Ne pas vouloir aller à un enterrement

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Cécilia Winky
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Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Cécilia Winky »

Bonjour,

Je préviens que ce message risque d'être choquant.

Depuis août dernier j'ai coupé les ponts avec ma famille en prenant enfin mon indépendance (j'ai 21 ans), j'ai tiré un trait définitivement sur eux tous à part ma mère.
Elle m'avait maltraitée dans le passé mais tenait à se rattraper auprès de moi.
Je garde encore en mémoire tout ce que j'ai subi, je lui en voudrai toujours je pense. Ma mère est bipolaire (moi je pense plutôt à de la schizophrénie mais bon...), ma psychiatre dit que souvent, les parents bipolaires sont maltraitants avec leurs enfants, qu'elle est malade, il ne faut pas que je lui en veuille.
Avec elle c'était les promesses d'avoir changé, alors je revenais vers elle puis ses comportements maltraitants réapparaissaient très vite alors je m'enfuyais à nouveau. J'avais peur d'elle, c'est tout ce que je ressentais.
Deux moi après la rupture avec ma famille, j'ai décidé de couper les ponts avec elle parce qu'une fois de plus le naturel revenait au galop, alors au bout d'un moment, stop. Je ne vais pas bien non plus, je suis trop fragile pour supporter ça. Je n'ai pas à vivre ça même.
Je lui ai dit tout ce que j'avais à dire puis nous nous sommes dit Adieu.

J'ai donc tiré un trait sur toute ma famille et ce sans émotion de ma part, je ne sais pas si vous comprenez, ça ne m'a rien fait du tout à part un soulagement.
Vers la fin je me forçais à rester en contact avec ma mère par pitié car elle était seule.
Elle a continué à essayer de me contacter, par messages, je l'ai bloquée, par courriers... des messages insultants ou bizarres.
Ma psychiatre a d'ailleurs relevé le fait que ces messages étaient "bizarres".

Je n'ai plus eu de nouvelles jusqu'à il y a une semaine.
Ma mère délirait encore, elle avait été hospitalisée pendant des mois mais elle est ressortie sans traitement. C'est tout ce qu'on m'a dit.
Elle a des délires paranoïaques du genre tout le monde veut sa mort, elle est filmée etc.

Hier, je suis rentrée chez moi en fin d'après midi et j'ai eu un choc... j'ai revu mon père dans sa voiture avec ma sœur.
Je me suis dit "mais qu'est-ce qu'ils me veulent ?? je ne veux rien entendre..." et je suis partie en courant me réfugier chez moi...

Mon copain était là au moment où j'ai ouvert la porte, il était bizarre, il a essayé de me prendre dans ses bras, il me demandait si ça allait.
J'avais peur d'eux.... il m'a dit que mon père avait quelque chose d'important à me dire.
Il est monté frapper à la porte... j'étais sous le choc mais j'ai ouvert.

Il était en pleurs, ma mère s'est pendue chez lui....
Ils étaient séparés mais elle est venue se réfugier chez lui dans son délire d'être persécutée. Elle lui a dit qu'elle était SDF et qu'elle allait dormir chez lui quelques temps.
Elle allait obtenir un logement hier et en attendant elle dormait dans le garage de mon père, séparé de la maison.
Chaque jour il ouvrait la maison pour qu'elle puisse venir se laver, manger et elle repartait mais un jour elle n'est pas venue. Avec le temps il s'est dit que ça n'était pas normal et il l'a trouvée pendue dans son garage, ma sœur a eu le temps de voir aussi... il n'y a que ça qui m'attriste dans l'histoire.
Je suis sincèrement désolée qu'ils aient vu ça.

Il m'a dit que je faisais ce que je voulais, mais que pour l'enterrement ce serait mieux que je vienne.
C'est peut être trop tôt pour dire ça, mais la mort de ma mère ne m'affecte pas.
Je trouve ça absolument horrible quand je la vois en train de sauter mais c'est tout.

L'enterrement, que ce soit pour elle ou pour un autre, ça n'a aucun intérêt pour moi.
Cette cérémonie, je comprends que pour les autres c'est le moment de dire Adieu.

