Une autre journée de passée.
Je m'accroche depuis deux jours en pensant que je pourrais aller dans ce centre de thérapie pour me refaire une santé mentale... Travailler sur moi, être encadrée par des intervenants, et surtout, me sentir en sécurité pour vivre mes émotions. Je vais encore parler de la maison de mes parents... Mais je ne me suis jamais vraiment sentie en sécurité pour vivre mes émotions, depuis un jeune âge... Maman capotait lorsque fille n'allait pas bien... Elle paniquait tellement que son anxiété prenait des proportions monstrueuses... Et elle faisait des crises... Et c'est Fille qui devait ramasser maman, en plus de se ramasser elle...
C'est pour ça que je ne me laisse pas pleurer si j'ai de la peine, que je m'isole... Que je me cache... Que j'ai peur d'aller mal parce que j'ai peur de tout ce qu'ils ne sont pas capable d'entendre...
Papa, lui, c'est plus M. superficiel, qui vient d'une famille d'apparence parfaite, qui vit plein de problèmes dont il ne faut pas parler... Les problèmes, les émotions, ça s'en va sous le tapis... On n'y fait pas face, c'est pour les faibles... Mais une fois de temps en temps, il se ramasse en position fœtale dans son lit... Super vulnérable... Et surtout, il n'est pas capable de prendre soin de ma mère... Donc il me demande à moi de faire ça comme une grande, d'aller mieux et de ne pas inquiéter personne...
Ça été comme ça trop longtemps.
Et maintenant, je dois avouer que les choses ont peut-être changées un peu...
Maman est moins anxieuse, papa est plus émotif... Il pleure même parfois...
Mais je trouve ça difficile... J'ai peur comme si ma vie en dépendait. J'ai peur d'être encore déçue parce qu'ils ne peuvent pas répondre à mes besoins comme je l'aimerais... Mais que Moi, je suis obligée de répondre aux leurs si je veux rester à la maison... Je disais souvent à ma mère, lorsque j'étais plus jeune et que je réalisais ce qu'il se passait... L'année passée bref!
Que je pouvais faire le ménage et le lavage, et ma nourriture, tout ce qu'elle faisait pour moi qui me rendait "redevable"... Si c'était juste ça le problème... Mais je voulais qu'elle m'aime... Qu'elle me sécurise... Que c'était là, pour moi, le vrai sens de la relation donnant-donnant qu'elle me nommait tout le temps... Ça et "la balle est dans ton camps"... Je voulais qu'elle m'accepte comme j'étais... Qu'elle accepte que possiblement, je ne suis pas une enfant facile... Que j'ai des besoins particuliers.. Que possiblement aussi, je suis une enfant stressante... Et elle et sa gestion du stress... Ça fait deux... Mais j'aimais les arts, j'aimais la danse... J'aurais aimé me faire encourager quand j'ai décidé d'aller étudier en danse... J'aurais aimé qu'elle aime se remettre en question et qu'elle aime l'introspection comme moi j'ai toujours aimé... Qu'elle veuille rentrer dans mon monde... Qu'elle m'aime pour ce que je suis... Mais à chaque tentative... J'avais des parents réfractaires... Qui m'ignoraient parce que ce qu'ils voyaient, ce n'était pas ce qu'ils espéraient... Ils avaient sûrement peur après tout... Mais dans leur tête, ma vie était tellement toute tracée d'avance... Je devais aller à l'université... Faire un travail qui allait être bien rémunérer... Je devais les rendre fiers... Gagner des bourses prestigieuses et être la meilleure sur mon équipe de soccer...
Et j'ai tenu le coup... J'ai compris... J'ai grandi comme ça... Et j'étais capable de tout le temps me surpasser...
J'étais capable d'être la meilleure... De paraître parfaite... Mais j'ai vite compris que je ne l'étais pas... Que je passais ma vie à essayer de trouver une maman remplaçante qui allait pouvoir m'aimer pour qui je suis...
Et puis là, je leur ai montré, en catastrophe, la partie qui souffrait...
