L'été, mon hiver à moi

Forum dépression saisonnière
Nomatone
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L'été, mon hiver à moi

Message par Nomatone »

Cela fait maintenant quelques années que je lutte contre une dépression déclenchée par un burnout. Je me suis épuisée dans une quête de la molécule miracle, j'ai connu des mois d'hospitalisation. Un peu sur le tard, mais tout de même, j'ai entamé une psychothérapie pour comprendre l'origine des angoisses qui entretiennent la dépression. Au fil des ans, le diagnostic a évolué de dépression majeure à trouble anxio-dépressif. Pourquoi pas. C'est toujours un progrès.
Blague à part, j'ai repris du poil de la bête, en particulier si je repense à la période de mon hospitalisation. Cependant, je n'ai jamais réussi à reprendre le travail. Les contrariétés, mêmes mineures, entraînent des angoisses difficiles à calmer. Néanmoins, j'ai cessé de penser au suicide du réveil au coucher, et comme je n'arrivais pas à me décider sur la manière, me voilà libérée d'une grosse charge mentale.

Mon problème reste l'été. Lorsque cette saison s'approche (et déjà au printemps, quand la lumière est plus importante et que les journées s'allongent), des angoisses diffuses s'installent immanquablement et entraînent la déprime qui entraîne à son tour des idées noires. Quelque chose dans l'atmosphère lumineuse m'évoque le vide. La lumière éblouissante m'apparaît comme un gouffre dont je ne distingue pas les bords. J'ai l'impression qu'elle pourrait s'engouffrer en moi et me pulvériser de l'intérieur. C'est difficile à expliquer ou à comprendre et extrêmement désespérant. Avec la lumière, j'ai l'impression que le bruit croît de la même manière et que finalement le monde entier se précipite dans ma poitrine en rompant mes digues. Je me sens envahie, je suffoque et j'ai l'impression que mon coeur va exploser. Je me sens triste et j'ai constamment un noeud dans le ventre. Le psychiatre me répond que la fin de l'hiver se traduit par un certain malaise chez les bipolaires, lié à une excitabilité provoquée par l'intensité lumineuse. Dans mon cas, il ne comprend pas vraiment. Je ne suis pas bipolaire, aucun autre diagnostic en dehors de la dépression et des troubles anxieux.

Quand la nuit tombe, je me sens enfin soulagée. Je redoute de dormir et de retrouver un lendemain lumineux. Mais en même temps, la journée a été tellement angoissante que mon corps est épuisé et réclame le repos. La nuit, la peur du réveil me tire du sommeil dans un état d'angoisse. Bref, c'est un véritable cercle vicieux.
Ainsi commence pour moi une longue période où j'attends la fin de l'été tandis que les gens se réjouissent des beaux jours. Je me sens en décalage avec mes semblables, chose dont je prends l'habitude. Mais la souffrance de ces jours lumineux, je ne m'y fais pas.

Je dépose mon témoignage dans le forum dépression saisonnière, bien que l'on pense surtout à l'hiver derrière ce terme. Si quelqu'un vit ce que je traverse, comprend, veut partager ses astuces pour cette période ou simplement me dire "je connais ça", je serais heureuse de le lire. Il a fait 24° plein soleil aujourd'hui et je me suis sentie seule au monde dans l'attente intenable que le soleil se couche.
Dubreuil
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Dubreuil »

Avez subi un traumatisme à la naissance ? ou une opération ? ou une anesthésie ? Etc... etc...
Quelle est la cause de votre burn-out ?
De quelle origine êtes-vous ?
Habitez-vous dans votre pays d'origine ? Un pays en guerre ?
Dans quelle région voudriez-vous habiter ?
Comment s'est passée votre enfance ? ( par ex : césarienne) Et où ?
Que veut dire "Nomatone" pour vous ?
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Romy75
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Romy75 »

