souffrances humaines « à laquelle, par comparaison, le génocide perpétré par les Allemands est le sommet de la logique ».

Développements ultérieurs
Stanley Milgram s'est appuyé sur le concept de banalité du mal pour expliquer les résultats de son expérience de psychologie expérimentale de soumission à l'autorité (expérience de Milgram). Harald Welzer revient sur cette expérience dans un chapitre intitulé « Initiation au massacre » et insère cette expérience dans son étude de l'importance du cadre référentiel militaire lors de massacres et du choix d'exécutions de type militaire
Prolongement de l'expérience de Milgram, l'expérience de Stanford confirme que des hommes, placés dans un milieu carcéral, peuvent devenir rapidement de redoutables tortionnaires
Cependant, de nouveaux examens historiques apportent des doutes aux thèses d'Hannah Arendt. Eichman n'est pas qu'un simple exécutant, mais il est aussi un antisémite pouvant agir avec zèle. Dans d'autres contextes que le procès d'Eichman, Laurence Rees a montré qu'à Auschwitz les ordres et instructions étaient souvent assez vagues, et qu'ils ne pouvaient être mis en œuvre par de simple exécutants. Il faut un réel engagement des subalternes, qui donne force aux régimes totalitaires. Il faut que ces subalternes soient réellement motivés, qu'ils croient en leur action. L'obéissance ne suffit pas. Il faut en plus l'idéologie, un discours moraliste adapté. Aussi la peur d'une menace est un vecteur fort capable de faire basculer dans l'extrême ; croyant vivre une situation exceptionnelle, des personnes normales trouvent normal d'avoir un comportement exceptionnel.
Rony Brauman et Eyal Sivan ont réalisé un film à partir des images d'archives du procès d'Eichmann (Un spécialiste), et un livre (Éloge de la désobéissance), prolongeant leur réflexion sur la soumission à l'autorité comme instrument de barbarie dans les conflits contemporains.
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VIVRE AVEC UN(E) BIPOLAIRE
Explications de la Dre Isabelle Secret-Bobolakis, psychiatre.

Les relations amoureuses sont rarement simples. Lorsque l'un des partenaires souffre d'un trouble psychiatrique, elles nécessitent d'autant plus de communication et de compromis pour durer dans le temps. Contrairement aux apparences, amour et bipolarité ne sont pas si incompatibles, à condition de respecter certains impératifs. Comment mener une vie de couple saine ? Le Dr Isabelle, psychiatre et secrétaire générale de la Fédération française de psychiatrie, nous éclaire.

Le trouble bipolaire, autrefois appelé psychose maniaco-dépressive, est un trouble de l'humeur caractérisé par des phases de manie et de dépression, entrecoupées de phases de rémission (durant lesquelles l'humeur se stabilise et redevient "normale"). "Il faut le distinguer du trouble borderline : dans ce cas, les fluctuations de l’humeur sont nombreuses et se produisent au cours de la même journée. Tandis que dans la forme classique de trouble bipolaire, les phases de profonde dépression et d'excitation intense (manie) durent plusieurs semaines", précise la psychiatre. Et d'indiquer :

"Pendant les phases de dépression ou de manie, la vie émotionnelle et affective des patients est perturbée : soit elle est éteinte, soit elle est totalement exacerbée. De quoi compromettre sérieusement la qualité de vie des patients, qui sont plus susceptibles de développer des troubles anxieux, des addictions et des conduites suicidaires."

La phase dépressive est marquée par une grande difficulté à ressentir du plaisir : l'anhédonie. "Le sentiment amoureux, le plaisir et la vie émotionnelle sont très fortement impactés. Les patient(e)s n'ont plus goût le goût de la vie et leur estime d'eux-même peut-être diminuée"

Ils ou elles peuvent présenter plusieurs de ces symptômes :
une humeur dépressive ;
une perte d’intérêt ou de plaisir ;
une perte ou une augmentation de l’appétit ;
des insomnies ou, au contraire, une hypersomnie ;
un ralentissement psychomoteur ;
une fatigue très importante (asthénie) ;
une perte d’estime d'eux-mêmes :
un sentiment de culpabilité important ;
une indécision majeure ;
des idées noires, des pulsions ou des idées suicidaires.
Le risque suicidaire est majeur pendant cette phase ! Si une personne bipolaire est déprimée et exprime des pensées suicidaires, il s'agit d'une urgence psychiatrique absolue : elle doit être protégée et hospitalisée, insiste la psychiatre.

La phase maniaque est principalement caractérisée par une hyperactivité, une euphorie démesurées et des idées de grandeur. "Lors de ces phases, l'impulsivité et la désinhibition prennent le pas, ce qui favorise toutes sortes de passages à l'acte : notamment sur le plan sexuel, mais aussi sur le plan financier, au travers d'achats inconsidérés, par exemple", prévient la professionnelle. L'entourage du (ou de la) malade peut aussi être confronté à une forme d'agressivité. Les patient(e)s peuvent présenter plusieurs symptômes :
une grande euphorie ;
une forte estime d'eux-mêmes et parfois des idées mégalomanes ;
un besoin réduit en sommeil ;
une grande volonté de parler (logorrhées) ;
des idées confuses ou encore une pensée qui s’emballe ;
des troubles de l’attention et de la concentration ;
une hyperactivité (qui peut se traduire par un surinvestissement social, professionnelle, scolaire, financier, sportif ou encore sexuel) ;
des conduites à risque : achats compulsifs, excès de vitesse, rapports sexuels non protégés ou multiples, actes violents, délictueux voire criminels, jeux d’argent, etc ;
des symptômes psychotiques : idées délirantes, hallucinations et déstructuration de la pensée.
Cette instabilité émotionnelle a inévitablement des conséquences sur les relations affectives, en particulier les relations de couple. D'autant que la maladie connaît un retard de diagnostic et tarde donc à être prise en charge. Une fois diagnostiqué, le trouble bipolaire peut être contrôlé grâce aux médicaments thymorégulateurs, aux diverses psychothérapies et à la psycho-éducation.

Lorsqu'elles ne sont pas en phase maniaque ou dépressive, les personnes qui souffrent de trouble bipolaire sont tout à fait capables d'identifier leurs sentiments, de ressentir et de donner de l’amour. Les difficultés surviennent lors des phases aigües, dites de décompensation (phases maniaques et dépressives).

Les personnes qui souffrent de trouble bipolaire tombent amoureuses, comme tout le monde. Elles ne forment pas spécialement des couples dysfonctionnels, mais la maladie peut finir par créer des difficultés

Lorsqu'ils prennent leur traitement et respectent leur suivi, les patient(e)s sont tout à fait capables de préserver une relation stable. Comme dans chaque couple, cela demande de la communication, de la compréhension et quelques sacrifices.
Ne nous voilons pas la face, le trouble bipolaire fragilise les relations de couple, mais aussi, plus largement, les relations socio-professionnelles. "Les changements d'humeur ne sont faciles à vivre ni pour le ou la patient(e), ni pour son ou sa conjoint(e). Malheureusement, de nombreuses unions se soldent par des séparations ou des divorces", relève l'experte.
Tout n'est pas toujours noir : les personnes bipolaires ont souvent des personnalités généreuses, créatives et sensibles. Mais parfois, cela ne suffit plus à compenser la charge mentale quotidienne. Le ou la partenaire vit souvent dans l'hypervigilance : il ou elle guette sans arrêt les signes annonciateurs (prodromes) d'un accès maniaque ou dépressif. À cette anticipation anxiogène, s'ajoutent la frustration, la crainte et la tristesse de ne pas pouvoir soulager les symptômes de la maladie. Sans compter la lourdeur des tâches de la vie quotidienne, qui lui incombent, dès que le ou la patiente entre en phase dépressive (asthénie, anhédonie).

Autre difficulté, et non des moindres : en phase maniaque, il se peut que la personne bipolaire ait des coups de cœur récurrents, commette des infidélités, mette en danger les finances du ménage, développe des réactions violentes, etc. Dans certains cas, très rares, une mise sous curatelle (voire sous tutelle) est nécessaire, car le ou la patiente entre en phase de déni de sa maladie et refuse de prendre son traitement. Le conjoint est alors perçu comme un frein, un obstacle, qui empêche de dépenser de l’argent, critique, ne soutient pas assez...
Si le patient est correctement pris en charge et que lui et son entourage sont habitués à reconnaître les prodromes de la décompensation, alors, une vie de couple et de famille est tout à fait envisageable dans le temps. Il faut garder en tête que le trouble bipolaire se stabilise, mais qu'il s'agit d'une maladie chronique

Les personnes souffrant de trouble bipolaire doivent adopter un mode de vie très strict pour contrôler au mieux leur maladie :
dormir suffisamment ;
limiter les facteurs de stress ;
éviter l'alcool, les drogues et le tabac ;
pratiquer une activité sportive régulière ;
adopter une alimentation saine et équilibrée ;
ne pas prendre de médicaments (notamment des antidépresseurs) sans avis médical ;
etc.
Les personnes bipolaires qui souhaitent s’engager dans une relation amoureuse doivent prendre conscience qu’elles souffrent d’un trouble psychologique qui nécessite un suivi thérapeutique régulier. Pour mener une relation saine, le plus important est d'apprendre à communiquer avec son ou sa partenaire à propos de ses expériences précédentes, de ses ressentis et de ses craintes. Ainsi, il ou elle sera moins désarçonné lors d'un épisode d’humeur.

Si vous êtes en couple avec une personne bipolaire, n'hésitez pas à rencontrer ses soignants, afin de poser toutes les questions nécessaires à votre bonne compréhension du trouble. "Dans la majorité des cas, les patient(e)s bipolaires ont un bon niveau d’insertion socio-professionnelle. Ce sont souvent des gens créatifs, originaux et charmants
Entretenir une relation affective avec une personne bipolaire nécessite de bien connaître son histoire, de chercher à s'instruire pour mieux comprendre sa maladie, d’être flexible, à l'écoute, patient(e), etc. Il faut aussi pouvoir faire face aux périodes de déni : "souvent, en phase de rémission, le ou la patiente bipolaire pense qu'il n'a plus besoin de soins. La communication devient difficile, le dialogue laisse souvent place aux cris et aux reproches. Les proches doivent alors pouvoir compter sur le soutien d'équipes de confiance, pour prendre en charge le patient

les bipolaires ne sont pas dangereux pour leur entourage. Les maladies psychiatriques ne sont pas dangereuses en elles-mêmes. En revanche, les bipolaires peuvent se mettre en danger eux-mêmes : le risque de suicide en phase dépressive, ou de décision inconsidérée en phase maniaque présente un réel danger. C'est d'autant plus vrai lorsque la personne est en proie à des addictions (alcool, drogue, jeux, etc) qui peuvent exacerber les passages à l'acte agressifs.
Ne pas hésiter à se faire aider !
Toutes les maladies "psys" ont des répercussions sur l’entourage proche (parents, enfants, conjoint, etc). Le ou la partenaire de vie devient rapidement "aidant" : il assure le soutien moral, la présence affective, le suivi des traitements… Une place qui n’est pas toujours facile, car nous n’avons pas tous les mêmes aptitudes psychologiques ou médicales. Il est donc important de se sentir entouré, écouté et soutenu.

Comme dans toute relation, l’important est de s’écouter, de se comprendre et d’être présent pour l'autre. Quelques conseils pour entretenir une relation sereine avec votre partenaire :
Communiquer des deux côtés ;
Accorder un temps de réflexion et d'adaptation à l'autre ;
Miser sur la stabilité (géographique, temporelle, etc) ;
Exprimer ses sentiments : réassurer son amour permet de consolider le couple en dépit des épreuves ;
Prendre conscience des émotions de l'autre et les accepter, sans s'en formaliser.
Lorsque la maladie prend trop de place dans la relation, il est important d'en discuter avec les équipes soignantes, éventuellement de suivre une thérapie de couple. Chacun doit prendre conscience de son rôle et de ses limites. Conclusion ? Il est possible d’avoir une relation avec une personne souffrant de trouble bipolaire, mais il faut de la patience et de la stabilité.

Un film à voir pour aller plus loin : Les Intranquilles, réalisé par Joachim Lafosse avec Leïla Bekhti et Damien Bonnard (2021).
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Message par Dubreuil »

LA PSYCHOTHERAPIE

On définit la psychothérapie comme "un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique.
Le but est de favoriser, chez le patient, des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé.
Ce traitement va au-delà d’une aide visant à affronter les difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien".

Des centaines de recherches menées depuis quelques dizaines d’années, et regroupées en synthèses d’études et en méta-analyses, ont démontré que la psychothérapie peut contribuer à traiter efficacement plusieurs problèmes psychologiques comme :
la dépression ;
le trouble panique ;
l’anxiété ;
les troubles de l’alimentation ;
divers troubles de la personnalité.
Le recoupement de ces études a permis de conclure que toute psychothérapie bien menée, peu importe la technique particulière utilisée, a de fortes chances de donner de bons résultats.

La psychothérapie présente de nombreux bienfaits, en voici les principaux :
cesser de souffrir psychologiquement (phobies, angoisses, anxiété, panique, déprimes récurrentes) ;
régler des problèmes affectifs ou relationnels (obsessions, timidité, estime de soi, échecs amoureux) ;
modifier des comportements qui nuisent au bien-être (stress post-traumatique, dépendances diverses, maux imaginaires, dysfonctions sexuelles) ;
faire face à une crise existentielle et redéfinir ses objectifs de vie (après quoi je cours, réorientation de carrière) ;
d’autres y ont également recours, non pas tant pour régler des problèmes spécifiques, mais pour acquérir de nouveaux outils afin de se réaliser pleinement ou pour améliorer l’adéquation entre leurs valeurs et la réalité de leur vie ;
bien-être et développement personnel : meilleure estime de soi et connaissance plus précise de ses besoins.
Les différentes psychothérapies

Il existe quatre principales approches psychothérapeutiques.

LA PSYCHANALYSE
La personne est amenée à prendre conscience de l’influence de ces conflits sur son fonctionnement afin de les comprendre et de s’en dégager progressivement.
On vise des changements profonds et durables chez le patient. Généralement, les psychothérapies psychanalytiques durent au moins un an, à raison d’une ou plusieurs séances par semaine
Certains des outils classiques des thérapies psychanalytiques sont :
l’association verbale libre ;
l’analyse des rêves ;
la tenue d’un journal personnel ;
la prise en compte des phénomènes de transfert, c’est-à-dire la projection de désirs ou de situations inconscientes du client vers son thérapeute.
Depuis quelques années, des psychothérapies psychodynamiques brèves ont fait leur apparition. Elles s’échelonnent sur une période plus courte (de 10 à 40 séances) et sont le plus souvent centrées sur un événement ou un comportement bien circonscrit.

THERAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE
Certaines difficultés psychologiques peuvent être liées, entre autres, à des pensées ou à des comportements inadéquats que l'on a appris ou adoptés, souvent malgré soi.
Ces comportements inadéquats peuvent s’apparenter à des réactions « incontrôlables » qui surgissent automatiquement en certaines circonstances (dès que je vois un policier, je me sens fautif, si je n’ai pas d’amoureux, je ne vaux plus rien, etc.)
Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) proposent d’observer objectivement et d’analyser avec détachement ces comportements et ces pensées, d’apprendre de nouveaux comportements et de remplacer les pensées ou les émotions non désirées par d’autres qui sont davantage adaptées.
On cherche des problèmes concrets à résoudre et une démarche thérapeutique est établie en commun (déconditionnement progressif, clarification des mécanismes de défense, modifications des croyances, etc.).
Généralement, on segmente la difficulté à affronter en ses diverses composantes et l'on valorise les nouvelles attitudes et les comportements positifs à mesure qu’ils s’installent.
Selon les cas, on travaillera davantage sur la dimension cognitive (la pensée) ou sur la dimension comportementale (les actions).
Quand les TCC travaillent avec l’inconscient, le cadre n’est pas celui de la psychanalyse (fantasmes, désirs, pulsions, etc.), mais celui des schémas cognitifs qui donnent du sens aux émotions et aux comportements.
Ce sont ces schémas que l'on tente d’assouplir ou de modifier. Un traitement comprend habituellement de 10 à 25 séances hebdomadaires.

LES THERAPIES BREVES
On peut considérer que des approches comme les thérapies brèves, les thérapies orientées vers les solutions et la psychothérapie neurolinguistique font partie des approches comportementales.
Un des objectifs fondamentaux de la thérapie brève est de réduire la durée du traitement (au plus dix séances).
Pour y parvenir, on tente de définir le problème avec un maximum de précision et de s’attaquer à des problèmes circonscrits le plus précisément possible.
On ne cherche pas les causes, on met plutôt l’accent sur :
ce qui est changeable ;
les solutions ;
les habiletés ;
l’action.

LA THERAPIE HUMANISTE
Les approches de la thérapie humaniste ou existentielle se fondent sur les capacités intrinsèques de l’être humain à maîtriser son existence et à se réaliser pleinement.
On peut diviser cette famille thérapeutique en quatre sous-groupes :
les thérapies psychocorporelles ;
les thérapies transpersonnelles ;
les thérapies créatives ou expressives ;
les thérapies par la parole.
Comment se déroule la thérapie ?
Le thérapeute entre en relation avec un client plutôt que de soigner un patient. L’accent est mis sur les prises de conscience des difficultés et des forces de la personne, puis sur l’ici-maintenant.
Le thérapeute favorise l’exploration de soi et l’expérimentation de nouvelles façons d’être ou d’agir.

