reviviscence

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Incognito83
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Inscription : 18 nov. 2020, 15:47

reviviscence

Message par Incognito83 »

Bonjour,

Je viens "rechercher" un peu d'aide, ou bien au moins écrire des mots/maux... Je m'explique, je suis en couple avec ma femme depuis 20ans... Nous avons eu notre première fois ensemble, et un peu après cela en 2001, elle m'a avoué avoir fait un petit truc sexuel avec quelqu'un avant moi sans acte... Je me suis senti effondré par cette annonce, trahi en fait...Comme un petit enfant surement je souhaitais "offrir" entièrement ma première fois et qu'elle aussi... ou est ce qu'elle ne me l'a vais pas dit et donc menti ? À posteriori, et la maturité aidant c'était ridicule...MAIS cela a tué notre couple à l'époque car je lui en ai reparlé et reparlé, je trouvais cela sale etc etc et donc je l'ai salie elle en disant cela, reprocher le passé qu'y a t-il de pire et d'idiot ? Mais j'étais ainsi, jaloux car surement peur de la comparaison ? Possessif dans une situation fusionnelle, car on était très fusionnels.
Elle m'a trompé durant un stage lin de chez nous et donc m'a annoncé qu'elle me quittait 1 an et demi plus tard ... Je m'en suis voulu, je savais qu'elle partait à cause de moi. Je souhaitais l'attendre, je l'aimais si fort. Elle est revenue 4 mois plus tard... Elle m'aimait. Et on s'est aimé. MAIS, le choc, le trauma je pense était là au fond de moi...Je lui en ai voulu et avais quelques détails que je n'aurais jamais du entendre ou demander... Elle a tout fait pour me montrer qu'elle regrettait et m'aimait, ne l'a plus appelé ni vu ni rien. L'estime de moi sûrement, la jalousie ? la colère ? la rancune ? Que des mots que j'aimerais ne pas ressentir car je ne les conçois pas, sachant que je comprends le pourquoi du comment. Que faire face à un homme qui nous abaisse en nous disant je t'aime mais nous salissant ? Comment ne pas être séduit par quelqu'un qui nous estime comme on est ? Je pense qu'elle aurait aimé que ce soit moi..Mais le mal était fait, elle n'est pas partie seule, mais bien avec quelqu'un... Et elle ne peut dans mes pensées n'avoir qu'un bon souvenir de ce moment là, et que même l'acte sexuel était mieux, je l'imagine en train de l'aimer et de faire tout ce que l'on faisait, nos câlins, nos bisous, nos écrits, nos appels, regarder sa photo comme elle regardait la mienne...bref... 10 ans plus tard, j'ai surpris un message de type sexto, explicite sur le fait qu'elle "désirait" quelqu'un d'autre. Elle m'a dit que non et s'est ancrée dans un silence. je l'ai compris en plus, je ne la regardais plus aussi bien sans doute, moi même je cultivais une recherche de plaire virtuellement et moi-même j'ai commis très ivre la mauvaise chose d'un soir. Je souhaitais comprendre faire l'amour sans amour ? Mais je n'aurais pas pu sans alcool à haute dose. Bref, je me disais aussi que nous nous étions connus jeunes, que je préférais que les mauvaises choses se fassent avant être marié et avoir des enfants ! Ce que nous avons fait par la suite.. Et malgré des épisodes réguliers de ma part lui rappellant ses "erreurs" lors de dates concordantes, un mot, une musique , un lieu... nous vivions sereinement. Aujourd'hui même, cela fait 1 mois et demi non stop que je vaucifère ou demande des explications, que je cherche à effacer ces mauvaises pensées en moi. Suis-je mieux ? sexuellement aussi... C'est idiot rationnellement au bout de 18 ans et 2 enfants et un mariage !! Insomnies/Cauchemars/Sueurs nocturnes/Angoisse...J'ai même revécu la scène de la séparation comme en direct avec le même ressentiment... Evidemment elle est triste pour moi de me voir comme çà et fais tous ses efforts pour me rassurer. Qu'est-ce donc ce mal qui me fait être comme çà ? Une blessure narcissique et un problème sur moi ? Une incapacité à pardonner ? Suis-je une personne toxique ? Un stress post traumatique même je pense si je lis des symptômes concordants. Je me dis que par intelligence et respect pour elle je me dois de surpasser cela. Elle a fait une erreur, j'ai fait pire en la blessant elle et j'ai été le moteur de la séparation ou des ces désirs d'ailleurs. J'ai peur qu'elle reparte, je me dis même dans mes nuits insomniaques ou mes cauchemars qu'elle n'a rien fait...Mais je dois surpasser cela, cela en devient vital pour moi, car j'ai l'impression d'être en dépression alors que même si je suis compliqué avec cela je suis d'un tempérament fonceur, mais je traine ce passé et l'ai refoulé trop longtemps. Je souhaite l'assumer et surmonter cela car je l'aime plus que tout. Mon histoire est complexe je ne sais pas si certain/es pourront s'y retrouver mais je pose çà là...