Nomatone a écrit : 29 mai 2023, 00:26 Cela fait maintenant quelques années que je lutte contre une dépression déclenchée par un burnout. Je me suis épuisée dans une quête de la molécule miracle, j'ai connu des mois d'hospitalisation. Un peu sur le tard, mais tout de même, j'ai entamé une psychothérapie pour comprendre l'origine des angoisses qui entretiennent la dépression. Au fil des ans, le diagnostic a évolué de dépression majeure à trouble anxio-dépressif. Pourquoi pas. C'est toujours un progrès.
Blague à part, j'ai repris du poil de la bête, en particulier si je repense à la période de mon hospitalisation. Cependant, je n'ai jamais réussi à reprendre le travail. Les contrariétés, mêmes mineures, entraînent des angoisses difficiles à calmer. Néanmoins, j'ai cessé de penser au suicide du réveil au coucher, et comme je n'arrivais pas à me décider sur la manière, me voilà libérée d'une grosse charge mentale.

Mon problème reste l'été. Lorsque cette saison s'approche (et déjà au printemps, quand la lumière est plus importante et que les journées s'allongent), des angoisses diffuses s'installent immanquablement et entraînent la déprime qui entraîne à son tour des idées noires. Quelque chose dans l'atmosphère lumineuse m'évoque le vide. La lumière éblouissante m'apparaît comme un gouffre dont je ne distingue pas les bords. J'ai l'impression qu'elle pourrait s'engouffrer en moi et me pulvériser de l'intérieur. C'est difficile à expliquer ou à comprendre et extrêmement désespérant. Avec la lumière, j'ai l'impression que le bruit croît de la même manière et que finalement le monde entier se précipite dans ma poitrine en rompant mes digues. Je me sens envahie, je suffoque et j'ai l'impression que mon coeur va exploser. Je me sens triste et j'ai constamment un noeud dans le ventre. Le psychiatre me répond que la fin de l'hiver se traduit par un certain malaise chez les bipolaires, lié à une excitabilité provoquée par l'intensité lumineuse. Dans mon cas, il ne comprend pas vraiment. Je ne suis pas bipolaire, aucun autre diagnostic en dehors de la dépression et des troubles anxieux.

Quand la nuit tombe, je me sens enfin soulagée. Je redoute de dormir et de retrouver un lendemain lumineux. Mais en même temps, la journée a été tellement angoissante que mon corps est épuisé et réclame le repos. La nuit, la peur du réveil me tire du sommeil dans un état d'angoisse. Bref, c'est un véritable cercle vicieux.
Ainsi commence pour moi une longue période où j'attends la fin de l'été tandis que les gens se réjouissent des beaux jours. Je me sens en décalage avec mes semblables, chose dont je prends l'habitude. Mais la souffrance de ces jours lumineux, je ne m'y fais pas.

Je dépose mon témoignage dans le forum dépression saisonnière, bien que l'on pense surtout à l'hiver derrière ce terme. Si quelqu'un vit ce que je traverse, comprend, veut partager ses astuces pour cette période ou simplement me dire "je connais ça", je serais heureuse de le lire. Il a fait 24° plein soleil aujourd'hui et je me suis sentie seule au monde dans l'attente intenable que le soleil se couche.

C’est terrible. Quelques sceaux d’eaux glacées en plein hiver pourraient vous rafraîchir les idées.
Nomatone
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Nomatone »

Dubreuil a écrit : 31 mai 2023, 00:32 Avez subi un traumatisme à la naissance ? ou une opération ? ou une anesthésie ? Etc... etc...
Quelle est la cause de votre burn-out ?
De quelle origine êtes-vous ?
Habitez-vous dans votre pays d'origine ? Un pays en guerre ?
Dans quelle région voudriez-vous habiter ?
Comment s'est passée votre enfance ? ( par ex : césarienne) Et où ?
Que veut dire "Nomatone" pour vous ?
Je n’ai pas subi de traumatisme à la naissance. Aucune opération non plus. Je suis née après terme cependant, par un accouchement provoqué car albumine élevée chez ma mère et le médecin voyait un risque dans le fait d’attendre.
Depuis l’enfance, je souffre de migraine et la lumière ajoutant à l’inconfort, voire à la souffrance, j’y suis devenue assez intolérante.