Moi je me demande pourquoi "s'infliger" ça, et certains veulent voir le corps avant qu'il soit enterré, mais quelle idée !!!
Et pour ma mère ? Eux qui ont toujours dit du mal d'elle dans son dos !! Ils la détestaient pour la plupart.
De son vivant, moi au moins j'avais été respectueuse, c'est ça qui compte, quand la personne est vivante !

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il faut sa mort pour que les gens se rassemblent.
Enfin je dis ça, mais peut être qu'il n'y aura personne, peut être que les membres de ma famille penseront comme moi, c'est mieux comme ça.

Seulement je suis jeune, est-ce je ne réalise pas que je fais quelque chose de grave ?
Les gens me disent d'y aller, la pression des regards est forte... c'est immoral ? je ne comprends pas....
Dubreuil
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Dubreuil »

Vous n'êtes absolument pas obligée d'aller à son enterrement.
Ne tenez pas compte des jugements et des racontars d'autrui, le principal, c'est VOUS, ce que vous ressentez et ce que vous souhaitez pour maintenir l'équilibre que vous avez si chèrement acquis.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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Cécilia Winky
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Cécilia Winky »

Bonjour,

Merci pour votre réponse qui m'aide à affirmer mon choix sans me sentir coupable, sans cœur.
J'hésitais beaucoup à cause du qu'en-dira-t'on (en pensant à la famille de mon copain que je ne veux surtout pas décevoir) et aussi en me demandant si je me rendais bien compte de ce que je disais vu la réaction des autres.
Pour beaucoup de gens la question ne se pose pas, on va aux enterrements point.
Je n'arrive pas à trouver les bons mots, cette cérémonie est vraiment bizarre pour moi et je ne suis pas croyante, ça me fait un peu peur toute cette "comédie" religieuse...

Je vais écrire à mon père pour lui dire que je ne viendrai pas à l'enterrement de ma mère mais que je suis sincèrement désolée de ce qu'il s'est passé et pour tous ceux qui seront affectés par son décès.

Merci encore parce que je ne me sentais pas bien à cause de ça depuis lundi mais là ça va mieux.
Minijeune
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Minijeune »

Bonjour,
Si vous avez besoin de maintenir votre limite jusqu'à la fin, vous avez le droit.
Et c'est sûrement la bonne réaction à avoir en fait...
Il y a quelque chose de très violent dans un suicide.
Malgré qu'il est certain que la personne devait vivre une grande détresse... il y a un espèce d'effet pervers qui pousse souvent les gens à faire justement des choses qu'ils n'ont pas envie de faire...

Ça serait le genre de trucs qui pourrait m'arriver aussi... et ça me mettrait en colère de savoir que même décédée, les décisions de ma mère me chambouleraient... qu'elle continuerait d'avoir une emprise sur moi...

Vous savez, en décrivant votre situation, vous aviez de quoi crier... fort, pour qu'on vous entende... peut-être que toute la détresse que vous aviez vécue, et que vous vivez encore, avait une fonction...?

Je parle encore de moi, vous allez me dire...
Ce qui est vrai! C'est pas que je suis égocentrique... c'est que pour moi, vos écrits font du sens... et ce manque créé par l'absence d'une mère adéquate, vous l'avez géré comment... ce n'est pas une chose qui est facile à vivre! Et des fois, ça teint nos relations et ça fait en sorte qu'on développe justement des relations fusionnelles avec des gens... qui nous rappelle des fois la relation qu'on avait avec notre mère... aussi destructrice soit-elle. Ce n'est qu'une piste de réflexion.
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Cécilia Winky
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Cécilia Winky »

Bonjour,

Je n'ai pas compris "Vous savez, en décrivant votre situation, vous aviez de quoi crier... fort, pour qu'on vous entende... peut-être que toute la détresse que vous aviez vécue, et que vous vivez encore, avait une fonction...?".

Le manque d'une (vraie) mère comme le manque d'un père en fait. Beaucoup de manque dès l'enfance oui puis la suite de mon vécu ne m'a pas aidée non plus à me construire comme il faut, ce qui fait qu'aujourd'hui, j'ai de très grandes difficultés à être en relation avec les autres.
J'ai eu d'autres problèmes que ça, mais je les ai dépassés aujourd'hui je crois, j'espère...
Minijeune
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Minijeune »

Je parle de cris... mais en fait, c'est que c'est la meilleure façon comment je peux imager une souffrance qui est extériorisée... un cris... quelqu'un qui lâche un cris de douleur, tellement profond qu'on le ressent dans les tripes... je suis certaine que ça ce communique en comportement aussi... plus ou moins consciemment.

