Père toxique et abusif émotionnellement

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Misudo0324
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Père toxique et abusif émotionnellement

Message par Misudo0324 »

Bonjour à tous,

C'est la première fois que je partage comme ça mon histoire avec des inconnus, je vous avoue que ça me fait un peu stresser. Je dois admettre que je n'ai pas le courage d'aller voir un psychologue en face à face, alors c'est pour l'instant tout ce que je peux faire.

J'ai 23 ans, je suis encore étudiante et comme vous avez pu le voir par le titre, le problème concerne surtout mon père et ma relation avec lui. Aussi loin que je me souvienne, je n'ai entendu que des mots dévalorisants de sa bouche à mon égard. Il m'a tapée que rarement, mais il est extrêmement violent psychologiquement, si je puis dire. Mais à cette époque, il m'avait tellement ancré sa vision rabaissante de moi même dans la tête que j'ai fini par y croire. Moi même je me suis rabaissée, dévalorisée et j'ai fini par penser que j'étais vraiment cette bonne à rien qui méritait juste de finir seule. Ça a eu pour conséquence de ne pas avoir du tout confiance en moi, mais aussi à avoir du mal à me faire des amis ou avoir confiance en les autres parce que je me disais qu'ils penseraient la même chose de moi ou que je les méritais pas.

Il me répétait toujours que je faisais rien à la maison, que j'étais froide, (je suis juste introvertie et pas démonstrative...), qu'avec mon caractère j'aurais personne, que je pourrais jamais vivre seule, qu'il vaudrait mieux que je n'ai pas d'enfants si c'est pour être élevé par moi, etc. Il critiquait, et critique toujours ma mère de me défendre car selon lui c'est parce qu'elle m'a chouchoutée (je suis la seule fille) que je suis comme ça.

Mais au fil du temps, je me suis rendue compte que je suis pas cette personne qu'il décrit et que si quelqu'un a bien un problème, c'est lui. Je ne dis pas que je suis la victime et que c’est sa faute à 100%, je sais que des fois je n'ai pas la meilleure attitude, mais je reste convaincue qu'il est un manipulateur à sa manière.

A la maison, alors que je fais bien plus que lui, qui ne travaille plus depuis plusieurs années, il arrive toujours à me critiquer et me dire que j'aide pas assez. Ma famille aime faire du camping à l'ancienne, et en général leur seule ambition c'est de partir en vacances 2 semaines par an dans notre pays d'origine. C'est tout à leur honneur, mais juste parce que moi je n'ai pas envie de faire comme eux, mon père me dit que je me prends trop pour une bourgeoise en oubliant mes origines modestes. Alors qu'en fait non, tout ce que je veux c’est travailler dans le domaine qui me fait envie (relations internationales) dont j'ai fait les études pour, et être bourgeoise ou quoi que ce soit m'intéresse pas du tout.
Il me dit de jamais me marier car je divorcerais tout de suite à cause de moi (toujours). Il connaît mon copain avec qui je suis depuis plus d'un an, et me dit qu'il a de la peine pour lui, d'être avec une personne comme moi. Ce sont vraiment des choses qui me blessent profondément et je finis à force par croire que je suis pas assez bien pour lui, même si mon copain me dit le contraire et m'assure qu'il est heureux d'être avec moi.

En plus de ça, mon père a une sorte de syndrome de la victimisation. Si j'ai le malheur de lui faire une remarque, comme le fait qu'il fume à côté de moi alors que j'aime pas ça, ou qu'il mange en faisant des bruits de bouche horribles, il se met à me crier dessus, à nous dire à moi et ma famille qu'on fait que le critiquer, qu'il fait jamais rien de bien mais que nous on est parfaits... et après il rabâche son discours habituel en me rabaissant, en allant chercher des choses du passé pour me discréditer, en me rappelant que si j'ai pu faire autant d'études ou partir en échange à l'étranger c'est grâce à lui, et en me disant que finalement je mérite pas qu'il m'aide et qu'il pourrait très bien me couper les aides financières.