THERAPIES PSYCHOCORPORELLES
Comme leur nom l’indique, les thérapies psychocorporelles agissent sur le psychisme par l’intermédiaire du corps. Elles y parviennent de différentes manières :
en utilisant l'énergie de la respiration (respiration holotropique) ;
par un toucher de la part du thérapeute (Trager) ;
en se servant du corps comme déclencheur d’une verbalisation de type analytique (bioénergie) ;
enfin en permettant au mouvement d'aider le psychisme à se rééquilibrer (EMDR).
Dans toutes ces approches, on se sert du corps pour entrer en contact avec ses états intérieurs ou pour intervenir sur le psychisme.
Par exemple, les touchers doux de la synergie Rubenfeld sur une partie particulière du corps pourront faire remonter certaines émotions à la surface.
Un massage plus profond à cet endroit ravivera des mémoires cachées et susciter une intense libération d’émotions.
Une fois les émotions libérées, il devient plus facile de faire des choix conscients et d'éviter certains comportements nuisibles dictés par des habitudes trop bien ancrées.

THERAPIES TRANSPERSONNELLES
La psychologie transpersonnelle s'intéresse aux « états non ordinaires » de conscience :
l'extase ;
le sentiment de connexion avec l'Univers ;
la conscience aiguë de son être profond ;
le mysticisme.
Ayant pour objet la « pleine réalisation » de la personne, la psychologie transpersonnelle se préoccupe des perturbations résultant de l'enfermement des potentiels illimités de la conscience dans les structures limitées de l'ego. Comme cela peut se manifester au moment de crises existentielles ou de ce que l'on appelle des crises d'émergence spirituelle.
Si, dans la psychologie classique, les modèles sont des êtres performants, motivés, efficaces et bien intégrés socialement, ceux de la transpersonnelle sont des saints, des sages et des héros de l'humanité.
Ce qui ne veut pas dire que cette approche nie l'importance d'un ego sain. Au contraire, c'est à partir d'assises solides et équilibrées que l'être humain pourrait atteindre d'autres dimensions.

LA CREATIVITE
Ces thérapies font appel aux capacités créatives inhérentes à chacun. Que ce soit par le dessin (voir notre fiche art-thérapie), la danse, la musique, etc. et sans devoir posséder le moindre talent artistique, la personne est appelée à laisser émerger ce qui se cache au fond d’elle-même.
La personne qui pratique des thérapies établies sur la créativité pourra envisager ses problèmes dans une perspective inédite, découvrir des solutions inusitées, et les appliquer de façon originale.
Ces approches font appel aux multiples dimensions de l’être et sollicitent, à travers le corps, l'imagination, l'intuition, la pensée et les émotions.

LA PAROLE
Les thérapies fondées sur la parole se déroulent de manière relativement classique, thérapeute et client dialoguant face à face.
La relation de confiance, d’intimité et de sécurité avec le thérapeute est fondamentale. Elle permet des prises de conscience et des découvertes qui peuvent ensuite mener à des changements de comportement et d’attitude.
On fait aussi parfois appel à divers exercices :
visualisations ;
jeux de rôles ;
dessin ;
analyse des rêves.

THERAPIES SYSTEMIQUES
L'approche systémique considère qu'il n'y a pas d'individus malades en soi, mais que les malaises proviennent plutôt des interactions avec l’entourage (famille, amis, équipe de travail, etc.).
On ne se demande pas pourquoi le problème existe ou subsiste, mais bien comment il se maintient.
L'objectif est de modifier les relations entre l’individu et son entourage. Les rencontres se font donc fréquemment avec plusieurs personnes (en couple, avec les enfants, entre employés, etc.).
En thérapie systémique ou interactionnelle, on s’attardera alors :
aux divers modes de communication ;
aux habitudes de vie ;
aux attentes respectives ;
aux rapports sociaux, etc.
C’est à partir d’eux que les changements pourront être initiés. Le psychodrame, où chacun joue un rôle (qui peut être le sien propre ou celui d’un autre membre du groupe), est un des outils utilisés dans le cadre de ces approches.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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L'OMBRE DE L'INCESTE PATERNEL SUR LA MATERNITE DE LA VICTIME

L’inceste est paradigmatique de toutes les violences agies sur l’enfant, il transgresse l’interdit, disqualifie la différence générationnelle structurante et grève plus généralement la vie psychique 
Gennart (2011) évoque combien le sujet traumatisé dans son…. Il s’apparente à une expérience de mort imminente. Chez la femme ayant été abusée sexuellement, le vécu incestueux s’impose régulièrement au-devant de la scène, lors d’événements de vie qui jalonnent et éprouvent sa construction identitaire féminine : la maternité, notamment, est susceptible d’activer des impulsions infanticides (Bonnet, 1990). Notre intérêt porte sur ces femmes-mères qui ont été victimes d’inceste paternel et sur l’étendue du traumatisme dans le processus de maternalité. [

Des traumatismes primaires au trauma de l’inceste
Ferenczi (1934) définit le traumatisme comme étant un choc inattendu, brutal et violent, agissant comme un anesthésiant. Cet effet se manifeste par l’arrêt de l’activité psychique ou paralysie de la pensée à laquelle s’ajoute un état de passivité où le sujet se trouve démuni de toute capacité de résistance. Dans le cadre de l’agression sexuelle, le psychisme tente de survivre à l’invasion des excitations par le recours à diverses stratégies comme la sidération de la pensée et la fragmentation d’une partie du moi qui produit l’autoclivage narcissique. La psyché se dédouble, une partie éveillée continue de vivre et de se développer et une partie morte enkystée subsiste en état de stagnation. La commotion psychique fait partie des réactions au traumatisme, elle survient sans signal d’alarme, perturbe l’économie pulsionnelle et peut être à l’origine de la formation de symptômes. L’absence de protection ou d’investissement de l’enfant par la mère active chez lui un premier traumatisme dit en creux (ou traumatisme froid, selon Janin, 1995), contre lequel il peut lutter en produisant une représentation maternelle idéalisée, censée combattre la réalité du manque. D’autre part, l’environnement familial de l’enfant peut être source d’excitations insuffisamment métabolisées, relevant tant du registre de l’agressivité que de celui de la violence (Condamin, 2009). La séduction pathologique possède un caractère traumatique de par l’afflux d’excitations (traumatisme chaud, Janin, 1995) né des actes violents et/ou sexuels agis sur le corps de l’enfant. Les effets des deux expériences, celles du « trauma en creux » (absence de la mère) et du « traumatisme agi » (inceste) se superposent. Janin (1985, 1995) propose le concept de collapsus topique pour définir une forme de traumatisme où les limites entre espace interne et externe deviennent floues, le sujet ne sachant plus si les excitations ressenties appartiennent à l’un ou l’autre de ces deux espaces.

Dynamique familiale incestueuse et Antéœdipe
Découvrir Cairn-Pro3Dans Confusion de langues entre les adultes et l’enfant, Ferenczi (1933) montre combien, dans la séduction, le langage adulte reste imprégné de sexualité alors que l’enfant attend de la tendresse de l’adulte. L’identification à l’agresseur favorise l’internalisation de la culpabilité inconsciente récusée par cet agresseur. L’enfant peine à reconnaître ses émois et à discriminer les excitations ressenties, ce qui entrave également la capacité d’empathie et l’identification chez l’autre des gammes affectives (identification narcissique). Racamier (1995) suggère que l’inceste est non seulement un tueur de pensée mais aussi un sidérateur de plaisir, rejoignant ainsi les considérations de Ferenczi selon lesquelles l’inceste verrouille les futures capacités de symbolisation – laissant libre cours aux désorganisations comportementales, somatiques ou psychiques – d’autant plus si l’appareil à penser est encore immature. Le parent abuseur exploite le lien de confiance de l’enfant, qui se trouve partagé entre des rôles contraires : amant mais enfant de l’un, parent du parent avec lequel il n’a pas de commerce sexuel. Les limites tant spatiales que temporelles sont abolies entre le sujet aimé et l’objet désiré, le temps est inversé (Haesevoets, 2003) ou encore suspendu et accéléré. Marquant une posture d’obéissance et de sacrifice, les abus sont également gardés pour soi afin de préserver l’idéalisation du parent incestueux et de lui rester en tout point loyal. Aussi la dynamique de l’inceste maintient-elle l’enfant en position de passivité au sein d’une relation fortement asymétrique défavorable au processus de subjectivation. La violence de l’inceste se situe dans le gommage de la différence, dans le brouillage des places de chacun (VanMarcke et Igodt, 1987) qu’il engendre et plus spécifiquement dans le cas d’un inceste père-fille, par l’éradication de la différence avec la mère. En cela, l’inceste fait obstacle à la construction identitaire, voire détruirait le sujet par humiliation, maltraitance, mais aussi par négation de sa subjectivité, car toute tentative d’individuation avorte. La reduplication dans la réalité de fantasmes œdipiens activés par la situation incestueuse entraîne une « détransitionnalisation de la réalité ».

La maternité : une reviviscence possible du vécu traumatique incestueux
La maternité favorise l’émergence des éprouvés œdipiens, la future mère s’engageant dans une revisite de sa vie infantile 
La maternité dans sa forme la plus aboutie est un temps…. En tant qu’expérience de réorganisation possible du psychisme, la maternité peut aussi s’apparenter à une expérience désorganisatrice par la reviviscence du vécu traumatique incestueux. Entendue comme expérience de « transparence psychique » (Bydlowsky, 2000), elle peut en effet faciliter une levée du refoulement, et le développement intra-utérin est susceptible d’activer des représentations incestueuses. L’objet interne, animé par les mouvements du fœtus, possède à ce moment-là une réalité pour la femme enceinte (Bydlowsky, 2001). Ce temps prénatal s’entend donc comme une mise à l’épreuve des assises identitaires et comme résurgence de traumatisme, la mère supportant plus ou moins les transformations somatopsychiques inhérentes à la grossesse. Comme le souligne Missonnier (2001), pendant la grossesse, le fœtus est une extension psychosomatique maternelle, ce qui convoque l’empathie et la capacité de la mère à s’identifier aux besoins de son enfant à sa naissance. Bergeret-Amselek (1995) relève que la « maternalité est une étape existentielle clef dans l’éclosion de l’identité d’une femme, sur le parcours de [...] sa féminalité », au sens où elle relance la question des origines, de la différence des sexes et des générations et de la mort. L’auteur considère que la crise de la maternalité peut être tantôt maturative, tantôt pathologique, et propose le terme de « traumatisme de la maternalité » pour rendre compte de la réactivation d’expériences douloureuses et effractives antérieures qui exposent la femme au risque d’une crise régressive ou, a contrario, d’une crise maturative permettant d’élaborer les traumas. Bonnet (1990) indique que le duo symbiotique mère-enfant – notamment lors de la grossesse – vient souvent rappeler à la femme le couple incestueux caractérisé par la dépendance qu’elle entretenait avec son agresseur. La proximité de la relation avec l’enfant éveille un lien de dépendance difficilement supportable. Chez les femmes victimes d’abus sexuels, Bonnet (1990) comme Rouyer (1995) relèvent une ambivalence à l’égard du bébé, voire des fantasmes de maltraitance ou d’infanticide, ainsi que la majoration de dénis de grossesse dans ce contexte, qui trouvent à s’exprimer dans les fantasmes d’un enfant mort ou monstrueux ou encore dans la crainte de le malmener ou de lui porter atteinte (projection d’une mauvaise image de soi ou de l’abuseur sur l’enfant). Bydlowski (2001) insiste sur l’idée que la confrontation au réel de l’enfant lors de l’accouchement vient matérialiser l’abus sexuel, provoquant ainsi des réactions de terreur ou de dégoût (c’est précisément le cas lorsque l’enfant est un garçon, assimilé au sexe du violeur). La grossesse mais aussi le corps de l’enfant échouent à être investis, notamment lorsque le bébé est représenté comme une selle inerte afin de repousser les représentations incestueuses sous-tendues par la situation.
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Message par Dubreuil »

LE HARCELEMENT

Harcèlement moral, professionnel, scolaire, sexuel, de rue... Tous les types de harcèlement sont punis par la loi. Découvrez-les pour mieux vous en protéger.

Quels sont les différents types de harcèlement ?
On entend de plus en plus parler de harcèlement, et c'est une bonne chose car cela signifie que l'on donne enfin l'espace aux victimes pour qu'elles puissent en parler. Et plus on en parlera, plus on pourra le prévenir ou le contrer dès qu'il se présente.
Fondamentalement, le harcèlement est un comportement mené par une personne, le harceleur, ou par un groupe de personnes, sur une ou plusieurs victimes. Mais le harcèlement peut prendre plusieurs formes et se développer dans une large variété de contextes.

Qu'est-ce le harcèlement ?
Selon l'Éducation Nationale, "le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique", visant à affaiblir la personne qui en souffre. Cette violence peut se retrouver dans tous types de milieux, et peut être le fait d'une ou plusieurs personnes envers une ou plusieurs autres.
« Le harcèlement vise la destruction progressive d’un individu ou d’un groupe par un autre individu ou un groupe, au moyen de pressions réitérées destinées à obtenir de force de l’individu quelque chose contre son gré et, ce faisant, à susciter et entretenir chez l’individu un état de terreur »,
Le harcèlement est un comportement offensif et perturbateur, générant chez la victime un sentiment d'angoisse et de mal-être. Ce sont des comportements durables dus à un déséquilibre de pouvoir entre les personnes concernées (harceleur et harcelé), qui peuvent avoir de graves conséquences chez celui ou celle qui en souffre, aussi bien physiques que psychologiques.

Pour juger un comportement comme harcèlement, deux facteurs doivent être pris en compte :
La répétition : les comportements menés par le harceleur ont été répétés plus d'une fois et sont susceptibles de continuer.
Le déséquilibre : le harceleur utilise son pouvoir (physique, psychologique, social, etc.) pour exercer un contrôle ou perpétrer une série d'actes portant préjudice à la personne harcelée.
Il existe plusieurs types de comportements qui sont légalement vus comme du harcèlement : notons que ces divers types de harcèlement peuvent se croiser ou se chevaucher, car les harceleurs étaleront leur emprise sur la victime à de nombreux domaines. Ainsi, le harcèlement physique peut devenir sexuel, le harcèlement scolaire peut se propager sur les réseaux sociaux, le harcèlement moral peut aussi être professionnel, etc.

Le harcèlement scolaire, ou bullying
C'est le type de harcèlement le plus répandu, ou du moins dont on parle le plus depuis quelques années, car on a enfin reconnu qu'il ne s'agissait pas que de jeux d'enfants. Le harcèlement scolaire consiste en tout type de maltraitance ou agression psychologique, verbale ou physique menée à bien au sein de l'école, mais pas forcément dans les salles de classe. Pour être considéré comme harcèlement scolaire, on suppose que les deux parties doivent partager le même espace scolaire, même si le harcèlement peut s'étendre à d'autres domaines.
Ce type de maltraitance scolaire se distingue car le harceleur intimide la victime de façon réitérée, impliquant un abus de pouvoir, et ce, que le harcèlement soit mené par une seule personne ou par un groupe (bien que la force soit parfois uniquement perçue par la victime). Les conséquences de cette maltraitance peuvent être physiques et psychologiques, telles que :
Phobie scolaire
Anxiété, nervosisme
Dépression
Isolement
Suicide.
Contrairement aux idées reçues, le harcèlement scolaire n'a pas d'origine. L'enfant qui en souffre est perçu différemment des autres, mais rien ne le prédispose à cela.

Le harcèlement psychologique ou harcèlement moral
Il consiste en des conduites abusives portant atteinte à la dignité et à l'intégrité morale de la personne, dans le but de la déséquilibrer psychologiquement. Dans la plupart des occasions, les comportements peuvent être si subtils que la victime elle-même ne s'en rend pas compte. Le harceleur exerce une influence négative sur la victime par le mensonge, des paroles diffamatoires, ainsi que par une déformation de la réalité.
À ses débuts, le harcèlement fait naître un sentiment d'instabilité chez la victime, qui finit par perdre confiance en elle et en les autres, générant une sensation d'impuissance et d'anxiété qui peut dériver en dépression ou suicide.

Le harcèlement moral peut avoir lieu dans tous les domaines : dans le milieu professionnel, scolaire, en couple ou dans tout type de relation.
Le harcèlement sexuel
Il s'agit de tous les comportements intimidants ou de contrainte de nature sexuelle. Ces agressions peuvent être physiques, verbales ou non-verbales:
Actes de violence physique, touchers ou rapprochements non consentis
Commentaires ou appels sur l'aspect physique ou la vie privée de la personne, drague et compliments supposés
Gestes de nature sexuelle, sifflements.
Tous ces comportements peuvent se développer à un certain degré, depuis des comportements peu gênants pour la personne harcelée jusqu'à des abus graves pouvant dériver en une possible agression sexuelle.

Le harcèlement physique ou stalking
Il s'agit de poursuivre de façon constante et invasive la victime pour établir un contact avec elle contre sa volonté. Ce type de harcèlement trouve son origine dans une obsession que le harceleur développe envers l'autre personne, avec des comportements tels que :
Espionner la victime
La poursuivre
L'appeler et/ou essayer d'entrer en contact avec elle de manière intrusive
La menacer
Comportements violents envers la personne harcelée.
Harcèlement professionnel, ou mobbing
C'est une forme de maltraitance qui se crée au sein de l'environnement de travail. Ce harcèlement, qui peut être mené à bien par une ou plusieurs personnes, se fait surtout au niveau psychologique : menaces, moqueries, fausses rumeurs, isolement de la victime du reste du groupe. Le harcèlement peut aussi virer en comportements violents, devenant ainsi un cas de harcèlement avec agression.
L'environnement professionnel devient une source de stress pour la victime : si ce stress devient chronique, il peut évoluer en trouble de stress post-traumatique. Si vous en souffrez, rapprochez-vous d'un professionnel spécialisé en harcèlement du travail pour vous aider.

