vivre avec un entasser compulsif

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sasade
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Inscription : 17 août 2020, 04:22

vivre avec un entasser compulsif

Message par sasade »

Bonjour à tousC'est la première fois que j'en parle sur un forum, mais je ne sais plus quoi faire et ai vraiment besoin de conseils . Mon mari est un entasseur compulsif, et d'année en année
ça empire vraiment. D'abord une pièce, puis 2, le garage...
Quand j'en parle avec lui, il se fâche et nie. Si j'essaie de jeter quelque chose, il devient violent
Cela ne peut plus durer, je passe souvent des nuits sans dormir, tellement je suis angoissée
J'ai vraiment besoin d'en parler avec quelqu'un, si vous connaissez quelqu'un qui à ce comportement, j'aimerai échanger avec vous
Merci par avance de vos conseils
Françoise
Dubreuil
Psychologue clinicien
Messages : 19311
Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: vivre avec un entasser compulsif

Message par Dubreuil »

Dans le trouble obsessionnel compulsif, ( TOC ) les pensées intrusives sont définies comme des pensées non voulues, des idées ou des images qui provoquent de l’anxiété, de la peur, ou de l’inconfort.
Le contenu de ces pensées concerne souvent la douleur, la violence, les agressions, le sexe, et beaucoup d’autres choses. Parce qu’elles provoquent de la peur et de l’anxiété, les personnes tentent de résister, de les stopper ou de les contrôler. Mais cela ne fonctionne pas souvent ou seulement pendant un petit moment.
Les pensées reviennent et développent “une vie propre”.
La recherche a révélé que 90 à 99% de la population expérimente de temps en temps des pensées intrusives assez étranges. Ce n’est pas très surprenant quand on considère qu’une personne a environ 4000 pensées par jour. Naturellement, certaines de ces pensées vont être basiques, désagréables, inutiles et contraires à votre personnalité.
Le cerveau a besoin de " calme ", d'être freiné, recadré, l'imagination est trop féconde.
Votre mari a sans doute des comptes à régler avec certaines personnes dans son enfance, ou au moment où est arrivée cette compulsion.
Il y a quelque chose qu'il ne veut pas perdre ( sentiments ou souvenirs ) il ne sait pas, il ne sait plus quoi, alors il garde tout pour que cette chose ne disparaisse pas. Cette chose a fait boule de neige, elle est devenue très importantes, mais dans des pensées détournées, cachées, des énergies psychiques tronquées.
Ou au contraire, il " entasse " pour s'en protéger, ne plus voir, ne plus savoir, oublier.
Tout le monde a des pensées intrusives, mais tout le monde ne les interprète pas de la même façon.
Il se peut que l'angoisse qui a déclenché la compulsion soit tellement " oubliée " que votre mari aille très bien en dehors de ce comportement "original".

Les recherches ont montré que les personnes sans TOC traitent leurs pensées intrusives comme un bruit de fond. Ils reconnaissent ce type de pensée comme normal et sans intérêt. Par exemple, une personne sans TOC va se dire “C’est une pensée idiote, je ne ferai jamais ça” ou “Ça n’a aucun sens”. Quand la pensée arrive, la personne n’y prête pas attention et la pensée passe sans difficulté.
De l’autre côté, les personnes avec un TOC tentent de donner un sens à ces pensées. Alors que ce sont des pensées intrusives normales, elles vont leur donner de l’importance comme si c’était un signe, la vérité ou qu’elles étaient dangereuses.
Par exemple :
C’est mal d’avoir ce genre de pensée
Si je pense à quelque chose de mal ça doit être vrai
Si je pense à quelque chose d’horrible, je suis une horrible personne
J’ai des mauvaises pensées, cela veut dire que je perds la tête
Quand une personne interprète ses pensées comme dangereuses ou menaçantes, c’est là que l'anxiété arrive. " Après tout, si vous pensez vraiment qu’avoir des pensées non voulues est dangereux, il est normal d’avoir peur. Cependant, il est important de voir que le réel problème est la mauvaise interprétation des pensées intrusives, mais pas les pensées. Mal interpréter des pensées intrusives normales rend les pensées angoissantes. Cela vous fait résister aux pensées ou essayer de les pousser hors de votre tête."