Merci,
Dubreuil
Psychologue clinicien
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Inscription : 03 août 2012, 17:28

Re: reviviscence

Message par Dubreuil »

La jalousie appartient à ces états affectifs que l’on peut qualifier de normaux, au même titre que le deuil. Quand elle semble manquer dans le caractère et la conduite d’un homme on est en droit de conclure qu’elle a succombé à un puissant refoulement et joue pour cette raison dans la vie psychique inconsciente un rôle d’autant plus grand.
Les cas de jalousie anormalement renforcée auxquels l’analyse a affaire se trouvent répartis en trois couches. Les trois couches ou étapes de la jalousie méritent les noms de jalousie : 1) concurrentielle ou normale ; 2) projetée ; 3) délirante.
Sur la jalousie normale il y a peu de choses à dire du point de vue analytique. Il est facile de voir qu’elle se compose essentiellement du deuil, de la douleur causée par l’objet d’amour que l’on croit avoir perdu, et de l’humiliation narcissique, pour autant que ce dernier élément se laisse séparer des autres ; elle comprend encore des sentiments hostiles dirigés contre le rival qui a été préféré, et un apport plus ou moins grand d’autocritique qui veut rendre responsable le moi propre de la perte d’amour. Même si nous l’appelons normale cette jalousie n’est pas pour autant rationnelle, c’est-à-dire issue de relations actuelles, proportionnée aux circonstances réelles et dominée sans réserve par le moi conscient, car elle s’enracine profondément dans l’inconscient, perpétue les toutes premières motions de l’affectivité infantile et remonte au complexe d’Œdipe ou au complexe fraternel de la première période sexuelle.
Quoi qu’il en soit il est remarquable qu’elle soit vécue bisexuellement par beaucoup de personnes : chez l’homme, outre la douleur causée par la femme aimée et la haine contre le rival masculin, le deuil de l’homme inconsciemment aimé et la haine contre la femme en tant que rivale interviennent aussi avec un effet de renforcement. Je connais un homme qui souffrait cruellement de ses accès de jalousie et qui d’après ce qu’il disait endurait les pires tourments dans la permutation consciente avec la femme infidèle. Le sentiment de détresse qu’il éprouvait alors, les images qu’il trouvait pour son état (c’était comme s’il avait été livré tel Prométhée à la voracité d’un vautour, ou jeté enchaîné dans un nid de serpents), lui-même les rapportait à l’impression laissée par plusieurs attentats homosexuels qu’il avait subis étant jeune garçon.
La jalousie de la deuxième couche ou jalousie projetée provient de la propre infidélité dont le sujet fait preuve dans la vie ou d’impulsions à l’infidélité qui ont succombé au refoulement. C’est un fait d’expérience quotidienne que la fidélité, surtout celle qui est exigée dans le mariage, ne peut être maintenue que contre des tentations constantes. Celui qui dénie ces tentations ressent pourtant leur pression avec une telle force qu’il a volontiers recours à un mécanisme inconscient pour se soulager. Il atteint un tel soulagement, voire même un acquittement vis-à-vis de sa conscience, en projetant ses propres impulsions à l’infidélité sur l’autre partie, à laquelle il doit fidélité. Ce puissant motif peut alors se servir du matériel de la perception, qui décèle les motivations inconscientes analogues de l’autre partie, et pourrait se justifier par la réflexion que le ou la partenaire n’est vraisemblablement pas meilleur que soi-même1.
Les usages sociaux ont tenu compte de cet état de choses d’une manière avisée en permettant un certain jeu à l’envie de plaire de la femme mariée et à l’envie de conquérir de l’époux, dans l’espoir de drainer ainsi l’inexorable penchant à l’infidélité et de le rendre inoffensif.
La convention établit que les deux parties n’ont pas à se tenir rigueur de ces petits écarts en direction de l’infidélité, et elle obtient la plupart du temps que la convoitise qui s’est enflammée pour un objet étranger soit satisfaite, dans un certain retour à la fidélité, auprès de l’objet propre. Mais le jaloux ne veut pas reconnaître cette tolérance conventionnelle, il ne croit pas qu’il y ait d’arrêt ou de retour une fois que le chemin a été emprunté, ni que le « flirt » mondain puisse être une assurance contre une infidélité réelle. Dans le traitement d’un tel jaloux on doit éviter de discuter le matériel sur lequel il s’appuie, on peut seulement se proposer de le déterminer à apprécier ce matériel différemment.

Sans doute la jalousie qui tire son origine d’une telle projection a-t-elle un caractère presque délirant, mais elle ne résiste pas au travail analytique qui découvre les fantasmes inconscients d’infidélité chez le jaloux lui-même.

Les choses s’aggravent avec la jalousie de la troisième couche, celle qui est proprement délirante. Elle aussi provient de tendances à l’infidélité qui ont été refoulées, mais les objets de ces fantasmes sont du même sexe que le sujet. La jalousie délirante correspond à une homosexualité en fermentation et peut prétendre légitimement tenir sa place parmi les formes classiques de la paranoïa.
PSYCHOLOGUE CLINICIEN - ANALYSTE
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