Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Forum psychiatrie, psychiatre en ligne, problème psychologique, problème psychiatrique
Dante92
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Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dante92 »

Bonjour,

J'ai consulté un psychiatre hier suivant les conseils de mon médecin traitant, j'ai choisi ce praticien entre autre parce qu'il était désigné sur le site Ameli comme "conventionné secteur 1" sans dépassement d'honoraires, et l'ai donc consulté dans le cadre d'un parcours de soin, et il m'a annoncé que le prix de la consultation était de 60 euros, dont seule la part prise en charge par la sécu serait déclarée et remboursée (environ 46 euros), donc sans possibilité d'avoir un remboursement de ma mutuelle pour les 14 euros restants.

Est-ce normal?

Ensuite il m'a conseillé fortement de le régler 50 euros sans déclaration à la sécu, donc sans aucun remboursement, plutôt que les 60 euros dont 46 euros remboursés, car débourser plus de sa poche, faire un plus gros effort financier, serait sans doute important pour la réussite de ma thérapie, en me précisant que c'est ce que choisissaient généralement ses patients. Etablissant un lien entre cet effort financier plus important et le fait de se livrer psychologiquement entièrement...

Là aussi, est-ce normal, une technique / méthode pouvant être utilisée par un psychiatre, et qui pourrait fonctionner?

j'avoue avoir un doute, d'autant plus que je l'ai senti énervé quand je lui ai demandé pourquoi il y avait une différence entre ce qui était indiqué sur Améli et le tarif qu'il me demandait... Je ne cherchais d'ailleurs nullement à le mettre en cause en lui posant la question, simplement à comprendre la différence...
Peut-être a-t-il estimé que le fait que je souhaite être remboursé signifiait que j'avais un problème à l'argent, et donc que me demander de faire un plus gros effort financier pouvait m'aider?

Encore une fois j'ai un doute sérieux...

Mon but ici n'est nullement de le dénoncer d'ailleurs, je veux juste savoir si ce qu'il m'a dit est normal ou non, ayant un gros doute...

Quoiqu'il arrive, je chercherai sans doute un autre praticien, car si dès le premier entretien j'ai des doutes et je ressens un malaise, j'imagine que la thérapie ne commence pas bien...

Merci par avance pour vos réponses
Dubreuil
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dubreuil »

J'ai consulté un psychiatre hier suivant les conseils de mon médecin traitant, j'ai choisi ce praticien entre autre parce qu'il était désigné sur le site Ameli comme "conventionné secteur 1" sans dépassement d'honoraires, et l'ai donc consulté dans le cadre d'un parcours de soin, et il m'a annoncé que le prix de la consultation était de 60 euros, dont seule la part prise en charge par la sécu serait déclarée et remboursée (environ 46 euros), donc sans possibilité d'avoir un remboursement de ma mutuelle pour les 14 euros restants.
Est-ce normal?
*** Oui, s'il est également psychanalyste.

Ensuite il m'a conseillé fortement de le régler 50 euros sans déclaration à la sécu, donc sans aucun remboursement, plutôt que les 60 euros dont 46 euros remboursés, car débourser plus de sa poche, faire un plus gros effort financier, serait sans doute important pour la réussite de ma thérapie, en me précisant que c'est ce que choisissaient généralement ses patients. Etablissant un lien entre cet effort financier plus important et le fait de se livrer psychologiquement entièrement...
Là aussi, est-ce normal, une technique / méthode pouvant être utilisée par un psychiatre, et qui pourrait fonctionner?
*** Oui, s'il est psychanalyste.

j'avoue avoir un doute, d'autant plus que je l'ai senti énervé quand je lui ai demandé pourquoi il y avait une différence entre ce qui était indiqué sur Améli et le tarif qu'il me demandait…
*** Peut-être estimait-il vous avoir déjà donné votre réponse ( lire + haut )

Peut-être a-t-il estimé que le fait que je souhaite être remboursé signifiait que j'avais un problème à l'argent, et donc que me demander de faire un plus gros effort financier pouvait m'aider?
*** Oui, c'est possible, c'est ainsi que procèdent les psychanalystes, SAUF qu'ils ne sont pas énervés !
Donc…. finalement, ce n'est peut-être pas un psychanalyse !

Quoiqu'il arrive, je chercherai sans doute un autre praticien, car si dès le premier entretien j'ai des doutes et je ressens un malaise, j'imagine que la thérapie ne commence pas bien…
*** Excellente initiative. C'est le patient qui décide. TOUJOURS.
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Dante92
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dante92 »

@Dubreuil,

Merci une nouvelle fois pour votre réponse.

