Mon fils de 30 ans me dit qu’il n’est pas sûr de m’aimer

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Juliette83
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Mon fils de 30 ans me dit qu’il n’est pas sûr de m’aimer

Message par Juliette83 »

J’ai toujours été une mère aimante et protectrice..trop d’ailleurs.. un de mes fils n’a pas vécu avec son père..il a disparu un jour et plus rien..mon fils a grandit avec son demi frère et beau père et moi même. Il a eu une vie bien sympa et plutôt gâté.. je crois que j’essayais de compenser le manque de son père par des cadeaux..
mon fils a 30 ans aujourd’hui et il n’est pas expressif.. pas de je t’aime ni d’effusion d’amour de quoi que ce soit. Ça fait un an que je sens qu’il m’écarte de sa vie en ne me disant plus rien.. en s’énervant quand je lui demande ce qu’il a fait aujourd’hui..quand je lui donne un conseil il me dit que je veux contrôler sa vie alors que ça n’a aucun rapport!! Il confonds conseils et contrôler la vie de quelqu’un.. il y’a. Deux jours il m’a detruite.. il m’a dit avoir compris pourquoi il ne venait pas en courant quand il était petit vers moi et me serrer dans ses bras et me dire je t’aime.. c’est parce que tout simplement il pense ne pas m’aimer.. voilà ce que j’ai du recevoir en plein cœur il h a deux jours.. inutile de vous dire que depuis je n’ai même plus envie de respirer, que tout me semble fade et inutile et inintéressant.. je n’ai plus goût à la vie.. mon fils m’a « tué ».. il me reproche sa maigreur.. en effet, depuis petit il en grossit pas et ce malgré avoir fait le tour des psys et pédiatres et l’avoir forcé à manger et avoir tout tête ce que je pouvais, il n’a pas grossi.. il me reproche de l’avoir mis à la piscine alors qu’il était maigre et souffrait de son corps..j’avoue que je pensais au contraire l’aider à s’accepter car je voyais qu’il ne grossissait pas et qu’il fallait surtout pas le laisser se morfondre mais plutôt s’accepter comme il était et pour moi c’était la meilleure solution.. surtout qu’il’aviet très très peur de l’eau et la meilleure manière était de le mettre à la natation. Donc la à 30 ans il me reproche de n’avoir jamais écouté ses craintes et sa tristesse .. que tout le monde se moquait de lui et qu’il en souffrait.. il dit que je ne faisait pas d’avoir vite avec lui etc.. bref.. je serai une mauvaise mère alors que tout le monde disait le contraire et moi aussi je pense avoir été une bonne mère justement .. il souffrait de tocs et je l’ai bcp aidé à rester de d’heures à discuter avec lui et l’aider à combattre ses tocs.. je suis détruite.. je ne sais plus quoi dire ni quoi faire.. j’aime mes enfants plus que tout au monde et là c’est terrible ce que je vis.. qu’en pensez vous? Je n’ai pas de parents à qui me confier et demander conseil.. ici je peux peut être trouver des réponses en attendant d’aller voir un psy.. merci d’avance ..
Dubreuil
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Re: Mon fils de 30 ans me dit qu’il n’est pas sûr de m’aimer

Message par Dubreuil »