Mon burn-out est un bore-out. Ennui intolérable au travail. Lenteur des procédures qui ne me permettait pas d’avancer dans un projet qui par ailleurs n’était pas non plus très stimulant. Mes journées se traduisaient à attendre la validation de Pierre Paul Jacques pour avancer d’un millimètre et régresser de trois mètres le lendemain. De surcroît, harcèlement de la part d’un collègue et ambiance délétère imputable à un mauvais management.

Mes parents sont originaires d’Anatolie centrale. Ils ont émigré en Belgique dans les années 70 pour des raisons économiques. Je suis née en Belgique et j’y vis depuis. Longtemps, j’ai voulu vivre ailleurs, hors de la Belgique, mais pas non plus dans mon pays d’origine. Suite à un séjour Erasmus, l’idée a commencé à m’obséder. Je ne trouvais pas de sens à ma présence en Belgique car le pays a été choisi de manière complètement arbitraire par mes parents (à la faveur d’un accord socio-économique entre les deux pays) et je ne comprenais pas quel attachement affectif pouvait justifier que ma vie s’y déroule. A la fin de ma vingtaine, J’ai vécu et travaillé outre-atlantique une année. J’ai apprécié cette expérience mais je me suis sentie seule malgré toutes les relations que j’ai nouées (bien que solitaire, j’ai le contact facile). Mes parents, qui ont connu la difficulté de vivre séparés de leurs parents, ont réclamé mon retour à cor et à cri. On a diagnostiqué un cancer à mon père cette année-là, je ne l’ai appris qu’à mon retour (ma famille me l’avait caché pour ne pas précipiter mon retour). Je suis rentrée à la fin de mon visa et apprenant la nouvelle j’ai mis de côté mes envies de vivre à l’étranger sachant que mon père était en fin de vie.
Après sa mort, je me suis mise à voyager beaucoup. Les vacances sont devenus une longue et épuisante réflexion sur le potentiel du lieu de séjour à m’accueillir à plus long terme. « Serais-je capable de vivre dans ce pays? Pourrais-je m’y plaire? Etc » La réponse était toujours non. Et les départs ont commencé à prendre une tonalité triste et angoissante. Je n’arrivais plus à me détendre. J’avais l’impression de me chercher une maison partout où je me rendais et conclure à la fin que je n’avais ma place nulle part dans le monde. Un sentiment dépressif s’est installé avant le burn-out, à bas bruit, sur fond de « Où vais-je vivre ma vie? Quel est le sens de ma vie? », tout en sachant que ma mère ne supportant pas d’être séparée de ses enfants (et moi en particulier), je n’avais pas vraiment la possibilité de partir car je n’aurais pas osé lui briser le coeur. Le burn-out a mis le feu aux poudres en quelque sorte. Parallèlement s’est développée une angoisse du départ. Je me forçais à partir mais je me sentais très angoissée durant toute la durée de mes vacances. Je me sentais sans repères, sans attaches. Aujourd’hui cette peur de quitter le pays me poursuit. L’envie de partir se mêle à l’angoisse de le faire et c’est la paralysie qui l’emporte. Finalement la maladie a permis de répondre à l'injonction de ma mère qui était « ne t’éloigne pas ma fille ». Un travail sur moi-même m’a permis de mettre en évidence que je rejouais quelque chose du déracinement de mes parents. J’ai été très marquée par la séparation de ma mère (fille unique) avec la sienne décédée après six ans de séparation sans avoir pu se revoir. J’avais 8 ans lorsque ma grand-mère maternelle est décédée et j’ai eu le sentiment d’absorber entièrement le chagrin de ma mère. Aujourd’hui, beaucoup de mes angoisses sont liées à la peur de perdre la mienne.

