Sevrage alcool et entourage

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Mie
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Sevrage alcool et entourage

Message par Mie »

Bonjour je suis en couple depuis plusieurs mois. Nous n habitons pas ensemble. Je me suis rendue compte petit à petit que mon conjoint boit. Il m'en a parlé ouvertement, mais je ne sais pas à quel niveau. Depuis 15 jours il a décidé d arrêter de boire.
Depuis tout à basculer, il n est plus avenant, il m envoie plus de photos, ce qu il faisait quotidiennement. Il me dit je n' ai même pas envie de sexe. Ni de sexe avec moi, ni lui se masturber.
Et de plus à décider du jour au lendemain de ne plus vouloir me voir alors que tout se passait à merveille.
Je me suis dit dans un premier temps qu il n avait peut être plus de sentiment.
Lorsque je lui pose des questions sur notre couple, si nous sommes toujours ensemble il me dit qu il ne sait pas. Qu il sait rien. Qu il ne va pas bien mais ne sait pas pourquoi. Qu il n a rien contre moi que c est lui le problème.
Ce changement de comportement serait il lié au sevrage?
En aurait il conscience?
Comment une personne ne peut rien savoir, ne rien répondre à un questionnement de sa conjointe?
Si son comportement est lié au sevrage, dois je lui en parler?
Je vous remercie de votre aide.
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Sevrage alcool et entourage

Message par Dubreuil »

D'abord bien comprendre l'addiction.
C'est un état parallèle qui détruit peu à peu les neurones, émousse les émotions, influe gravement le comportement.
S'en défaire donne souvent place à des prises de conscience existentielle, des remises en cause personnelle, parfois une modification du caractère et de la libido.

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L’addiction peut être définie comme la recherche impérieuse d’un état émotionnel, d’un certain type d’expériences, d’état intérieur, qui peuvent être induits soit par des produits (substances psychotropes comme l’alcool, drogues, nicotine, médicaments), soit par des schémas de comportement (par exemple addiction à la nourriture, au travail, au jeu, aux activités sexuelles, à internet).
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L’addiction est le stade évolutif final de la dépendance à une substance ou un comportement. Elle se caractérise par la perte de contrôle du comportement, qui est lié à un phénomène de tolérance (il en faut « de plus en plus » pour obtenir le même effet). Le style de vie est de plus en plus façonné par l’addiction et s’accompagne souvent de graves altérations de la santé et de l’intégration sociale; celles-ci sont aggravées par la cohabitation avec d’autres personnes addictives. Il s’agit d’un comportement compulsif, dont les schémas sont tellement fixés qu’ils ne peuvent être modifiés par la seule volonté de la personne.
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La santé physique et psychique, l’équilibre émotionnel et le comportement social en sont affectés, de différentes manières selon le type de drogue ou de comportement addictif. La prise de conscience des besoins et du ressenti est altérée, la personne addictive est en proie à une instabilité émotionnelle ainsi qu’à une foule de sentiments pénibles avec lesquels elle doit composer : honte, agressivité, sentiment d’échec, culpabilité. L’environnement social est faible ou absent, la personne se retrouve souvent isolée; elle peut aller jusqu’à enfreindre les codes sociaux par son comportement, délits ou violences.
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La suite de cet écrit portera plus précisément sur la toxicomanie, qui n’est q’un exemple parmi toutes les formes d’addictions.
COMMENT SE DÉVELOPPE L’ADDICTION ?
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On considère communément que l’addiction vient compenser des déficits psychiques. Des personnes incapables de satisfaire leurs besoins psychiques de base tentent de compenser leurs manques par des drogues ou par des comportements. Les personnesaddictives n’ont pas la faculté de reconnaître, nommer et satisfaire leurs besoins basiques. Plus ils les compensent ainsi, plus ils se négligent, et plus ils s’éloignent de la conscience de ce dont ils ont vraiment besoin.
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Ils se comportent de manière à éviter la responsabilité d’eux-mêmes : les uns pensent que d’autres, comme leur partenaire, leurs parents, ou « la société », sont responsables de leur addiction. Ils vont éviter le contact en projetant massivement. Leur attitude est plutôt agressive-attaquante et ils se montrent volontiers blessés quand on les confronte avec leur propre comportement et leur part de responsabilité.