Pour moi, j'ai compris que ma manière d'exprimer que quelque chose n'allait pas... c'était en agissant, en ayant des comportements dommageables. Ce que je souhaitais, c'était que mes parents reprennent leur rôle... ou que quelqu'un m'entende... et me sorte de mon enfer...

Chaque trouble de santé mentale cache une histoire et des mécanismes de défense... c'est parfois la seule façon que notre cerveau trouve pour survivre... en basculant dans la psychose, la névrose... entre les deux. Et je pense qu'en allant chercher de l'aide, et en creusant vraiment, on comprend pourquoi... et comprendre m'a aidé à changer des choses... à me choisir et me protéger... et plus je comprends, mo8ns j'ai besoin d'agir.

Souvent, ma psychologue me demande qu'est-ce que la petite fille en moi aimerait crier... surtout quand j'ai des idées destructrices... et le fait de nommer m'aide à ne pas agir et à bâtir des choses solides dans ma vie.

J'ai été en crise pendant des années... et tout le temps que je criais, on gérait le symptôme et non la cause... on gérait la crise... et j'en ai bavé... j'en ai fait de toutes les couleurs... tentative de suicide... automutilation... pour crier que j'avais mal... et tout ce temps là, ça ne m'a pas vraiment servi... et ça l'a pris 3 ans de thérapie avec la même psychologue pour être capable d'aller au-delà des comportements... de comprendre que j'avais le choix... j'ai toujours eu le choix quand je décompensais... je choisissais d'avoir ces comportements là... même si je ne me l'avouais pas. C'est la journée où je l'ai accepté que j'ai pu commencer à aller mieux!
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Cécilia Winky
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Cécilia Winky »

Oui, tout ça je le vois aussi comme des moyens de crier, mais pour moi des cris pour me défouler simplement.
J'ai aussi eu une longue période où je cherchais à me détruire par tout les moyens et je l'ai vécu comme un jeu, c'était secret. Période de ma vie très bizarre...
Je suppose que c'était pour avoir un intérêt à vivre, c'était mon jeu... ce qu'il y avait de plus important dans ma vie.

"Souvent, ma psychologue me demande qu'est-ce que la petite fille en moi aimerait crier... surtout quand j'ai des idées destructrices... et le fait de nommer m'aide à ne pas agir et à bâtir des choses solides dans ma vie."
C'est intéressant, je vais le retenir au cas où ça m'arriverait de nouveau.


Moi je m'en suis sortie en découvrant qu'il y avait autre chose de possible pour me faire tenir à la vie et ces comportements ont cessé tout seul.

J'ai du mal à comprendre le "on a toujours le choix", peut être qu'on ne voit pas qu'on a toujours le choix à certains moments de nos vies, c'est assez culpabilisant quand même.

A partir de là on commence à aller mieux oui, on commence juste le travail sur nous-même, vous êtes toujours suivie ?
Minijeune
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Minijeune »

Bonjour,
Oui je suis toujours suivie!!
Plus que moins même!
J'ai une psychologue que je vois à chaque semaine, j'ai une éducatrice spécialisée à l'hôpital et une psychiatre. Puis j'habite dans un appartement "supervisé" avec une intervenante qui m'est attitrée aussi. Elle est sexologue de formation... donc ça me fait vraiment une grosse équipe. Je travaille quelque chose de différent avec chacune d'entre elles. C'est une intensité de service qui va diminuer bientôt par contre. Ma psychologue va rester, et ma psychiatre aussi, mais le suivi avec les deux autres va se terminer dans la prochaine année.