Votre mari se met en colère quand vous lui parlez de son toc, parce que vous lui ravivez une angoisse qu'il a oubliée, mais qu'il sait être dangereuse pour lui. Ses compilations le rassurent.
Les répétitions des pensées intrusives ont aussi un rapport avec la façon dont la personne interprète ses pensées. Particulièrement, quand une pensée intrusive est perçue comme dangereuse, cela active “le système de détection de danger du corps” (le mode combat) ce qui rend la personne super alerte et sur ses gardes. C’est une réponse normale et adaptée quand le danger est réel, car cela nous aide à nous protéger du danger.
Par exemple, si vous avez à traverser une rue bondée, votre mode combat vous donne un coup de fouet et vous êtes très alerte afin de voir toutes les voitures qui passent. Vous pouvez scanner la rue et voir les voitures afin de les éviter en cas de besoin (le mode combat).
C'est ce que l'on retrouve dans le stress des personnes gravement traumatisées ( guerres, violences sexuelles )
Dans le cas d’un TOC, le danger perçu est une pensée intrusive normale mal interprétée. Cette mauvaise interprétation pousse les personnes avec un TOC à être en hyper vigilance sur leurs pensées intrusives comme si elles étaient de réels dangers (ce que nous avons vu n’est absolument pas le cas). Cette tendance naturelle à devenir préoccupé par ses pensées intrusives considérées comme dangereuses explique la répétition des pensées intrusives obsessionnelles.

D’autres comportements peuvent expliquer cette répétition des pensées. Par exemple, les humains ne sont pas très forts pour contrôler leurs pensées. Donc, essayer de repousser ses pensées de sa tête mène au final à les ancrer. En voulant éviter ces pensées, nous les ancrons encore plus. C’est un phénomène normal - regardez ce qui se passe si vous essayez de ne pas penser à un éléphant rose. Si vous avez des pensées intrusives que vous avez interprétées comme dangereuses vous menant à essayer de les chasser de votre esprit; vous avez surement encore plus de pensées intrusives. Cela amène à un cercle vicieux avec plus de pensée donc plus d’anxiété donc plus de pensées, etc.

Il y a également des distorsion cognitives (mauvaise interprétation) dans le TOC
Par ex :
*** Une intolérance à l’incertitude : Un besoin d’être à 100% sûr. Un doute ou une ambiguïté est interprété comme une issue probablement négative.
*** Une surestimation de la menace : Exagération des probabilités négatives et conséquences négatives
*** Une surestimation des responsabilités : Crois être le seul qui a le pouvoir d’éviter les issues négatives. Pense aussi qu’échouer dans la prévention de faire du mal est comme faire du mal.
*** Crois que les pensées intrusives sont importantes et pleines de sens d’une façon ou d’une autre.
*** Pense que les pensées immorales sont comme avoir un comportement immoral, pense qu’imaginer une catastrophe est comme une prédiction.
*** A besoin de contrôler ses pensées
*** Pense pouvoir contrôler ses pensées et doit le faire afin de prévenir d’une catastrophe
*** Crois que l’anxiété ou l’inconfort va durer pour toujours ou va amener à devenir fou
*** Pense que les choses doivent être en ordre, bien faites et parfaites pour être confortable
*** Pense que le danger est réel présent, car sent de l'anxiété (si je me sens angoissé, c’est qu’il y a un danger)

Si votre mari " va bien " à part sa " manie ", laissez-le tranquille. Il y a peu de chances qu'à son âge il se remette en question sans danger psychique, c'est à dire qu'il s'est habitué à lutter ainsi contre son angoisse et mieux vaut ne rien toucher sous peine de tomber dans un trouble psychique bien plus préoccupant ( dépression, psychose )
Si sa compulsion l'angoisse il peut aller voir un psychiatre pour un petit traitement qui va " calmer l'excitation cérébrale "

De votre côté ( si ce n'est déjà fait ) prenez d'autorité un ou deux pièces, un espace bien protégé et défini, où vous savez pouvoir vivre tranquille et évoluer sans la crainte d'une invasion barbare !
Et malheureusement, au pire, envisagez un autre domicile ou vous retrouverez votre propre sécurité mentale. Il ne " guérira pas ".
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: vivre avec un entasser compulsif

Message par Dubreuil »

Quand j'en parle avec lui, il se fâche et nie.
*** Il a très peur d'être traité de fou, ou de devenir fou. Ce qui en principe n'arrivera pas, s'il n'a pas d'autres symptômes psychiques, comme entendre des voix, se sentir persécuté, penser que vous le harcelez, etc... Sa compulsion est en quelque sorte un " gri-gri pour repousser le danger.

Si j'essaie de jeter quelque chose, il devient violent
*** Si vous jetez, vous le jetez.
Si vous jetez vous l'amputez d'une partie de lui-même, dans ses compilations il cherche justement et déseépérement à " se rassembler ", à faire tenir quelque chose qui lui échappe.

Cela ne peut plus durer, je passe souvent des nuits sans dormir, tellement je suis angoissée
*** Vous ne risquez vraiment rien si vous ne touchez à rien.
Mais vous devriez prendre soin de vous et ne plus vivre avec lui si c'est possible financièrement.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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