Le cyber-harcèlement
Bien qu'il soit aussi connu sous le nom de harcèlement virtuel, il est tout à fait réel. C'est le plus contemporain de tous les types de harcèlement : ici, le harceleur ou le groupe de harceleurs se sert des moyens de communication digitaux ou des réseaux sociaux pour perpétrer une série d'offensives personnelles :
Propagation de fausses rumeurs
Raids sur les réseaux publics de la personne (insultes en masse)
Envoi de messages privés aux contacts de la personne
"Revenge porn" : diffusion d'images à caractère intime de la personne sans son consentement
Création de faux profils usurpant l'identité de la personne pour la dénigrer.
La motivation principale d'un cyber-harceleur est de causer du mal-être et de l'angoisse psychologique et émotionnelle chez la victime.

Le harcèlement de rue
Le harcèlement de rue est un comportement spécifique des espaces publics et semi-publics consistant en l'interpellation d'inconnus par des commentaires ou messages irrespectueux, intimidants, insultants ou menaçants. Ce harcèlement se fonde sur des discriminations de sexe, de genre ou d'orientation sexuelle.
Sifflements, interpellations
Commentaires sexistes
Insultes
Attouchements.
Fruit d'une éducation et d'une culture ambiante sexistes, le harcèlement de rue est principalement mené par un groupe majoritaire dans l'espace public (les hommes), pas forcément sensibilisés à cela, envers des femmes et des personnes LGBT(Lesbien, Gay, Bisexuel et Transgenre). Longtemps considéré comme commun et quotidien pour des milliers de personnes, on en parle de plus en plus depuis quelques années, à tel point que la loi a enfin déclaré qu'il était illégal.
L'accumulation et/ou la violence du harcèlement de rue crée un environnement hostile, porte atteinte à la dignité et à la liberté des personnes, qui peuvent avoir peur de sortir dans les espaces publics. Souvent vu comme de la drague par les responsables, le harcèlement de rue en est pourtant totalement à l'opposé : si la drague se fait à deux, le harcèlement de rue est la responsabilité d'une seule personne qui outrepasse consciemment l'absence de consentement de l'autre.

Que faire en cas de harcèlement ?
Le harcèlement est puni par la loi dans toutes les situations. La victime du harcèlement peut porter plainte directement contre son agresseur ou contre X s'il est inconnu : pour cela, elle doit s'adresser à un commissariat de police ou à une brigade de gendarmerie, où sa plainte ne peut pas être refusée et sera transmise au Procureur de la République.
L'auteur du harcèlement peut risquer jusqu'à un an de prison et 15 000€ d'amende.
Il existe des circonstances aggravantes :
si le harcèlement a entraîné une incapacité totale de travail de plus 8 jours à cause de l'anxiété ou du stress
si la victime a moins de 15 ans
si elle est en situation de vulnérabilité connue de l'auteur (âge, maladie, infirmité, déficience physique ou psychique, état de grossesse).
Si le harcèlement est mené avec une circonstance aggravante, la peine passe à 2 ans de prison et 20 000€ d'amende ; avec trois circonstances aggravantes ou plus, la peine s'élève à 3 ans de prison et 45 000€ d'amende.

Toutefois, il reste difficile de justifier le harcèlement notamment dans le couple, mis à part porter plainte contre son mari pour violences psychologiques et/ou harcèlement sexuel, et dans le milieu professionnel que sur la bonne foi de l’intéressé.
Quant au harcèlement des réseaux sociaux, il serait judicieux de faire des cours de prévention en milieu scolaire sur les risques potentiels de diffuser des images, des conversations injurieuses, et de responsabiliser les adolescents sur la notion de « respect » et « d’intégrité sous toutes ses formes ».
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Message par Dubreuil »

FRANCOISE DOLTO

Naissance
6 novembre 1908
16e arrondissement de Paris

Décès
25 août 1988 (à 79 ans)
5e arrondissement de Paris

Sépulture
Cimetière de Bourg-la-Reine

Nom de naissance
Françoise Marette

Nationalité
Française

Formation
Faculté de médecine de Paris (doctorat) (jusqu'en 1939)

Activité
Pédiatre

Conjoint
Boris Dolto

Enfants
Carlos
Catherine Dolto

Religion
Christianisme

Françoise Dolto, née le 6 novembre 1908 dans le 16e arrondissement de Paris et morte le 25 août 1988 dans le 5e arrondissement de la même ville, est une pédiatre et psychanalyste française. Elle s'intéresse particulièrement à la psychanalyse des enfants et à la diffusion des connaissances dans le domaine de l'éducation des enfants par de nombreux écrits et des émissions radiodiffusées qui ont contribué à la faire connaître du grand public.

Famille
Françoise Dolto, naît sous le patronyme Marette le 6 novembre 1908, au sein d'une famille bourgeoise de conviction catholique et monarchiste du 16e arrondissement de Paris : sa mère Suzanne Demmler, d'origine allemande par son grand-père paternel (né à Nuremberg en 1807, émigré en région parisienne, à Bourg-la-Reine, épousant une Française vers 1825), est fille de polytechnicien (Arthur Demmler, promotion 1863, administrateur de forges), et son père, Henri Marette, fils d'un architecte, est également polytechnicien (promotion 1895, ingénieur devenu industriel). Quatrième enfant d'une fratrie de sept, elle est la sœur2 de Jacques Marette (1922–1984), ministre français des Postes et télécommunications de 1962 à 19673,4.

Après sa naissance, elle est confiée à une nourrice irlandaise qui se lia beaucoup avec elle, au point que ses parents devaient lui parler anglais pour obtenir un sourire. Les parents renvoient brutalement la nourrice pour faute professionnelle — toxicomane, car l'opium était en vogue dans le Paris de cette époque5, elle finançait son addiction en faisant des passes dans un établissement à la porte duquel elle aurait laissé l'enfant dans son landau —, et Françoise, alors âgée de huit mois, attrape une double
bronchopneumonie, dont elle guérit après que sa mère l'a tenue contre elle tout une nuit au plus fort de la maladie6.

Enfance
Françoise est élevée de manière très traditionnelle. Selon Élisabeth Roudinesco, « elle a eu une enfance catholique, d'extrême droite », étant élevée selon les valeurs en cours dans une famille maurrassienne. Elle a une institutrice personnelle formée à la méthode Fröbel.

À l'âge de huit ans, elle perd son oncle et parrain (Pierre Demmler), qui meurt à la guerre. Lui ayant assigné une place d'époux symbolique, comme peuvent le faire les enfants de cet âge, elle l'appelle « son fiancé » et en porte le deuil comme une veuve de guerre.

À douze ans, elle est profondément marquée par la mort de sa sœur aînée, Jacqueline, âgée de dix-huit ans, enfant préférée de sa mère. Celle-ci fait une dépression et accuse Françoise de ne pas avoir prié assez fort pour la guérison de sa sœur. Elle lui avait dit, la veille de sa Première communion, que les prières d'un enfant très pur pourraient la sauver. Françoise Dolto rapportera plus tard :
« J'ai vu ma mère souffrir au point qu'elle ne pouvait pas tolérer de voir un enfant handicapé dans la rue, j'étais à côté d'elle, comme ça, rétrécie de souffrance pour elle et pour l'enfant qu'elle injuriait (avec la mère de cet enfant qui poussait la voiture) “si c'est pas malheureux de voir ça vivre et des beaux enfants qui meurent, quelle honte !” […] J'ai éprouvé comme ça des choses tellement douloureuses, avec une telle compassion pour les gens qui souffraient parce que je ne pouvais pas faire autrement11. »

Jeunesse et formation
Pour sa mère, une fille n'a d'autre horizon que le mariage et, forte de ce principe, elle lui interdit de poursuivre des études. À seize ans, elle doit affronter la volonté de sa mère qui ne veut pas la laisser passer son baccalauréat, car elle ne serait plus mariable. Néanmoins, elle va au lycée en classe terminale, en section « philosophie », de 1924 à 1925, au lycée Molière, à Paris, et passe son bac. En 1930 elle passe son diplôme d'infirmière. Un an après, elle commence ses études de médecine avec son frère Philippe (« en payant ses études avec l'argent qu'elle gagne.

En 193213, sur la recommandation de Marc Schlumberger, elle rencontre le psychanalyste René Laforgue (qui a déjà accueilli en cure son frère Philippe un an auparavant) et participe aux débuts du freudisme français en effectuant une psychanalyse avec lui, du 17 février 1934 au 12 mars 193714. Cette cure dure trois ans14. Laforgue, trouvant à Françoise Dolto des aptitudes, lui conseille de devenir elle-même psychanalyste, ce qu'elle refuse d'abord, voulant se consacrer à la médecine. Cette cure la libère de sa névrose, du poids de son éducation, de son milieu d’origine et de sa mère dépressive, en faisant d’elle une autre femme.

Au cours de sa formation médicale, en stage dans le service du Docteur Georges Heuyer, elle rencontre Sophie Morgenstern qu'elle assistera plus tard. Celle-ci a été l'une des premières à pratiquer la psychanalyse des jeunes enfants en France : elle lui confie la tâche d'écouter, et seulement écouter, les enfants qu'elle devait soigner. Ses patients seront surtout des enfants et des psychotiques. « À la veille de la guerre, elle jette les bases d'une méthode psychanalytique de thérapie d'enfants centrée sur l'écoute de l'inconscient, et débarrassée du regard psychiatrique »

En 1938, Françoise rencontre le docteur Édouard Pichon à l’hôpital Bretonneau. En 1939, elle soutient sa thèse intitulée Psychanalyse et pédiatrie, dans laquelle elle expose certaines bases de sa méthode de psychanalyse des enfants qu'elle développera au long de sa vie, notamment le fait de parler directement aux enfants de la réalité de leur vécu à l'aide d'un langage qui leur est accessible.

L'année 1938, est également celle où elle rencontre Jacques Lacan, suit son enseignement à Sainte-Anne, et resta en lien étroit tout au long de son activité de psychanalyste, lui reprenant, parfois à sa manière, de nombreux concepts. Lacan et Dolto firent, selon Roudinesco, « figure de couple parental pour des générations de psychanalystes français ». Astrid Quemener rapporte que « les deux psychanalystes étaient amis et se vouaient une grande estime réciproque. Si Dolto disait parfois « ne pas comprendre ce qu'il écrivait », il lui rétorquait « qu'elle n'avait pas besoin de le comprendre puisqu'elle l'appliquait dans sa pratique », ce qui était plus qu'une politesse, puisque Lacan lui adressait ses cas les plus difficiles ».

En 1939, sur les conseils de Laforgue et après avoir été en contrôle avec Nacht et Lagache, elle devient membre adhérente de la Société psychanalytique de Paris.

Vie privée et professionnelle
Françoise Dolto travaille en cabinet avec des adultes et en institution avec les enfants : à la polyclinique Ney à la demande de Jenny Aubry, à l'hôpital Trousseau (où elle assure des consultations gratuites de 1940 à 1978)17, au Centre médico-psycho-pédagogique Claude-Bernard à partir de 1947, et enfin au centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) Étienne-Marcel de 1964 à 1981.

En décembre 1942, elle travaille dans l'équipe de psycho-biologie et hygiène mentale du Centre de la mère et de l'enfant, une institution dépendant de la Fondation française pour l'étude des problèmes humains fondée par Alexis Carrel et financée par le gouvernement de Vichy. On ne sait pas exactement combien de temps elle y a travaillé ni si elle a continué d'y travailler lors de la démission de plusieurs chercheurs en novembre 1943, opposés à la dérive idéologique et scientifique de l'institution ; aucun des textes autobiographiques de Françoise Dolto n'évoque cet épisode de sa carrière ; quoi qu'il en soit cela ne signifie pas que Dolto ait adhéré aux idées du régime de Vichy (il y avait dans cette institution, aussi bien des pétainistes purs et durs que des trotskystes et des résistants)

En février 1942, elle épouse Boris Dolto, fondateur d'une nouvelle méthode de kinésithérapie en France17, ainsi que d'une école de podologie : l'École française d'orthopédie et de massage. Ils s'intéressent tous deux aux rapports entre corps et psychisme, et leurs échanges sur ce thème seront très enrichissants. Ils ont trois enfants : Yvan-Chrysostome Dolto « Carlos » (1943-2008)22, chanteur populaire, Grégoire Dolto en 1944, ingénieur, et Catherine Dolto en 1946, pédiatre et haptonomiste.

Elle commence à publier des textes importants dans les années 1956-195724, expose en 1960, au colloque international d'Amsterdam, le rapport commandé par Lacan sur la sexualité féminine, et devient au cours de cette période une « figure majeure du mouvement psychanalytique ».

En décembre 1962, Françoise Dolto participe activement à la création du Secrétariat du Père Noël de la Poste aux côtés de son frère Jacques Marette, alors ministre des Postes et télécommunications.

En 1964, à la suite de la deuxième scission du mouvement psychanalytique français, elle participe, avec Jacques Lacan, à la création de l'École freudienne de Paris17 et développera au cours des années suivantes son enseignement dans ce cadre, notamment son séminaire sur la psychanalyse des enfants. En 1971 paraît Le Cas Dominique et une édition de sa thèse Psychanalyse et pédiatrie qui seront des succès en libraire et sont réédités jusqu'à aujourd'hui.

Les émissions de radio qui donnent du retentissement à ses idées ont lieu, de 1976 à 1978, année où elle arrête ses consultations à l'hôpital Trousseau qu'elle tient depuis 1940, et arrête ses consultations privées l'année d'après, mais en continuant d'assurer l'Aide sociale à l'enfance à la pouponnière d'Antony. En 1979, elle lance la première « Maison verte ».

En 1980, l'École freudienne est dissoute par Lacan, qui meurt en 1981, tout comme le mari de Françoise Dolto, Boris. Elle fait ensuite encore paraître quelques ouvrages majeurs tels Au jeu du désir, L'Image inconsciente du corps, La Cause des enfants mais, atteinte de fibrose pulmonaire depuis 1984, elle meurt le 25 août 1988.

Françoise Dolto est inhumée dans un caveau familial, au cimetière de Bourg-la-Reine (dans la division 6) ; cette sépulture est aussi celle de son mari Boris et de leur fils, le chanteur Carlos, décédé en 2008. Elle a demandé que soit inscrit sur sa pierre tombale : « N'ayez pas peur ! », l'injonction de Jean-Paul II.

Travaux et apports
Idées majeures
Françoise Dolto fut une fervente militante de la « cause des enfants », faisant de l'enfant en souffrance et de ses rapports avec la mère son domaine de prédilection.

Plusieurs idées majeures ressortent de ses œuvres :

l'enfant est une personne ;
tout est langage (gestes, regards…) ;
le « parler vrai » : ne pas mentir à un enfant car « on ne peut mentir à l'inconscient, il connaît toujours la vérité ». « L'enfant a toujours l'intuition de son histoire. Si la vérité lui est dite, cette vérité le construit ;
l'image inconsciente du corps : pour elle, les dessins des enfants représenteraient leur propre corps ; la prise de conscience de son propre corps est une étape de la structuration du sujet et de l'individuation.
le « complexe du homard » : métaphore employée par Dolto pour représenter la crise d'adolescence ; l'adolescence n'est pas simplement le travail de l’adolescent, et les crises d'adolescence sont une étape nécessaire ; l’adolescence, c'est chuter pour mieux remonter.
L'enfant comme sujet à part entière
La phrase « le bébé est une personne », qu'on lui attribue et qu'elle n'a en fait pas prononcée, est en réalité le titre d'une série d'émissions consacrées aux bébés réalisées par un psychiatre, Tony Lainé, et un journaliste, Daniel Karlin, diffusées en 1984. Si elle ne prête pas la conscience inhérente au principe de personne au bébé, elle n'en défend pas moins, tout au long de sa carrière, l'idée que l'individu est un sujet à part entière dès son plus jeune âge.

De ce fait, elle souligne l'importance de la parole que l'adulte peut adresser à l'enfant sur ce qui le concerne, parole qui peut l'aider à construire sa pensée.

Ainsi, pour Dolto, l'enfant peut être psychanalysé très tôt en tant qu'individu. L'enfance a ainsi un rôle fondamental dans le développement de l'individu.

Claude Halmos dans le documentaire Françoise Dolto dit : « L'apport essentiel de Françoise Dolto est de dire que l'enfant est à égalité d'être avec un adulte et que ce faisant il est un analysant à part entière. »

Elle considère qu'avant même que l'enfant possède un véritable « langage », l'être humain étant par essence communicant, il communique déjà, à sa façon, par le corps. Par exemple : apprendre à marcher, ou même à se déplacer à quatre pattes, c'est commencer à vouloir s'affranchir des parents et exprimer un début de désir d'indépendance. Elle analyse les rapports enfants-parents, et notamment l'origine du complexe d'Œdipe et l'importance du rôle du père dès les premiers jours. À travers le père, l'enfant comprend qu'il n'est pas tout pour sa mère, ce qui entraîne un rapport de frustration et permet l'individuation.

Dans La Difficulté de vivre, elle explique comment répondre à un enfant qui pose des questions autour de sa naissance. Elle accorde une grande importance à la parole dans la construction des individus.

Selon Gérard Guilleraut, Françoise Dolto a permis aux psychothérapeutes d’aujourd’hui — qu'ils le reconnaissent ou non — de s'occuper d'enfants.