Il s'agit bien d'un psychiatre qui se définit également comme psychanalyste, sur son site internet il a d'ailleurs indiqué "psychiatrie à tendance psychanalytique".
Dans son cabinet il y avait un gros bouquin de Freud ouvert... Donc oui, il est plus qu'intéressé par la psychanalyse...

Donc vous me rassurez déjà sur le fait que je ne sois pas tombé sur un escroc!

Ensuite son conseil que je dépense plus de ma poche serait cohérent si je vous suis, en raison de sa spécialité...

Reste que, si je peux comprendre l'aspect symbolique du lien entre le sentiment de faire un plus gros effort financier et l'investissement psychologique total de soi (il a d'ailleurs insisté sur le fait que ma thérapie devait primer sur TOUT et devenir mon unique raison de vivre!), je ne suis pas totalement convaincu du fait que ça m'aidera si grandement, compte-tenu de la nature de mes problèmes qui sont d'un tout autre ordre que financier (certes je fais attention à mes finances ayant des fins de mois parfois difficiles, mais ce n'est pas le premier de mes soucis)

Et compte-tenu de la nature et de la variété de mes problèmes que je compte résoudre, exposés dans un autre post, je ne sais pas si un psychanalyste est le praticien le plus adapté... Vous évoquiez un psychologue clinicien, un psychanalyste peut-il tout aussi convenir?
Fugen
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Fugen »

N'empêche que ce protocole que s'autorisent les psychanalystes est une manière idéale de s'enrichir en faisant de l'argent au noir, chose que personnellement je n'approuve pas du tout et que je considère comme une habile manipulation.
Dante92
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dante92 »

@Fugen

Je suis un peu d'accord avec vous, et le psychiatre que consulte ma femme aussi, pourtant c'est une psychiatre aussi mais il semblerait qu'il y ait des désaccords entre psychiatres sur ce type de pratique.
J'ai cru comprendre que la psychanalyse, qui par ailleurs peut produire des effets positifs sur certaines personnes (je me pose du coup la question pour moi-même), était toujours aujourd'hui source de discussions et de désaccords sur ses effets...
Dubreuil
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dubreuil »

Dans son cabinet il y avait un gros bouquin de Freud ouvert... Donc oui, il est plus qu'intéressé par la psychanalyse...
..." Hum, mais c'est peut-être du bluff, pour tromper le patient, se donner une formation qu'il n'a pas. Comme dans le petit chaperon rouge, c'est peut-être pour mieux te b..... ,mon enfant !

Ensuite son conseil que je dépense plus de ma poche serait cohérent si je vous suis, en raison de sa spécialité...

Reste que, si je peux comprendre l'aspect symbolique du lien entre le sentiment de faire un plus gros effort financier et l'investissement psychologique total de soi (il a d'ailleurs insisté sur le fait que ma thérapie devait primer sur TOUT et devenir mon unique raison de vivre!)
… Certainement pas l'unique raison de vivre. Voici un gourou… " vous n'entendrez que ma voix…. "

. Vous évoquiez un psychologue clinicien, un psychanalyste peut-il tout aussi convenir?
*** Celui, surtout, qui restera simple et cordial. Pas un mégalo !
Fugen a écrit :N'empêche que ce protocole que s'autorisent les psychanalystes est une manière idéale de s'enrichir en faisant de l'argent au noir, chose que personnellement je n'approuve pas du tout et que je considère comme une habile manipulation.
*** Pas LES psychanystes, certains psychanalystes, qui justement, ne sont pas psychanalystes !
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Dubreuil
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dubreuil »

POURQUOI ENTREPRENDRE UNE THERAPIE ?
( ce que je pense en qualité d'analyste )