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D’autres prennent toute la responsabilité sur eux, en occultant celle de leur environnement social. Ils se sentent très coupables de tous les problèmes qu’ils posent à leur entourage. Ces personnes ont tendance à être dépressives, évitent le contact par rétroflexion, se dévalorisent et ont des comportements auto-punitifs.
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Ainsi il ne leur est pas possible de distinguer ce qui est leur propre responsabilité de ce qui ne l’est pas. Cela entretient leur comportement addictif, car la responsabilité à porter est trop grande. L’autorégulation de leur système organique est gravement perturbée, le cycle du contact est bloqué, pratiquement à toutes les phases. Dans bien des cas, des pathologies parallèles peuvent être diagnostiquées : dépression nerveuse associée à l’alcool, anxiété associée à la dépendance aux médicaments et autres drogues, structure borderline associée à la dépendance à alcool, drogues, sexe, etc.
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Il faut noter le phénomène paradoxal suivant : d’un côté l’addiction aux drogues ou à un comportement a vraiment une fonction de soutien, voire soignante, et aide la personne à continuer à vivre, mais de l’autre côté elle la détruit physiquement et psychiquement, et aussi dans sa dimension sociale. Ainsi, le comportement addictif prévient la souffrance et la mort, mais en même temps mène vers encore plus de souffrance et de mort. L’addiction est une maladie fatale si elle ne peut être maîtrisée.
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On peut voir la prise de drogues et les comportements addictifs comme une stratégie visant à gérer des sentiments et des situations insupportables. Dans leur histoire, ces personnes ont souvent subi des violences physiques ou psychiques, des abus de pouvoir ou des abus sexuels. Beaucoup d’entre elles ont été traumatisées et souffrent d’un grand manque d’amour. Elles ont appris qu’il serait préférable qu’elles ne soient pas en vie : qu’on puisse les aimer ne fait pas partie de leurs croyances.
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C’est comme un combat sur le thème basique de l’amour, comme une danse à haut risque à la frontière entre la vie et la mort. Cela explique peut-être l’attrait que ces personnes exercent sur beaucoup de gens : elles abordent ces thèmes humains plus profondément que bien d’autres. Sous la surface de l’addiction, couve un désordre de la structure de la personnalité.
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Il importe de reconnaître qu’à son début le comportement addictif était une solution pleine de sens et créative (un ajustement créateur), afin de gérer une situation de vie particulièrement stressante. Mais, bien que partant de leur créativité, les patients addictifs sont finalement pris au piège progressif d’un cercle vicieux. Ils ne sont plus les acteurs de leur vie, c’est l’addiction qui en est devenue le chef. Ainsi, au début de chaque thérapie, une personne addictive doit reconnaître cela et capituler.
DIAGNOSTIC PHÉNOMÉNOLOGIQUE DE L’ADDICTION
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Malcolm Parlett fait état de cinq aptitudes (Parlett 2000), auxquelles on peut se référer pour décrire les perturbation suivantes :
L’expérientiel : l’aptitude à l’expérimentation et à la créativité est limitée et centrée sur les moyens de se procurer le produit. Les comportements se sont rigidifiés et ne peuvent être changés sans appréhension. La propension à contrôler et à « tenir » l’emporte sur le mouvement et le changement.
En thérapie et en conseil psychosocial, il sera important d’encourager ces personnes à de petits changements, pas à pas, afin de développer leur créativité pour trouver des alternatives qui puissent satisfaire leurs besoins.
Le corps : un des buts du comportement addictif est de s’anesthésier, de ne plus sentir. Les personnes dépendantes n’ont pas une bonne relation avec leur corps et n’ont pas facilement accès à leurs sensations corporelles ni à leur ressenti.
En thérapie et conseil psychosocial il sera important de les ramener à leurs sensations et aux ressentis qui leurs sont associés. Thérapeutes et conseillers utiliseront tous les outils de l’awareness sensoriel. Ils aideront à explorer les sensations du corps et les émotions, ils en soutiendront la prise de conscience et la pleine expression.
La connaissance de soi : les personnes addictives ont une perception d’elles-mêmes très distordue : elles essayent, à l’aide de la drogue, de se sentir autres que ce qu’elles sont en réalité. Leurs représentations d’elles-mêmes sont faussées, en bien ou en mal.