Je reviens de mon rendez-vous avec ma psychologue justement. Par rapport aux choix de nos comportements en réponse à des émotions intenses, je ne parle pas de culpabilité... mais plus de responsabilisation. Mais ça m'a pris du temps pour le voir ou le comprendre... ce fichu mot... déresponsabilisation! Je l'ai tellement entendu... ça et le désir de prise en charge... qui faisaient en sorte que je tombais dans des acting out... et tout ce processus là, de savoir qu'il va y avoir "quelqu'un", plutôt, une institution, qui va m'arrêter, qui va me prendre en charge si jamais je décompense... faisait en sorte que je reproduisais tout le temps le même pattern... j'ai déjà eu l'impression que c'était une game moi aussi... parce que je carbure souvent à l'adrénaline que le fait de me détruire m'apportait... en fait, on dirait que j'aimais mettre du flou... ne pas trop être claire dans mes messages, laisser tender la menace que c'était possible que je me détruise, que je me tue... l'adrénaline de ne pas savoir si l'autre appellera les autorités pour qu'on m'interne contre mon gré... mais ce n'est pas tant contre mon gré si je provoque ça... c'est juste que c'est passif!

C'est certain que quand on est pris dans toute la souffrance, parfois, crier à l'aide est la seule manière de se sauver la vie... se ramasser interner et faire passer la crise c'est la seule voie à prendre... mais le problème, c'est qu'il y a certaines personnes, dont moi, que ça renforce négativement de me ramasser dans des situations de prise en charge... ça me fait régresser... et plus j'y goûte, moins je veux me responsabiliser. Et mon dieu que ça me fâchait quand on me disait ça, et qu'on me disait que pour mon bien, on allait me sortir de l'hôpital malgré le fait que je nommais être suicidaire... ou que j'allais me détruire...

Si j'avais vraiment voulu me détruire, je serais déjà morte... ce que je voulais, c'est de vivre avec l'idée illusoire que ça se pouvait, quelqu'un qui allait m'aimer assez pour m'empêcher de me détruire!! Mais est-ce que moi je m'aimais assez pour m'empêcher de me détruire...??

Et il a fallu que je fasse vraiment beaucoup de travail, souvent, en décortiquant plein de mini situations dans lesquelles je vivais une émotion que j'avais envie d'agir. Puis, peu à peu, je me rendais compte que j'avais le pouvoir de réagir de manière adéquate... souvent, ma psychologue m'aidait en me faisant des reflets... comme: est-ce que bous vous rendez compte que vous avez su gérer cette émotions ou cette situation differemment... et en me questionnant pour me demander si je savais pourquoi et comment j'avais réussi ça... donc peu à peu, j'ai appris à voir qu'il y avait d'autres réactions possibles, devant de grosses émotions... c'est là que j'ai réalisé que j'avais le choix... et je vous jure que c'est beaucoup plus difficile de réagir de façon adéquate que le contraire!! C'est si facile d'agir... sauf que la sensation de soulagement instantanée n'est que très ponctuelle. Et c'est comme une addiction à une drogue, tu continue, juste pour avoir le fix, qui ne dure qu'un moment... mais qui vaut plus que tout le négatif que le fait de consommer peut nous apporter... cette adrénaline... je ne la vis pas en ce moment... est-ce que ça me manque... énormément! Mais en ce moment, ce à quoi je goûte... ce sentiment d'être capable de bâtir des choses, d'être en relation... cette satisfaction personnelle est vraiment super!! Et ça, personne ne peut me l'enlever en décidant pour moi... je crois qu'il faut l'expérimenter pour le comprendre, et qu'il faut être rendu là dans son cheminement! Et faire le deuil de cette possibilité qu'on s'est donné de pouvoir juste être folle... et donc ne plus être responsable de rien, et de se laisser porter par les autres!!
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Cécilia Winky
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Re: Ne pas vouloir aller à un enterrement

Message par Cécilia Winky »

Bonjour,

Moi je suis partie vivre chez mon copain, j'ai coupé les ponts avec toute ma famille et je suis également suivie par toute une équipe dans un hôpital de jour où je ne vais plus que le lundi maintenant.
Et aussi j'ai commencé un suivi avec une psychologue pour trouver un projet professionnel où je ne serais pas trop en difficulté cette fois...

Maintenant... je respire !
Ça devait être la première étape de mon travail, changer d'environnement et en même temps découvrir qu'il est possible d'aimer la vie sans avoir besoin de cet espèce de "jeu" que j'aimais garder secret... j'ai oublié tout ça, c'est comme une nouvelle vie qui commence.

Bon courage pour la suite
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