Sa thèse
Elle s'intéresse essentiellement à la psychanalyse de l'enfance et soutient sa thèse Psychanalyse et pédiatrie en 1939
Elle y explique le rôle de l'affect comme support de l'intelligence et porteur de l'expression des troubles. Elle détaille son développement en fonction des castrations « symboligènes » successives (castration des symboles d'états infantiles compensée par la maturation, par exemple l'échange verbal ou pré-verbal qui compense la tétée). Les séparations ont un effet symboligène : elles permettront aux zones érogènes de devenir des lieux de désir et de plaisir. Par exemple, le sevrage est la première castration orale ; celle-ci modifie la valeur symbolique de l'objet-mère, sans le faire disparaître, à condition que la mère introduise aussi, par le langage, le bébé dans le monde social et qu'elle puisse devenir la mère que le bébé retrouve.

Elle y explique que la connaissance de cette maturation psychique est indispensable à la pédiatrie. Cette thèse soulève de vives réactions : elle est soit dénigrée avec force, soit profondément respectée, comme par Jean Rostand qui, après l'avoir lue, veut la rencontrer et lui déclare qu'il n'a jamais rien lu d'aussi intéressant depuis Freud. C'est chez lui qu'elle fera connaissance de son futur mari.

Le « complexe du homard »
« Complexe du homard » est une formule inventée par Françoise Dolto pour représenter la crise d’adolescence. « L’enfant se défait de sa carapace, soudain étroite, pour en acquérir une autre. Entre les deux, il est vulnérable, agressif ou replié sur lui-même. » Mais « ce qui va apparaître est le produit de ce qui a été semé chez l’enfant », avertit Dolto. Il s'agit donc de l’évolution qui va se faire de l’adolescent à l'adulte

Les parents devraient donc voir les crises explosives comme une preuve qu’ils ont rempli leur contrat, les repères éducatifs s’avérant suffisamment souples pour « sauter » au bon moment. À l’inverse, si les parents sont trop rigides, l’adolescent restera prisonnier de sa carapace et désarmé face à la dépression

Prises de position et engagements
Françoise Dolto était opposée à la pénalisation de l'avortement mais souligne le sentiment de culpabilité et les effets psychiques d'un tel acte.

Convaincue que psychanalyse et foi pouvaient faire bon ménage (voir son ouvrage La Foi au risque de la psychanalyse), elle a été la première psychanalyste à faire une conférence à Rome, à l'Église Saint-Louis-des-Français de Rome, sur le thème : « Vie spirituelle et psychanalyse ». En 1979, elle participe à l'ouvrage Dieu existe ? Oui avec Christian Chabanis.

Les sociétés de psychanalyse
Membre adhérente de la Société psychanalytique de Paris à partir de 1939, elle participe à la première scission en 1953 qui donne naissance à la Société française de psychanalyse (SFP). Daniel Lagache et Juliette Favez-Boutonier quittent en même temps qu'elle la Société psychanalytique de Paris, mais pour des raisons différentes : alors qu'eux-mêmes s'opposent à la vision médicale de Sacha Nacht, Françoise Dolto s'oppose au fait de considérer les futurs psychanalystes comme des enfants, en référence au mode de transition préconisé apparenté à un enseignement. Ce point précis est développé par Georges Juttner qui explique : « en aucun cas elle ne formait des élèves […] l'éthique de la psychanalyse, c'est qu'un sujet se déploie dans l'accomplissement de sa propre parole, c'est donc bien l'opposé du concept d'élève ».

La Société française de psychanalyse est fondée dans son appartement, Jacques Lacan en est le président. Cette société est dissoute en 1964 au profit de deux nouvelles sociétés, l’Association psychanalytique de France et l’École freudienne de Paris, dans laquelle Lacan joue un rôle plus central, et à la création de laquelle Françoise Dolto participe activement.

Médiatisation
Dès 1950, Françoise Dolto anime, avec d’autres spécialistes, une série d'émissions sur l'éducation sexuelle des enfants dans le cadre de l'émission La Tribune de Paris de la RTF.

Puis, pendant toute l’année scolaire 1968/1969, sur Europe no 1, elle répond en direct aux questions des auditeurs sous le pseudonyme de « Docteur X. »

Sur France Inter, d'octobre 1976 à octobre 1978, dans l'émission Lorsque l'enfant paraît animée par Jacques Pradel elle répond en différé aux courriers des auditeurs.

Le succès de cette dernière émission contribue à sa popularité. Françoise Dolto publie trois ouvrages à partir de ces émissions.

L’école de la Neuville
Fondée par Fabienne d'Ortoli, Michel Amram et Pascal Lemaître, l'école de la Neuville, un internat dont la pédagogie s'inspire du mouvement de la pédagogie institutionnelle (Anton Makarenko, A. S. Neill, Célestin Freinet, F. Deligny, F. Oury et Aïda Vasquez) est ouverte en 1973, à La Neuville-du-Bosc, dans l'Eure en Normandie, avant d'être transférée à Chalmaison en Seine-et-Marne, au château de Tachy, en 1982. Le premier contact avec Dolto a lieu fin 1975. Jusqu’en 1979, année de l’arrêt de ses consultations en libéral, Dolto y adresse des enfants qu’elle suit en thérapie. Ensuite, elle fait sentir son influence par des rencontres répétées avec les fondateurs, lors de « contrôles pédagogiques ».

La Maison verte
La Maison verte, nommée au départ « Petite enfance et parentalité » a été créée en 1979, à Paris, à l’initiative d’une équipe (cinq psychanalystes et éducateurs : Pierre Benoit, Colette Langignon, Marie-Hélène Malandrin, Marie-Noëlle Rebois et Bernard This) dont faisait partie Françoise Dolto. C’est un lieu d’accueil d’enfants de moins de quatre ans, accompagnés de leurs parents ou d’autres personnes chargées d’eux, et même les futurs parents.

Françoise Dolto souhaitait faire de la Maison verte « un lieu de rencontre et de loisirs pour les tout-petits avec leurs parents. Pour une vie sociale dès la naissance, pour les parents parfois très isolés devant les difficultés quotidiennes qu’ils rencontrent avec leurs enfants. Ni une crèche ni une halte-garderie, ni un centre de soins, mais une maison où mères et pères, grands-parents, nourrices, promeneuses sont accueillis… et leurs petits y rencontrent des amis. » C'est « un lieu en partenariat avec les parents dans la sécurité de l'anonymat, qui n'a rien à voir avec un accueil anonyme, mais tout à voir avec l'idée de ne pas observer, ni évaluer les enfants ».

Ce projet, auquel elle est attachée jusqu'à la fin de sa vie, perdure aujourd'hui. Chaque Maison verte est autonome, organisée en association loi 1901 et souvent financée par des fonds publics (DDASS, PMI, caisses d'allocations familiales, communes, régions, etc.).

Le concept fait florès (près de dix mille enfants et parents y passent chaque année) et se développe dans différentes villes de France, avant d'essaimer à l'étranger : on en trouve à Saint-Pétersbourg, à Moscou, à Barcelone, à Bruxelles, mais aussi en Suisse, en Argentine et au Canada. Chaque lieu invente son nom propre (Maison ouverte, à Bruxelles, Maisonnée, à Strasbourg).

Selon Caroline Eliacheff et Catherine Mathelin-Vanier on attribue à Dolto, depuis sa mort en 1988, « tous les maux de la société », la débâcle de l'éducation, l'autorité perdue des parents, le règne de l'enfant-roi, en renversant sans scrupules ce qu'elle a défendu. Ces attaques n'ont rien de nouveau, Dolto ayant été attaquée tout au long de sa vie, bien avant d'être célèbre. Cela a commencé par sa famille et particulièrement sa mère qui lui en veut d'avoir survécu à sa sœur et que Dolto ne haïra pas pour autant. Puis, par d'autres psychanalystes, lors de la deuxième scission d'avec l'IPA, elle n'était pas dans la norme institutionnelle, et fut même accusée de communisme. Ses émissions de radios suscitèrent également des critiques par ses pairs, notamment d'être contre-productives par ses conseils aux parents, et ses positions sur la religion, critiques reprises pour la première fois dans la presse. Elle n'était pas considérée comme une théoricienne. Ensuite sont venus les détracteurs de tous horizons : professionnels de la petite enfance, pédopsychiatres, pédiatres, écrivains et sociologues. Parallèlement, il y eut ceux qui l’idolâtraient et l'imitaient alors qu'elle insistait sur la nécessité de chacun de se construire, y compris en tant que psychanalyste selon son inconscient propre

Pour Didier Pleux, docteur en psychologie du développement, psychologue clinicien comportementaliste et cognitiviste et auteur de De l'enfant roi à l'enfant tyran, il serait bon maintenant de refermer la « parenthèse » Dolto : certaines de ces idées de l'époque ne sont plus applicables et ne représentent plus la réalité de la société actuelle. Aujourd'hui l'enfant n'est plus tant en danger d'être blessé par l'autoritarisme de ses parents, d'une société, que d'être affaibli par la permissivité et une « civilisation du plaisir » dans laquelle on ne saurait lui imposer de limites dès son plus jeune âge. Dans Françoise Dolto : la déraison pure (2013), il s'efforce de confronter le récit tardivement reconstruit de Dolto sur son enfance malheureuse notamment à sa correspondance, où il trouve une réalité toute différente. Pleux attribue également aux analyses de Dolto l'entretien de mythes sur les causes de l'autisme, de la dépression ou de l'anorexie mentale, au nom d'un psychosomatisme contraire aux orientations de la recherche scientifique. Il y évoque également la naïveté politique de la jeune femme, plutôt à l'aise dans la France du début des années 1940. Lectrice de L'Action française, elle part en vacances avec son psychanalyste René Laforgue, par ailleurs collaborateur. Elle s'engage aussi dans le projet eugéniste promu par le régime de Vichy, qui comptabilise les « enfants déficients ». Au sujet de la rafle du Vélodrome d'Hiver, elle croit alors, selon Julie Malaure dans Le Point, que « l'on regroupait les juifs dans des camps de concentration pour qu'ils échappent aux nazis ».

Opposés à cette lecture, les psychanalystes Jean-Pierre Winter et Claude Halmos dénoncent un ouvrage ni « analytique, ni scientifique, ni critique », avec de nombreuses approximations ou inexactitudes (pour Claude Halmos, l'auteur « prêche le retour en arrière », tandis que l'écrivain et journaliste Isabelle Lortholary y voit une interprétation à partir de citations incomplètes et hors contexte, un « pamphlet » aux dérives peu propices au débat. Quant à l'historienne et psychanalyste Élisabeth Roudinesco, elle critique une utilisation des sources indigne d'un « historien sérieux ».

Dans Le Livre noir de la psychanalyse, Jacques Van Rillaer affirme que Françoise Dolto pense, à la suite de Freud, que la conscience morale, en terme psychanalytique le surmoi, est moins forte chez les femmes que chez les hommes « "Le Moi des femmes est la plupart du temps plus faible que celui des hommes" et "leur Sur-Moi est rudimentaire (sauf les cas de névroses)" […] "C'est parce qu'elle n'a pas de Sur-Moi — parce qu'elle en a moins — que la femme apparaît pleine de grâce, c'est-à-dire de présence. Remarquez comment l'enfant qui n'a pas de Sur-Moi est lui aussi plein de grâce." » Dans le même ouvrage, Jean Cottraux estime que Dolto a imposé le « lacanisme » en France, via ses émissions radiodiffusées. À propos de Françoise Dolto, Alain Rubens écrit que « Le livre noir de la psychanalyse remet en question ses thèses ».

Sur les relations sexuelles entre adultes et mineurs
Dans le contexte des années 1970, Françoise Dolto signe en 1977 — en compagnie de nombreux autres signataires parmi les intellectuels français de l'époque (Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Alain Robbe-Grillet, Jacques Derrida, Philippe Sollers...— une « Lettre ouverte à la Commission de révision du code pénal pour la révision de certains textes régissant les rapports entre adultes et mineurs », jugeant que le « consentement des mineurs » suffit amplement. La participation à cette pétition lui vaut comme ses cosignataires d'être accusée dans les années 2020 d'avoir tenue une position favorable à la pédophilie. Pour Manon Pignot, pour l'historienne de la psychologie et de la psychanalyse Annick Ohayon ou encore pour Didier Pleux, Françoise Dolto n'a jamais défendu la pédophilie.

Selon l'historien Jean Bérard également, Dolto conteste les positions pro-pédophilie et son but en est distinct. Si elle veut réviser la loi de l'époque, c'est parce qu'elle s'oppose à la famille définie comme traditionnelle et à l'exercice de l'autorité qui s'y déroule : pour elle, l’initiation sexuelle « des adolescents et des enfants par un adulte (donc par garçon ou fille de 16 ans déjà), en admettant même que ce partenaire ne soit pas incestueux, encore plus si cet adulte est confirmé en âge et en prestance, est toujours un traumatisme psychologique profond », elle propose « qu’on décrète, les enfants ayant été instruits, l’âge de la responsabilité sexuelle deux ans après la puberté pour chaque citoyenne ou citoyen adolescent (menstruation, spermatogenèse) Dolto attend également de la loi fasse du non respect du consentement, un délit, et que le viol soit considéré comme un crime, quelles qu'en soient les victimes, hétérosexuelles comme homosexuelles. Sa position indique que s'opposer aux positions pédophiles n'empêche pas une réflexion sur le caractère arbitraire de la majorité sexuelle, reflexion menée au sein de la cause des enfants

Les chercheurs Dorothy Bishop (professeure de neuropsychologie du développement à l'Université d'Oxford), et Joel Swendsen (professeur de psychologie clinique au CNRS) soulignent au contraire la position selon eux pro-pédophilie de Françoise Dolto, considérant qu'elle estime, à diverses reprises, que l'enfant chercherait des relations sexuelles avec des adultes. Selon Bishop et Swendsen, « [...] si quelqu'un était enclin à la pédophilie, alors la version de la psychanalyse de Dolto semblerait très attrayante, car elle promeut l'idée que les relations sexuelles entre adultes et enfants, bien qu'interdites par la société, sont un aspect naturel et donc imblâmable dans la condition humaine ». Selon eux, la mobilisation de cette théorie a pu servir, en France, à justifier et à garder impunies des agressions sexuelles contre des enfants, entre autres, autistes.

Dans leur Manifeste contre la pédocriminalité, Karl Zéro, Homayra Sellier et Serge Garde, commentant les propos tenus par Dolto en 1979, soulignent que la théorie du complexe d'Œdipe, qu'elle a défendue, assimile systématiquement l'enfant au coupable, et en concluent que « cette école de pensée rend les enfants responsables de leurs malheurs ».

Sur l'inceste et les femmes et enfants battus
Les critiques à l'encontre de Françoise Dolto resurgissent début janvier 2020, à l'occasion de l'affaire Matzneff. Le Canard enchaîné rapporte ainsi les propos d'une interview parue en novembre 1979 dans le journal Choisir la cause des femmes de Gisèle Halimi, au cours de laquelle, interrogée sur des cas de viols incestueux, Dolto répond : « Dans l'inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère ! », avant de minimiser la responsabilité du père en d'affirmant : « Il n'y a pas de viol du tout, elles sont consentantes. ». Puis, interrogée sur la réponse qu'elle donnerait à une femme ayant été, petite fille, victime d'un inceste, Dolto affirme qu'elle lui dirait ceci : « Elle ne l'a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l'aimait et qu'il se consolait avec elle, parce que sa femme ne voulait pas faire l'amour avec lui. » Elle ajoute que cela entraîne un traumatisme qui « vient du fait que sa sexualité ne peut pas se développer normalement, puisque la sexualité se développe à partir de l'interdit de l'inceste ». Dolto développe ainsi cette affirmation : « C'est l'interdit de l'inceste qui valorise la sexualité. Cet interdit intervient quand l’enfant désire l’inceste, c’est-à-dire à partir de trois ans jusqu’à 13 ans environ. Quand tout se passe bien, la sexualité se déplace et ne se fixe plus sur le père ou sur la mère. Le fait qu’un enfant doit faire plaisir à ses parents est déjà une forme d’inceste. »

Interrogée sur la réponse à donner concrètement à un enfant disant qu'il est battu, Dolto affirme qu'il faut lui demander : « Ne le cherches-tu pas ? Ne veux-tu pas faire des histoires avec tes parents ? », ce qui amène Le Canard enchainé à l'accuser d'appliquer aux enfants l'accusation infligée aux femmes battues selon laquelle « elles l'ont bien cherché ». L'hebdomadaire satirique cite à nouveau l'interview donnée à Choisir la cause des femmes, dans laquelle elle affirme : « Il conviendrait d'expliquer à l'enfant que, très souvent, c'est lui qui s'arrange pour être battu. C'est sa manière de capter l'attention parentale »

Interrogée plus tard sur ces propos, Catherine Dolto affirme qu'il s'agit de « citations tirées de leur contexte, dans lesquelles Françoise Dolto parl[ait] de l'inconscient et non du registre conscient »

Selon Claude Halmos, les propos de la psychanalyste sont basées sur une « argumentation aberrante » qui révèle une difficulté à prendre en compte la réalité des abus sexuels à l'encontre des enfants et des femmes battues, en niant leurs gravité et la souffrance des victimes qu'ils occasionnent. Elle juge cependant malhonnête intellectuellement d'accuser Françoise Dolto de promouvoir la pédophilie. Le discours « choquant » de cet entretien s'explique en partie par un malentendu dû à une mauvaise communication entretenant la confusion entre le conscient et l'inconscient de l'enfant, mais également par une négation des abus sexuels sur mineurs, propres selon elle à la façon de penser des « psys » — qu'elle détache des véritables psychanalystes — de cette époque, chez qui en faire admettre la réalité relevait alors « du parcours du combattant ». De même, son parcours ayant visé à arracher l'enfant du statut de « sous-être », il l'aurait amenée à surestimer sa capacité à s'opposer à un adulte dans une situation de maltraitance — en pensant que c'est « l'enfant qui trouve la solution » —, et a sous-estimer sa vulnérabilité ainsi que les conséquences de l'emprise exercée par une figure d'autorité. Enfin, en percevant l'adulte commettant l'inceste et le viol comme souffrant lui même, Françoise Dolto témoignerait dans l'interview d'une difficulté à concevoir la perversion, et l'existence d'individus bourreaux qui au contraire jouissent de leur situation

Élisabeth Roudinesco, dans une interview au Monde, affirme qu'il s'agit de « propos insensés » de la Dolto de la célébrité qui « répondait n'importe quoi à n'importe qui » en confondant conscient et inconscient, cas particulier et cas général mais que cela représente peu en quantité eu égard à son travail et que cela occulte son apport au domaine de l'enfance en France. Dolto elle-même ne voulait pas que ce soit publié car on lui faisait dire des stupidités. Roudinesco ajoute que ses propos sont manipulés de façon hostile dans les médias. Selon elle, il faut faire un travail critique sur l’œuvre, hors de tout réductionnisme, qu'il soit positif ou négatif, sur ce point, la journaliste Cécile Daumas dans un article de Libération dresse le même constat, une histoire critique reste à écrire.