La première raison qui me vient à l'esprit dans le fait d'entreprendre une thérapie quand on se sent " perturbée ", ( mais aussi quand on se sent bien, alors que l'on veut devenir un Professionnel de la Psychologie ), est d'ordre vital. Il parait évident à chacun de boire et de manger pour se maintenir en vie. Il me parait évident à moi de m'occuper de mon bon fonctionnement mental pour maintenir en vie " ma vie psychique " et mon équilibre psychologique.
L'esprit et le corps font un tout qui définit la personnalité de chacun. Avant même que de désirer aider les autres, il me semble essentiel de s'occuper de soi pour en avoir la force, les potentialités et les moyens adéquats.
Dès l'enfance nous étudions des matières propres à nous faire découvrir le monde où nous vivons, la terre, les animaux, le fonctionnement de notre corps, celui des animaux, des végétaux, etc.. quoi de plus naturel que d'étendre notre connaissance à ce qui se passe dans notre esprit, à comprendre les mécanismes de nos pensées, de nos rêves ?
Avant toute nécessité d'oeuvre charistique ( ou non ) l'étude de notre psychisme et l'utilisation des moyens proposés pour l'appréhender relève d'une curiosité naturelle et légitime.
Le " moi-je " en tant qu'individualité doit être appréhendé par son propriétaire, connu, accepté, habité le plus pleinement possible, compris enfin, pour devenir réceptif à l'autre, sensible à un dialogue tendant le plus possible vers une authenticité permettant alors, et seulement, une véritable écoute, un véritable échange, une aide, si telle se présente la demande de l'interlocuteur.
Aider. La notion d'aide est très complexe. Aider pourquoi ? Aider comment ? Aider pour qui ?
Dans son livre " la technique psychanalytique " Freud conseille :
- " une analyse didactique à tout futur analyste ( psychologue ) afin d'apprendre à connaître ce qui est en lui et acquérir ainsi des " impressions, et des convictions, qu'aucun ouvrage, aucune conférence n'eussent été capables de lui donner. "
Il dit également que :
- " toute personne sachant apprécier le prix de la connaissance et de de la domination de soi ainsi acquises, continue ensuite à s'analyser et reconnait de bon gré qu'elle ne cesse jamais de découvrir en elle-même, comme en autrui, des éléments nouveaux.
Au contraire, le psychologue qui aura négligé de se faire psychanalyser en sera puni, non seulement par son incapacité à dépasser un certain niveau de connaissance en analysant ses patients, mais par le risque encore plus grave de nuire à autrui. Car il cèdera facilement à la tentation d'attribuer à ses propres particularités qu'il perçoit obscurément, une valeur scientifique générale, jetant ainsi le discrédit sur la psychanalyse et induisant ainsi les patients en erreur."
Aider donc. Mais en définissant d'abord quelle aide demande la personne. Si elle a effectivement besoin de cette aide. Ne pas induire, parler ou projeter chez elle notre propre désir de secourir, notre propre besoin d'être secouru, aidé, compris.
On ne se sert pas de l'autre pour se guérir. Pour faire l'économie de notre propre thérapie.
Face au patient, notre propre analyse, quand elle est menée au terme de ce qui a été défini à son commencement, nous éloigne de la projection ou de nos situations conflictuelles non résolues. Elle nous apprend à faire la part du réel, de l'imaginaire, du fantasmatique, et la part qui est à " l'autre " qui ne nous appartient pas.
Aider comment ?
Par l'apprentissage de notre propre expérience en thérapie dans ce qu'elle comporte parfois de déprimant, d'exaltant, de culpabilisant, puis de pardonnant, de mortifère, de vivifiant..
C'est la compréhension de notre vécu, son acceptation, sa résolution, qui va nous permettre d'aborder celui de l'autre.
Ne plus se définir comme interlocuteur souffrant à sa place ou soucieux de lui donner des conseils, va lui restituer sa parole. Sa vraie parole, elle qui le rendait " malade " faute de ne pouvoir s'exprimer dans un lieu neutre et bienveillant.
Il pourra parler en son propre nom, se définir sans crainte d'être mêlé à des peurs ou des élans projetifs qui ne le concernent pas. Il fera sa propre guérison avec ses propres moyens, ses propres projections, son propre transfert.
Le Psy restant simplement un repère, un guide, un " recentrage."
Et si le psy n'a pas été aidé lui-même, s'il n'a pas fait sa propre thérapie auparavant, cette fonction sera impossible.
C'est également tout au long de notre propre analyse que nous prenons conscience de ce qui la constitue. D'une part dans ce " nous même " que nous lui apportons, mais aussi dans la technique du travail de l'analyste.
Au delà de sa remise en cause, le patient découvre une trame, un travail, une " connaissance " de la part de son analyste. Il perçoit peu à peu ses règles, ses impératifs, ses aspirations, ses buts. Qui sont ensuite dissociés de lui et deviennent structures de " sa " propre cure analytique.
C'est à cela, à ses connaissances psychologiques passant tout autant par la théorie que la pratique, au vécu de sa propre analyse, de ses propres " résistances ", de ses propres victoires, qu'un être peut prétendre en aider en autre dans sa mesure, sa dimension, dans son originalité, son unicité.
Aider pour qui ?
Parlant bien sûr en mon nom, je dirai que tout être qui s'interroge sur son existence, ses comportements, sa façon d'être avec lui-même et les autres, est déjà en thérapie. Son questionnement le place déjà " en auto-thérapie ".
Aller ensuite plus profondément en soi avec l'aide de techniques analytiques selon ses aspirations, ses goûts et ses besoins, démontre alors le respect que l'on se porte à soi-même. Et par truchement le respect que l'on porte à l'autre, le souci de vouloir véritablement sa propre harmonie, ainsi que l'authenticité des rapports que l'ont désire instaurer avec ceux que nous rencontrons.
Faire une thérapie, c'est d'abord s'occuper de soi, c'est nous aider en priorité, pour ensuite aider les autres pour eux-mêmes. C'est découvrir que nous sommes uniques et cependant multiples, partie intégrante de l'univers.
Pour ma part, souhaiter devenir " entier ", cohérent, conscient entre nos pensées et nos actes, c'est prendre soin de nous, de notre équilibre, et par extension, de celui de tous les autres hommes.
S'occuper de soi pour s'occuper ensuite de l'autre, c'est également s'occuper du devenir de l'humanité.
Aider l'autre, pour l'autre, sans projections, en ayant fait sa propre psychanalyse, l'aider dans ses besoins de réassurance, ou dans le marasme d'une dépression, l'enchevêtrement d'un état pathologique, c'est bien sûr savoir que nous sommes " vivant " et utile, mais surtout se sentir lié à une humanité qui avance et dont chaque membre est indispensable.
Parce qu'au delà de ce que nous sommes, de ce qui se dit, ne se dit pas, se fait ou ne se fait pas, existe une conscience universelle, un devenir qui nous dépasse, mais dont nous avons chacun en nous le début et l'aboutissement.
Et la responsabilité de mettre au monde, si nous en avons pris connaissance
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Dubreuil
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dubreuil »