Récemment aussi, il me fait du chantage émotionnel en me disant que je suis pas obligée de l'aimer, mais que je dois le respecter, qu'il comprend pas parce qu'il a toujours tout fait pour moi. Le problème, c'est que je ne me souviens pas d'une seule fois où il m'a valorisée. La seule chose qu'il a difficilement admis à propos de moi c'est que je suis sérieuse dans mes études, mais toujours accompagné d'un reproche ("tu fais des études mais ça sert à rien si t'es comme ça "). Bref, c'est triste à dire d'un père mais je n'arrive pas à l'aimer. Je suis convaincue que si mon état mental est tel qu'il est aujourd'hui, c'est parce qu'il m'a traitée de cette façon depuis toujours. Cette situation me détruit, et le fait de devoir pour l'instant rester à la maison 7/7 à cause de la pandémie n'arrange en rien les choses. Je ne peux pas non plus compter sur mon copain qui est à 10.000km de moi ni sur mes amis que je ne vois pas souvent. Je reste enfermée dans cette bulle avec lui qui me matraque sans cesse le cerveau d'une image de moi rabaissante.

Je suis désolée pour la longueur du texte, et si vous aviez des conseils je serais vraiment preneuse... merci.
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: Père toxique et abusif émotionnellement

Message par Dubreuil »

Cet homme dont vous parlez ne s'est jamais conduit comme un père.
C'est un deuil très douloureux à faire, mais vous êtes libre de vos pensées et de vous-même. On ne choisit pas ses parents. On ne choisit pas ses enfants. Et nul enfant n’est obligé d’aimer ses parents, et nul parent n’est obligé d’aimer son enfant. Seul le respect de part et d'autre s'impose.

Il y a une marge immense entre le désir d'enfant et l'enfant que l'on met au monde.
Nul n'est préparé à partager. Nul n'est prêt devant " la différence ". Nul ne peut savoir " avant " ce qu'il adviendra " après " de son désir, de ses fantasmes, de ses émotions qu'elles soient positives ou de rejet.
" Faire un enfant ", c'est FAIRE. Et c'est tout.
Faire un enfant pour certaines femmes, c'est ne plus jamais s'en remettre, parce qu'il vivait dans le désir et le fantasme, mais n'était pas " à faire " dans le conscient. Il faut être prêt(e) pour avoir un enfant.
Et pour un homme l'enfant peut être un(e) ennemi(e), un intrus qui vient le séparer de son emprise sur l'épouse, il peut aussi ne plus la désirer comme femme, car pour lui elle est devenue mère, et c'est l'inceste quand 'il n'arrive pas à faire la part des choses.
C'est également l'éducation, l'enfant est " un objet " qui doit obeir, répondre aux besoins inconscients du parent. Il peut exercer sur lui ses fantasmes, sa toute-puissance, son despotisme. Ses vengeances personnelles.

Pour certains hommes, voir grandir sa fille ou son fils, c'est aussi risquer de s'en sentir dissocié, considérer son enfant comme " une tentation sexuelle " insupportable, et le mépris et la cruauté peuvent être un moyen de ne pas y succomber.