Sur la télépathie
Dolto affirmait, en se basant sur son expérience, que les enfants sont télépathes particulièrement le duo mère-nourrisson. Selon la psychanalyste Djohar Si Ahmed, la télépathie n'est que la retrouvaille avec une fonction psychique de la première enfance, une sensorialité primitive disparue.

Dans son livre, Lorsque l’enfant paraît, Tome 3, publié chez Seuil en 1979, Françoise Dolto soutient la thèse que certains enfants sont télépathes et voyants, prenant l'exemple d'une petite fille rencontrée dans un train devinant un adultère. Six ans plus tard, dans son livre, La cause des enfants, publié chez Robert Laffont en 1985, elle affirme que ce sont les enfants autistes qui sont télépathes, prenant exactement le même exemple d'une petite fille dans un train.

Selon Jean-François de Sauverzac dans Françoise Dolto: Itinéraire d'une psychanalyse, elle considère les enfants autistes comme doués d'une capacités de télépathie que les adultes ont perdue

La chercheuse en psychopathologie fondamentale, Leda Fischer Bernardino, dans son article sur la clinique des relations entre bébés et parents à travers les études sur la télépathie, cite Dolto, qui s'est prononcée sur les questions de savoir pourquoi alors que le bébé est dans un état primitif par rapport au langage, il est sensible à ce qui arrive aux parents et réceptif aux paroles de l'analyste, s'agit-il d'un effet sur lui ou une conséquence de ce qui arrive à ses parents ; tout comme Freud s'est intéressé à la télépathie — non pas en tant que phénomène surnaturel — mais en tant qu'échanges inconscients, cela permet de mettre en évidence que mère et enfants partagent des processus mentaux du fait de la proximité de leur lien, le développement psychique du nourrisson se faisant à partir de la mère, et étant au seuil du langage, il développe une réceptivité particulière à l'inconscient de celle-ci, l'inconscient étant le discours de l'Autre, tel que Lacan l'a mis en évidence.

Sur l'autisme
D'après la psychanalyste Laurence Darcourt, Françoise Dolto « emploie l'expression « tomber dans l'autisme », car « il s'agit d'une chute dans une image du corps du passé Dolto attribue par ailleurs la cause de l'autisme à une « rupture traumatique et très précoce du lien symbolique mère-enfant », dans 100 % des cas

Pleux Bishop et Swendsen, de même que le chercheur postdoctoral Richard Bates (sur le média Slate en 201885 puis dans un article scientifique publié en 2020 estiment que Françoise Dolto est responsable de la perpétuation de méconnaissances relatives à l'autisme, auquel elle déniait la moindre cause biologique. Bishop et Swendsen soulignent que Dolto a soutenu la théorie de la mère réfrigérateur (ou mère toxique), théorie désormais scientifiquement invalidée, qui rendait la mère responsable du développement de l'autisme chez l'enfant Richard Bates note que « Françoise Dolto a publié plus d’une quarantaine d’ouvrages, qui véhiculaient la pensée psychanalytique auprès d’un large public, ciblant tout particulièrement les mères. Son étude de cas la plus connue, Le cas Dominique, montrait comment la « psychose infantile » pouvait découler de l’environnement familial. On trouve encore de tels livres, en France, dans les bibliothèques de nombreux parents, grands-parents et psychologues . Bates estime que les opinions de Françoise Dolto ont probablement contribué à faire culpabiliser de nombreuses mères françaises d'enfants autistes85. Pleux note, de même, que de nombreux centres d'accueil pour enfants autistes continuent, en 2008, à accorder du crédit aux théories de Dolto à propos de l'autisme.

À contrario, Jean-Pierre Winter déclare « On a cru que Dolto les culpabilisait [les parents], alors qu'elle leur disait "ce n'est pas de votre faute, c'est de votre fait". », quand Willy Baral soutient que Françoise Dolto « a humanisé les liens avec les enfants autistes »Pour Bernard Golse bien que « plus personne ne dit "que l'autisme est une maladie psychique pure". La pluralité des facteurs en cause rend le message de la pédopsychiatre un peu moins percutant. Mais alors que les jeunes parents sont de plus en plus préoccupés par l’éducation, [...], la parole de Françoise Dolto demeure une référence »

Dans l'éditorial intitulé « Dolto, reviens !» d'un dossier de La revue lacanienne consacré en 2013 à « L'autisme », le psychanalyste Charles Melman commence par cette constatation : « L'approche lacano-doltoïenne de l'autisme infantile n’a pas la cote ». En suivant des séances avec des bébés « à potentialité autistique » atteints de bronchiolites à répétition, et sensible au fait que l'intervention du soignant (Marie-Christine Laznik), « faite en présence de la mère sinon des parents, et éventuellement filmée avec leur accord pour analyser et suivre les progrès, nécessite le tact nécessaire pour essayer de les concilier avec leur enfant », Melman évoque comment « l’exhumation de difficultés refoulées ou cachées ont pu provoquer la révolte de familles organisées ensuite par Internet en lobbies » Il ajoute : « Le seul reproche qu’on puisse faire à ces lobbies est une passion persécutrice de mauvais aloi et revancharde à l’égard d’une méthode qui leur fut malheureusement insupportable mais dont ils pourront, quand ils y seront prêts, vérifier sur film le potentiel »
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Message par Dubreuil »

Françoise Dolto et la scolastique du consentement


En France plus d'une centaine d'écoles portent le nom de Françoise Dolto.
Un scandale qui ne s'explique pas autrement que par le fait que la France est une pédophilocratie.
La tristement célèbre Françoise Dolto, dans une interview publiée en 1979 par le magazine "Choisir la cause des femmes" (n° 44) a éhontément affirmé que les filles qui subissaient les assauts sexuels de leur père étaient consentantes.
C'est que la mère de Françoise Dolto était fière de ce que sa propre sœur ait été incestée par son grand-père, le père de la mère de Françoise Dolto, ainsi que le rapporte dans un article Marianne Kuhni, à Genève psychothérapeute féministe:
<< L’interprétation psychanalytique de l’inceste a pour conséquence de minimiser les incestes paternels et de protéger les pères incestueux>>. http://mariannekuhni.com/tag/francoise-dolto .
Cf. les extraits de l' interview de Françoise Dolto publiée en 1979 dans le n° 44 de "Choisir la cause des femmes"
Qui ont par la suite été publiés dans de nombreux ouvrages sans que les psychiatres patentés inféodés au freudisme ne lescondamnent en en prenant connaissance, ce qui en fait objectivement des complices de l'incestualité.
Marianne Kuhni écrit << L'interview est rapportée dans "La porte du fond" de Christiane Rochefort - Grasset 1988, p. 244, et dans "Le viol du silence" d'Eva Thomas - J'ai lu 1989 p. 235-236
https://evathomas.blogspot.com/p/biographie.html
« Le viol du silence » est en réalité paru en 1986 chez Aubier, et "Le livre noir de la psychanalyse" en fait état en 2005 (publié sous la direction de Catherine Meyer / ... /
Du fait de l'extrême rareté des exemplaires du n° 44 de « Que choisir » encore en circulation, son authenticité a parfois été mise en doute par des personnes qui n'avaient pas intérêt à le voir circuler.
Aux dires de Jean-Christophe Rabiller / ... / Catherine Dolto fille de Françoise et Présidente de l'association "Archives et documentation Françoise Dolto", interrogée par téléphone sur cet entretien accordé par sa mère à "Choisir la cause des femmes", a prétendu ne jamais l'avoir lu ! Qu'un entretien qui a suscité autant de polémiques soit ignoré par la fondation qui conserve les archives Françoise Dolto signifierait-il que cette fondation aurait préféré qu'il reste introuvable ?
Dans cet entretien hallucinant, Dolto n'hésite pas, en plus de nier la réalité des viols incestueux, à défendre les châtiments corporels et à affirmer que ce sont les maris des femmes battues qui doivent être aidés et non ces femmes elles-mêmes, qui “poissent” leur mari / ... /
Ce dossier comporte notamment, outre l'entretien avec Françoise Dolto, un entretien avec le commissaire Lefeuvre de la brigade de la protection des mineurs / ... /
Il montre que, contrairement à ce que prétendent ses défenseurs, Françoise Dolto n'était pas en avance sur son temps en ce qui concerne la cause des enfants, en tout cas en matière d'inceste. Le commissaire Lefeuvre confirme en effet la réalité de l'inceste et parle de viol et de chantage, là où Dolto ne parle que de consentement de l'enfant.
Que ce soit le flic plutôt que la psychologue qui comprenne la réalité de l'inceste en dit long sur le caractère réactionnaire des positions de la psychanalyse en matière de sexualité. ... >>
Marianne Kuhni écrit << L'interview est rapportée dans "La porte du fond" de Christiane Rochefort - Grasset 1988, p. 244, "Le viol du silence" d'Eva Thomas - J'ai lu 1989 p. 235-236 >> https://evathomas.blogspot.com/p/biographie.html

<< Le viol du silence est en réalité paru en 1986 chez Aubier) et "Le livre noir de la psychanalyse" en 2005 sous la direction de Catherine Meyer aux édiditions Les Arènes / ... /

Du fait de l'extrême rareté des exemplaires du n° 44 de cette revue encore en circulation, son authenticité a parfois été mise en doute par des personnes qui n'avaient pas intérêt à le voir circuler. Au dire de Jean-Christophe Rabiller / ... / Catherine Dolto fille de Françoise et Présidente de l'association "Archives et documentation Françoise Dolto", interrogée par téléphone sur cet entretien accordé par sa mère à "Choisir la cause des femmes", a prétendu ne jamais l'avoir lu ! Qu'un entretien qui a suscité autant de polémiques soit ignoré par la fondation qui conserve les archives Françoise Dolto signifierait-il que cette fondation aurait préféré qu'il reste introuvable ?

Dans cet entretien hallucinant, Dolto n'hésite pas, en plus de nier la réalité des viols incestueux, à défendre les châtiments corporels et à affirmer que ce sont les maris des femmes battues qui doivent être aidés et non ces femmes elles-mêmes, qui “poissent” leur mari / ... /

Ce dossier comporte notamment, outre l'entretien avec Françoise Dolto, un entretien avec le commissaire Lefeuvre de la brigade de la protection des mineurs / ... /

Il montre que, contrairement à ce que prétendent ses défenseurs, Françoise Dolto n'était pas en avance sur son temps en ce qui concerne la cause des enfants, en tout cas en matière d'inceste. Le commissaire Lefeuvre confirme en effet la réalité de l'inceste et parle de viol et de chantage, là où Dolto ne parle que de consentement de l'enfant.

Que ce soit le flic plutôt que la psychologue qui comprenne la réalité de l'inceste en dit long sur le caractère réactionnaire des positions de la psychanalyse en matière de sexualité. ... >>

En France il a été établi en mai 2017 par le CNRS que 4 millions de personnes (hommes ou femmes) ont subi l'inceste, ce qui n'a pas empêché le professeur Samuel Lepastier, psychiatre membre de la SPP (Société psychanalytique de Paris) et praticien attaché de l'hôpital la Pitié-Salpêtrière de soutenir en 2006 la thèse négationniste, c'est-à-dire psychanalytique, que les allégations d'incestes relèvent de fantasmes.

Samuel Lepastier n'est pas assez connu pour avoir fallacieusement commenté, au sujet des enfants d'Outreau, dans “Le Monde” du 7 février 2006, l'affaire dite "des dysfonctionnements de la Justice française".

Titre de son affabulation : "L'inconscient, le grand absent".

Pourquoi les psychanalystes profèrent-il de si énormes mensonges ?

Malgré ou plutôt à cause de sa profonte stupidité, "Le Monde" a accepté de publier le commentaire du professeur Lepastier.

A le lire, on se demande pourquoi ce "psychanalyste" n'a pas fait l'objet de poursuites judiciaires pour avoir proféré des propos non seulement négationnistes, mais hautement mortifères, puisque l'invention pédophilocratique du concept de "complexe d'oedipe" a conduit et continue de conduire un nombre incalculable, mais considérable, de victimes d'exactions sexuelles au suicide pour avoir cru trouver une bonne écoute dans un Service psychiatrique dit “institutionnel”, c'est-à-dire adepte de ce concept, pour eux dévastateur.

Ainsi d'une patiente hospitalisée alors qu'elle était enceinte de son père, par ailleurs père de quatre filles. Elle leur avait dit ce qu'elle avait subie. Les psychiatres qui l'avaient en charge avaient malheureusement pour elle fait leurs le concept freudien de fantasmes "œdipiens", c'est-à-dire incestueux. Ils avaient ainsi mis son récit sur le compte de la reviviscence de fantasmes incestueux inconscients, et de ce fait pas voulu la croire quand elle a dénoncé son père. Elle s'est alors suicidée. Son autopsie a révélé que non seulement elle était enceinte, mais qu'elle l'était effectivement de son père. Et ce père abusait pareillement de ses trois autres filles, qui chacune croyait être la seule à devoir subir les assauts incestueux de leur père.

L'affaire a été rapportée sur Europe 1 par une psychanalyste très médiatique, en l'occurrence Caroline Dublanche (ralliée depuis 2018 à RTL, avec une audience de 200.000 auditeurs). Elle pourrait être interrogée à ce sujet pour précisé la source de cette divulgation)

Samuel Lespastier, professeur de psychiatrie, semble ignorer que l'on peut tout à la fois être né d'un inceste, en avoir été victime dans sa plus tendre enfance, et avoir par la suite sciemment et puissamment œuvré à la “forclusion” d'une telle réalité, si et quand il y a mécon-naissance des ses origines, mais pas seulement. L'inconscient est “structuré comme un langage”, enseignait Jacques Lacan. Il avait compris que Sigmund Freud avait développé une théorie paranoïaque parce qu'il n'avait pas eu accès "à sa propre équation", en "racine carrée de moins un", qui fit qu'elle a, de son inconscient "structuré comme un langage", resurgit dans le réel en un savant délire projectif, c'est-à-dire para-logique, c'est-à-dire structuré sur un mode paranoïaque, contagieux, à la façon des délires mystiques, où s'originent les croyances religieuses.

Jacques Lacan était un psychiatre et un psychanalyste dissident. Il était lui-même le fils d'un père incestueux. Il pouvait difficilement s'exprimer autrement qu'en "mathèmes" plus ou moins intelligibles, car à l'être trop clairement, il risquait d'être irrémédiablement exclu du champ social et professionnel. Il s'est par conséquent, dans son "retour a Freud", exprimé de façon métaphorique, elliptique, pseudo mathématique, pour faire plus scientifique, en prenant Freud, sans le nommer nommément, comme un cas clinique non pas éclairé, mais éclairant, un cas de personnalité délirante retour-née à décrypter pour que ses idées doctrinaires soient remises à l'endroit.

Pour Lacan la théorie œdipienne était non seulement fausse, mais issue d'un délire dont la solution était la "racine carrée de moins un", c'est-à-dire de l'inceste dont il est le produit ...

C'est aussi pourquoi il s'était inquiété du travail mené par Marie Balmary pour son Mémoire sur Freud. Son directeur de thèse, le professeur Jean Laplanche s'était avec Jean-Bertrand Pontalis dans un petit recueil intitulé en 1964"Fantasme des origines et origine du fantasme" emparé des équations symboliques de Jacques Lacan comme s'il s'agissait d'équations mathématiques; Jacques Lacan les traita alors publiquement d'imbéciles dans une de ses conférences, dont j'ai perdu la trace. Autant dire que le travail de Marie Balmary, qui avait cité Jacques Lacan en exergue alors qu'elle était patronnée par Jean Laplanche, avait peu de chances de recevoir de lui l'onction psychanalytique malgré ses grands mérites.

Jacque Lacan, qui aimait à jouer sur les mots (les maux) a lancé la notion de forclusion-nom-du-père (de Freud). Le nom de son père biologique, et non le “le non” (en tant qu'interdit du père).

C'est à partir de son origine incestueuse qu'effectivement la théorie œdipienne a été exprimée à l'insu de son auteur.

Freud l'a en effet révélée en l'exposant de façon aveuglante, "à l'insu de son plein gré", selon la formule géniale d'un célèbre champion cycliste pris en flagrant délit de dopage.