A QUOI CA SERT UN PSY ?

Parce qu'il est nécessaire, ou parfois vital, de " se " donner réponse à un trouble du comportement, un problème de couple, la signification d'un rêve, ou encore de passer un bilan psychologique, psychomoteur, d'orientation professionnelle, faire la différence entre angoisse, phobie, stress ou dépression nerveuse, dénoncer un harcèlement moral, une agression sexuelle vécue au présent, ou dans l'enfance, survivre après un deuil, comprendre et participer à la guérison de son cancer, gérer un conflit professionnel, affectif, ou familial... il est souvent impératif de consulter une personne non impliquée dans notre histoire, quelqu'un qui a appris à rester neutre, à écouter sans juger, à proposer sans imposer.

- " Peut-être, mais je ne vois pas comment un psy pourrait savoir ce que j'ai ! "

Parce que, " ce que vous avez ", vous le savez. Cette réponse vous la connaissez, c'est votre symptôme. C'est la souffrance que votre corps et votre esprit vous font ressentir, vous donnent à voir. Et votre réponse est très douloureuse, parce que vous ne vous posez pas " la bonne question " qui est à l'origine de ce mal-être.
Parce que vous vous arrêtez à la manifestation de cette souffrance, et que plus vous y pensez, plus vous voulez qu'elle s'en aille, plus elle vous pèse et vous angoisse. Alors que de cesser de lui donner de l'importance, déplacer votre intérêt ailleurs, dans les souvenirs où elle s'est insidieusement enracinée, vous aidera à en comprendre le message et traiter en priorité la cause, et non ses effets.
Un médecin ( généralise ou psychiatre ) donne des médicaments pour écraser la douleur mentale, pour qu'elle cesse. Mais elle reste tapie dans un coin de notre inconscient et reviendra dans d'autre manifestations somatiques.
Un psychologue clinicien ne prescrit pas de traitement psychiatrique, il accompagne pas à pas son patient pour l'aider à mettre des mots sur cette souffrance, à la faire monter à la conscience, la parler, la faire sortir enfin. A éradiquer cette douleur qui le paralyse et l'empêche d'être maître de sa vie et de son désir.
Et qui ne reviendra plus parce qu'elle aura été acceptée, comprise, assumée.
Le psy n'est qu'un témoin, un " passeur " du réel au symbolique, et à l'imaginaire. C'est par ses connaissances et sa propre analyse, qu'il avance des propositions de questionnement à son patient. Jusqu'à ce que ce dernier les reprennent à son compte, et arrive peu à peu à décanter, atteindre, et résoudre, à son rythme et dans le respect de sa personnalité, le cœur de son conflit psychique, qui n'est autre que le pourquoi de la réponse qui le fait tant souffrir.
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dubreuil »