En thérapie et conseil, de bonnes interventions consisteront à « faire miroir », donner des feed-backs, partager son point de vue et faire des jeux de rôle, afin d’aider l’accès à d’autres points de vue sur soi-même. Cela contribuera à leur croissance et accroîtra leur capacité à trouver une vision plus réaliste de soi.
Le relationnel : la capacité relationnelle est très pauvre. La plupart des personnes addictives vivent isolées et ont perdu leurs relations antérieures. Si toutefois elles ont encore des relations, celles-ci sont fonctionnelles et instrumentalisées, elles restent superficielles.
Thérapie et conseil doivent s’en préoccuper, en les confrontant, mais également par un soutien attentionné quand ces patients lâcheront prise et s’ouvriront. Ces personnes ont besoin de s’exercer à la vie sociale et il faudra que la relation thérapeutique devienne un modèle et un laboratoire pour expérimenter ce qu’est une bonne relation, intime et sans abus de pouvoir.
La responsabilité de soi : ces personnes ont perdu le sens de la responsabilité d’elles-mêmes; c’est pour une grande part la conséquence logique d’une longue addiction, où la drogue est devenue acteur de la vie du patient et où celui-ci a perdu son pouvoir de décision. Ces personnes croient fermement que ce sont la société, leurs parents, leurs anciens instituteurs, les circonstances et ainsi de suite, à qui incombe la faute de leur état.
Thérapie et conseil doivent leur apprendre à retrouver le sens de la responsabilité de soi. L’attention sera portée au langage : « je »àla place de « on »ou « nous », « je ne veux pas » à la place de « je ne peux pas », « j’ai fait » à la place de « ça m ‘est arrivé ». On préférera les verbes aux substantifs, et les formulations actives aux formulations passives (dire par exemple « je me bloque » au lieu de « je sens un blocage » – dire « j’ai arrêté la relation » au lieu de « c’était fini »). Un espace d’expérimentation pour s’exercer aux décisions doit être créé.

L’ADDICTION DANS UNE PERSPECTIVE SYSTÉMIQUE
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L’addiction ne se réduit jamais à un comportement individuel isolé. Il importe de regarder où et quand elle a commencé, sur quel fond et sur quel champ du contexte social elle est apparue. Le comportement addictif révèle souvent des systèmes addictifs produisant des individus addictifs qui portent leur symptôme pour tout le système autodestructeur. Il y a une certaine dynamique dans ces systèmes addictifs, avec des rôles différents et complémentaires. Ainsi Eric Berne (1964) a décrit l’addiction à l’alcool comme un jeu au sens de l’Analyse Transactionnelle. Le jeu ne peut pas se dérouler si les rôles ne sont pas adoptés par d’autres membres du système. D’un point de vue sociopsychologique, on voit souvent très clairement que le système en question a délégué à l’un de ses membres la mission de devenir dépendant. Ces systèmes sont mis à jour au plus tard quand le patient « décroche » : il y a alors des forces de résistance au changement de tout le système, qui tendent à faire revenir la personne à son addiction – ainsi elle pourra à nouveau être désignée comme celle qui porte l’échec. Ce peut être un jeu très dur avec une fin fatale, car le bouc émissaire doit être sacrifié pour tous.
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Ainsi, en thérapie et conseil, il est très important de ne pas négliger cette dimension de l’addiction : d’autres membres importants du système en question doivent être inclus dans le processus thérapeutique. Quand on s’intéresse à l’histoire des patients, il importe d’être attentif au contexte de l’apparition de la dépendance, ainsi qu’à l’effet que ce comportement a eu sur le système. Quelle fonction a le comportement addictif dans un certain système social ? Àquoi (qui) sert-il ? Et de quoi le système aurait-il vraiment besoin ? Quelles sont les alternatives qui mèneraient à une meilleure satisfaction de ces besoins ? Comment les mettre en action ?
THÉRAPIE
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Le travail thérapeutique avec l’addiction se fait en plusieurs phases. Le premier pas sera de rendre la personne concernée consciente de sa dépendance. Elle doit apprendre à faire la différence entre une habitude qui peut être changée et une addiction élaborée qui échappe au contrôle. Patients et membres du système concerné doivent admettre que la personne est devenue dépendante, ce qui est une maladie sérieuse nécessitant l’aide de professionnels. Ils doivent capituler face au pouvoir de l’addiction. C’est la base nécessaire à la motivation pour la thérapie et le changement de comportement.