Freud aussi se dopait, non pas à l'insu de son plein gré, peu conscient de ce que la cocaïne favorise l'émergence de délires paranoïaques, par lesquels on croit pouvoir "lire dans la tête des autres" alors que l'on ne fait que lire dans sa propre tête. Une observation que lui fit d'ailleurs son ami Wilhelm Fliess quand leur amitié compétitive s'est refroidie.

Son origine en racine² de moins un, Serge Tisseron et les psychiatres-psychanalystes férus de psychogénéalogie auraient aussi dû la comprendre.

Pourquoi s'en sont-ils gardés ? Lorsque je lui ai posé la question en lui parlant de l'enquête psychanalytique que Marie Balmary à menée dans sa thèse, éditée en 1979 chez Grasset sous le titre "L'homme aux Statues", donc à l'époque où Françoise Dolto se donnait à voir dans la revue Choisir la cause des femmes, Serge Tisseron, qui était venu parler publiquement à la médiathèque de Bagneux de ses recherches sur le cas de Hergé, a préféré botter en touche en rétorquant que la thèse de Marie Balmary n'avait pas été confirmée.

A l'époque de Freud et de son père, avorter était beaucoup plus risqué. Dans “Amok” Stefan Zweig en a fait une saisissante illustration. Les grossesses incestueuses menées à terme étaient de ce fait des réalités certainement plus fréquentes qu'aujourd'hui.

Quand cela arrivait, et que la personne née d'un inceste a pu en prendre conscience, ce qui est loin d'être toujours le cas, le fait était très généralement occulté. A moins d'être, à le laissé connaître, mis au ban de la société. Il est par conséquent préférable d'occulter une telle réalité pour ne pas nuire à son inclusion sociale. Tout se passe en effet comme si la faute, commise avant la naissance de l'enfant à naître (de l'enfant à n'être pas), incombait non à ses parents mais à la personne née de l'interdit. La “psychanalyste” Françoise Dolto expliquait d'ailleurs, dans son propre délire, que l'enfant à naître “choisissait” sa mère, donc que l'enfant à naître choisissait les conditions de sa naissance. Elle professait aussi que les victimes d'inceste étaient "consentantes", ainsi que l'a rapporté dans son livre Eva Thomas, "Le viol du silence", paru en 1986, et depuis réédité en Livre de Poche , citant une interview parue dans “Choisir”.

Choisir - Mais enfin, il y a bien des cas de viol ?
F. Dolto - Il n'y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes.
Choisir - Quand une fille vient vous voir et qu'elle vous raconte que,
dans son enfance, son père a coïté avec elle et qu'elle a ressenti cela
comme un viol, que lui répondez-vous ?
F. Dolto - Elle ne l'a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement
compris que son père l'aimait et qu'il se consolait avec elle, parce que
sa femme ne voulait pas faire l'amour avec lui.

https://www.cerhu.com/112385-dolto-linceste

Voir aussi Marianne Kuhni https://mariannekuhni.com/2014/04/03/en ... onsabilite.

Elle écrit : "L’interprétation psychanalytique de l’inceste a pour conséquence de minimiser les incestes paternels et de protéger les pères incestueux. Face à une telle conception, on peut se demander si la psychanalyse n’est pas en elle-même une production d’un Syndrome de Stockholm sociétal"

Sigmund Freud avait confessé, dans ses lettres à son ami et Confrère Wilhelm Fliess, qu'il avait été, très jeune, victime de son père, qui imposait à ses enfants de lui faire des fellations.

Après le lui avoir avoué, il a élaboré ("perlaboré", autrement dit "père- l'aborré") et propagé, à partir de 1910, c'est-à-dire sur les conseils du docteur Ernest Jones, un fallacieux mais astucieux concept, sur-culpabilisant et très invalidant pour les victimes d'inceste et/ou d'exactions pédophilesques, en l'occurrence celui de complexe d’œdipe.

Ernest Jones était en effet, comme le père (officiel) de Sigmund Freud, un grand amateur de chairs tendres. Il avait à cause de cela dû fuir l'Angleterre pour échapper à sa Justice. Il avait ainsi trouvé refuge au Canada. Il avait eu le temps de comprendre, en lisant ses essais sur la sexualité théorique, que Freud pouvait lui être utile. Aussi était-il venu le rejoindre à Vienne en 1908.

Le concept fallacieux de complexe œdipien est si malin qu'il a dupé et continue de duper les psychiatres, tout au moins en France, définie par Me Marie Grimaud comme un eldorado pour les pédophiles.

La Bible, au chapitre de la Genèse, et l'histoire légendaire d'Œdipe telle qu'elle est apportée par Sophocle, imputent aux amours transgressives et perverses, via la parabole de la consommation du Fruit de l'Arbre interdits, des conséquences désastreuses à n'en plus finir.

Il est d'ailleurs curieux que Sigmund Freud, qui paraît-il avait appris à lire dans la Bible, ne s'en soit pas aperçu, et ait préféré recourir à la légende œdipienne, pour en inverser le sens et sur-culpabiliser les enfants victimes d'exactions sexuelles.

Voici ce que Samuel Lepastier, “psychanalyste”, avait écrit au sujet du "grand oublié" relatif aux enfants d'Outreau, qui ne fait que répéter la conception qu'à la suite de Sigmund Freud les “psychanalystes” se font de l'inceste. Cf. aussi l'article du “psychanalyste” Roger Perron paru dans le "Dictionnaire international de psychanalyse" publié en 2002 chez Calmann-Levy (La même remarque vaut donc pour Roger Perron, l'auteur de l'article relatif à l'inceste, voire pour Alain de Mijolla, coordinateur de ce dictionnaire)
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Message par Dubreuil »

L'INCESTE

L’inceste est une agression à caractère sexuel qui se produit au sein d'une même famille. D’après l'article 222-31-1 du Code pénal, l’agresseur est "un ascendant ou toute autre personne […] ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait", soit un père, une mère, un grand-parent, un oncle, une tante, un frère, une sœur, mais aussi un beau-père, une belle-mère, ou un tuteur détenant l'autorité parentale. "Les cousins et cousines ne sont cependant pas pris en compte par la loi", déplore Cathy Milard, directrice de l'association SOS inceste et violences sexuelles.

Il peut prendre la forme d’attouchements avec ou sans pénétration (vaginale, anale, buccale) par un organe sexuel, un doigt, un objet, etc. Les faits peuvent débuter dès l'enfance ou l'adolescence et se poursuivre jusqu’à l’âge adulte. "Les premières agressions surviennent généralement aux alentours de 6 ou 8 ans et prennent fin au début de l’adolescence", témoigne Cathy Milard. En cause, bien souvent, l'attirance pédocriminelle des agresseurs.

L'inceste peut aussi s'installer dès qu'un membre de la famille viole l'intimité psychique de l'autre. On parle d'inceste moral, ou de climat incestueux. "En dehors des agressions physiques, les enfants peuvent être anormalement confrontés à la sexualité des adultes : exhibitions imposées, visionnage de films pornographiques, attitudes ou propos déplacés, etc", explique Homayra Sellier, présidente de l'ONG Innocence en danger. Et le psychiatre Robert Neuburger de regretter : "Certains enfants sont massacrés par des parents qui les inondent de confidences sexuelles. Ils n'ont malheureusement aucune chance de faire valoir leurs droits devant un tribunal."

Combien de personnes sont concernées par l'inceste en France ?
Selon un sondage Ipsos réalisé pour l'association Face à l'Inceste et publié en novembre 2020, un Français sur dix affirme avoir été victime de violences sexuelles de la part d'un membre de sa famille durant son enfance, soit 6,7 millions de personnes. 23 % des participants indiquent connaître dans leur entourage une, ou plusieurs, personnes victimes d'inceste. 78 % des victimes sont des femmes, 22 % des hommes.

À mesure que la parole se libère autour des violences sexuelles et sexistes, le nombre de victimes d'inceste augmente : en 2015, selon un sondage réalisé par Face à l'inceste, 6 % des sondés disaient avoir été victimes d’inceste. Ils étaient 3 % en 2009. Pour Homayra Sellier, les chiffres restent "bien en deçà de la réalité, tout simplement parce que de nombreuses victimes hésitent et tardent à parler, ou se murent à jamais dans le silence".

Les violences sexuelles dans la fratrie ne sont pas rares
Dans la majeure partie des cas, l’agresseur est un homme : un père, un beau-père, un oncle, un cousin. Mais il peut aussi s'agir d'un frère. Odile n'en avait pas conscience. À 5 ans, elle a été victime d'agressions sexuelles de la part de son frère de 14 ans. Ce dernier agissait sans violence, il obtenait ce qu'il voulait par persuasion, et, quand il a cessé, elle a cru qu'il était fâché avec elle. "Plus tard, en découvrant l'amour avec un compagnon, j'ai compris que mon frère s'était servi de moi et je me suis sentie comme moins-que-rien", témoigne-t-elle.

"Les parents ont une confiance aveugle dans les relations fraternelles, au point de mettre dans la même chambre un adolescent avec son petit frère ou sa petite sœur. Au moment de la puberté, les pulsions sexuelles sont intenses et elles peuvent chercher à se satisfaire n'importe comment", avertit le Dr Robert Neuburger.

Quelles conséquences pour les victimes ?
"On a tendance à croire que l'inceste n'existe plus en France, ou qu'il touche des milieux très populaires. Or toutes les familles peuvent être concernées et plus le milieu est aisé, en lien avec le statut social de l'agresseur, plus l'enfant peut avoir du mal à parler", souligne Cathy Milard. L'inceste induit une destruction de l'identité physique et psychique des victimes. En proie à un terrible confit de loyauté et à l'ignorance (ou au silence) de leur entourage, elles ont souvent du mal à saisir la gravité des faits.

Les conséquences de ces abus sont corrélées à de nombreux facteurs : l’âge, la maturité physique et psychologique des victimes, le climat familial, la durée des abus... Elles sont souvent plus dévastatrices quand la victime est jeune et les abus répétés.

Les victimes se sentent brisées
Sentiment de trahison, de honte, impression d'être salies, culpabilité à l'idée de ne pas s'être opposées à l'agresseur, envie de disparaître... Les victimes peuvent se sentir anéanties. Une partie d'elles reste figée à l'époque où le crime a eu lieu, comme morte. Le temps est gelé et leur identité se dissocie. Près de quarante ans après les faits, Élisabeth peine encore à témoigner : "il n'y a rien de plus atroce que l'absence de recours quand on est enfant et qu'on vit une chose pareille. Quand j'évoque ça, je me sens mourir de nouveau." Sidérée, elle ne trouvait pas la force de demander de l'aide et s'est murée dans le silence.

Une perte totale de repères
Parler est difficile pour les victimes, car l'agresseur effectue un brouillage psychique. Il se présente comme un représentant de la loi exerçant son pouvoir. L'enfant ne comprend pas bien ce qu'il subit, mais l'agresseur lui fait croire que c'est normal et conclut avec lui un "pacte secret". L'inceste abolit ainsi tout repère, toutes limites, tout cadre.

D'un côté, les victimes refoulent l'horreur pour que leur vie se poursuive. De l'autre, elles peuvent adopter plus ou moins consciemment des conduites autodestructrices, ou s'identifier à l'agresseur, le parent parent aimé, et agresser à leur tour. "C'est pourquoi, en milieu scolaire, les conduites sexuelles en décalage avec l'âge d'un enfant doivent être un signe d'alerte, non de marginalisation !", insiste Cathy Milard.

De lourdes conséquences psychosomatiques
Troubles anxieux, troubles du sommeil, troubles addictifs... Si on connaît les dégâts psychologiques, comportementaux, voire psychiatriques de l'inceste, on connaît moins ses répercussions somatiques (qui se manifestent au travers du corps et altèrent la santé physique). Les victimes sont notamment plus susceptibles de présenter des troubles gastro-intestinaux (syndrome du côlon irritable, constipation, diarrhée, etc), musculaires et articulaires, neurologiques (vertiges, migraines, etc), gynécologiques, nutritionnels et métaboliques (diabète, hypertension, etc.), cardiovasculaire, etc.

Comment se reconstruire ?
"Les femmes que nous accueillons ont à peu près 30-35 ans, indique la directrice de SOS inceste et violences sexuelles. La plupart nous disent qu’elles ont parlé durant leur enfance ou leur adolescence, mais n'ont pas été entendues. Elles ont vécu ce qu'on appelle une amnésie traumatique : leur cerveau a comme 'disjoncté' et mis de côté certains souvenirs. Les souvenirs ressurgissent des années plus tard, à l'occasion de la naissance d'un enfant, lorsque cet enfant atteint l'âge auquel le parent s'est fait agresser, ou lorsque l'agresseur décède".

Les victimes doivent comprendre qu'elles sont victimes
Les victimes se sentent coupables lorsqu'elles ont éprouvé une excitation physiologique. En outre, elles ont peur de faire voler leur famille en éclats en dénonçant l'agresseur, surtout si ce dernier leur a demandé de garder le silence. Lorsqu'elles dévoilent les faits, elles sont souvent rejetées par leur famille et assaillies par des émotions qui ravivent leur traumatisme. "Sans jamais oublier les faits, elles peuvent s'en sortir grâce au travail de résilience et au soutien de leurs proches", assure Homayra Sellier.

La reconnaissance du statut de victime est le seul moyen de sortir du gel du temps, de mettre un terme aux conduites autodestructrices et d'empêcher la reproduction des agressions. Cela passe surtout par la libération de la parole au cours d'entretiens avec des professionnels formés au psycho-traumatisme.

Des groupes de soutien pour partager son expérience
L'appui extérieur à la famille ou au couple est indispensable pour le travail de reconstruction. Partager son expérience au sein d'ateliers d'écriture ou de groupes de parole, avec des personnes qui traversent les mêmes épreuves et apprendre comment ils ont affronté et résolus leurs problèmes peut vous aider considérablement.

Le corps aussi a subi un traumatisme. L'aide d'un.e psychomotricien.ne, des ateliers de bien-être (sophrologie, yoga, etc), de self-défense ou d'art-thérapie peuvent aussi permettre aux victimes de renouer avec leurs sensations "L'investissement dans un sport, dans une activité manuelle, dans une association ou auprès d'un animal de compagnie peut aussi permettre à une victime de surmonter petit à petit le choc traumatique", suggère la présidente d'Innocence en danger.

Comment aider un proche qui subit ou a subi l’inceste ?
Certaines professions sont prédisposées à rencontrer un plus grand nombre de victimes d'inceste, notamment les enseignants, les animateurs sportifs ou culturels, les moniteurs de colonie... Mais que ce soit dans le cercle professionnel ou privé, nous sommes peut-être nombreux à passer à proximité d'une victime. 32 % des Français interrogés dans le cadre de l'enquête Ipsos publiée en novembre 2020 disent connaître une personne victime d’inceste.

La première réaction est primordiale. Prenez le temps d'écouter la victime et d'accueillir sa parole, sans la juger. S’armer de compréhension, d’écoute et de patience peut sembler ne pas suffire, mais c’est un bon point de départ. Ne cherchez pas à mener l'enquête. Ne minimisez pas les agressions et ne lui demandez pas pourquoi il/elle n'en a pas parlé plus tôt. En faisant cela, vous risquez de le/la faire culpabiliser et de faire voler sa confiance en éclats.

Quels signes doivent alerter ?
Chez l'enfant, les signes d'alerte peuvent être sociaux et somatiques (désintérêt pour le jeu, surinvestissement ou échec scolaire) ou comportementaux (troubles du sommeil, énurésie ou encoprésie, anxiété, agressivité, auto-dévalorisation, sexualisation en décalage par rapport à l'âge, etc). "Certains enfants se renferment aussi sur eux-mêmes : ils cessent de parler, craignent les adultes, ou développent des phobies, notamment la phobie scolaire", précise Cathy Milard.
Chez l'adolescent, d'autres comportements sont à surveiller, comme les troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie), la scarification ou les tendances suicidaires. Les conduites à risque (consommation excessive d'alcool ou de drogues, délinquance, hypersexualisation) peuvent aussi alerter.
Chez l'adulte, les troubles alimentaires peuvent persister ou s'aggraver, de même que les tendances dépressives ou suicidaires, les mises en danger inconsidérées et les atteintes corporelles. Les conduites à risque (polytoxicomanie, délinquance, prostitution) doivent aussi alerter, mais "on constate aussi des troubles relationnels et sexuels, précise Cathy Milard. Les victimes peuvent éprouver des difficultés à être touchées et à avoir des relations intimes. Au niveau social, elles sont parfois dans l'incapacité de travailler (difficultés à se concentrer et à être en lien avec les autres). Sans compter l'isolement, puisqu'elles sont souvent rejetées par leur famille après avoir dévoilé leur secret".

Le signalement est indispensable
La parole d'un enfant est souvent questionnée et les adultes peuvent tarder à contacter les autorités. En cas de doute, n'hésitez pas à contacter le 119 (Service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger). Chacun peut faire un signalement auprès du procureur de la République, à condition d'avoir réuni des éléments de preuve concrets."En cas de forte suspicion, si l'on n'a pas suffisamment d'éléments, on peut déposer une information préoccupante auprès de leur CRIP (cellule départementale de recueil des informations). Un dossier sera ouvert par les services sociaux qui mèneront une enquête de proximité", indique Cathy Milard. Les professionnels du milieu médical et paramédical, quant à eux, ont obligation de faire un signalement.