Sur internet tapez: Non, " l'enfant n'est pas un objet de satisfaction du désir des adultes"
de Jean-François Gravouil
Lisez... et rassurez-vous.
A 30 ans c'est un adulte qui ne vous appartient pas, qui ne vous doit rien et à qui vous ne devez rien. Votre travail de parent est terminé depuis longtemps et il consistait à ne pas l'attacher à vous, pour vous, mais à "le mettre au monde", à le socialiser...
Nul enfant n'est tenu d'aimer ses parents, et nul parent n'est tenu d'aimer son enfant, seul le respect est requis.
Le "manque " est le propre de l'humain, personne ne peut, et ne doit "combler" l'autre. C'est l'étouffer, et mourir à soi.
Comme toutes les mères vous n'êtes pas celle qu'il aurait voulu, vous avez fait des erreurs en croyant bien faire, avec la personne que vous étiez, votre propre éducation, on ne vous a pas informée comme il l'aurait fallu, et comme tous les fils il n'est pas, celui que vous souhaitiez, et c'est tant mieux. C'est ce qui vous permet l'un et l'autre d'être séparés, d'espérer, de mettre sur quelqu'un le poids de vos rancoeurs, d'être le bouc émissaire de tout ce quine tourne pas rond dans votre vie.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Mon fils de 30 ans me dit qu’il n’est pas sûr de m’aimer

Message par Dubreuil »

Faire un enfant
" Faire un enfant ", c'est faire. Et c'est tout.
Qu'est-ce qu'un désir d'enfant ? Certainement pas une pensée " altruiste " - on ne met pas un enfant au monde pour qu'il souffre et meurt - mais d’abord une pulsion, la réponse à l'espèce. Et viennent s'y greffer " le leurre " du futur parent qui " rêve " son enfant futur. Réel, symbolique, imaginaire.
Faire un enfant pour certaines femmes, c'est ne plus jamais s'en remettre, en rester malade psychiquement toute sa vie. Parce que cet enfant représente bien autre chose, la précipite dans une résurgence de sa propre problématique psychique. Ou encore, parce que cet enfant vivait dans le désir et le fantasme, mais n'était pas " à faire " dans le conscient. Homme ou femme, il faut être prêt(e) pour avoir un enfant.
Difficile de se dire que nous n'avons pas demandé à venir au monde de tel ou tel individu. Mais on sait que l'on est porteur de caractéristiques génétiques qui ont racine bien au-delà du père et de la mère. Nous sommes issus de la mémoire du monde, des mondes, de l'univers. Nous avons toutes les peines et les joies de l'humanité en nous. Nous sommes infini et universel, chacun (e ). Nous sommes le lien entre le passé et le devenir. Bien autre chose que fils ou fille de. Voulu ou renié. Bien autre chose qu'enfant désiré ou banni. Nous sommes cela, certes. Mais tellement plus attendus et complets ailleurs.

Aimer son enfant
En terme général, l’amour est " une maladie ", un délire, qui camoufle son véritable but dans la vie. C’est un phénomène biologique dû à une production d’hormones, touché, odorat, ouïe… que notre cerveau induit au corps pour qu’il s’accouple à un autre corps afin de perpétuer l’espèce humaine. Notre esprit nous berce alors de désir et d’illusion quant au réel sens de nos sentiments, dus tout d’abord à cette trop forte dose d’hormones provoquant un " égarement " du corps, et de l’esprit.
L’amour pour les enfants peut être un moyen d’éviter sa propre « dépression » envers un autre « sujet » inaccessible. Il temporise, freine, console, cadre, parce que l’enfant est « facile à séduire » et ne demande souvent qu’à répondre au désir de l’autre.
Sans risque, il stimule, rassure, réconforte, répare, etc…
Aimer les enfants c’est se permettre son propre épanouissement en faisant alors l’économie de la « pathologie de l’amour », avec sa passion, ses blessures narcissiques, sa souffrance abandonnique, son retour brutal sur terre quand l’autre ne nous aime plus, ne nous donne plus une image « aimable » de nous-même, etc…
Penser à l’enfant dans le terme-bateau, « aimer les enfants », c’est trouver à point nommé une nécessité de penser à un autre plus qu’à soi-même. Adhérer et déboucher par maîtrise de ses pulsions vers une moralité, une raison logique dirigée, induite, éviter ainsi le « néant affectif ». C’est faire acte de bonté, de bienveillance tout d’abord envers soi-même, mettre en scène une « normalité » reconnue par les autres, dont nous attendons, ou recevons, assentiment, intérêt, gratitude.
Aimer les enfants c’est légitimer sa place dans une société tournée vers la justification affective.
Mais c'est aussi ce rendre compte que dans tout cela la place de l’enfant y est infime.
Mais puisque c’est « humain », au moins le savoir, le vivre, et le dire.