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La deuxième étape visera à interrompre le cercle vicieux qui entretient la dépendance. Ce peut se faire en expérimentant de petits ou grands changements d’habitudes et en modifiant l’environnement dans lequel le comportement doit changer.
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L’essentiel, à la troisième étape, consiste à découvrir les besoins non assouvis qui ont été recouverts par le comportement addictif. Quelle est la souffrance de base, avant l’addiction ?
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Même quand le comportement addictif sera stabilisé et la personne soulagée, il importera non seulement d’arriver à un sevrage, mais également de continuer à donner ou explorer de nouvelles alternatives en vue d’obtenir une meilleure satisfaction des besoins de base. Le manque de la substance éveillera une crise physique et psychique durant laquelle les patients ont besoin d’être contenus par un environnement thérapeutique. Il faudra travailler sur des questions de base comme « quel est le sens de ma/la vie ?» – « quel genre de personne suis-je devenu sous l’influence de mon addiction, qui suis-je maintenant et que vais-je devenir ?» Il est primordial de travailler avec des perspectives d’avenir qui valent la peine d’être vécues.
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Un suivi médical visera à recouvrer une meilleure santé physique, car la plupart des personnes dépendantes sont dans un mauvais état de santé : elles ont à redécouvrir leurs sensations et leurs besoins, à trouver une nouvelle relation d’amour avec leur corps. La psychothérapie fera émerger l’importance des enjeux psychiques puisant leurs racines dans l’histoire de la personne. Le conseil psychosocial s’attachera à leur apprendre à se socialiser à nouveau et à intégrer correctement les systèmes sociaux. La thérapie de groupe et les communautés thérapeutiques sont à cet égard des outils de choix.
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Pour se réinsérer dans un travail, les patients auront à retrouver un rythme équilibré concernant les horaires de travail, de repos, d’alimentation et du sommeil, ainsi que le rythme jour/nuit, car leur rythme de vie est la plupart du temps complètement perturbé. Ils auront également besoin de bénéficier d’une forme de rattrapage scolaire et/ou de formation professionnelle, car beaucoup d’entre eux ont tout quitté avant la fin des études ou en plein apprentissage.
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Ainsi, la thérapie des personnes dépendantes doit être multidimensionnelle et multi-modale. Elle doit inclure le corps, l’âme, l’esprit et l’environnement social.
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Il est difficile de sortir d’une addiction dans un cadre ambulatoire.
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Celui-ci suffit rarement et ne fonctionne qu’avec des personnes qui sont en règle bien intégrées et hautement motivées. Habituellement, il y a une phase de travail ambulatoire afin d’acquérir la motivation, puis une phase de thérapie dans une clinique ou une communauté thérapeutique, et ensuite une nouvelle phase de travail ambulatoire, afin de consolider le processus thérapeutique.
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La thérapie des conduites addictives se fait à long terme et en général ne sera pas concluante dans un premier temps. Les rechutes sont normales. Mais viendra le temps où la personne voudra à nouveau s’en sortir – même s’il s’agit d’héroïnomanes qui reçoivent leur produit sur ordonnance !
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Soyons clairs : il n’y a pas un seul et unique programme thérapeutique « juste » ou « bon ». Ce qui est bon pour l’un peut s’avérer mauvais pour un autre. Il est important d’individualiser les soins et de regarder comment telle ou telle personne peut vraiment être aidée.
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Les recherches indiquent qu’à long terme 1/3 des thérapies de personnes addictives sont couronnées de succès, 1/3 échouent et 1/3 des patients guérissent spontanément, sans avoir suivi une thérapie. Cela montre à quel point il est important d’appliquer des programmes visant à réduire le mal, là où les personnes ne trouvent pas la motivation pour faire une thérapie. Et là où il y a motivation, il faut s’appliquer à découvrir la meilleure façon d’aider et ne pas abandonner l’effort d’essayer encore et encore.
ABSTINENCE OU RÉDUCTION DU MAL ?
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Pendant longtemps, les thérapies des conduites addictives n’avaient qu’un but : obtenir l’abstinence. Un article de Clemmens (1997) décrit très clairement cette approche en utilisant des concepts de la Gestalt. Comme le montre l’expérience des thérapies avec des personnes dépendantes, ce but ne peut pas être atteint. Beaucoup de patients ont été traités plusieurs fois avec de tels programmes, sans succès.