"Chacun doit conserver sa place, insiste le Dr Robert Neuburger. Un conjoint ne doit pas prendre la place d'un thérapeute, un enfant doit rester dans son rôle d'enfant et un adulte rester dans son rôle d'adulte."En cas de symptômes inquiétants, n'hésitez pas à demander conseil à un professionnel (psychiatre, psychologue) ou à une association.

Quelle procédure suivre pour porter plainte en cas d'inceste ?
L’ouverture d'une enquête peut aider la victime à reconnaître son traumatisme et à cheminer plus sereinement. Cela permet aussi de porter plainte au civil pour obtenir réparation. Depuis 2015, l'inceste est défini dans la loi comme une surqualification du viol et de l'agression sexuelle. Les viols et les agressions sexuelles sont donc qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont "commis sur la personne d'un mineur par un ascendant, un frère, une sœur, un oncle, une tante, un neveu ou une nièce, le conjoint ou le concubin d'une des personnes précitées [...] s’il a sur le mineur une autorité de droit ou de fait".

Les victimes de crimes sexuels commis par une personne ayant autorité peuvent porter plainte jusqu'à l'âge de 48 ans, quel que soit son âge au moment des faits. De même pour les victimes de délits sexuels de moins de 15 ans au moment des faits.
Les victimes de délits sexuels de plus de 15 ans au moment des faits, elles, peuvent porter plainte jusqu'à l'âge de 38 ans. Au-delà, le principe de prescription s'impose.
Elles peuvent déposer plainte en écrivant directement au parquet. Elles peuvent aussi demander à un psy, un médecin ou un proche à qui elle se confie de faire un signalement au parquet, ou alerter directement la CRIP. Une enquête préliminaire est diligentée par les gendarmes ou la police. En fonction de ces éléments, le Procureur de la République décide des suites à donner à la procédure. Le dossier sera renvoyé devant un tribunal correctionnel pour un délit (exhibition, harcèlement, agression), devant une cour d'assises pour un crime (pénétration). Une plainte avec constitution de partie civile(de la part d'une association, par exemple) permet de saisir directement le juge d'instruction.

En l'absence d'aveux ou de preuves matérielles, la justice doit se fonder sur son intime conviction. Mais dans plus de 75 % des cas les enquêtes sont classées sans suite, selon Cathy Milard, ce qui décourage fortement les victimes. L'instruction pénale, qui dure près de deux ans, permet toutefois de réunir des témoignages concernant la souffrance du plaignant et de rechercher d'autres faits semblables dont l'agresseur désigné aurait pu se rendre coupable.

Depuis la loi de 8 février 2010, il n’est plus nécessaire d’apporter la preuve que l’acte incestueux commis sur un mineur a été exercé avec "violence, contrainte, menace ou surprise", indique l'article 222-22-1 du Code pénal.

Quelles sont les condamnations encourues par les agresseurs ?
Pou un viol, l'agresseur encourt jusqu'à 20 ans de prison ;
Pour une agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, l'agresseur encourt jusqu'à 10 ans de prison et au moins 150 000 € d'amende ;
Pour une agression sexuelle sur personne d'au moins 15 ans, l'agresseur encourt jusqu'à 7 ans de prison et au moins 75 000 € d'amende ;
Pour un atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, l'agresseur encourt jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 € d'amende ;
Pour une atteinte sexuelle sur personne d'au moins 15 ans, l'agresseur encourt jusqu'à 3 ans de prison et au moins 45 000 € d'amende.
"Les victimes prennent perpétuité, elles. C'est pour cela que nous réclamons l’imprescriptibilité des viols et des agressions sexuelles sur mineurs", insiste la présidente d'Innocence en danger.

Les associations militent aussi pour l'instauration d'un seuil d’âge de non-consentement (13 ans) , en dessous duquel tout acte sexuel entre un adulte et un mineur serait automatiquement considéré comme un viol Le 20 novembre 2020, à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a rappelé l’importance d’un tel dispositif dans la loi : "l’enfant n’a pas la maturité cognitive nécessaire pour accepter en connaissance de cause un rapport sexuel".

Victime ou témoin d'inceste et de violences sexuelles : à qui s'adresser ?
Les numéros d'urgence
Allô enfance en danger : 119 (Ouvert 24h/24, 7 jours/7, anonyme et gratuit) ;
France Victimes : 116 006 (gratuit, 7j/7)
De nombreuses associations pour trouver de l'aide
SOS inceste et violences sexuelles : propose des consultations thérapeutiques en présentiel ou par téléphone. Elle propose également des temps de sensibilisation et de prévention. Contact : 02 22 06 89 03 ou asso@sos-inceste.org.
Face à l’Inceste (ex AIVI) : propose notamment des groupes de parole à thème (la confiance en moi ; vivre en couple après l’inceste, etc.) partout en France, pour les victimes d'inceste et leurs proches. Elle milite pour une meilleure reconnaissance juridique.
Innocence en danger : l'ONG se bat pour la protection des enfants contre toutes formes de violences , notamment sexuelles et pédo-criminelles, dans une dizaine de pays. Elle assure des missions de sensibilisation, d'information et de mobilisation pour les victimes et organise notamment des séjours de résilience.
Enfance et partage : l'association propose un accompagnement juridique et psychologique des victimes mineures et de leur famille. Un numéro vert : 0 800 05 1234 (du lundi au vendredi, de 10h à 18h).
Le monde à travers un regard : l'association lutte contre l’inceste et la pédocriminalité par l’action, l’information et l’art. Elle assure des groupes de parole, un forum et des ateliers artistiques ou de bien-être (sophrologie, écriture…).
Mémoire traumatique et victimologie : l'association agit pour la formation, l’information et la recherche sur les conséquences psychotraumatiques des violences. Elle propose de nombreuses ressources documentaires, accessibles à tous.
La Voix de l’Enfant : cette fédération d’associations intervient dans plus de 80 pays. En France, elle accueille et conseille des enfants victimes de toutes formes de maltraitance et d’exploitation et assure une permanence juridique tous les mercredis (de 14h30 à 18h) au 01 56 96 03 02.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
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Re: Urgent, c'est le tournant de ma vie

Message par Dubreuil »

LES ABUS SEXUELS

« Que se passe-t-il chez une personne, qui a subi un abus ? »
Nous pouvons repérer les comportements suivants :

Une dissociation entre le corps et la conscience du corps, qui bien souvent crée et génère des difficultés dans la réalité sexuelle de cette personne.

La difficulté de construire une image intègre de soi.

Certaines difficultés à définir les frontières entre ce qui est son plaisir et le plaisir de l’autre, quitte à n’en éprouver aucun, ou à contrôler le plaisir de l’autre. L’on verra qu’il a beaucoup d’acceptions.

Une difficulté à dire, à restituer ou à se réapproprier la parole. Bien souvent, ces personnes n’osent pas dire, à cause de la pression sociale, soit pour éviter de faire souffrir, soit pour éviter un scandale si un proche est concerné.
Ainsi, l’abuseur garde toujours un pouvoir sur l’abusé.

Il est donc important pour elles, qu’elles puissent dire, quelles que soient les conséquences ou, tout au moins, qu’elles puissent avoir le choix de dire, même si elles décident de se taire. Qu’elles se sentent libres de pouvoir dire et ensuite, qu’elles choisissent de dire ou de ne pas dire. Bien des personnes, en consultation, après vous avoir raconter ce qu’elles ont subi terminent par : « Mais ça, je ne le dirai jamais ! ». Il est donc primordial pour le thérapeute de faire entendre à ces personnes qu’elles peuvent avoir la possibilité de dire ce qui s’est passé, tout en se gardant ensuite le choix de le faire ou non.

QU’APPELLE-T-ON UN ABUSEUR ?

Un abuseur est celui qui a autorité sur une autre personne, que ce soit un enfant, une personne handicapée ou plus faible que lui, et qui abuse de son corps, ceci de multiple manières, soit par des attouchements, soit en ayant des rapports sexuels, soit en forçant l’autre à avoir des actes sexuels sur sa propre personne.

Les abus sexuels génèrent chez celui ou celle qui les subit des conséquences qui peuvent être les suivantes :

Généralement, lorsqu’un enfant subit cette réalité, il n’a pas encore construit par rapport à lui-même, sa propre notion de son propre désir.
Lorsque nous évoluons en tant qu’être humain, tout au long de notre histoire, nous apprenons, par notre propre conscience du corps, à aller dans les limites de ce qui peut être dangereux, de ce qui peut faire souffrir, et au fur et à mesure, nous apprenons à gérer notre désir, à en voir les risques et les dangers. Ce qui nous permet de créer, à l’intérieur de nous-mêmes, psychologiquement et physiologiquement, des limites, des cadres, et ceci pour éviter toute atteinte à notre propre intégrité physique ou morale.

Lorsqu’un enfant se développe, il crée, au fur et à mesure, des cadres de limites. Il en reçoit également de l’extérieur, parce que l’adulte sait que l’enfant ne sait pas le danger qu’il risque, et donc puisqu’il ne le sait pas, il est important de lui donner cadres et limites jusqu’à ce qu’il ait appris, dans le cadre de ses propres limites, le risque qu’il y a. Ensuite, il peut continuer à évoluer et repousser les cadres et les limites qui vont être ceux de son apprentissage.

QUE SE PASSE-T-IL LORQU’UN ADULTE INTERVIENT
DANS LA REALITE SEXUELLE D’UN ENFANT ?

Cet adulte intervient sur un enfant, qui n’a pas encore construit son désir de la réalité sexuelle de l’autre.

Un enfant, qui se développe « normalement », va aborder sa propre sexualité d’une manière progressive. Il va d’abord connaître son propre désir, par le plaisir solitaire et autres, et au fur et à mesure, il va construire les limites de son propre désir. Il va connaître que son désir est d’abord par rapport à lui-même : le désir de se satisfaire. Ensuite, il passera dans le désir de se satisfaire avec quelqu’un d’autre. Il y a là bien sûr, des étapes suivies d’étapes qui iront jusqu’à la satisfaction dans la relation avec quelqu’un d’autre. Ceci commence à la pré adolescence, à l’adolescence et ensuite à l’âge pré adulte où alors, effectivement, la relation avec d’autres pourra procurer du plaisir.

Si dans les espaces « psychologiques » qu’il se construit avant, dans l’adolescence, dans la pré-adolescence, voire dans l’enfance, quelqu’un d’autre intervient dans son territoire physique et psychologique, il n’aura pas encore la maturité de pouvoir gérer la relation sexuelle. Il en sera alors, simplement, à gérer la relation verbale, à apprendre les codes de communication. Il ne sera pas encore dans la disponibilité de la conscience de son corps. Il ne pourra donc pas gérer une relation sexuelle.

Plusieurs options se présentent à cet l’enfant :

- Généralement et malheureusement, les abuseurs sont souvent des proches avec lesquels l’enfant entretient une relation affective. Il ne saura donc pas dire « non ». Il ne connaît pas encore ses propres limites ni les limites de son désir dans cet espace-là. Il n’a pas encore suffisamment expérimenté sa propre sexualité pour savoir ce qui est agréable ou désagréable pour lui. À partir de ce moment-là, l’adulte qui intervient dans cette réalité, fait en sorte que l’enfant accepte une réalité, que celui-ci ne peut pas intégrer dans sa psychologie, qu’il ne peut donc pas inclure dans sa propre expérience. Lorsqu’un enfant fait une expérience douloureuse, qui est prévue, comme de tomber et de peut-être se faire mal, il peut inclure cette réalité-là dans son expérience. On pourrait dire qu’il avait, en quelque sorte, l’intention de faire cette expérience. Tandis que dans le cadre d’un abus, il subit l’expérience. C’est la raison pour laquelle, il ne peut pas l’inclure.

C’est alors que va se passer à ce moment-là, un phénomène classique en psychologie. Cet enfant va générer une dissociation. Puisqu’il ne peut pas inclure cette expérience, il sera obligé psychologiquement de se dissocier d’elle.

Tout comme pour les enfants ayant subi des violences extrêmes, liées à des combats, à des blessures par armes, en temps de conflits ou de guerres, et qui ne peuvent pas inclure cette expérience dans leur réalité - ils n’ont pas la préparation psychologique pour vivre cette expérience et donc, ils n’en comprennent pas le sens. Il s’agit du même phénomène lorsqu’un enfant est abusé, il ne peut pas comprendre le sens de cette expérience parce que ce n’est pas lui, qui en a construit le sens, parce que c’est « l’autre », qui l’oblige à aller dans un sens, qui n’est pas le sien. Aussi va-t-il créer, effectivement, dans son expérience physiologique d’abord, et psychologique ensuite, deux solutions : soit il vivra le plaisir qu’il éprouve, soit il cessera de ressentir ce qu’il ressent, puisqu’il ne peut pas l’inclure. Il va vraisemblablement générer une dissociation, « une sorte d’anesthésie psychologique », où il ne va pas avoir la conscience de son corps afin d’éviter de vivre cette expérience qu’il n’inclura pas.

Ce qui va donner, si l’on fait une métaphore par rapport à un territoire, une espèce de « no man’s land », « vierge », où il ne pourra plus accéder. Cette expérience, puisqu’elle ne peut pas avoir de sens dans l’évolution dans laquelle l’enfant se trouve, cette expérience va être reléguée dans un non-sens, dans un espace de non-sens, c’est-à-dire que cette expérience n’aura pas de lien avec l’ensemble de sa vie. Il pourra même ne plus y accéder.

- C’est la raison pour laquelle, dans l’âge adulte, bien des personnes ne se souviennent pas d’abus, ont oublié l’abus, non pas, par suite d’un refoulement quelconque, mais simplement parce qu’elles n’ont pas pu construire une continuité de sens de cette expérience, dans l’ensemble de ce qui faisait sens dans le reste de leur expérience. Il y a donc une espèce de « no man’s land » inaccessible à la conscience afin d’éviter la souffrance, que produirait le fait de donner du sens à quelque chose qui n’en a pas, à quelque chose qui est un abus.

Dans l’évolution de la personne, il va y avoir une sorte de « no man’s land » psychologique. Ce qui signifie qu’elle n’accèdera même plus à la conscience de cet espace-là. Ce qui pourra produire chez certains adultes, une absence de plaisir sexuel afin d’éviter d’être dans cette espace-là, parce que cet espace-là est un danger potentiel, « l’autre » pouvant venir sur le territoire et sur le terrain de la construction psychologique.

- Dans l’espace physiologique d’une personne abusée, il va y avoir un refus ou plutôt une impossibilité de donner sens à une perception, qu’elle n’a pas les moyens d’intégrer, d’inclure dans son expérience. Un enfant qui tombe avec une bicyclette inclut cette expérience dans l’ensemble de l’apprentissage de l’équilibre : la chute est en quelque sorte inévitable, presque intentionnelle. Personne n’ a l’intention de vivre l’expérience d’un abus. L’enfant n’a pas décidé de la vivre. C’est un autre qui décide pour lui.

- Cet enfant va donc se trouver également dans une difficulté de positionnement psychologique par rapport à « l’autre », c’est-à-dire que, dans l’espace de la sexualité, il y aura une perte de contrôle de la relation à l’autre. L’autre imposera. La sexualité ne sera pas choisie mais imposée. Plus tard, il lui sera difficile d’avoir des choix dans sa réalité sexuelle. Ce qui, dans sa réalité d’adulte, pourra générer des paradoxes tout à fait opposés à ce qui s’est construit au départ comme, par exemple, la nécessité, la volonté de contrôler la sexualité, voir même l’impossibilité de se laisser aller, pour ne pas perdre le contrôle. Ce qui amène certaines personnes à être privées de plaisir sexuel simplement parce qu’elles veulent éviter de perdre le contrôle. En effet, en perdant le contrôle, elles seraient à nouveau sous le pouvoir et la décision de l’autre, dans la relation.

Si la relation abusive a été générée par un adulte proche, avec qui l’enfant avait des relations affectives, il peut se produire la chose suivante :

- La relation affective pourra être incluse, intégrée, puisqu’elle fonctionnait très bien avant l’abus et que, soudain, l’adulte - censé avoir une relation affective équilibrée avec l’enfant, fonctionnant avec une demande et un respect de la demande de l’autre - tout d’un coup, oblige à une relation sexuelle physique où effectivement, là, il n’y a plus de respect de la demande.

- L’enfant éprouvera la nécessité de dissocier psychologiquement deux choses qui peuvent se retrouver dans sa vie d’adulte :

dissocier la sensation et le plaisir corporel,

dissocier la réalité affective, émotionnelle.

En cabinet, il m’est arrivé de rencontrer des personnes qui avaient une vie sexuelle totalement contrôlée avec des personnes qu’elles contrôlaient, justement, et avec lesquelles il n’y avait pas de réalité affective. Par contre, lorsqu’elles avaient une relation affective avec quelqu’un, il leur était impossible d’avoir une relation sexuelle. Effectivement, ces deux espaces étaient dissociés, non pas par refus ou par refoulement, mais pour éviter de créer une confusion entre les deux, pour éviter de créer, dans une relation amoureuse et affective, quelque chose qui aurait pu être de l’ordre d’un abus.

Cela signifie que ces personnes peuvent vivre une vie affective tout à fait épanouissante, sans vie sexuelle, et surtout, quand il n’y en a pas, car dès qu’il y a vie sexuelle, survient le risque de s’abandonner et d’être à la merci de l’autre. Pour ces personnes, il y a une ambiguïté dans l’engagement amoureux, affectif : le passage qui consiste à se laisser aller à une relation sexuelle. Généralement, quand ces personnes arrivent dans cet espace-là, elles décident de rompre la relation. Elles rompent systématiquement des relations affectives, quand elles rentrent dans l’espace où elles vont « devoir » vivre une réalité sexuelle, car celle-ci nécessitera un laisser-aller, un lâcher prise, et c’est à ce moment-là que reviendra le danger : « si je me laisse aller, s’il y a un laissé aller, il y a danger d’être contrôlé par l’autre », au risque de ne plus vivre leurs propres désirs. Et par respect - ce qui est paradoxal - de la relation amoureuse, elles préfèreront rompre cette relation plutôt que d’avoir une vie sexuelle qui risquerait de la détruire.