QU'EST-CE QUE LA PSYCHANALYSE ?
DEVENIR PSYCHANALYSTE

La psychanalyse est une branche de la psychologie. C'est une de ses méthodes cliniques.
D'un point de vue historique, la psychanalyse est à l'origine une technique psychothérapeutique, mise au point par Sigmund Freud, provenant de la cure cathartique de Josef Breuer appelée « talking cure », du fait qu'elle repose essentiellement sur la parole.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychanalyse
La psychanalyse permet au patient la compréhension de ses comportements non accessibles au raisonnement, parce qu'inconscients, provoquant chez lui des symptômes de mal-être plus ou moins préoccupants ( dépression, névrose, état borderline... )
La psychanalyse ne fait pas de promesses fallacieuses, elle n’a pas le leurre de la guérison ni un paradis à proposer, on s’y présente nu pour apprendre à ne compter que sur soi-même, avec sa volonté et son courage pour affronter le mal qu’on nous a fait, et tenter de maîtriser le feu qui alimente nos pulsions.
Mais aussi pour s'en remettre, s'en relever, se réparer. Se découvrir unique, libre de soi et de ses désirs.
Dans son livre " La technique psychanalytique ", Freud conseille une analyse didactique à tout futur analyste afin d'apprendre à connaître ce qui est en lui, et acquérir ainsi des " impressions, et des convictions qu'aucun ouvrage, aucune conférence n'eussent été capables de lui donner ".
Il dit également que :
- " Toute personne sachant apprécier le prix de la connaissance et de la domination de soi ainsi acquises, continue ensuite à s'analyser et reconnaît de bon gré qu'elle ne cesse jamais de découvrir en elle-même, comme en autrui, des éléments nouveaux.
Au contraire, le psychologue qui aura négligé de se faire psychanalyser en sera puni, non seulement par son incapacité à dépasser un certain niveau de connaissance en analysant ses patients, mais par le risque encore plus grave de nuire à autrui. Car il cèdera facilement à la tentation d'attribuer à ses propres particularités qu'il perçoit obscurément, une valeur scientifique générale, jetant ainsi le discrédit sur la psychanalyse et induisant ainsi les patients en erreur ".
C'est à ses connaissances psychologiques passant tout autant par la théorie que la pratique, au vécu de sa propre analyse, de ses propres " résistances " , de ses propres victoires, qu'un être peut prétendre en aider un autre, dans sa mesure, sa dimension, dans son originalité, son unicité.
Le " moi-je " de l'analyste, en tant qu'individualité, se doit tout d'abord d'être appréhendé, connu, accepté, habité le plus pleinement possible, compris enfin, pour devenir réceptif à l'autre, sensible à un dialogue tendant le plus possible vers une authenticité, lui permettant alors, et seulement, une véritable écoute, un véritable échange, un accompagnement efficace, si telle se présente la demande de son patient.

Se former à la psychanalyse suppose tout d'abord de poursuivre une psychanalyse, avec un psychanalyste digne de ce nom, et de suivre une formation théorique et clinique exigeante où il sera question d'étudier les théories psychanalytiques et les disciplines qui s’y rapportent.
Par ailleurs, se former à la psychanalyse suppose également l’exercice de la clinique car le praticien apprend avant tout des patients qui viennent le consulter. L'acquisition d'un diplôme (celui de psychologue ou psychiatre) est nécessaire mais pas suffisante pour indiquer que la position de clinicien est assurée. Pour cela, il faut recevoir des patients. Si une relation thérapeutique s'installe avec une personne en souffrance, le clinicien sera, dans un premier temps, en position de psychothérapeute.
C’est dans un second temps que la psychanalyse pourra s’engager. A ce moment là, le patient devient psychanalysant et le psychothérapeute, supposé-psychanalyste.
Si le psychanalysant trouve la sortie de sa psychanalyse, il deviendra sujet et le supposé-psychanalyste, psychanalyste, au moins de cette cure. Ainsi, au sein du RPH, le clinicien devient psychanalyste si au moins l'un de ses " psychanalysants " a traversé avec succès sa psychanalyse.
Être psychothérapeute-psychanalyste ne s'arrête cependant pas à ces exigences. Tout au long de son parcours de clinicien, il sera demandé au psychothérapeute-psychanalyste de faire des « supervisions » ( dispositif de transmission et de questionnement) , permettant à un analyste de rencontrer un autre analyste plus expérimenté que lui, pour lui parler de sa pratique et de rester dans un contexte de formation continue, de travail de recherche, et de productions.
Bien entendu, les intérêts du psychanalyste ne se limitent pas à sa discipline. Sa pratique s'enrichit des apports de nombreuses disciplines, telles les sciences de l'homme et de la société, les sciences de la vie, et les arts.
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Dubreuil
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Re: Surpris par le discours d'un psychiatre consulté