J'ai eu besoin de ma maman et de mon papa dans une période de grande détresse... J'ai ouvert, avec la peur d'être déçue à nouveau...
Et ma mère, ce qui me fait rire, c'est qu'elle passe son temps à revenir sur un aspect: "comment se fait-il que tu ne sois pas capable de recevoir un câlin de ma part..." On lui a expliqué que j'avais ma bulle, lorsqu'elle est allée au groupe d'entraide vendredi... Que je lui ai trouvé... Parce qu'ils étaient en choc suite à mon hospitalisation... Moi je sais que c'est probablement en lien avec mon attachement... Mais je devais raide comme une barre lorsqu'elle me serre, qu'elle me touche... J'en veux pas... C'est elle qui en a plus besoin... Elle se pense peut-être moins bonne dans son rôle de maman... J'en ai aucune idée... Mais elle est revenue encore là-dessus... Pourquoi tu n'es pas capable de te faire prendre... J'pas trop capable de l'expliquer... C'est juste que ça me rend anxieuse... Et que c'est elle qui a besoin de se faire rassurer...
Moi aussi, au fond, c'est tout ce que je souhaiterais d'être capable... De me laisser aller...
Mais j'en suis incapable... Pas maintenant. Trop de peurs... Trop peur que la relation rechange de bord encore une fois, et que je ramasse tout le monde en étant obligée de leur montrer une Mini-grande que je ne suis pas... Une Mini-étudiante à l'université... Une Mini-diplômée qui reçoit une bourse de 17500$ en plus de se faire approcher par sa directrice de programme pour faire son projet de maîtrise...
J'ai été très tentée l'année dernière quand c'est arrivé... Parce que mes parents étaient si fiers de moi... Mais je ne voulais pas ça, moi...
Lorsque j'ai dit non, et qu'en plus, je me suis arrangée pour m'enlever 2 cours, pour ne pas finir mon BAC, donc plus de pression pour faire ma maîtrise... J'ai même pas de bac!! Ce fut la catastrophe... En fait, la plus grande catastrophe de ma vie a été d'aller à l'université... Sans vouloir le faire pour moi... Mais pour survivre dans une famille, et sentir qu'on m'aime... Parce que sans ça... Je n'étais qu'une fille opposante, qui ne voulait pas faire ce qu'il faut pour faire partie de la famille... Je l'ai tellement entendu... Et en plus, c'est moi qui était la responsable des maux physiques de ma mère...
Bref, je souffre encore, intérieurement, de tout ça...
De tout ce que j'ai subit intérieurement, comment je me suis sentie incomprise et comment j'ai dû fermer la porte à une relation que dans le fond, j'aurais toujours voulu avoir... Juste parce que j'ai eu trop mal...
Puis là, ils disent qu'ils sont là...
Je me questionne si mon père ne m'aurait pas abusée...
Je suis encore en grande colère contre ma mère... Mais ils sont là... Ils se disent là...
Et j'ai trop peur, je ne suis pas capable de faire confiance...
Ça me fâche intérieurement que je trouverais peut-être plus de sécurité et que je serais plus capable d'être vrai, et de prendre soin de moi à l'extérieur de la maison, comme dans un centre de thérapie fermé... Je dois vivre des émotions que j'ai refoulé depuis que je suis adolescente... J'ai fait ça pour survivre... Mais c'est aussi comme ça que j'ai commencé à dissocier à un jeune âge... Début d'un trouble qui s'enlignait pour devenir limite... Et j'ai de la colère à l'intérieur de moi, d'être comme ça, et de me battre tous les jours contre des pensées immondes... De la destruction massive en fait... Une rage mal canalisée... Un envie de me faire prendre en charge et me faire bercer... Mais dont je ne me laisse pas le droit... Parce qu'on a une chance de vivre ça, c'est avec nos parents... Et de toute manière, ce sont ces relations que je détruis dans ma vie... Relations où on pourrait prendre soin de moi...
J'aimerais juste être en mesure de ne plus me détruire, moi-même... La partie qui tente de prendre soin.