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Aussi les professionnels ont-ils été amenés à réviser leur point devue. Des programmes de réduction du mal ont été développés. Ce sont des programmes où la thérapie est proposée aussi bien àdes personnes qui n’ont pas décroché. Elles peuvent même avoir des drogues de substitution, voire de l’héroïne sur ordonnance. Le but est de réduire le mal et de changer le comportement addictif, de telle sorte qu’au moins elles n’aient pas à se focaliser tous les jours sur la manière d’obtenir la substance, avec tous les risques que cela comporte pour leur santé et avec les risques d’implication criminelle.
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Cela fait une place à des soins médicaux et à l’intégration sociale, même en phase de dépendance. D’habitude, seules les personnes pour qui ont échoué les thérapies orientées vers l’abstinence arrivent dans de tels programmes, de même que dans les programmes qui proposent des modalités multi-référentielles. Quant àsavoir quelle serait la meilleure approche, c’est encore en débat. Les deux approches ont de fortes justifications d’ordre pragmatique. J’ai moi-même travaillé avec les deux et constaté qu’elles sont toutes deux appliquables avec de bonnes raisons et de bon résultats : le choix dépend de la personnalité du patient et de la possibilité de le motiver et de construire avec lui une relation thérapeutique. Cette discussion a également lieu entre gestaltistes. Fairfield (2004) a décrit dans le British Gestalt Journal une approche gestaltiste pour un concept de thérapie de réduction du mal. Il en est résulté une discussion lors d’une parution ultérieure (Clemmens, Thomas, Brazier, Wheeler, Fairfield 2005). La discussion démontre qu’en partant des concepts gestaltistes, on a aussi de bonnes raisons de soutenir un modèle de réduction du mal. C’est même le seul moyen quand le comportement addictif concerne l’alimentation ou d’autres comportements, où l’on ne peut pas prétendre que l’abstinence est le but thérapeutique.
DU POINT DE VUE DE LA GESTALT - THÉRAPIE
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Le thérapeute aura à confronter et soutenir, et à s’appuyer sur l’expérience et l’expérimentation. La Gestalt-thérapie propose une large gamme de possibilités de travail dans ce sens.
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En tant que gestaltistes, nous travaillons d’une manière phénoménologique. Nous n’interprétons pas, nous expliquons peu, mais nous commentons et nous confrontons d’une manière pertinente ce qui apparaît, ce qui peut être vu et entendu.
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Nous possédons tout un bouquet de techniques et d’expérimentations visant à soutenir les fonctions de contact. Nous savons non seulement reconnaître les aspects négatifs d’un comportement addictif mais aussi en voir le bénéfice, apprécier tout symptôme comme la recherche d’une solution créative à une situation insupportable. Nous sommes bien équipés pour confronter un comportement qui a eu du sens dans une certaine situation et qui n’en a plus maintenant, pour créer ensemble avec les patients des changements dans leurs schémas stéréotypés.
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Lorsque nous faisons des diagnostics, nous considérons toujours ce qui est bien développé (où sont les ressources actuelles de la personne), ce qui est manquant et peut être développé avec un travail de thérapie et d’apprentissage, ainsi que ce qui manque et ne peut pas être guéri, nécessitant des stratégies adaptées.
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Bien des thérapeutes gestaltistes ont l’expérience des thérapies de conduites addictives, mais il existe peu d’écrits. J’ai maintenant travaillé plus de 30 années avec des personnes dépendantes, dans une large gamme de substances et de comportements, et j’ai été non seulement conseiller et thérapeute, mais également superviseur d’équipes de communautés thérapeutiques et cliniques : je suis convaincu que la Gestalt est une approche hautement qualifiée pour le traitement des conduites addictives. Il est nécessaire de dire cela haut et fort, de nos jours, car la tendance actuelle va vers des approches comportementalistes et cognitives associées à la thérapie systémique; le risque est alors de perdre une expérience thérapeutique de qualité : celle d’une relation soignante, ce qui est le point fort de la thérapie gestaltiste dialogale.
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Traduit de l’anglais par Manon Van Wœnsel et relu par Catherine Bolgert
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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