Message par Dubreuil »

LA METHODE PSYCHANALYTIQUE DE FREUD

La méthode particulière de psychothérapie que Freud pratique et à laquelle il a donné le nom de psychanalyse est issue du procédé dit cathartique qu’il a exposé, en collaboration avec J. Breuer, dans les Studien über Hysterie publiées en 1895. Cette thérapie cathartique avait été inventée par Breuer et d’abord utilisée par lui dix ans auparavant dans le traitement, couronné de succès, d’une hystérique. L’emploi de ce procédé lui avait permis de se faire une idée de la pathogénie des symptômes de cette malade. Sur la suggestion personnelle de Breuer, Freud reprit ce procédé et l’essaya sur un grand nombre de patients.
Le procédé cathartique reposait sur l’élargissement du conscient qui se produit dans l’hypnose et présupposait l’aptitude du malade à être hypnotisé. Son but était de supprimer les symptômes morbides et il y parvenait en replaçant le patient dans l’état psychique où le symptôme était apparu pour la première fois. Des souvenirs, des pensées et des impulsions qui ne se trouvaient plus dans le conscient resurgissaient alors et une fois que les malades les avaient révélés, avec d’intenses manifestations émotives, à leur médecin, le symptôme se trouvait vaincu et son retour, empêché. Dans leur travail commun, les deux auteurs conclurent de la régulière répétition de cette expérience que le symptôme remplaçait les processus psychiques supprimés et non parvenus jusqu’au conscient, qu’il représentait une transformation (une « conversion ») de ces derniers. Ils expliquaient l’efficacité thérapeutique de leur traitement par la décharge de l’affect jusqu’à ce moment « étouffé » et qui était lié à l’acte psychique repoussé (« abréaction »). Toutefois le schéma simple de cette opération thérapeutique se compliquait presque toujours, du fait que ce n’était pas un unique émoi « traumatisant », mais la plupart du temps une série d’émois, difficiles à saisir d’un seul coup, qui avaient participé à la formation du symptôme.
Le trait le plus caractéristique de la méthode cathartique, celui qui la distingue de tous les autres procédés, se découvre dans le fait que son efficacité thérapeutique ne repose pas sur un ordre suggéré par le médecin. On s’attend plutôt à voir les symptômes disparaître d’eux-mêmes, dès que l’opération qui s’appuie sur diverses hypothèses relatives au mécanisme psychique, a réussi à modifier le cours du processus psychique ayant abouti à la formation du symptôme.
Les changements apportés par Freud au procédé cathartique établi par Breuer consistèrent tout d’abord en modifications de la technique. Elles donnèrent néanmoins des résultats nouveaux pour, en fin de compte, nécessairement aboutir à une conception modifiée, bien que non contradictoire, de la tâche thérapeutique.
La méthode cathartique avait déjà renoncé à la suggestion. Freud fit un pas de plus en rejetant également l’hypnose. Il traite actuellement ses malades de la façon suivante : sans chercher à les influencer d’autre manière, il les fait s’étendre commodément sur un divan, tandis que lui-même, soustrait à leur regard, s’assied derrière eux. Il ne leur demande pas de fermer les yeux, et évite de les toucher comme d’employer tout autre procédé capable de rappeler l’hypnose. Cette sorte de séance se passe à la manière d’un entretien entre deux personnes en état de veille dont l’une se voit épargner tout effort musculaire, toute impression sensorielle, capables de détourner son attention de sa propre activité psychique.
Quelle que soit l’habileté du médecin, le fait d’être hypnotisé, on le sait, dépend du bon vouloir du patient, et beaucoup de névrosés sont inaccessibles à l’hypnotisme, il s’ensuit donc qu’après l’abandon de l’hypnose, le procédé devenait applicable à un nombre illimité de personnes. D’autre part, cependant, cet élargissement du domaine conscient qui permettait justement au médecin d’entrer en possession de tous les matériaux psychiques : souvenirs et représentations, favorisant la transformation des symptômes et la libération des affects, ne se réalisait plus. Il s’agissait donc de remplacer l’élément manquant par quelque autre, sans quoi aucune action thérapeutique n’eût été possible.