COMMENT CONSTRUIRE L’IMAGE QUE L’ON A DE SOI
DANS DE TELLES CONDITIONS ?

- Une personne ayant vécu ces abus dans l’enfance, va garder un espace de sa réalité qui ne pourra pas évoluer, cette espèce de « no man’s land » dans sa réalité psychologique dont je vous parlais tout à l’heure. Cette personne va continuer à se développer psychologiquement « normalement », avec une évolution constante et régulière, mais sa vie sexuelle, elle, n’évoluera plus du tout. Elle opposera un refus ou sera dans l’impossibilité d’investir cette réalité-là. Ce qui la mettra d’autant plus en danger, lorsqu’elle sera adulte, puisqu’elle n’aura pas la conscience, et qu’elle n’aura pas non plus l’expérience de cette réalité-là. Paradoxalement, ces personnes n’auront pas de maturité dans leur vie sexuelle ou bien elles resteront dans une vie sexuelle « infantile ». Elles n’apporteront que ce qu’elles ont connu avant cette expérience-là, et elles pourront continuer à se développer, adultes, d’une manière totalement cohérente et qui semblera cohérente.

- Supposons qu’un garçon se développe à partir d’un abus. Adulte, il continuera à évoluer en tant qu’homme, psychologiquement, avec un positionnement d’homme. Il pourra très bien avoir une vie sexuelle, qui ne sera peut-être pas forcément mature, au sens de la conscience qu’il aura de lui-même, mais qui sera. Lorsqu’il se retrouvera avec des enfants ou dans une position de père, il se peut qu’il devienne à son tour abuseur. La raison en est simple. C’est qu’il n’aura pas investi la réalité de la relation adulte-enfant d’une manière cohérente, d’une manière saine. Donc, nous aurons là un père, qui en tant qu’homme pouvait assumer sa sexualité, mais qui, le jour où il se retrouve père, ne sait plus assumer la sexualité d’un enfant qui se trouve face à lui. Nous aurons alors un père abuseur ou une mère ayant des comportements un peu étranges et non cohérents vis-à-vis d’un enfant.

- Cela peut donner aussi des adultes qui refusent d’avoir des enfants, pour éviter justement, que ce qu’ils risquent, eux, de produire, ne se produise, parce qu’ils ont, sans y réfléchir et sans en être conscient, l’idée qu’ils peuvent, eux, en tant que père ou mère, faire vivre cela, tant qu’ils n’ont pas totalement réglé et intégré leur expérience. Ils risquent effectivement, et ils le savent plus ou moins, de mettre en danger quelqu’un dans une situation identique.

- Il peut y avoir également des pères abuseurs chez des hommes qui ont vécu des abus sexuels et qui n’ont pas pu construire de repères d’adulte avec un enfant puisqu’eux-mêmes, se sont trouvés avec un adulte, qui n’a pas su leur permettre de construire les repères sexuels dans la relation adulte enfant. Quand ils se trouvent en situation d’adultes pères avec un enfant, ils ne savent pas construire la relation. Ils peuvent alors passer le cap et avoir une relation sexuelle avec cet enfant car ils n’ont pas les repères de la conscience pour savoir ce qu’est cet apprentissage de la relation adulte-enfant dans une réalité sexuelle.

C’est dans la réalité d’adulte que l’on découvre toutes ces difficultés relatives aux abus sexuels :

L’impossibilité de vivre le plaisir ;

La difficulté de l’engagement dans une relation avec le risque, si l’on s’engage, de devoir se laisser aller et si on se laisse aller, d’être en danger ;

La difficulté de créer une cohérence entre une vie sexuelle et une vie affective qui se construit sur cette impossibilité-là ;

Perte du souvenir de l’abus car l’expérience n’a pas pu être incluse dans le territoire de l’expérience subjective.

« C’est comme si une violence extrêmement grande m’était faite dans mon enfance. Je ne peux pas expérimenter ni intégrer cette expérience-là si, psychologiquement, je n’ai pas encore construit la maturité de l’intégration de cette expérience ».

Aide à apporter

- Il sera primordial de permettre à la personne abusée de pouvoir dire son expérience. Quand elle pourra la dire et la reconnaître, elle pourra enfin reconnaître ce territoire de « no man’s land », territoire non visible à sa conscience. Et le jour où celui-ci deviendra visible, ce sera source de souffrance bien sûr, mais bientôt suivie d’apaisement.

IMPOSSIBILITE DE DIRE AU RISQUE DE TOUT PERDRE

Voilà pourquoi bien des enfants ont du mal à dire ce qui leur est arrivé. Ils se trouvent souvent en situation avec des adultes, qui sont ceux-là mêmes qui leur permettent de se construire. Il est d’autant plus difficile de dénoncer quelqu’un dont on a besoin pour se construire et qui en même temps se révèle être celui qui empêche la construction. « C’est comme si je décidais de dénoncer les fondations et ceux qui construisent les fondations de ma maison, alors que j’ai besoin de ces fondations pour construire ma maison ». Il est difficile pour un enfant de dire que les fondations sont dangereuses, qu’il a besoin d’aide, parce que quoiqu’il arrive, c’est bien grâce à ces fondations qu’il se construit.

Nous avons donc cet enfant, dans l’impossibilité de dire, par le risque qu’il a de tout perdre, et s’il perd tout - et il le sait très bien, plus ou moins consciemment - il perd également la relation. Il perd tout ce qui lui permet de se construire. Cette impossibilité de dire, ce n’est pas du refus, ce n’est pas du refoulement, c’est l’impossibilité dans la construction psychologique de l’enfant de pouvoir dire cela, à cause du risque qu’il encourt. Dans bien des cas, le silence est la conséquence de chantages à l’amour, de chantages à l’affectivité, et de cette sacro-sainte notion de silence : « Chez nous, on ne dit pas ! Ne dis surtout pas ! ».

Il y a aussi, malheureusement, l’environnement social, qui refuse de dire, à cause du scandale qui peut en découler. Les adultes ont une responsabilité énorme autour de ce « dire », quelles qu’en soient les conséquences, car en fin de compte, les conséquences du « dire » seront beaucoup moins dangereuses à long terme, que ce que va devoir vivre l’enfant en grandissant.

TOUTE SOUFFRANCE EST SOURCE D’APPRENTISSAGE

Je reviens à cette notion de « comment sortir de cette difficulté ? », ou plutôt « comment inclure, dans son expérience globale, cette expérience vécue ? » parce que toute expérience a besoin d’être incluse.

« Lorsque je me brûle, lorsque je me fais mal, enfant, si je n’inclus pas cette expérience, je n’inclus pas la capacité de savoir cela, ni la capacité de générer la sécurité pour éviter cela ».

Et il est évident que bien des personnes ayant vécu ce genre de situation, n’ayant pas inclus l’expérience du risque, parce qu’elles ne pouvaient pas l’inclure, se retrouvent dans des situations de risque. Elles n’ont pas l’apprentissage du danger, que cela peut produire dans leur construction mentale et psychologique, et donc, n’ayant pas intégré cette expérience, elles se retrouvent avec un territoire où il n’y a aucune limite. Ce qui peut donner des comportements extrêmes de sexualité débridée parce qu’elles n’ont pas inclus les risques et les dangers par rapport à leur propre psychologie. Elles laissent aller complètement cette situation-là, puisqu’elles ne l’ont pas contrôlée. Elles ne savent pas la contrôler parce qu’elles n’ont rien appris du danger qu’elles encouraient dans leur réalité psychologique.

Ces personnes ont besoin d’inclure cette expérience, d’en tirer les savoirs que l’enfant qu’elles étaient à cette époque n’a pas pu faire. Puisque l’enfant n’avait pas la possibilité d’intégrer, il ne pouvait pas en tirer des connaissances, des apprentissages.

Toute souffrance est « normalement » source d’apprentissage. Nous devons apprendre de toutes nos douleurs, de toutes nos souffrances, pour pouvoir effectivement, dans notre vie future, savoir, lorsque nous nous trouvons dans des situations identiques, ce qu’il est important que nous sachions faire.

COMMENT UNE PERSONNE ABUSEE PEUT-ELLE INTEGRER CET ABUS ?

Il est nécessaire qu’elle intègre cette expérience. Il est nécessaire que cette expérience soit dans son champ de conscience comme quelque chose, non pas de « normal », mais simplement, comme quelque chose ayant existé comme tel. Il est important que cette personne sache ce qu’elle peut en faire, et ce qu’elle en retire.

Il est important de savoir que beaucoup de personnes qui ont vécu ce genre de situation - et cela découle de mes observations en cabinet - ont développé une sensibilité dans leur vie d’adulte et même très tôt dans leur vie d’enfant, une sensibilité au respect de l’autre, une sensibilité à l’injustice généralement exacerbée, et surtout des notions de respect. Et ces personnes, effectivement, puisqu’elles ont développé des notions exacerbées de respect, de justice, de protection de l’enfance, sans savoir pourquoi, développent une sensibilité à tout ce qui a trait à l’enfance. Ce qui me semble important, dans la réalité psychologique humaine, c’est que toute souffrance et tout vécu traumatique nous permet de développer les qualités et les capacités qui permettent de guérir ces mêmes traumatismes.

L’ENFANT INTERIEUR – L’ENFANT EXTERIEUR

L’être humain est ainsi fait, avec cette intelligence particulière. Il sait tirer parti de tous ces savoirs acquis, de sensibilité à l’autre, à l’enfance, à la souffrance. L’adulte qui a vécu ce type de traumatisme, à cause de l’enfance qui a été la sienne et qui est restée extérieure à lui - et cela est intéressant - fait une « dissociation » où « l’enfant » – on parle souvent de » l’enfant intérieur » – où « l’enfant intérieur » donc n’est pas resté à l’intérieur. Tout au contraire, il est toujours dehors. « L’enfant » est à l’extérieur, hyper sensible à tout risque, à tout danger que représenterait le contrôle d’un autre sur lui.

Difficultés avec la hiérarchie

Ces personnes rencontrent parfois des difficultés avec les hiérarchies, les pouvoirs, et toutes notions de contrôle extérieur pouvant s’exercer sur eux-mêmes. Ce qui est légitime par rapport à ce qu’elles ont vécu. Effectivement, elles ont à l’extérieur d’elles, une partie d’elles, dissociée, qui, elle, est d’une vigilance extrême à tout ce qui peut ressembler à de la manipulation, du danger et du risque. Il est important que cette partie extérieure, qui a été utile pour les protéger à un moment donné, qui n’est pas intégrée puisqu’elle est restée extérieure, puisse justement être intégrée. Il est important que ces personnes apportent à cette partie d’elles-mêmes, la protection et tout ce que cette partie aurait eu besoin à l’époque du traumatisme, et qu’elle n’a pas eu effectivement. Cette protection et ces compétences, de toute façon, elles les ont car elles les ont suffisamment développées justement à cause ou grâce à l’expérience.

Je reviens sur cette notion d’enfant intérieur. J’ai la ferme conviction, qu’il ne s’agit pas de sécuriser l’enfant intérieur, mais bien l’enfant en dehors de soi. Il est important de se rendre compte, que dans des situations de traumatisme grave, de grandes difficultés, il y a une partie de nous qui reste à l’extérieur de nous-mêmes, dans l’espace-temps où l’expérience s’est produite. Elle y reste pour essayer d’y comprendre quelque chose, pour essayer de donner du sens. Et cette partie de nous, nous est inaccessible puisqu’elle n’est pas dedans, justement. Cet « enfant » n’est jamais à l’intérieur, il est toujours dehors, en dehors de soi. Il est la vigilance. Il est une sorte de vigie à l’extérieur de nous, qui devient presque, pour certaines personnes, comme un sixième sens. Avant même de réfléchir, elles savent, elles sentent, elles perçoivent tout ce qui peut être dangereux. Et j’insiste, cette partie n’est pas à l’intérieur, elle est bien à l’extérieur puisqu’elle n’a pas été intégrée. Ce territoire n’est pas dedans, c’est une sorte de « blanc », de vide, qui est quelque part sans cesse dans la vigilance, dans la prévoyance de tout risque pouvant survenir de l’extérieur.

À partir du moment où cet espace - cet « enfant », cette réalité - est remis à l’intérieur, la personne adulte peut redonner à l’enfant qu’elle a été, à une époque lointaine dans le passé, tout ce qui lui aurait été utile à ce moment-là. Elle peut alors mettre à l’intérieur d’elle, métaphoriquement, cet « enfant » et elle, adulte, peut se mettre à la périphérie de cet « enfant » maintenant, à l’extérieur. Il s’agit de faire en sorte que ce soit, elle, adulte, qui décide de ce que cet « enfant » a besoin et non pas que ce soit « l’enfant » qui décide ce dont l’adulte a besoin. Il y a alors un véritable renversement de situation. Cet « enfant » - et j’ en reviens à cette notion - est à l’extérieur et protége l’adulte qui est là, alors que cet « enfant » devrait être à l’intérieur, protégé par l’adulte. Et pour qu’il y ait intégration, tout ce que l’adulte a appris de cet « enfant » doit être maintenant à l’extérieur pour protéger « l’enfant » qui est à nouveau mis à l’intérieur. « L’enfant » n’aurait jamais du être à l’extérieur parce qu’il est essentiellement réactif, alors que s’il est à l’intérieur avec tout ce que l’adulte peut lui apporter, de toute l’expérience qu’il a acquise au cours des années, il redeviendrait actif. L’adulte à l’extérieur devient actif et permet à l’enfant à l’intérieur de trouver cette paix, cette intégrité et cette tranquillité, dont il a tant besoin. Il lui permet justement d’être vraiment, maintenant, à l’intérieur, intégré, inclus, et non plus à l’extérieur, sur le qui vive, en alerte, sans cesse en train de vérifier tout danger qui peut survenir.

La notion de culpabilité

Dans cet espace des abus sexuels, il se construit d’importantes réalités psychologiques chez celui qui a vécu cela. À partir du moment où un enfant n’a pas pu prendre position face à un adulte, il se sent de surcroît coupable de ne pas l’avoir fait. Ce qui, d’un point de vue de la conscience de celui qui vit cela, est « légitime ». Il n’a pas su dire ce qu’il aurait dû dire, il n’a pas su dire « non ». Ces personnes auront vraisemblablement des difficultés, soit à dire non, soit à contrario, elles ne sauront pas faire autrement que de dire non à tout ce qui pourrait être source de plaisir. Paradoxalement, nous avons les deux extrêmes qui peuvent exister comme conséquences de ce type de comportement.

Bien sûr, la notion de culpabilité chez certaines de ces personnes, peut être très forte, en ce sens, qu’elles n’ont pas pu dire non, qu’elles étaient dans l’impossibilité de dire non à cet autre qui était en face. Souvent cet adulte, en face d’elles, représentait une référence importante. Il ne pouvait pas être coupable. Il était un adulte irréprochable puisque, trop souvent, un parent aimé et respecté. L’enfant, en tant qu’apprenant, ne sait pas tout. Ce ne peut être que lui qui soit dans la situation de culpabilité. « C’est bien fait pour lui, il n’avait qu’à savoir dire non, etc… » . Puisqu’en face, l’abuseur est souvent quelqu’un de qui l’on ne peut pas dire « c’est de sa faute… », puisqu’il est censé être une référence. Ceci est un premier domaine.

Effectivement, quand certaines personnes, ayant vécu ce type de réalité, se retrouvent dans une situation non seulement affective, mais également sexuelle, elles peuvent entrer dans des espaces totalement fusionnels. Elles ne parviennent plus à se positionner par rapport à l’autre puisque, par expérience, c’est le désir de l’autre qui est dominant. Cela pourra donner des personnes totalement soumises, immédiatement dans la loi et le désir de l’autre, et jusqu’à une totale dépendance à l’autre. Elles ne s’apercevront pas, qu’à un moment donné, elles seront en train d’agir contre leur propre intégrité. Ne plus être dans la fusion pourra provoquer à nouveau le risque. Si elles prennent position, elles risquent une perte ou une rupture. Ces personnes ont des dépendances énormes à cette réalité sexuelle parce que, dès qu’elles sont dans cet espace, elles perdent tous repères de ce qui est juste pour leur intégrité.

L’impossibilité de dire « non »

Nous avons également des personnes qui ont une grande difficulté à se positionner, à dire non, à connaître leurs désirs et comment les exprimer, et qui doutent sans cesse. Si elles expriment leurs désirs, elles risquent de perdre ce qu’elles auraient risqué de perdre si elles s’étaient exprimées de cette manière dans leur enfance. Elles risquent de perdre l’amour, la relation, tout ce qui est là et qui existe. Et donc, dans des situations affectives où il commence à y avoir un engagement, la peur de dire non signifiera : « si je dis non, si je dis vraiment ce dont j’ai envie, si j’exprime mes propres désirs, l’autre risque de me faire le chantage de partir… ».

Paradoxalement, ces personnes, à un moment donné, ne se positionnant plus dans leur désir, finissent par faire en sorte que l’autre s’en aille parce que justement, ne se positionnant plus, ce qu’elles risquaient, risque d’arriver effectivement. Et c’est le paradoxe dans lequel elles se retrouvent.

Par Régis Lamotte, Psychothérapeute, Lauris, France
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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