LA PLACE DE L'ENFANT CHEZ SES PARENTS ( psychanalyse )

L’enfant est « ailleurs », cet autre est « hors de nous », la psychanalyse nous l’apprend, et nous le présente « nu », dépouillé de nos affects qui l’engluent.
En qualité d'analyste, c'est en avoir pris acte simplement, honnêtement, humblement.
Dire que l’on aime ce que l’on ne connait pas, ce que l’on atteint pas, c’est sans intérêt, parce que l’on ne parle bien que de ce que l’on ne connait pas. Alors que pour chacun d’entre nous, une fois dépassée la réponse qui faisait souffrir nos questionnements ( symptômes), la connaissance n’est pas à se justifier, elle ne se parle pas, elle est acquise,
Ce serait un peu comme l’amour : « Je t’aime-moi-non-plus », je t’aime parce que tu me renvoies une image « aimable » de moi. Alors je m’aime comme tu me vois, et je me leurre de t’aimer à travers l’image que j’ai de moi. Mais qui nous appartient pas, ni à toi, ni à moi.
C’est là qu’est la place de l’enfant, dans cet entre-deux où je ne l’aime pas puisque je n’y suis pas.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Re: Mon fils de 30 ans me dit qu’il n’est pas sûr de m’aimer

Message par Dubreuil »