C’est alors que Freud trouva, dans les associations du malade, ce substitut entièrement approprié, c’est-à-dire dans les idées involontaires généralement considérées comme perturbantes et, de ce fait même, ordinairement chassées lorsqu’elles viennent troubler le cours voulu des pensées. Afin de pouvoir disposer de ces idées, Freud invite les malades à se « laisser aller », comme dans une conversation à bâtons rompus. Avant de leur demander l’historique détaillé de leur cas, il les exhorte à dire tout ce qui leur traverse l’esprit, même s’ils le trouvent inutile, inadéquat, voire même stupide. Mais il exige surtout qu’ils n’omettent pas de révéler une pensée, une idée, sous prétexte qu’ils la trouvent honteuse ou pénible. C’est en s’efforçant de grouper tout ce matériel d’idées négligées que Freud a pu faire les observations devenues les facteurs déterminants de tout l’ensemble de sa théorie. Dans le récit même de la maladie se découvrent dans la mémoire certaines lacunes : des faits réels ont été oubliés, l’ordre chronologique est brouillé, les rapports de cause à effets sont brisés, d’où des résultats inintelligibles. Il n’existe pas d’histoire de névrose sans quelque amnésie. Quand on demande au patient de combler ses lacunes de mémoire en appliquant toute son attention à cette tâche, on remarque qu’il fait usage de toutes les critiques possibles pour repousser les idées qui lui viennent à l’esprit et cela jusqu’au moment où surgissent vraiment les souvenirs et où alors il éprouve un sentiment véritablement pénible. Freud conclut de cette expérience que les amnésies résultent d’un processus qu’il a appelé refoulement et dont il attribue la cause à des sentiments de déplaisir. Les forces psychiques qui ont amené le refoulement sont, d’après lui, perceptibles dans la résistance qui s’oppose à la réapparition du souvenir.
Le facteur de la résistance est devenu l’une des pierres angulaires de sa théorie. Il considère les idées repoussées sous toutes sortes de prétextes — pareils à ceux que nous venons de citer — comme des dérivés de structures psychiques refoulées (pensées et émois instinctuels), comme des déformations de ces dernières par suite de la résistance qui s’oppose à leur reproduction.
Plus considérable est la résistance, plus grande est la déformation. L’importance pour la technique analytique de ces pensées fortuites repose sur leur relation avec les matériaux psychiques refoulés. En disposant d’un procédé qui permette de passer des associations au refoulé, des déformations aux matériaux déformés, on arrive, même sans le secours de l’hypnose, à rendre accessible au conscient ce qui, dans le psychisme, demeurait inconscient.
C’est sur cette notion que Freud a fondé un art d’interpréter dont la tâche est, pour ainsi dire, d’extraire du minerai des idées fortuites le pur métal des pensées refoulées. Ce travail d’interprétation ne s’applique pas seulement aux idées du patient, mais aussi à ses rêves, qui nous ouvrent l’accès direct de la connaissance de son inconscient, de ses actes intentionnels ou dénués de but (actes symptomatiques) et des erreurs commises dans la vie de tous les jours (lapsus linguae, actes manqués, etc.). Freud n’a pas encore publié les détails de sa technique d’interprétation ou de traduction. Mais d’après ce qu’il en a déjà dit, il s’agit d’une série de règles, empiriquement établies, relatives à la manière dont il convient de reconstituer, d’après les associations, les matériaux inconscients. Freud donne aussi des indications sur la façon dont il faut interpréter les silences du patient quand les associations lui font défaut et relate les résistances typiques les plus importantes qui se manifestent au cours du traitement. Le volumineux travail intitulé La science des rêves, que Freud a publié en 1900, peut être considéré comme une initiation à la technique.
On pourrait conclure de ces remarques à propos de la technique psychanalytique que son créateur s’est donné beaucoup de mal pour rien et qu’il a eu tort d’abandonner le procédé bien moins compliqué de l’hypnotisme. Mais, d’une part, la technique psychanalytique, quand on la possède bien, est d’une pratique bien plus facile que sa description pourrait le faire croire et, d’autre part, aucune autre voie ne nous mènerait au but visé, de sorte que ce chemin difficile reste, malgré tout, le plus court. Nous reprochons à l’hypnotisme de dissimuler les résistances et, par là, d’interdire au médecin tout aperçu du jeu des forces psychiques. L’hypnose ne détruit pas les résistances et ne fournit ainsi que des renseignements incomplets et des succès passagers.