Difficile d'avoir ce recul terrible de se dire que nous n'avons pas demandé à venir au monde de tel ou tel individu. Que l'on a été " tiré " du ?.. on ne sait pas d'où l'on vient. Mais on sait que l'on est porteur de caractéristiques génétiques qui ont racine bien au delà du père et de la mère. Nous sommes issus de la mémoire du monde, des mondes, de l'univers. Nous avons toutes les peines et les joies de l'humanité en nous. Nous sommes infini et universel, chacun (e ).
Nous sommes le lien entre le passé et le devenir.
Bien autre chose que fils ou fille de. Voulu ou renié.
Bien autre chose qu'enfant désiré ou banni.
Nous sommes cela, certes , mais nous sommes tellement plus attendus et complets ailleurs.
Qu'est-ce qu'un désir d'enfant ? Certainement pas une pensée " altruiste " ( on ne met pas un enfant au monde pour qu'il souffre et meurt ) mais un " élan " sexuel. La réponse à l'espèce.
Et viennent s'y greffer " le leurre " du futur parent qui " rêve " son enfant futur. Réel, symbolique, imaginaire.
Dans certains pays on met un enfant au monde et il appartient à la communauté.
On n'appartient qu'à soi.
On ne peut qu'être SEUL en soi, même accompagné, même aimé. Cela semble en effet bien plus confortable d'avoir une maman attentive et présente. Mais si le fait d'en avoir une change la destinée de certains, ce n'est pas toujours dans leur " bon sens ", et d'autres vivent sans et leur vie n'en est pas moins belle, bonne et " réussie ".
Même foetus, nous sommes déjà " indépendants. Et pourtant tributaires " des émotions et sentiments de notre génitrice.
Et cela pourrait être jugé comme injuste et affolant.
Que dire quand on vient au monde, petite fille " inconnue " pour la mère, et face à une autre inconnue. L'une est toute puissante, l'autre est totalement dépendante.
L'amour inné pour l'enfant est une fadaise. Et si l'enfant pouvait tout petit fuir à toutes jambes des bras de certains parents il le ferait sans état d'ême.
L'enfant est un faire-valoir, un objet de jouissance, un objet de troc, un chantage, une victime désignée pour se venger.. etc.. En chacun de nous il y a le pire et le meilleur. A échelle réduite, les parents peuvent passer par toutes ces étapes.. l'enfant est un formidable moyen exutoire.
Parler de l'amour inné de la mère est bon moyen de rassurer tout le monde. Le meilleur argument des diffamations contre les pères ( par ex. ) Et de perversion des liens par les services sociaux, magistrats, etc.. en culpabilisant à vie, à la fois parents et enfants.
Et c'est du lien qui va se tisser entre ces deux êtres que va " se mettre au monde " le bébé qui va grandir, évoluer, penser.
La maman met " physiquement " au monde son enfant. Il est considéré comme " son bien ", " sa chose ". Le bébé vit en symbiose ( par la force de la vie et des choses ) avec elle. Et il n'a aucune chance de s'en sortir, de s'éveiller " au monde " c'est à dire à un autre monde que celui où le maintient cette femme.
Pourtant on dit ; mettre AU monde, pas mettre A SOI.
Et puis, enfin, il va enfin et " POUR DE VRAI " venir AU monde pour la seconde fois, quand le père ou une tierce personne viendra faire " coupure " dans ce lien mortifère. L'enfant va grandir, acquérir la parole et dire Non. Et ce non, parallélement à la venue d'un tiers le libère du joug maternel. Il est enfin au monde.
Nous n'avons pas tous la même vie, nous n'avons pas tous la même chance, nous n'avons pas tous les mêmes envies, besoins, désir. Nous sommes fortement conditionnés par notre langue, notre pays, nos lois, nos croyances, etc..
Tout à revoir, refaire, repenser, redire.. parce que nous sommes libres en nous-mêmes, seuls, et uniques. Il n'y pas LA VERITE, mais notre vérité, acquise au fur et à mesure de nos expériences, et il y a également " notre vérité " dans nos croyances à la mère. Au père.
Cependant, nous sommes séparé d'eux. Ensemble parfois, mais séparés. Donc vivant.
Toute la question est là.
Et tout le travail de l'enfant qui grandit est de " tuer symboliquement " père et mère pour s'assumer et être indépendant.
S'il n'a pas assez " reçu " dans l'enfance, c'est une chose. Mais s'il en a fait son combat, sa colère, ses revendications, sa violence ou ses rancoeurs, c'est autre choses.
On ne peut pas revenir en arrière. Ni pour nous, ni pour l'autre.
On ne peut qu'essayer d'avancer avec ce que l'on a reçu. En prenant le temps de le " reconnaitre, de l'accepter ", c'est ce que l'on fait en thérapie.
Et ce bagage qui nous a été donné s'ajoute à ce que nous " en sommes " devenu. Pour en tirer le meilleur parti et laisser derrière nous ce qui ne nous appartient pas. A savoir les erreurs, les manques, les tortures mentales et/ou physiques, imposés par nos géniteurs. On garde le meilleur. On sait que l'on est " ailleurs ".
On sait que ce qui nous a manqué ne nous sera jamais rendu. Mais que ce que l'on se donne à soi-même de réflexion, de respect, de tolérance, d'attention, d'amour, nous est pour toujours acquis.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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