On ne choisit pas ses parents. On ne choisit pas ses enfants. Et nul enfant n’est obligé d’aimer ses parents, et nul parent n’est obligé d’aimer son enfant. Seul le respect de part et d'autre s'impose.
Il y a une marge immense entre le désir d'enfant et l'enfant que l'on met au monde.
Nul n'est préparé à partager. Nul n'est prêt devant " la différence ". Nul ne peut savoir " avant " ce qu'il adviendra " après " de son désir, de ses fantasmes, de ses émotions qu'elles soient positives ou de rejet.
" Faire un enfant ", c'est FAIRE. Et c'est tout.
Faire un enfant pour certaines femmes, c'est ne plus jamais s'en remettre, parce qu'il vivait dans le désir et le fantasme, mais n'était pas " à faire " dans le conscient. Il faut être prêt(e) pour avoir un enfant.
Difficile d'avoir ce recul terrible de se dire que nous n'avons pas demandé à venir au monde de tel ou tel individu. Que l'on a été " tiré " du ?.. on ne sait pas d'où l'on vient. Mais on sait que l'on est porteur de caractéristiques génétiques qui ont racine bien au delà du père et de la mère. Nous sommes issus de la mémoire du monde, des mondes, de l'univers. Nous avons toutes les peines et les joies de l'humanité en nous. Nous sommes infini et universel, chacun (e ).
Nous sommes le lien entre le passé et le devenir.
Bien autre chose que fils ou fille de. Voulu ou renié.
Bien autre chose qu'enfant désiré ou banni.
Nous sommes cela, certes , mais nous sommes tellement plus attendus et complets ailleurs.
Qu'est-ce qu'un désir d'enfant ? Certainement pas une pensée " altruiste " ( on ne met pas un enfant au monde pour qu'il souffre et meurt ) mais un " élan " sexuel. La réponse à l'espèce.
Et viennent s'y greffer " le leurre " du futur parent qui " rêve " son enfant futur. Réel, symbolique, imaginaire.
Dans certains pays on met un enfant au monde et il appartient à la communauté.
On n'appartient qu'à soi.
On ne peut qu'être SEUL en soi, même accompagné, même aimé. Cela semble en effet bien plus confortable d'avoir une maman attentive et présente. Mais si le fait d'en avoir une change la destinée de certains, ce n'est pas toujours dans leur " bon sens ", et d'autres vivent sans et leur vie n'en est pas moins belle, bonne et " réussie ".
Même foetus, nous sommes déjà " indépendants. Et pourtant tributaires " des émotions et sentiments de notre génitrice.
Et cela pourrait être jugé comme injuste et affolant.
Que dire quand on vient au monde, petite fille " inconnue " pour la mère, et face à une autre inconnue. L'une est toute puissante, l'autre est totalement dépendante.
L'amour inné pour l'enfant est une fadaise. Et si l'enfant pouvait tout petit fuir à toutes jambes des bras de certains parents il le ferait sans état d'ême.
L'enfant est un faire-valoir, un objet de jouissance, un objet de troc, un chantage, une victime désignée pour se venger.. etc.. En chacun de nous il y a le pire et le meilleur. A échelle réduite, les parents peuvent passer par toutes ces étapes.. l'enfant est un formidable moyen exutoire.
Parler de l'amour inné de la mère est bon moyen de rassurer tout le monde. Le meilleur argument des diffamations contre les pères ( par ex. ) Et de perversion des liens par les services sociaux, magistrats, etc.. en culpabilisant à vie, à la fois parents et enfants.
Et c'est du lien qui va se tisser entre ces deux êtres que va " se mettre au monde " le bébé qui va grandir, évoluer, penser.
La maman met " physiquement " au monde son enfant. Il est considéré comme " son bien ", " sa chose ". Le bébé vit en symbiose ( par la force de la vie et des choses ) avec elle. Et il n'a aucune chance de s'en sortir, de s'éveiller " au monde " c'est à dire à un autre monde que celui où le maintient cette femme.
Pourtant on dit ; mettre AU monde, pas mettre A SOI.
Et puis, enfin, il va enfin et " POUR DE VRAI " venir AU monde pour la seconde fois, quand le père ou une tierce personne viendra faire " coupure " dans ce lien mortifère. L'enfant va grandir, acquérir la parole et dire Non. Et ce non, parallélement à la venue d'un tiers le libère du joug maternel. Il est enfin au monde.
Nous n'avons pas tous la même vie, nous n'avons pas tous la même chance, nous n'avons pas tous les mêmes envies, besoins, désir. Nous sommes fortement conditionnés par notre langue, notre pays, nos lois, nos croyances, etc..
Tout à revoir, refaire, repenser, redire.. parce que nous sommes libres en nous-mêmes, seuls, et uniques. Il n'y pas LA VERITE, mais notre vérité, acquise au fur et à mesure de nos expériences, et il y a également " notre vérité " dans nos croyances à la mère. Au père.
Cependant, nous sommes séparé d'eux. Ensemble parfois, mais séparés. Donc vivant.
Toute la question est là.
Et tout le travail de l'enfant qui grandit est de " tuer symboliquement " père et mère pour s'assumer et être indépendant.
S'il n'a pas assez " reçu " dans l'enfance, c'est une chose. Mais s'il en a fait son combat, sa colère, ses revendications, sa violence ou ses rancoeurs, c'est autre choses.
On ne peut pas revenir en arrière. Ni pour nous, ni pour l'autre.
On ne peut qu'essayer d'avancer avec ce que l'on a reçu. En prenant le temps de le " reconnaitre, de l'accepter ", c'est ce que l'on fait en thérapie.
Et ce bagage qui nous a été donné s'ajoute à ce que nous " en sommes " devenu. Pour en tirer le meilleur parti et laisser derrière nous ce qui ne nous appartient pas. A savoir les erreurs, les manques, les tortures mentales et/ou physiques, imposés par nos géniteurs. On garde le meilleur. On sait que l'on est " ailleurs ".
On sait que ce qui nous a manqué ne nous sera jamais rendu. Mais que ce que l'on se donne à soi-même de réflexion, de respect, de tolérance, d'attention, d'amour, nous est pour toujours acquis.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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