La tâche que s’efforce de réaliser la méthode psychanalytique peut se formuler de manières différentes quoique équivalentes dans le fond. On dit par exemple que le traitement doit tendre à supprimer les amnésies. Quand toutes les lacunes de la mémoire ont été comblées, toutes les mystérieuses réactions du psychisme expliquées, la continuation comme la récidive d’une névrose deviennent impossibles. On peut dire également que tous les refoulements doivent être levés ; l’état psychique devient alors le même que lorsque toutes les amnésies ont été supprimées. Suivant une autre formule à plus grande portée, le problème consiste à rendre l’inconscient accessible au conscient, ce qui se réalise en surmontant les résistances. Mais il faut se rappeler que cet état idéal ne s’observe même pas chez les normaux et, ensuite, qu’on se trouve rarement en mesure de pousser le traitement jusqu’à un point approchant cet état. De même que la santé et la maladie ne diffèrent pas qualitativement, mais se délimitent progressivement d’une façon empiriquement déterminée, de même le but à atteindre dans le traitement sera toujours la guérison pratique du malade, la récupération de ses facultés d’agir et de jouir de l’existence. Dans un traitement inachevé, ou n’ayant donné qu’un succès incomplet, l’on obtient, malgré tout, une amélioration notable de l’état psychique général, alors que les symptômes, moins graves maintenant pour le patient, peuvent continuer à exister sans pour autant marquer ce dernier du sceau de la maladie.
Le procédé thérapeutique reste le même, à quelques insignifiantes modifications près, pour toutes les diverses formations symptomatiques de l’hystérie et toutes les formes de la névrose obsessionnelle. Toutefois il ne saurait être question d’une application illimitée de cette méthode. La nature même de celle-ci implique des indications et des contre-indications suivant les personnes à traiter et le tableau clinique. Les cas chroniques de psychonévroses avec symptômes peu violents et peu dangereux, sont les plus accessibles à la psychanalyse, et d’abord toutes les formes de névrose obsessionnelle, de pensées et d’actes obsédants et les cas d’hystérie dans lesquels les phobies et les aboulies jouent le rôle principal, ensuite les manifestations somatiques de l’hystérie, à l’exception des cas où, comme dans l’anorexie, une rapide intervention s’impose pour supprimer le symptôme. Dans les cas aigus d’hystérie, il faut attendre que s’instaure une période plus calme. Là où prédomine un épuisement nerveux, il est bon d’écarter un procédé qui exige lui-même des efforts, dont les progrès sont lents et qui, pendant un certain temps, ne peut tenir compte de la persistance des symptômes.
Certaines conditions règlent le choix des personnes susceptibles de tirer grand profit de la psychanalyse. En premier lieu, le sujet doit être capable de redevenir psychiquement normal ; dans les périodes de confusion ou de dépression mélancolique, rien ne peut être entrepris, même lorsqu’il s’agit de cas d’hystérie. En outre, une certaine dose d’intelligence naturelle, un certain développement moral sont exigibles. S’il avait affaire à des personnes peu intéressantes, le médecin ne tarderait pas à se détacher du patient et, de ce fait, ne parviendrait plus à pénétrer profondément dans le psychisme de celui-ci. Des malformations du caractère très enracinées, les marques d’une constitution vraiment dégénérée, se traduisent dans l’analyse par des résistances presque insurmontables. À cet égard, la constitution du patient impose des limites à la curabilité par la psychothérapie. Les conditions sont défavorables aussi quand le malade approche de la cinquantaine, car alors la masse des matériaux psychiques ne peut plus être étudiée à fond, la durée de la cure est trop prolongée et la capacité de faire rétrograder le processus psychique est en voie d’affaiblissement.
En dépit de toutes ces limitations, le nombre des personnes capables de profiter d’un traitement psychanalytique est immense et l’extension, grâce à ce procédé, de nos possibilités thérapeutiques est devenue, de l’avis de Freud, fort considérable. Pour que le traitement puisse être efficace, Freud exige que sa durée soit de six mois à trois ans ; il nous apprend pourtant que, par suite de diverses circonstances faciles à deviner, il n’a généralement pu, jusqu’à ce jour, essayer son traitement que sur des gens très gravement atteints, malades depuis de longues années, devenus tout à fait incapables de s’adapter à la vie et qui, déçus par tous les genres de traitements, avaient recours, en désespoir de cause, à ce procédé nouveau et très discuté. Dans les cas plus légers, il est possible que la durée du traitement puisse être raccourcie et qu’un avantage extraordinaire en puisse être acquis pour l’avenir, dans le domaine de la prophylaxie.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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