Je ne suis pas douée pour trouver des noms d’utilisateur ou mots de passe. Comme j’aime lire, en partant du livre en cours de lecture, je m’inspire du titre et du nom de l’auteur pour inventer un mot par contraction de plusieurs autres. En l’occurence, je ne me souviens pas car je me suis inscrite six mois plus tôt. En revanche, même si le mot a été choisi très vite et au hasard, j’entends aujourd’hui dans Nomatone: nomade, tonalité, autochtone.
Dubreuil
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Dubreuil »

Romy75, voulez-vous expliquer SVP, le message caché de votre réponse : " C’est terrible. Quelques sceaux d’eaux glacées en plein hiver pourraient vous rafraîchir les idées." ?
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Nomatone
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Nomatone »

Dubreuil a écrit : 01 juin 2023, 07:57 Romy75, voulez-vous expliquer SVP, le message caché de votre réponse : " C’est terrible. Quelques sceaux d’eaux glacées en plein hiver pourraient vous rafraîchir les idées." ?
En réaction à mon intervention sur le sujet qu’elle a posté (40 ans...). Elle demandait si je serais heureuse de me voir fournir une réponse qui se « bornerait aux évidences ». Sa mise en application donne ceci: si j'ai chaud je n’ai qu’à utiliser des sceaux d’eau glacé pour me rafraîchir les idées.
Ceci étant dit, je me sens mal lue. Je n’ai pas dit que j’avais chaud en hiver, j’ai dit que je me sentais suffoquer à cause de la lumière éblouissante en été. C'est terrible :)
Romy75
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Romy75 »

Mme Dubreuil : elle a le droit de faire preuve de sarcasme et moi non ? J’ai simplement répondu sur le même ton.



Moi aussi je me suis sentie mal lue avec la réponse de Nomatone. Je n’ai d’ailleurs pas sous-entendu qu’elle avait chaud en hiver.

Y a t-il deux poids deux mesures ? Avant d’écrire mon message j’ai contacté le modérateur.
Dubreuil
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Dubreuil »

Y a t-il deux poids deux mesures ? Avant d’écrire mon message j’ai contacté le modérateur.
*** Je vous ai répondu. Mesurez vos paroles, faites preuve d'un peu d'empathie comme nous en avons pour vous.
Courage !
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Romy75
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Romy75 »

Ah parce que maintenant je n’ai pas d’empathie ? C’est la meilleure celle là ! Merci de ne pas écrire « nous » et admettez que sa justification est bancale et son « c’est terrible » sonne sarcastique. Elle a d’ailleurs ajouté « 😁 » après ces mêmes propos. Il y a donc deux poids deux mesures.

J’ajoute aussi l’avoir signalée sans aucun retour : je constate donc que certains sujets sont plus importants que d’autres à vos yeux.
Nomatone
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Re: L'été, mon hiver à moi

Message par Nomatone »

Je vous trouve grossière, agressive et immature. Malgré tout, je vous accorde le bénéfice du doute, les messages écrits peuvent prêter à confusion. Je vous présente mes excuses et vous prie de croire en ma bienveillance. Il est vrai, à votre agressivité j’oppose mon humour (non mon sarcasme). Vous vous sentez à nouveau agressée.
Mais que faudrait-il faire pour réparer le tort que vous pensez avoir subi? Quelle excellente idée d’avoir contacté le modérateur, j’espère avoir de ses nouvelles pour comprendre comment m’adresser à vous sans enflammer votre délire de persécution.

Croyez-moi, lorsque je me montre sarcastique, je ne laisse planer aucun doute dans le ton que j’emprunte.

Ma patiente à des limites. Comme tout être humain sain d’esprit, j’aime que l’on s’adresse à moi avec respect. Je ne sais pas si vous oseriez le quart de ce comportement et de ces paroles si j’étais face à vous.
Trouvez le courage de vous défendre dans la vraie vie, ça vous évitera de vous défouler derrière votre écran sur des personnes qui n’ont que faire de votre personne et ne demandent qu’à vivre en paix.
Romy75 a écrit : 01 juin 2023, 16:58 Ah parce que maintenant je n’ai pas d’empathie ? C’est la meilleure celle là ! Merci de ne pas écrire « nous » et admettez que sa justification est bancale et son « c’est terrible » sonne sarcastique. Elle a d’ailleurs ajouté « 😁 » après ces mêmes propos. Il y a donc deux poids deux mesures.

J’ajoute aussi l’avoir signalée sans aucun retour : je constate donc que certains sujets sont plus importants que d’autres à vos yeux.
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